La mort dansait
quand elle m'ouvrit une parenthèse,
fou-thèse a dit le vent,
je le sais un jour une nuit de plomb la fermera.
Tu n'es que la croyance d'être,
un rire qui se cherche entre des jardins d'étoiles,
ne perds jamais de temps, la parenthèse cèdera,
le sablier est de verre,
mais le sable ?
Le sable, regarde-le glisser dans le carcan des éternités.
Cours, cours petit,
ne te couche pas,
pas sur tes rêves,
la pendule toujours grince des dents quand ton regard se détourne.
Cours, cours entre les étoiles et le ciel,
le jardin n'est qu'un champ que les minutes te prêtent.
Cueille, cueille, bois la rosée,
le temps te divise,
hier est un antérieur du verbe être.
Cours, cours petit,
si grand que tu sois, les heures te rétrécissent.
Cours, cours comme un oiseau dans la forêt en feu,
le ciel est une barrière,
as-tu vécu ailleurs que dans ton souvenir ?
Réveille-toi, vivre est ton mirage,
tu te calcules dans le futur,
tu te divises en décennies,
crois-tu au siècle, crois-tu en toi ?
Tu Me crois l'œil, tu me dessines dans un triangle,
tu Me prends pour la mesure,
tu triches pour ne pas me croiser,
il te faut prendre, prendre, et prendre tout ce que tu peux
avant la sortie
mais garde un rêve,
un rêve pour la fin et un os pour la parenthèse.
Cours, cours petit,
tu n'es que la croyance d'être,
un rire qui se cherche entre des nuits d'étoiles,
ne perds pas une minute, pas une seconde,
la parenthèse cèdera.
Le vent crépite comme une mitraillette,
cours cours entre les balles,
tu te rappelles ?
Vite un nom : s'appelait-elle maman ?
Je me rappelle,
je me rappelle l'enfance
mais je garde un rire coincé dans ce jeu de parenthèses,
fou-thèse,
mon ombre me ressemble
comme un espoir et sa désillusion.
Cours cours entre les balles,
l'espoir est ton opium, l'absence ton avenir.
22 heures,
le 18 août,*
la musique cessa.
On essora la joie jusqu'aux larmes.
Une odeur de vies arrachées
se répandit sur les immondices de la ville.
La mariée hurla
à l'heure où la mort se leva.
Sur les heures arrêtées
la douleur et l'horreur se répandirent.
Le 19 août,
la mort n'était pas encore couchée,
elle marchait sous un voile noir,
quelques versets oblitéraient les consciences,
on avait enseveli les cœurs.
Partout où elle passait, gisaient des innocents.
Le 18 août,
le jour où la mort s'était levée,
j'aurais tant aimé qu'elle n'eut ni livre, ni mains, ni armes,
j'aurais tant aimé qu'elle ne soit que celle qui délivre
des douleurs de l'âge et des misères du siècle,
j'aurais tant aimé qu'elle ne soit pas l'otage de déments
aveugles et sourds aux droit à la vie et à la liberté d'être.
J'aurais tant voulu qu'ils n'aient rien oublié de l'amour,
de l'entraide, de l'altruisme,
qu'ils aient étés nourris de promesses, d'espoir et d'avenir.
J'aurais tant voulu qu'ils ne soient jamais devenus ces bourreaux voleurs de vie.
Le 19 août,
ici ou ailleurs,
un jour, j'espère
qu'encore la vie s'éveillera,
plus forte que les ténèbres,
plus haut que la parole des livres.
Je voudrais,
ce jour là,
qu'elle soit fille de la colombe et de ce ciel
où naissent la parole et la conscience.
Je voudrais l'entendre parler comme on chante,
qu'elle soit de mains tendues, d'eau à puiser, d'enfants à nourrir,
de rêves à sauver, de terre à réparer.
Je voudrais qu'elle nous parle et nous enchante
de promesses d'avenir, d'enfants, d'écoles et de jeux.
