5 juillet
Ma maison d’autre mer est restée in-accostée
Mes rêves encore y naviguent dans une eau de sel
Mes yeux gouttent comme une mémoire de source et de regards perdus
J’ai du sable et des fissures de pierres dans le flot escarpé d’une enfance qui s’enfonce
Je piétine une obscurité de décennies qui grésillent comme des branches de palmier
Au matin, mon âme se perd dans de petits jours où les boutons d’or sont en exil
Dans la cadence apatride du cœur, j’arpente l’aigre du destin
Je palpe le cri mort du vent dans l’oued, je ploie les rides tristes d’un regard dépoli
Dompteur de chauves souris et de rêves interdits, j’accoutume l’oubli
Mes rêves naviguent encore
Et si le sel se noie, je me souviens la règle sur les doigts et le cri de la craie
Encore je me souviens de la couleur des joies et du partage des rires
Avant qu'on ne déterre le verbe partir et le rouge du sang
J’aimais l’ombre et la tanière des mots
J’aimais le vent et les cyprès
Loin de ma maison d’autre mer
J’ai vu valser les chrysanthèmes
D’hier à aujourd’hui, j’ai vu courir la vie
Et ceux qui en partent comme l’on divorce d’avec le jour
Encore mes rêves naviguent entre la pluie et l’insomnie.
Près de ma maison d’autre mer
Le temps trahit l’enfance
Il n’y a pas de retour
L’ivresse des prières déclame la mort
Jusqu’à la fin, il me faudra fissurer la pierre
En extraire des graviers de mémoires
Courir, écrire, me taire, sur les moiteurs de l’aube
Courir, écrire, se taire
Ne rien oublier n’efface pas la frontière
Je marche sur des cadavres de rêves oblitérés
Les territoires de l’exil enfantent la nostalgie
Mes yeux gouttent comme une mémoire de source et de regards perdus.
JMS - Extrait de "Dieu, le silence et moi" - Éditions Chemins de Plume
Le soleil frappe aux vitres
Il y a abondance de chaleur
partout et tout autour
dans le jardin
dans ma tête, aux pieds des plantes
et dans les cieux il y a du feu
sur le sol, ça brûle ma plante des pieds.
Le soleil frappe aux vitres
la sieste dans l'ombre se blottit
comme la quiétude d'un ensommeillement
si profond que j'entends ronfler les moustiques
certains sont somnambules et mangent en dormant
cela m'affecte.
Mes chats siestent, affalés dans cet après-midi d'été
où la vie s'est arrêtée de courir.
Je regarde jouer les fourmis
le ciel qui les a faites si petites
leur offre l'étonnant arrondi de mon ombre.
Ce ciel, au-dessus de nos têtes
comme requête de prière
appelle l'eau et la fraîcheur.
Il fait abondance de chaleur.
jms
Un ami s'en va, Tristan CABRAL nous a quittés
À Tristan,
C'était un homme tendresse, une blessure, une déchirure,
le fils de l'absolu respect de la vie et d'une mémoire meurtrie.
C'était cet enfant blessé au point zéro de sa jeunesse,
écrasé par la folle croyance en ce possible-impossible
qui avait écorné ses hiers
et plus loin que la vie broyait les devenirs.
C'était un homme frère de tous les hommes
qui mesurait la distance entre la bête identitaire et l'homme Un.
Comme un oiseau dans le miroir,
il se heurtait aux fossoyeurs de l'espoir.
Il était l'homme frère des hommes,
le cri de l'impuissance
perdu dans un monde d'in-amour.
Il était Tristan,
l'homme qui regardait l'enfant derrière les barbelés,
l'homme qui portait en lui toutes les blessures du siècle.
Sans apartheid, il était Barcelone, Auschwitz, Srebrenica,
il était un des suicidés d'Argelès-sur-Mer,
Il était un désespoir d'homme sur le chemin.
cette petite route où se cherche l'enfance,
il était l’enfant de cendres.
