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Les morts n'ont pas de couleur

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Les morts n'ont pas de couleur.

Perdre sa peau, sa vie,
perdre l'odeur des petits matins,
les cris d'une cour d’école,
le nom de ses copains.
Tout abandonner
n'est rien en soi
quand le temps est venu,
rien d'autre qu'un retour à la Maison
rien qu'une restitution à la Terre
de ce qu'elle nous avait prêté.

Ma mère, mon père,
vos  vies ne sont-elles maintenant
que des mémoires égarées
et y avez-vous rangé
ceux de 14-18, ceux de 40/45
ceux de toutes nos guerres ?

À parcourir le silence, je cherche
dans les pages d'un vieux cahier,
où les photos perdent leurs noms,
vous êtes les ombres d'un monde disparu.
Ma mère, mon père,
vous le saviez
partir dans un lit
n'est pas donné à tous,
parfois les hordes bouchères martyrisent
capturent, arrachent les vies,
avant qu'à crime pour crime
le sang calme ses larmes.

Pourtant
l'homme ne devrait avoir pour ennemis
que la bêtise et la haine.

Les certitudes égotiques
parfois sont si grandes que la bonté est prisonnière,
partout, l'union des haines chante,
 psalmodie dans les rues,
et ronge les cœurs.

Ma mère, mon père,
je suis l'habitant de leurs haines,
le savez-vous ?
Je suis le cauchemar de tant de gens,
j'en ai peur pour mes enfants !
Leur avez-vous dit que, je n'ai pas tué dieu
Que nous étions tous hommes
avant que les marchands d’absolus
ne privatisent le droit de vivre, la Terre, la liberté,
et le droit de penser,
avant qu’ils ne soumettent le vivant à des clans,
à l'union des détestations
aux perversions des mensonges identitaires,
car, avant même que d'être des identités
nous étions tous faits pour être
détenteurs d'amour à donner
à la vie et à l’univers.

Pourtant
l'homme ne devrait avoir pour ennemi
que la bêtise et la haine.

Ma mère, mon père,
ne leur avez-vous pas dit que notre bible
était signée par Victor Hugo
et notre morale par Jean de La Fontaine !
Ne leur avez-vous pas dit que
si je devais prendre les armes, ce serait une plume
pour défendre la laïcité ?

Ma mère, mon père,
j'appartiens à la phobie de leurs rêves !
Pourtant
L'homme ne devrait avoir pour ennemis
que la bêtise et la haine.
Tous les enfants sont pareils aux miens.

JMS  11 mai 2024

 

 

 
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Petit retour d'un voyage en écriture

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Extrait du texte d'introduction
Face à la "Question majuscule"
De mon livre de nouvelles à paraître :
"DERNIÈRES NOUVELLES DES ÉTOILES"

Un jour, la conscience d'un homme rencontra ces tables de calcul, élégantes et énigmatiques, au cours d'une errance sur le Net, tout comme le Boson de Higgs, elles percutèrent le point identitaire de ses croyances les plus absolues ; elles rejoignirent et épousèrent, en son épicentre, ce qu'il ressentait comme la clef ancestrale de l'Univers en cet endroit où matière, pensée, doute, raison et certitude fusionnent dans ce que, souvent dans ses textes, il l'appela : "La Question Majuscule".

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Article publié depuis Overblog

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

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DERNIÈRES NOUVELLES DES ÉTOILES

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Pendant mon éloignement du Net j'ai commis un livre de nouvelles de science-fiction  qui spécule sur la criminelle nécessité d'une rationalité au service du rentable à court terme.
Dans ces nouvelles, se croisent les thèmes de l'empoisonnement de la Terre par l'homme,
les possibles dérives de l'IA, …
L'ensemble est une réflexion sur la place de l'homme et de la planète exposés dans des scénarii de science-fiction

 