*18 août 2019 - Kaboul. L'attentat lors d'un mariage a fait 63 morts et 182 blessés
J'avance dans une odeur de ronces et de pommiers sauvages. J'atteins un ravage de chevreuils. Des éoliennes s'agitent dans le pays du vent. Leurs bras bougent comme des hélices. Je cherche le mot juste, le polit, le triture, le sculpte comme un os. Je me bats avec des phrases rebelles, des virgules hébétées. Je fais le ménage dans le taudis des paragraphes. Je passe le chiffon sur la table des matières. Je passe le balai sur le plancher des phrases, les toiles d'araignées sur le plafond du monde. Les mots sont devenus pour moi plus que la vie elle-même. L'encre a parfois le goût métallique du sang, la consistance du sperme, un goût de sève amère, l'odeur chaude du goudron. Il y a des arbres cachés entre les mots, des vaches qui ruminent, des ailes d'hirondelles qui découpent le ciel, des rivières, des fleuves, des pays tout entiers. L'odorat se promène entre l'odeur d'urine et celle du lilas, l'âcreté du désinfectant et la douceur du pastis. Je fais le mort en écrivant, mais je revis entre les lignes. Face à la lumière ou à l'ombre, on est moins seul avec des mots. On est plus ou moins nus avec des phrases sur la langue. On est plus ou moins fort dans le ring du cœur et la maison de l'âme. Sans crayon dans les mains, je me sens démuni. J'ai le souffle à bout de course. Mes jambes sont de coton. Une meute de cauchemars me mord les orteils. Les griffes de l'angoisse me déchirent la peau. Une scie me traverse le ventre. Malgré tout, les mots tiennent debout et soutiennent ma vie. Mes véritables amis ce sont les mots. Je couche entre les pages d'un livre, celles d'un dictionnaire. Les mots et les phrases s'habillent d'alphabet. De l'encre saigne dans mes veines. Je lance les mots très loin ou les empile dans un cahier. Je les arrache de moi.
On n'entend pas les gens écrire. Le crayon rend mutique. Tout se passe dans la tête et les tripes. Les phrases bougent au bout des doigts. Quand on se sent vide, il y a toujours des livres pour meubler le silence, des tableaux pour se rincer les yeux, des poèmes pour remercier la vie. La marche sur la neige est cousue de fil blanc. La lumière est partout, en suspension dans la poussière de l’air, les trous noirs, le blanc des yeux, le noir de l’encre sur la peau du papier. En cherchant la gare de l'âme, un train fantôme me traverse la tête. Qu’on me donne une pelle je creuserai dans l’humus des mots. Qu’on me donne un briquet, je ferai fondre la glace des images. Qu'on me donne un pinceau, je laverai les taches laissées par l'homme. Qu'on me donne des raquettes à neige, j'enjamberai l'hiver dans les pas d'un yéti. Qu'on me donne du miel, je nourrirai les ours. Qu'on me donne un bourgeon, je viendrai au secours des arbres. Qu'on me donne un sentier, je parlerai aux bêtes, aux oiseaux, aux tilleuls. Qu'on me donne des ciseaux, je découperai le ciel. Qu'on me donne les sept vies d'un chat, je ronronnerai sur un ventre de femme. Qu'on me donne le chas d'une aiguille, je trouverai le fil. Qu'on me donne un bout de laine, j'en ferai un mouton. Qu'on me donne une chance, j'en ferai une chanson. Qu'on me donne un seul mot, j'en trouverai mille autres. Je ferai une maison avec une caisse de livres, une table des matières pour casser la croûte. On commence par déboiser l’Amazonie et on finit par tuer les Indiens et les bêtes qui l’habitent. En ville, les tueurs d’enfant finissent sur un entrefilet, les poètes en prison, les hommes d’affaires députés ou ministres.La beauté sauvera-t-elle le monde? Au moins, elle allège l'angoisse.