Il est la présence qui me parle, il est mon ami.
JMS
L’enfant de cendre
Le corps plein de larmes, les poches pleines de pluie
Il écoute
Il entend des voix sous la cendre
Dans les couloirs, dans le parc, il répète :
"Vous les entendez ces voix sous la cendre ?"
Tout le monde hausse les épaules
Et les infirmières disent :
"Tiens voilà l’enfant de cendre" !
Tristan Cabral
Nous n'avons pas bu le même lait
Fête des mères 1980
Voyageur des mémoires
Quand les arbres retournent à l’automne
et que tes yeux se teintent de pluie
Quand le seuil des tristesses
est jonché de mots morts
et de souvenirs d’hier
Quand le voyage des ivresses
te mène au sud de ta conscience
dans le jardin barbelé des mémoires
là où les oiseaux idées
ont agrafé leur cavale
sur les murs du temps
Quand au détour d’un soupir
une certaine douceur
te blesse et t’étonne
Quand les oiseaux mémoires
brisent la cage des oublis
pour s’appeler souvenirs
Quand les claviers de l’infini
résonnent de mélos à remonter le temps
de mélos à changer de corps et de décor
à changer de rivage et de visage
Quand tu redeviens enfant
et que tu la revois
qui met des sourires dans ta soupe
qui brode sur tes mouchoirs
la couleur de ses espoirs
Quand tu te revois
peignant sur tes cahiers
la couleur des regrets
Quand elle est là près de toi
dans ce pays où un clown meurt
chaque jour
là où les cris d’enfants sont clameur
Et même si tu es ce clown
et même si tu n’es plus enfant
n’aie pas peur de l’appeler
MAMAN !
In Cheval fou
Il y a de tout
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Il y a de tout chez l'homme, l'amour des autres, l'amour de soi, l'amour des bêtes et de la flore, l'amour des pierres et de la faune. Il y aussi la haine, la peur au ventre, la boule d'angoisse, les boules Quiès, la pomme d'Adam rongée par le ver des années, le vert des écorces moussues, la paume des mains calleuses tenant la plume ou le marteau, les pannes du cœur, la panure du silence, to
http://lafreniere.over-blog.net/2020/05/il-y-a-de-tout-0.html
Je suis un terrien non référencé
Je suis un terrien non référencé
plus souvent dans la lune que dans mes chaussures
qui, si elles se croient de la Terre
si souvent vont si loin qu'elles m'égarent
en des ailleurs au code postal périmé.
Dans les géométries du temps
où reposent des champs de rêves croupis
j'ai la mémoire en berne
de tout ce qui s'efface.
À la diagonale du siècle
j'ai stocké de vieux soleils
et des vagues à l'âme sur pâturages étrangers.
Là-bas, au cimetière apatride, nul ne m'attend
Grand-père ne compte plus les jours.
Là-bas, j'ai les mains à jamais clouées
à une maison et un ciel d'hirondelles.
Au soir, quand la nuit se lève
mon enfance saigne de bonheur inachevé.
Je suis un terrien non référencé
un code postal périmé.
Quand je marche,
quand je cours, quand je dors
la nuit vagabonde ne se ferme pas.
Au matin, j'attends le jour
où je serai plus souvent dans la lune
que dans mes chaussures.
Je suis un terrien non référencé
un code postal périmé.
Grand-père ne m'attend plus.
jms21/05/2020
Malgré : un magnifique texte d'Ile Eniger
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T u manqueras toujours. À mes pas, à mon âme, aux lignes de ma main, aux rires des yeux, aux fleurs de mes talus. Loin des débats stériles, des pouvoirs ineptes, des enjeux stupides, tu es du côté de la terre, du côté de l'amour. Je l'écris au présent malgré ton enveloppe vide, tes mots perdus, ta mémoire absente. Je l'écris dans chacun de mes gestes, sur la pierre d'angle de nos nom