Mon chien cherche le silence
est sorti chercher le silence
la rue était pleine
mais il n’a rien trouvé !
JMS
Aucune nuit n'est plus large que le rêve
JMS
Qui marchait droit devant
Qui allait de l’avant
Dans les bois
Et la neige tombait
C’était un petit soldat
Qui chantait et rêvait
À la maison aux roses
Et au doux regard qui s’y cachait
Nous étions en hiver
À prier pour qu’avril vienne
C’était un petit soldat
Qui allait de l’avant
L’amour allait devant
Se coucha dans le givre
Ne sentit pas venir le froid
Personne ne le sut
À la maison aux roses
Et la belle se maria
L’hiver et le fusil firent leur chemin
Par chance le petit soldat n’en sut rien
Cela l’aurait sûrement tué.
JMS - In : "Derniers délires avant inventaire" - Editions Chemins de Plume - 12 Euros
Alors
n'existait pas
l'éclipse des étoiles
Le ciel rejaillissait, inaltéré
derrière les palmeraies du rêve
et l'aurore,
sur nous,
savait battre des cils.
C.M. " Mes Algériades " 2000
Au fond des silences
sont d'étranges vérités
Vérités nappées de glace
comme les grands espaces
Habits du temps qui passe
morceaux de temps
figé pour dix éternités
LE SILENCE
cette autre face du cri
cette étrange parole venue
de l'autre coté du mot
LE SILENCE
ce mot mort assassiné
dans un sommeil
au coin d'un soleil
cette mauvaise conscience
du non-dit
cette parole perdue
ce mot trop fatigué pour vivre
cet absolu infini
qui enveloppe les solitudes
cette effroyable certitude
ce grand livre
qu'il aurait fallu écrire
Laissez passer les silences
ces témoins muets
du temps qui passe
des mots qu'il aurait fallu dire.
JMS - in "Cheval fou" - Editions Chemins de Plume
Mon chien a du nez et des lettres
de réverbère en réverbère, il collecte les messages.
Je ne lui écris jamais
je ne suis pas polyglotte et j’ai de la tenue moi !
JMS
JMS
Des bombes… des généraux… des intégristes… !
Mon chien s’inquiète
Qui gardera le rire si les hommes disparaissent ?
Laisser le silence délayer l'encre
Laisser la plume gémir sous l'arrête d'un cri
Traverser le jour ou s'arrêter
Vivre et le dire
Laisser le verbe pendu au gibet des non-dits
Utile inutile ?
Laisser mourir le papier
Au silence des yeux étrangers
Aux griffes de l'indifférence
Laisser le parchemin danser à la valse du feu
Épuiser l'air qu'on respire et l'encre qu'on expire
Le silence est-il plus complaisant que la parole ?
Je suis un architecte de l'ombre
Je mets mon âme en papier
Cri muet, pain laissé aux oiseaux
Écrire n'est-il pas un don aussi silencieux
Et gratuit que le pain laissé aux oiseaux ?
Utile inutile ?
Si les oiseaux se taisent
Doit-on condamner le moteur transparent
qui pousse la main et le geste ?
Si l'ange ne voit pas ses ailes,
ce n'est pas grave la valse continue.
JMS - In "Plus frère que frère" - Editions Chemins de Plume - 12 Euros