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Voyageur des mémoires

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Voyageur des mémoires

Quand les arbres retournent à l’automne
et que tes yeux se teintent de pluie

Quand le seuil des tristesses
est jonché de mots morts
et de souvenirs d’hier

Quand le voyage des ivresses
te mène au sud de ta conscience
dans le jardin barbelé des mémoires
là où les oiseaux idées
ont agrafé leur cavale
sur les murs du temps

Quand au détour d’un soupir
une certaine douceur
te blesse et t’étonne

Quand les oiseaux mémoires
brisent la cage des oublis
pour s’appeler souvenirs

Quand les claviers de l’infini
résonnent de mélos à remonter le temps
de mélos à changer de corps et de décor
à changer de rivage et de visage

Quand tu redeviens enfant
et que tu la revois
qui met des sourires dans ta soupe
qui brode sur tes mouchoirs
la couleur de ses espoirs

Quand tu te revois  
peignant sur tes cahiers
la couleur des regrets

Quand elle est là près de toi
dans ce pays où un clown meurt
chaque jour
là où les cris d’enfants sont clameur

Et même si tu es ce clown
et même si tu n’es plus enfant
n’aie pas peur de l’appeler

MAMAN !

In Cheval fou

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Extrait 4 de “DERNIÈRES NOUVELLES DES ÉTOILES

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Extrait de la nouvelle : "L’homme qui entendait des voix"

Partout où s’agite la révolte qui fait taire les voix de l'invisible, fait taire sa conscience.

Le matin s’étirait en froids frissons. De toutes parts, l’aube bleue s’effrangeait en de mornes lueurs jaunes. Les premiers rayons de soleil, griffés par la pierre et la gerçure, traversaient l’opacité pour caresser les doigts de Pierre-le-Chevelu.
Comme d’autres, Pierre, un manant de basse campagne, survivait en extirpant des résidus de la vieille mine, et d’un braconnage qu’il avait jusque-là partagé avec Margot la Dame-des-Bois.
Ce jour-là, très tôt, il avait quitté son désert ocré d’herbages maigres, pour assister aux cérémonies. Il avait pris place sur le parvis de l’imposant bâtiment de verre orné des symboles de l’Empire et de motifs colorés.
Hostile et solennel, mi-forteresse, mi-cathédrale, démesuré, le Palais enfonçait ses flèches et ses tours dans un ciel lourd sans transparence, presque gris, où de grands nuages de soufre, jaunes, phosphorescents, effrayants, naviguaient.
La foule s’amassait sur la grand-place, une armée de zombies aux visages enduits de crème kaki. Tous avaient les yeux cachés par d’énormes lunettes qui intégraient un module de communication. L’Empire pouvait ainsi les informer des dangers météo et "être à leur écoute".
Une projection holographique sculptait dans le ciel une voûte arborant des armoiries. Un lion et une croix s’y entrelaçaient. Quatre cosmopendules indiquaient la direction des quatre grandes institutions de l’Empire. Toutes quatre affichaient : An de Grâce 2812, 15 avril, 10 heures 12 minutes.
Ce n’était pas par crainte d’être pris pour un opposant à l’Institution ou pour échapper aux nécessaires travaux qu’imposait l’Empire que Pier
re avait hâté son pas. Une force impérieuse le guidait. Il fallait qu’il salue une dernière fois Margot, sa voisine. Il fallait qu’elle le sente là, près d’elle. Il ne pouvait lui offrir rien d’autre qu’un adieu. L’appétit d’étrange curiosité et d’excitation malsaine de la foule se mêlait au terrible besoin confus de miracle et à la tristesse qu’il éprouvait...

../ ...
Alors que Pierre quittait la place et tentait de se faire oublier, une autre phrase incongrue venue de nulle part, emplit à nouveau sa conscience. Elle ricochait dans sa tête, cherchant sa pleine dimension : La mort est un passeur d’absence.
L’étrangeté de cette formulation le percuta de plein fouet et le tint aux aguets d’un indicible ailleurs.

Sur la route sableuse, pendant qu’il parcourait des taillis de plantes et de buissons étranges aux formes parfois frémissantes, d’autres pensées venues d’ailleurs le maintinrent dans un état d’extrême tension : Méfie-toi des hommes en noir… La colère guette dans l’ombre… Viens à nous fils de l’homme, rejoins-nous.
Pierre se décida enfin à converser avec l’étrange :
- Est-ce toi Margot ?
Un rire l’ébranla de spasmes incontrôlés, quelqu’un lui parlait dans sa tête : La cendre ne parle pas, fils d’homme. Regarde autour de toi !