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Chant de synapses

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Dernière barrière, l'encre endigue un flux d'images, de mots, de variations subliminales qui, sans cesse, perturbent mes silences. Un monde ailleurs, une danse neuronique se cabre, m'envahit, mute, décrypte un imaginaire divagatoire. Rêves, cris intérieurs se percutent, dessinent, engendrent l'histoire de l’œil et de l'esprit qui ne voulaient que de la beauté afin de ne plus souffrir.
L’œil se mutile de larmes, une fée les transforme en nuages de pluies salées si immensément désespérées qu'elles engendrent les océans, sans, hélas, ne jamais endiguer la laideur.
Vite, fuir l'étrange vision de l’œil et du sel ; vite partir chevaucher un autre chant de synapses plus souriantes ; vite aller ailleurs dans l'excitation créatrice d'une aubade à la petite pierre rouge ou l'histoire d'un frisson de peur que déchaîne devant moi la vision d'un oiseau inconscient chantant sous le regard du chat.
Une paralysie m'enchaîne. Pourquoi l'imaginaire, qui devrait être rêve et terrain d'évasion, est-il parfois si brutal ? Que se passe-t-il dans les trêves du conscient qui agite des images, des pensées, des mots ? Parfois, je converse avec une petite fleur jaune comptant ses pétales et qui n'a nul besoin que je lui dise "tu es belle" pour être belle, tant sa beauté et une offrande généreuse. Par elle, j'en viens à analyser la distance entre le beau et le joli. Je parcours une dimension où le Temps ouvre la conscience du fragile. Petit bouton d'or, es-tu prêt à disparaître ? Doit-on toujours partir pour d'autres viennent ? Sommes-nous si impuissants dans les mains du Destin que nous ne puissions espérer léguer que nos rêves au futur ? Je regarde ce que tu es petit parfum d'herbe jeté au vent dans cette symphonie des odeurs où le jasmin triomphe. Il n'y aura pas d'oraison pour ton départ, petite fleur encore épanouie. Déjà, je sens pointer l'odeur âcre des étés oubliés et la couleur ocre qui t'appelle, t'habille, te touche, et froisse tes feuilles. Où vas-tu petite fleur ? Où va-t-on ? Tu me rappelle ce poème, griffure mémoire venue d'enfance, que j'avais lu dans la revue "Képi blanc" en 1955. Sous le titre de "Petite fleur", un légionnaire te parlait : "Demain, je le sais, je vivrai sous terre près de toi". Et le lendemain, une balle, près de toi le coucha. Où es-tu maintenant "Petite fleur" du légionnaire ? Dans l'odeur du poème ? Dans un lointain toujours présent ? Es-tu la part léguée au futur d'une petite graine qui aurait épousé l'éternité pour renaître dans mon jardin ? Pourquoi les hommes se nourrissent-ils toujours d'images de crépuscules lointains et de fleurs, et pourquoi faut-il que du passé toujours reviennent des images, des mots ? Le silence ne se repose-t-il donc jamais ?  Faudra-t-il,  petite fleur que moi aussi tu m'apprivoises ?
Encore je reste là, porté par un flux de mots qui me parlent de toi, des pluies de sel, et de cet imaginaire qui caracole dans mes silences. Je reste ici, accroché à des délires en poèmes, qui viennent ou périssent comme des oublis.
Je suis dans le poème qui court, je suis l'espace après la virgule, je suis perdu dans cet incendie de la raison qui amène un ailleurs incernable. Je ne sais vivre qu'en ce perpétuel feu où mon délire m'enferme comme les murs d'une forteresse et où, parfois, par miracle sauvage, le verbe épouse le papier. Je ne sais d'où vient le mot qui me porte. Je vois, je ressens, je suis, j'appartiens à cet œil cosmique et intérieur qui hante le silence.
Petite fleur, je te sais partout dans les jardins de l'esprit et du vent.