J'avance dans une odeur de ronces et de pommiers sauvages. J'atteins un ravage de chevreuils. Des éoliennes s'agitent dans le pays du vent. Leurs bras bougent comme des hélices. Je cherche le mot juste, le polit, le triture, le sculpte comme un os. Je me bats avec des phrases rebelles, des virgules hébétées. Je fais le ménage dans le taudis des paragraphes. Je passe le chiffon sur la table d
Un texte de JML, magnifique, dont je vous livre la fin que je trouve éblouissante.
À chaque jour, je regarde le monde d'un œil neuf. Je regarde le ciel. La neige m'étonne encore. Le feu m'obsède, le miracle d'une perle, la vitesse de l'éclair. Chaque jour apporte sa question, mais les réponses manquent. Mes souliers font partie de mes pieds. J'aurais voulu chausser des bottes de sept lieues. Le moindre mot est un pas sur la route. Tout coexiste dans la vie, le creux, le vide, les choses et les idées, le rêve et le réel, la faim, le pain, le cidre et le pommier, les gestes, les paroles, la jute et le satin. La moindre phrase est une ligne dans le dessin de la terre, une ride dans le visage de l'homme, un point d'orgue sur la carte du tendre.
Les premières fois que cela m'est arrivé, l'impression d'un rendez-vous manqué m'a empoigné. Étais-je arrivé en avance ?
D'un sourire faussement aimable, j'ai remercié l'impertinent qui se levait pour me laisser sa place.
Avais-je déjà l'âge d'être le vieux au chat qui habite la vie et un champ de poèmes ?
M'étais-je laissé emporter par le temps, par le quotidien et les amis de passage ?
Arrivais-je déjà doucement aux heures tendres on l'on se doit de pardonner avant de partir en paix habiter le silence des vivants, et si certains me souviennent quelques sourires aux absents ?
Parfois, voyant ceux que maintenant je ne regarde plus comme des impertinents, je les remercie d'être encore les tenants d'un savoir vivre qui date de ce monde antérieur aux casseurs et aux énarques de la spoliation des peuples. Je les remercie d'être encore les gardiens d'un monde d'avant, d'avant la désillusion et la colère.
Alors, je me demande si mes rêves encore ne sont pas plus grands que les leurs et une tristesse infinie s'empare de moi.
Je me demande où habite encore le rêve d'un temps meilleur ?
Mon chat me console.
Je pardonne aux jeunes d'être non coupables de nos crimes.
Je retourne à ce silence où mon chat me donne de la tendresse et du ronron et quelques mots à moudre.
Avant d'en arriver à oublier l'âge de se sentir jeune, je me dis que, qui aime a la vie belle.
Avant que ne vienne la nuit, j'aime la vie, de plus belle encore.
jms
La censure Facebook qui m'interdit ce partage
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Il y a de drôles d'oiseaux qui chient sur les statues, tout un peuple en colère, des gilets jaunes piétinant le bitume. On ne tend pas l'oreille à la justice, aux mots d'amour, aux cris de liberté, aux clameurs de révolte, on tend l’œil d'un fusil, des menottes à l'enfance, des gaz lacrymogènes à la jeunesse debout. Il y a des pages mal écrites, des vérités menteuses, des gravats pl
Hammam Salahine près de Biskra en 1904 Trouvée par hasard dans un livre, cette photo d'un lieu, qu'enfant, j'ai visité vers 1950.
Revisitant le passé il y a une vingtaine d'années, je ne sais pourquoi, des impressions d'une journée de voyage en famille dans les années 50, mêlées à un goût d'enfance et à un cri de pays perdu, ont agité mon stylo. J'en ai tiré cette nouvelle insérée dans un livre traitant du rapport au temps et à la réalité : "Le jardin des diagonales".
Dans cette suite de nouvelles, tous les protagonistes sont des internés décalés de la raison et porteurs de mémoires fantasmées.
Aujourd'hui, tant d'années plus tard, cette photo retrouvée me révèle le nom perdu de cet endroit et me ramène un fragment d'enfance.
