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Requiem pour 68

Publié le par Jean-Michel Sananès

Opus 24
Requiem pour 68
Lettre à ceux qui n'étaient pas là et à ceux qui n'on pas compris 68 

Dans un ailleurs
Tu étais là
parfois je Te nommais

Je Te savais parmi nous
je chantais à Tes côtés
Opus 24
Je me rappelle ces temps
où les Lolitas, pour un baiser
pour un tour de bras
volaient de brefs instants au banal
.../...
Pour un Krishna, pour un Jésus
pour un Dylan, pour un Donavan
les hauts-parleurs jetaient l'amour
Les yeux jetaient du rire
les oiseaux parlaient tendresse
Martin Luther faisait un rêve
Dieu dansait à nos côtés
.../...
Je regardais les "hommes de bien"
.../...
De Charonne au Biafra
ils étaient là à vendre leurs couteaux
à vendre leurs canons
.../...
Chien qui mord la suie de l'oubli
chien qui mord
là où le souvenir se cabre
dans les névralgies de douleurs
où l'on enfante la haine de l'amour
Je regarde courir la mort
je mords à la vie
je mords à la mort

Je pense à Toi
En ces temps
je Te savais
je ne Te nommais pas

L'été avait une douceur
qu'il ne retrouva jamais
les radios jetaient l'amour dans les musiques
des notes sobres et simples
montraient des chemins sans fards
où les mots ne se corrompaient pas d'apparences
.../...
Je ne Te nommais pas
je Te savais parmi nous
je chantais à Tes côtés

J.M. Sananès - "Opus 24" - Editions Chemins de Plume

Publié dans Textes de JMS

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Jean-Marc La Frenière

Publié le par Jean-Michel Sananès

Nous venons tous d'ailleurs

Nous venons tous d’ailleurs. Notre naissance est un exil. Je redemande la mise en chair. Les mots sont à la fois mes racines et ma terre. Il en faudra des phrases pour rattraper l’oiseau, pour signer l’arc-en-ciel, pour colorer la nuit, pour atteindre les feuilles. Si la vie est un mur, nous en ferons des portes. Si on ferme les portes, nous arracherons les gonds. Il y a trop de chaises vides à la table du partage. Il y a trop de choses vaines qui encombrent la route. Tous les grands mots finissent en discours de marchands, l’espoir en comprimés, le rêve en compromis, les bisons sur la table, la parole sur la dèche, l’infini sur la paille. Tous les oiseaux s’enfuient dans les villes incendiées. Tous les enfants s’ennuient qu’on habille en adultes. Le commerce rumine comme une vache à lait accouchant d’un veau d’or. Où l’homme se prosterne, les herbes se relèvent. J’écris à bout portant. Je taille la ligne droite à grands coups de mots nus. Je donne à mon crayon le visage des hommes.

Jean-Marc La Frenière, Prose

Publié dans Ils disent

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4ème silence

Publié le par Cheval fou (Sananès°

4ème silence à gauche et rien que toi
j'ai peur et les étoiles dérivent

7ème horizon
le Petit Prince découd la nuit

le rêve aveugle n’attend pas demain
et les yeux fermés sont muets d'images

Le météorite fait froid
la pomme cachait son serpent

4ème silence
les miroirs sont fermés       

Je suis sorti me chercher 
tu n'étais pas là


7ème horizon
je ne me suis pas trouvé
où suis-je quand tu n'es pas là ?

4ème silence à gauche j'ai froid
il n’y a que toi
qui tires les rideaux
quand le jour se froisse
7ème horizon  à gauche 
j'ai peur et les étoiles dérivent

4ème silence à gauche
et rien que toi qui ouvres les nuits
rien que toi qui jettes du blé
à la Grande Ourse

Le bonheur me fait froid
comme un silence qui a peur

Chut,
le 4ème silence ouvre sa dimension

7ème horizon tu es belle
comme une prière.

JMS - Extrait de "Dieu, le silence et moi" - Editions Chemins de Plume

Publié dans Textes de JMS

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"La diagonale du silence"

Publié le par Cheval fou (Sananès)

 

JMS -"La diagonale du silence" - Editions Chemins de Plume 12 €
   (Peinture JMS)

 

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Ile ENIGER

Publié le par Jean-Michel Sananès

Ô mon amour mon amour
Le ô plus haut que o
Le son premier du mot
Le jour celui
Qui n’envisage rien
Que le présent
Sans effets secondaires
Pour aller plus que vivre
Pour aller plus qu’aimer
Pour aller plus
Pour aller
Mon amour
Le mot juste vêtu
De voyelles à ouvrir les murs
Et le sens à écrire
Les bras autour comme un lasso

Ile Eniger, "Bleu miel" Editions Chemins de Plume

Publié dans Ils disent

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Jean-Marc La Frenière

Publié le par Jean-Michel Sananès

Sur le papier glacé (extrait)

Je retourne dans les bois, creusés d’âge et de mousse. Je préfère être pauvre à mon compte que riche aux dépens des autres, ceux qui se graissent la patte et se remplissent la panse en détruisant la vie. J’ai tout appris par la force des choses. J’ai tout appris du feu, du verger, du lichen. Selon le cours du papier, même les bûcherons finissent par mourir de froid. Par le cantouque et la chouenne, des racines à la cime, je remonte la sève jusqu’à la tête des eaux. Que pourraient le bouleau sans le cèdre, l’érable sans le pin, le rhume des oiseaux sans la gomme d’épinette ? Je dirai donc la sève, l’humus et la colère des forêts, les cétacés enfouis sous la mémoire des glaces, le pollen courbé sur l’épaule du vent. Je lirai dans l’écorce ce que l’encre a tué.

La neige, en hiver, quand elle tombe en dansant, remplace les oiseaux. Je préfère le feu à la fumée, la parole au micro, l’écorce du bouleau à la nappe en papier, la barbe au prophète, le poète au notaire, celui qui rêve quand il neige, celui qui dort quand il vente, celui qui sort quand il pleut. On ne demande pas aux chercheurs d’or de sauver un oiseau, on le demande aux enfants. Je suis l’oiseau sans ailes qui vole dans son chant, l’arbre sans feuilles que réchauffe la sève. La neige ne va pas sans ombre ni la pluie sans soleil. En caressant du pied la bavette du poêle, je me réclame du froid, de l’espace et du vent. Je me réclame du pollen survivant au grésil, de la bannique et du portage. Je me réclame du capelan, du chevreuil, du lagopède rutilant. Mon cœur est une bête à portée de fusil.

Jean-Marc La Frenière,  Prose

Publié dans Ils disent

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