JMS

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Cris de vie

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

 
Écoute, écoute ce tam-tam sous ma peau
non, ce n’est pas la plainte du vent
qui se déchire sur les arbres
Écoute, écoute, ces cris dans mon sang
n’est-ce que le tic-tac d’un cœur
ou le compte à rebours du temps ?
Écoute cette musique de l’intérieur
qui minute ma vie
Regarde, regarde entre mes doigts
ne vois-tu pas le temps qui glisse ?
Regarde, regarde au fond de mes yeux
ne vois-tu pas ma vie qui passe ?
JMS in Cheval fou
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Le silence

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Le Silence
Au fond des silences
sont d’étranges vérités
Vérités nappées de glace
comme les grands espaces
Habits du temps qui passe
morceaux de temps
figé pour dix éternités
LE SILENCE
cette autre face du cri
cette étrange parole venue
de l’autre côté du mot
LE SILENCE
ce mot mort assassiné
dans un sommeil
au coin d’un soleil
cette mauvaise conscience
du non-dit
Cette parole perdue
ce mot trop fatigué pour vivre
cet absolu infini
qui enveloppe les solitudes
cette effroyable certitude
ce grand livre
qu’il aurait fallu écrire
Laissez passer les silences
ces témoins muets
du temps qui passe
ces mots qu’il aurait fallu dire.

jms in- Cheval fou, d'amour et de colère et Chemin de pluie et d'étoiles (compilation de 3 livres)

 

 

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Où vas-tu réverbère ?

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Où vas-tu réverbère ?
Le vent m'interroge,
il frise des cris d'oies sauvages et des couleurs
d'autres temps.
Une énorme luciole court dans le ciel,
elle marche les pieds en l'air,
trébuche sur une note de musique.
Une petite fille vient de s'écrier :
"Oh, une maman luciole !"
Interloqué, comme une branche de laurier
prise de fou rire quand le vent la chatouille,
j'interpelle le ciel :
- Où vas-tu globe fou évadé d'un réverbère ?
Vas-tu au pays des Lunes ?
Surprise !
Un réverbère perdu dans son rêve me répond :
- Je vais rejoindre cette "femme inconnue,
et que j'aime, et qui m'aime"*
Depuis quand les réverbères répondent-ils ?
Depuis quand les réverbères ont-ils des Lettres ?
Lumineux, il me parle,
flotte dans une apesanteur apaisée.
Sait-il que je suis l'enfant du rien
celui qui appartient au Tout,
l'enfant fragmenté dans la superposition des
mondes et des consciences ?
Sait-il que nous n'habitons pas le même rêve,
qu'une part de moi a déclaré la guerre au vide ?
Je me parle, je parle à l'instant qui passe,
je me parle de tout.
J'agace les autres : "Tu es dans la lune…
Mais que fais-tu, tu n'es pas sur terre…"
Pour une fois, c'est un peu vrai :
je suis avec la lune au royaume des réverbères.
Le monde délire de réalisme et d'infidélité au rêve,
moi, j'ai l'enfance identitaire,
je me fiche du monde, je vis dans mon univers.
Eux, comment font-ils pour vivre dans leur monde ?
Ne voient-ils pas ces ventres affamés
que l'on fourgue à la mort,
ces familles culs-bénis s'empiffrer à en éclater ?
Où vas-tu lune, globe fou évadé d'un réverbère ?
Vas-tu au pays des Lunes ?
Le réverbère hausserait les épaules s'il en avait,
aussi hausse-t-il simplement le ton et répond,
dédaigneux :
- Tu troubles mon rêve,
ce "rêve étrange et pénétrant
d'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime*
Le vent consterné me regarde.
Mon rêve tombe dans une envolée de feuilles
mortes.
Je suis seul,
comme un enfant,
seul.

JMS             * : Paul Verlaine (Mon rêve familier)

 

 

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Digressions temporelles

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Moi, l'être de chair et de mémoire,
quand je me réveillerai dans l’ailleurs,
quand je serai l'enfant d'un ver de terre,
me souviendrai-je de vous
me souviendrai-je  de moi et de toi,
toi, mon chat, qui déjà m’attends,
te souviendras-tu de nous,
de nos tendresses ?
Je reste là avec la question,
tu es partout dans l'univers de ma mémoire,
serons-nous ver de terre ou fourmi
dans le grésillement quantique des dispersions ?