In "le jardin des diagonales"
(Un passé en bagage)
Le soleil, le vent, les jeux peuplaient un monde ancien. Heureux, en culottes courtes et en sandales, Manuel l’avait parcouru, traversant des rires ombrés de quiétude. Puis le sang, les cris, les larmes, s’étaient répandus sur les trottoirs gris…
Le bateau, la mer...
L’exil sous un ciel au soleil cassé, la nostalgie pour tout bagage.
Tant de temps passé, depuis, en terre nouvelle.
Manuel, dans sa tête était resté là-bas. Il vivait sur une terre de mémoire où la réalité était devenue étrangère et hostile.
Il n’y avait plus de là-bas.
Là-bas, le malheur avait pris racine.
Là-bas, le sang répandu, les cris, les larmes et des trottoirs inquiets, enfermaient les hommes dans un étrange sortilège.
L’homme avait vieilli depuis… tant de temps, tant de nuits, tant de rêves, tant de larmes. Il ne vivait plus qu’en cet intérieur de solitude où rien n’existe que sa propre pensée. Il ne vivait plus qu’en ce lieu où les souvenirs épars, embusqués dans des recoins d’âme, rugissent à faire frémir la nuit.
L’homme habitait des recoins du passé, dans la marge du réel.
L’homme vivait en exil.
Manuel, chaque jour, parlait au gamin joyeux et insouciant de son enfance, à celui qui savait courir et sauter, qui avait un père, une mère, du vin et du pain sur la table.
Il était perdu le Manu, coupé de l’enfance, naufragé au pays des hommes. Comme beaucoup d’exilés, il parlait aux habitants de sa tête toujours prêts à raconter les bruits et les odeurs anciennes.
Encore une fois, aujourd’hui Manuel répétait :
- Je suis à la porte du voyage qui mène à hier.
Il savait qu’une odeur de larmes surgissait chaque fois qu’il approchait cette frontière.
Il savait l’étrange buée et la fulgurante nostalgie qui précédaient ses rencontres avec le passé. Il se regardait glisser hors du temps. Il disait tout haut :
- Je fouille, je scrute, j’écoute le silence, je cherche dans un amas d’effluves feutrés et sucrés. Je cherche dans le puzzle des souvenirs. Je vois des fantômes et des morceaux de pays, des morceaux de mémoire.
Parfois Manuel se rebellait :
- Si je pouvais jeter ma mémoire aux orties…
Parfois même, il pleurait et implorait :
- Mémoires, retournez à l’oubli, laissez-moi vivre heureux.
D’autres fois, Manuel était en voyage-mémoire. Il avait huit ans. On l’appelait Manu. Il était dans un bâtiment très long, blanc et bas, un hammam embrumé d’odeurs soyeuses, percé de portes en bois bleu. Manu regardait les rayons fins du soleil s’infiltrer en filets dorés par de vieilles cicatrices du bois. Dans la pièce, l’ombre s’en trouvait découpée en bandes de lumière. Puis, le rêve s’estompait, Manuel le retenait :
- Non, mes chers souvenirs, revenez, restez...
Ces voyages passaient toujours par la porte entrebâillée d’une larme retenue et d’un serrement de cœur.
Chaque fois qu’il redevenait enfant, dans l’ombre, il sentait la moiteur pesante l’envelopper comme la peau de coquillage sur les épaules d’un bernard-l’ermite.
Aujourd’hui, Manuel partait dans un de ces voyages.
Dehors, le soleil éclaboussait l’ocre tel un feu violent. Par l’ouverture de la porte, il voyait la terre et le vent léger qui tournoyaient en anneaux de poussière. La porte était de forme mauresque. Manuel était dans une grande salle emplie de tables rondes et basses, agrémentées de la lueur rougeâtre de plateaux de cuivre. L’odeur forte du thé à la menthe, les senteurs du miel sur la pâtisserie, caressaient son odorat. Autour d’une table, un cercle magique... l’éclat nacré des dents que libérait un sourire, la voix d’un oncle, celle d’un ami..., un étrange ressenti où le bonheur s’appelait certitude.
