Le plomb et le fer
Longtemps j´ai été sous des soleils de plomb à creuser une mémoire funéraire, à vouloir ouvrir les chapes et les cercueils de plomb, à voir suinter les silences étamés qui enferment le rire. Trois plombes que j´attends les horizons légers.
Où étais-tu toi mon oiseau à mine de plomb blotti dans ma main, cherchant une inspiration terne et plombée, danseuse enfermée dans ses chaussures de plomb et de désespoir, tu te dissimulais ?
La vie ce n´est pas ça, quand enfin te mettras-tu du plomb dans la cervelle ?!
La vie et ses ronrons, ses rataplombs, son moral de plomb ressemble à une escale en enfer. J´en plombe mes soirées de gin et de vodka, m´endors d´un sommeil de plomb, pleure des larmes de plomb. Je suis à deux doigts de péter un plomb, de me jeter dans la Seine moi qui nage comme une semelle de plomb.
Hélas, je ne suis qu´un soldat de plomb qui étouffe son cri sous un ciel plombé. Me flinguer d´une balle de plomb, je manque d´aplomb, ma vie n´est pas d´aplomb. Il me faudrait changer, laisser le plomb pour le fer et tout refaire. Avoir un moral de fer et d´acier, ne plus me laisser scier, chercher la dame de fer et trouver l´été. Ne plus arrêter le faire avant que le temps ne me rouille, que la vie me dérouille, faire et défaire des grimaces laides comme l´hiver de Fernand et léger comme Chagall. Enfin, je ne sais pas quoi faire mais j´y vais d´un train d´enfer et la grève des chemins de fer n´y peut rien. Je ne sais plus que faire dans cet envers de plomb et de fer où ma plume cherche son encre. L´ange a du plomb dans l´aile.
JMS - extrait de : "Lettre à ma plume" (à paraître)