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Utile inutile ?

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Presser le cœur et en saigner de maux
Enrager ses rêves et défrayer l’inutile
Se taire d'avoir espéré
Vouloir mourir de l’attente
Laisser le silence délayer l’encre
Laisser la plume gémir sous l'arête d'un cri
Traverser le jour ou s'arrêter ?

Vivre et le dire
Laisser le verbe pendu au gibet des non-dits
Utile inutile ?

Laisser mourir le papier
Au silence des yeux étrangers
Aux griffes de l’indifférence
Laisser le parchemin danser à la valse du feu
Épuiser l'air qu'on respire et l'encre qu'on expire
Le silence est-il plus complaisant que la parole ?

Je suis un architecte de l’ombre
Je mets mon âme en papiers
Cri muet, pain laissé aux oiseaux
Écrire n'est-il pas un don aussi silencieux
et gratuit que le pain laissé aux oiseaux ?
Utile inutile ?

Si les oiseaux se taisent
Doit-on condamner l'invisible moteur
qui pousse la main et le geste ?
À l'heure du doute
Si l'ange ne voit pas ses ailes,
ce n'est pas grave, la valse continue
et les nuits encore danseront.

jms

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Chante l’oiseau de rêves

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Chante l’oiseau de rêves
Duvet de songe oblitéré dans l'apesanteur crépusculaire, 
le rêve congédié d'un oiseau encagé, tambourine.
 
À perce sommeil, Mozart insulte le silence et la mort,
orchestre une fugue céleste où ombres et présences, 
images et voix, à peine libérées, résonnent. 
 
L'ailleurs brise les barreaux de l’oubli,
convoque l'interminable attente de l’espoir,
inaltérable sourire de vies oubliées,
oubliées comme ce perpétuel chagrin,
sans que nul, jamais, ne s'en aperçoive.
 
Tournent tournent les jours égarés,
chantent chantent l'oubli insoumis et l'enfance qui me hante.
La mémoire est un oiseau en cage.
 
Navire de mots posés sur l'aile des siècles,
quand au tourne-temps des mirages, 
les contrebandiers de l’ailleurs
parlent aux habitants d'un moi-même qui se cherche, j’enrage,
combien d'entre eux se sont perdus au naufrage des illusions ?
 
Vagabond du siècle en quête d'une ombre qui me ressemble
j'ouvre les tables d'un temps où hier et maintenant se culbutent.
Ma vie est-elle là-bas,
est-elle ici dans cet occis-temps
où mes ongles se brisent à rogner le miroir 
et à gratter les lueurs de mondes perdus ?
 
À la complainte des derniers crépuscules, chante l’oiseau de rêves, 
duvet encagé au mensonge d’un jour qui chante les contretemps
de ces autres temps où l’avenir s’enfuit.
 
JMS

 

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J'attends que la nuit bascule

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

J'étais trop occupé pour voir passer le temps. L'arbre de Noël était resté droit à faire le beau avec ses boules mais il lui faudra bien fermer l’année et entamer une nouvelle sieste en attendant que la joie revienne faire la dinde et le cotillon ! Je ne sais qui sera le dindon de la farce ni quelle farce se joue, mais j'en ai si souvent été marron que l'espoir s’ankylose ! Je manque à mes devoirs, on m'a envoyé une carte mais je ne l'ai pas ouverte car j'étais submergé d’Internet, de Dromadaires virtuels, d'hippocampes et de jours qui décampaient, de chameaux, d'hippopotames, d'orques, de gueules de bois, de "c'est-assez", de crache-à-l’eau, pleurant des larmes de crocodiles et d’angoisse ! L'avenir est mauvais, mon banquier fait de la voyance : "Prévoyez vos baisses de revenus", m'a-t-il dit avant même que le Président n'en parle ! Je vous l’affirme : les temps sont noirs. Avec la montée des eaux, Venise va peut-être s'installer chez moi ? Mais est-ce grave quand on aime le poisson et le carnaval ? Pourquoi donc chanter quand l'avenir manque de profondeur et pourquoi porter des lunettes quand partout la douleur court ! La raison n'a plus raison, dans la cour des fous elle joue d'une déraison où parfois je me noie. Laissez-moi ne pas chanter quand les trafiquants d'idées, les camelots de la foi, les boutiquiers de la haine, les marchands de drames, les fabricants d'armes et les bradeurs de larmes sont à la fête ! Et, si parfois encore je veux croire au possible, épargnez mon chat et les bébés, moi j'attends que la nuit bascule.

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