    ...sur 9 pages

 

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Extrait 3 de DERNIÈRES NOUVELLES DES ÉTOILES

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Extrait de la nouvelle : "Un retour simple "

Là-bas, la garrigue desséchée subsistait sous forme d’arbustes fossilisés. À ras de terre, seule une herbe piquante et jaune courait le long des chemins qu’Hubert, le vieux berger, parcourait depuis quatre décennies. Sur les collines, des lichens verdâtres aux reflets sablés et des champignons vénéneux, "Les Diables de Cinq Heures", régnaient en maîtres. Les lichens qui s’étaient développés à cet endroit étaient extrêmement agressifs au passage de formes vivantes : quand leurs fruits tombaient, ils explosaient, expulsant des spores gluantes qui prenaient racine sur les malheureux qui les avaient effleurées, provoquant d’indicibles douleurs. Il fallait aussitôt brûler les parcelles de peau infectées pour s’en débarrasser.  L’homme suivait les moutons qui marchaient devant lui. Les ovins portaient de curieuses cuissardes en cuir parcheminé qui les protégeaient des lichens. "Tâche", le vieux mâle, bêlait et agitait une cloche de bronze noirci. L’animal guidait le troupeau et semblait savoir où ils allaient.
Hubert était un homme d’une soixantaine d’années, de grande stature. Il marchait, faisant claquer de sa main droite un bâton noueux contre le sol caillouteux. Il était entièrement emmitouflé dans une espèce de grande gandoura élimée, de laine brute, couleur terre. Il portait un sac à dos tout aussi usé. De son bras gauche, il pressait contre lui un sac de toile, tout près de son cœur. Sous la capuche, son visage barbu et de longs cheveux poivre et sel apparaissaient comme estompés sous un voilage en tulle autrefois blanc. Ses yeux d’océan semblaient lavés par l’usure, dépolis par l’attente du jour qui ne viendrait plus. Il portait, tout comme le troupeau, une tristesse ineffable, sans colère, horriblement résignée.  La petite troupe rejoignit bientôt les restes grisâtres de deux immenses routes parallèles abandonnées depuis très longtemps. En fait, avant l’invention de l’apesanteur et des courants magnétiques, on appelait cela : des autoroutes. Les bêtes pressèrent le pas, mues par une joyeuse habitude. Elles couraient sur l’asphalte usé et sableux. Une poussière jaune s’élevait en petits nuages et retombait doucement, effaçant les empreintes des petits sabots et des pas.
Hubert s’arrêta, déposa le sac qu’il portait. Il en extirpa un chien dont les pattes étaient couvertes des cicatrices de brûlures anciennes. L’animal le regarda en frétillant. L’homme lui tapota la tête avant de sortir une sorte de tambour de cougourdon jaune. Il le fit résonner de son bâton. C’était un signal, le chien heureux se mit à courir, harcelant les bêtes pour les conduire plus vite sur le tremplin de terre herbeuse qui subsistait entre les deux voies de l’ancienne autoroute. Le troupeau s’y rua avec enthousiasme. Joyeux, le chien courait sur le terre-plein herbeux, stoppait net, repartait, jappait comme un chien qui fait la fête, se ravisait, ramenait une brebis qui s’éloignait, se remettait à jouer et à cabrioler.  Les lichens étaient des espèces rampantes, elles n’avaient pas encore traversé les barrières de bitume. L’homme aurait pu, maintenant, se reposer tranquille. Il avait confié son troupeau à Ralph, son vieux chien. Au lieu de cela, il s’isola, et marcha le long de la route. Il regardait la colline d’en face, séparée d’eux par une gorge profonde. Ici, une rivière avait coulé. Il marcha jusqu’au surplomb de la gorge. Le pont de l’autoroute s’arrêtait. En bas, on voyait des restes de viaduc et de béton effondrés. À perte de vue, la garrigue desséchée subsistait sous forme d’arbustes fossilisés sur une herbe piquante et jaune. L’homme regardait les lichens verdâtres aux reflets sablés qui abritaient "Les Diables de Cinq Heures". On les appelait ainsi, car ce fut un après-midi à cinq heures que, pour la première fois, un adolescent hurla de douleur après en avoir touché un. Il mourut peu après, les poumons bloqués. Ceux qui survivaient au "Mal de Cinq Heures" perdaient la vue.  Hubert s’assit. Ses tripes se nouaient. Une marée salée affluait à ses yeux, lui offrant des images de paysages noyés. Sur la colline en face, sa maison natale, son village, isolés dans le no man’s land… Ici plus qu’ailleurs la mémoire le harcelait. Il était révolté, mais comment dire aux morts de revenir ? Comment dire : "Revenez, gens de mon village" ? On peut parfois se demander pourquoi, aux portes des larmes, se cachent tant de souvenirs.... / sur 7 pages