Sa conscience se cabrait par moment : "Reviens Manu, l’horloge a tourné".
Il se sentait loin, si loin… n’était plus qu’un œil qui regarde au-delà du temps. Il était l’intrus dans le jardin de la mort, une âme en dérive.
Manuel ne voyait que le rivage lointain. La rive. Il voulait regagner la rive. Refaire le voyage.
Il voulait refaire le voyage à l’envers, refranchir la porte qui va à hier, rester là-bas. Revoir la palmeraie encore naine, inondée de soleil. Courir entre les palmes, se retourner, voir encore une fois la bâtisse blanche, longue et basse avec ses ouvertures donnant sur une nuit de mémoire, sur une pénombre habitée. Il voulait, comme un forcené, traverser l’étrange brume du temps perdu et revoir, revoir Grand-père... revoir…
Mille fois, il était resté là, dans l’ombre, à décrypter le souvenir. Ils y étaient tous, ils étaient là, tout près, vivants, plus riants, plus présents que jamais.
Ils chuchotaient, attendaient. Leurs voix chuintaient comme une musique incertaine et précise, entendue au hasard d’une route, comme volée au silence et qui colle à l’esprit, plus forte que l’oubli.
Comment voyager vers le passé ?
Où est la clef qui mène à hier ?
Pourquoi cette buée farouche à la porte du souvenir ?
Manuel savait que le mystère du voyage était là, lié à cette moiteur salée qui mouille les regards et précède l’émotion.
Pourquoi toujours revenir à hier par la porte entrebâillée d’une larme retenue ?
Il avait jusque-là sans cesse questionné la mort, la nuit et le néant, sans obtenir de réponse. Pourtant ce soir-là, une voix claire et précise rompit enfin le silence, la voix de l’intime, celle du Condor ordonna :
- Traverse une larme, la clef et le passage sont là.
Instantanément l’homme comprit : en traversant une larme on peut voyager par-delà le temps.
La voix d’ombre insistait :
- Traverse la larme, la goutte salée... tu as la clef du voyage !
Manuel pleurait.
Sans hésiter, il se risqua à l’appel d’un monde antérieur. Il collecta ses larmes et les traversa, pénétrant les brumes salées venues d’outre-monde.
Mystérieusement, il sembla s’y noyer et disparut dans les flux et reflux de sa pupille, ne laissant qu’une ombre bleue couchée sur le tapis.
Je suis l’homme qui parcourt son passé.
Je cours avec mes amis entre de jeunes palmiers pas plus hauts que nous. La terre est rouge, elle joue, elle court avec nous, elle nous poursuit en poussière d’ocre et d’or.
J’ai peur du futur.
Je cours à l’intérieur du bâtiment.
Une porte emprisonne l’ombre et la quiétude, l’ombre cache le bonheur.
Elles sont toutes là, mes ombres de mémoire.
Ma famille y distille une langueur heureuse. Le thé à la menthe et les gâteaux portent une infinie tendresse.
Je suis l’enfant qui connaît le futur.
J’ai peur.
Je suis parti, j’ai quitté mon monde, sans laisser d’adresse.
Je suis loin.
La nostalgie est toujours là...
J’ai fait le voyage à l’envers, à l’aide d’une clef mouillée, j’ai franchi la porte.
Pourquoi cette buée farouche à la porte du souvenir ?
J’ai trouvé le jardin et les enfants qui rient...
Mais, je fouille, je scrute, j’écoute le silence, et maintenant je pense au monde d’où je viens.
Je pense à vous que j’ai délaissés, mangés par mon passé retrouvé.
Je n’ai plus de larmes.
Je suis si loin, je suis l’intrus dans le jardin de la mort.
Je suis l’œil qui regarde au-delà du temps.
J’ai gagné les rivages du passé.
Je m’appelle Manuel Hector Llorca.
Dans ma chambre je crois que l’on retrouvera mon ombre bleue sur le tapis, mon stylo et quelques larmes séchées.
"Le jardin des diagonales" (Éditions Chemins de Plume)