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Il jouait de la guimbarde

Publié le par Cheval fou (Sananès)

Il fallait jouer du violon et de la fable
garder la tête froide et les pieds au chaud
Il fallait avoir l’air d’avoir l’air
avoir le bras long et les pieds plats

Il fallait jouer poker
jouer dans le sens du poil et caresser le loup
jouer des coudes et en découdre
se faire aimer sans rien donner
se jouer de tout et de vous,
se  jouer du jour et des lendemains

Il jouait de la guimbarde
du charme et de la tendresse

Il jouait aux dames et aux échecs
il jouait à ne pas jouer
à tendre la mains et à ouvrir ses bras

Quand il se fit manger comme l’agneau
il jouait encore de la guimbarde
.

 

JMS

Publié dans Textes de JMS

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Cathy Garcia

Publié le par Jean-Michel Sananès

L'art du noeud

je flaire l'aigre du désir
coeur en étendard
la puante imagination
des abysses humaines

lente infection des morsures
dont aucun ne sait voir les traces

géhenne ordinaire
autolyse résigné
l'encre au lit
de l'angoisse
rages entrailles
savamment ligotées

je veux en découdre
absoudre l'absurde !

l'art du noeud
et les noeuds
du lard

un coeur
qui soudain a des crocs
s'auto-dévore

vendanges lycanthropes
à la vulve du monde
ça m'aide la nuit
à raccommoder mes étoiles
à faire jonction
émeute solaire

au cadran j'ai rongé les angles
les ai polis de ma langue
pour en faire le cercle
aléatoire
non parfait

le cercle rugueux
du réel

Cathy Garcia,  POÈMES COMMIS et  DELIT DE POESIE

Publié dans Ils disent

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Colette Muyard

Publié le par Jean-Michel Sananès

Résidence  Principale


 J’habite
au plus fissuré des lézardes,
au lamento du violoncelle.

 En Antigone l'emmurée,
en la vierge folie d’Ophélie,
en toute âme désespérée.

 J’habite
à l'œil paniqué du cheval,
au ventre enflé de la famine.

 En écorchés, en sinistrés,
en corridas, en diaspora,
en toute souffrance infligée.

 J’habite
à la main glacée du mendiant,
aux gerçures de l’exclusion.

 En tous calvaires, en rouges guerres,
en miradors, en camps de morts,
en toute existence arrachée.

 J’habite
au plus sanglant des cauchemars,
au vif tranché de l'animal.

 En désespoir, en abattoirs,
en condamnés, en torturés,
en toute vie décapitée.

Colette Muyard

 

Publié dans Ils disent

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Lettres à mon PC et à ses habitants

Publié le par Cheval fou (Sananès)

Tu fais tes quinze pouces
trois inches
tu me nargues

Entre ma vie et moi
tu fais écran

Carré blanc
carré mémoire et mémoire vive
j'ai ouvert ma boîte de déception
mémoire informe
tu restes vide

Au carré du silence
mémoire pleine
j’attends
tu es l’indéchiffrable graffiti du vide
l'aube ne viendra plus

Je ne suis qu’un bruit de fenêtre ouverte
sur un carré de solitude opaline
rien
rien à l'intérieur
rien d'attendu, rien d'inattendu
tes silences sont illisibles
l'aube ne viendra plus

J’habite le cri d'un escargot piétiné
le regard impuissant d'une fleur
je suis un silence trop lourd
abandonné aux étoiles
un air de musique qui sent la rengaine
un morceau de vent
que l’aile brisée
porte en bandoulière

je suis l’orphelin
qui arpente une envie de ne pas être
j'ai chuté sur un mauvais rire
 

Au carré blanc
je n’ai trouvé qu’une blessure diaphane
un message qui n’est pas venu
.

JMS

Publié dans Textes de JMS

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Champagne

Publié le par Cheval fou (Sananès)

Sous vos lèvres carmin
champagne !

Le champagne,
un éclat de mort
et un éclat de rire

A votre cou
la pierre piaille ses clartés de diamant

 

Que de terre
que de mer
entre la mine et le feutré des grands salons

 

Punda a marché
de Mbuji Mayi* à la mine

le ventre tailladé par la faim
les nuits gorgées de peur.
A ses cotés la mort court,
comme un chien agite ses crocs
sur des plaies d’enfant

Que de terre entre Mbuji Mayi et la mine
Que de terre mangée entre les dents de Punda

Sous vos lèvres carmin
champagne !
Un éclat de mort

et un éclat de rire
A votre cou
la pierre piaille ses clartés de diamant

Que de terre entre Mbuji Mayi et la mine
La pierre pleure dans des palaces de divas fardées.

Que de terre sur la tête de Punda
Que de terre sur les 10 ans de Punda.


Comme des centaines d'orphelins, Punda, avait quitté son village, Mbuji Mayi* (Congo), pour travailler dans une mine de diamant : sont-ils esclaves ou libres, les enfants qui meurent ensevelis dans l’effondrement des terriers qu’ils creusent à mains nues, en quête de diamants, pour le compte de quelques trafiquants ?

JMS

Publié dans Textes de JMS

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