 Rien ne nous empêchera d'avoir été
dans l'exceptionnel des tendresses ordinaires.

 
JMS  (28/3jour d'anniversaire)

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Le bruit, le silence, la raison

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Les temps m'affectent. Naviguer en eau trouble, ressentir la suspicion et la haine ambiante, troublent mes humeurs et ma poésie. Involontairement, j'en nourris ce que j'écris, je fouille les épines de la noirceur, m'y blesse, m'y noie, trahis mes rêves. Aussi, durant quelque temps, je publierai moins de textes du jour et même s'ils s'imposent à moi, comme le sel à la bouche des naufragés, je les ferai insulaires, les enfouirai près de la cabane de Robinson, pour essentiellement publier des textes déjà édités. Le trop plein de décennies se faisant plus présent, je vais prioriser et finaliser deux essais et un roman.

                                                              **
La ligne droite, la beauté et la froideur nues, le cercle, l'équilatéral, le carré, images du parfait équilibre auquel le commun aspire, les stéréotypes de la perfection lisse que l'homme se complaît à approcher tout au long de sa vie, sont-ils le but ?
Je le regarde, je nous regarde, tapis sous le rimmel, les corps bodybuilding, toujours vingt ans au compteur du miroir. Le petit homme embusqué derrière ses portails électriques, ses allées voiturières, son parfait convenu et ses joyeuses déconvenues, le voilà devenu Don Quichotte parvenu, en fuite devant l'inéluctable. L'ombre est sa blessure.
Être, il veut. Être au centre de l'apparence. Exister à l'endroit où le commun exulte dans la bienséance du pouvoir et de l'illusion. Se croire grand à péter dans la beauté et croire que la puissance est plus grande que l'humilité.
Me faudra-t-il concéder que l'orgueil conquérant n'a d'autres frontières que la force et les Waterloo de la raison ?
N'est-il pas temps de refuser les crimes d'une esthétique dévoyée et d'affirmer qu'à ce concept je préfère aimer l'homme de partage quand il n'occulte pas la vérité pour fanatiser son amour.
Laissez-moi aimer le Juif et l'Arabe de Gaza, l'homme qui a peur pour son ennemi, le Palestinien multimillénaire, son Livre et ses morts et aussi, le Palestinien récent avec sa Nakbah. Laissez-moi pleurer sur les uns et sur les autres, les larmes sont d'un même sel. Laissez-moi croire que le viol, le dépeçage des vivants, même au cri de "Dieu est grand" est un crime, et aussi croire que répondre à la mort par la mort, à une pluie de missiles par une autre pluie mortelle est, devant l'obstination, tout autant une douleur qu'une abjection.
Je devrais pouvoir le dire sans avoir peur, sans avoir à courber le dos sous les bastonnades du verbe !

Je sais l'étrange beauté de la ligne brisée, le romantisme du chemin sinueux. Je sais la pensée qui se cherche sans jamais trouver et qui se perd à traquer l'équation de l'équilibre à vivre avec ou sans Dieu.
Laissez-moi dire qu'un homme est toujours un homme à l'égal d'un autre ! Chacun est le contenant d'un potentiel d'amour à offrir, à donner à ses proches, à autrui, jusqu'au plus infime du vivant.
Laissez-moi vivre avec tous ceux qui se reconnaissent en l'autre. Laissez-moi affirmer qu'en l'oiseau sauvage qui ne connaît ni les libertés domestiquées ni le bien ni le mal quantifiés par la pensée globale, il y a une vérité plus haute, celle d'une conscience libérée de toutes les Inquisitions et Djihad.
Rien n'est plus grand, ni n'égale la Conscience quand elle reconnaît à chacun le droit à la vie, au respect, à l'amour, dans l'intelligence du vivre ensemble.
Et si, plus loin que la ligne droite, la beauté et la froideur désâmée plus loin que le cercle, l'équilatéral et le carré, je me cherche sur une ligne sinueuse de fracture où ma conscience est le feu brûlant qui consume mes rêves, laissez-moi m'y perdre.

JMS

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