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Les morts n'ont pas de couleur

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Les morts n'ont pas de couleur.

Perdre sa peau, sa vie,
perdre l'odeur des petits matins,
les cris d'une cour d’école,
le nom de ses copains.
Tout abandonner
n'est rien en soi
quand le temps est venu,
rien d'autre qu'un retour à la Maison
rien qu'une restitution à la Terre
de ce qu'elle nous avait prêté.

Ma mère, mon père,
vos  vies ne sont-elles maintenant
que des mémoires égarées
et y avez-vous rangé
ceux de 14-18, ceux de 40/45
ceux de toutes nos guerres ?

À parcourir le silence, je cherche
dans les pages d'un vieux cahier,
où les photos perdent leurs noms,
vous êtes les ombres d'un monde disparu.
Ma mère, mon père,
vous le saviez
partir dans un lit
n'est pas donné à tous,
parfois les hordes bouchères martyrisent
capturent, arrachent les vies,
avant qu'à crime pour crime
le sang calme ses larmes.

Pourtant
l'homme ne devrait avoir pour ennemis
que la bêtise et la haine.

Les certitudes égotiques
parfois sont si grandes que la bonté est prisonnière,
partout, l'union des haines chante,
 psalmodie dans les rues,
et ronge les cœurs.

Ma mère, mon père,
je suis l'habitant de leurs haines,
le savez-vous ?
Je suis le cauchemar de tant de gens,
j'en ai peur pour mes enfants !
Leur avez-vous dit que, je n'ai pas tué dieu
Que nous étions tous hommes
avant que les marchands d’absolus
ne privatisent le droit de vivre, la Terre, la liberté,
et le droit de penser,
avant qu’ils ne soumettent le vivant à des clans,
à l'union des détestations
aux perversions des mensonges identitaires,
car, avant même que d'être des identités
nous étions tous faits pour être
détenteurs d'amour à donner
à la vie et à l’univers.

Pourtant
l'homme ne devrait avoir pour ennemi
que la bêtise et la haine.

Ma mère, mon père,
ne leur avez-vous pas dit que notre bible
était signée par Victor Hugo
et notre morale par Jean de La Fontaine !
Ne leur avez-vous pas dit que
si je devais prendre les armes, ce serait une plume
pour défendre la laïcité ?

Ma mère, mon père,
j'appartiens à la phobie de leurs rêves !
Pourtant
L'homme ne devrait avoir pour ennemis
que la bêtise et la haine.
Tous les enfants sont pareils aux miens.

JMS  11 mai 2024

 

 

 
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Petit retour d'un voyage en écriture

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Extrait du texte d'introduction
Face à la "Question majuscule"
De mon livre de nouvelles à paraître :
"DERNIÈRES NOUVELLES DES ÉTOILES"

Un jour, la conscience d'un homme rencontra ces tables de calcul, élégantes et énigmatiques, au cours d'une errance sur le Net, tout comme le Boson de Higgs, elles percutèrent le point identitaire de ses croyances les plus absolues ; elles rejoignirent et épousèrent, en son épicentre, ce qu'il ressentait comme la clef ancestrale de l'Univers en cet endroit où matière, pensée, doute, raison et certitude fusionnent dans ce que, souvent dans ses textes, il l'appela : "La Question Majuscule".

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Article publié depuis Overblog

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

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DERNIÈRES NOUVELLES DES ÉTOILES

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Pendant mon éloignement du Net j'ai commis un livre de nouvelles de science-fiction  qui spécule sur la criminelle nécessité d'une rationalité au service du rentable à court terme.
Dans ces nouvelles, se croisent les thèmes de l'empoisonnement de la Terre par l'homme,
les possibles dérives de l'IA, …
L'ensemble est une réflexion sur la place de l'homme et de la planète exposés dans des scénarii de science-fiction

 

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