Aube Fantasque
C’était un temps, un de ces temps où les nuages affrontent le soleil, où la larme et le rire s’affrontent dans un terrible face à face.
C’était un de ces temps où la famille Rabajoie rencontra la famille Rabatristesse.
Piètr, enfant innocent, demanda :
– Ben quoi ?
Mais le Hérisson-des-Mémoires faisait des pieds de nez au Rossignol-du-Souvenir, tout comme Piètr en faisait parfois à l’instituteur dans la cour de l’école.
Rossignol-du-Souvenir, en personne, répondit à l’insolence par une “patte à bec”, comme on dit dans famille Ornithorynque : quand la patte est lourde, la douleur est bien plus cuisante que l’offense.
– Ben quoi ? répéta Piètr.
Une voix immature s’empressa d’affirmer :
– La guerre est déclarée ! Nous avons dû envoyer deux escouades de poètes et deux peintres lourds pour défendre le rêve.
Nous étions en recul sur la frontière du jour, le goût de la barbe à papa s’était fait ténu et, déjà, des bruits de cafetières orgueilleuses fracassaient l’aurore.
Comme le dit souvent mon dentiste quand il joue de la tenaille : l’horreur s’installait.
La tenaille, ce bipède de métal infâme tenaillait, cisaillait, torturait le boyau que la peur habitait.
"Devrais-je, moi aussi, sortir, quitter le rêve, me pomponner en nuage rose, m’habiller en Valet de cœur pour affronter l’As de Trèfle sur son terrain ?" dit alors le Vieux rêveur qui habite les.consciences.
Klaxon fou dans le tohu-bohu du rêve, Piètr tira alors Vieux Rêveur de sa réflexion. Enfant insupportable et exigeant comme la raison, il coupa net la petite voix pour demander :
– Lourds, lourds comment ?... je veux dire… les peintres ?
La petite voix immature qui semblait appartenir à une belette se sentit en droit et en devoir d’expliquer :
– Lourds comme deux Chagall et un Slobodan, bref, que de la grosse artillerie !
L’enfant en tira un sourire satisfait.
C’est alors qu’arriva l’Empereur Invalide, cheveux, comme il se doit, en bataille, et trois fausses notes autour du cou :
– J’ai, à l’instant, perdu dix étoiles et deux rêves, là, dans ce chaos. Le jour arrive dans une odeur de pain grillé.
Philosophe, Hérisson-des-Mémoires grommela :
– La vie, c’est comme ça ! Quand j’étais rossignol, moi aussi, je jouais à être léger, léger comme le vent et même si je ne savais pas voler, je rêvais haut. Et pourtant... l’usure du temps a rogné mes ailes. J’avais alors des valises de rêves dans chaque plume…
Le vieil Empereur Invalide trouva ces confidences inadéquates. Il sonna du cor de chasse juste avant d’affirmer :
– L’issue de la bataille est incertaine, nous reculons sur tous les fronts.
Un grincement terrible, celui d’un volet qui pleure, déchira les travers de l’incertain. Triomphant, le soleil traversa le champ de rêves. Sur crête de songe, la nuit s’éclipsait. Le quotidien arrivait.
Une voix mature affirma :
– Debout, le petit déjeuner est servi !
"Aube Fantasque Autobiographie d'un vieux rêveur - Texte et Illustrations de J.M. Sananès - Éditions Chemins de Plume - 12 €
catedition.over-blog.fr.
J’ai le plaisir de vous annoncer la naissance de mon nouveau blog, catedition.over-blog.fr. Ce blog Jeunesse se veut un îlot d’utopie loin du cynisme et des bruits de la ville, loin de ceux qui veulent posséder le monde, loin de ceux qui collectionnent les beautés de chair, d’or et de diamant. Il est destiné à accueillir ce qu’il me reste d’enfance, du pays des fées et des magies cachées dans l’œil de mon chat. Il affirme haut et fort que l’amour est plus puissant que la violence.
Dessin jms
La pierre bleue
les enfants, le vieux maître d’école
les moineaux du jardin
Se souvenir
de la pierre bleue
les confitures et le sourire au bout des doigts
maman et son "dépêche-toi, tu vas être en retard"
papa qui va travailler
le regard de grand père au soir de Noël,
Se souvenir du caillou étoilé,
des chemins et de la brillance des yeux
brandir la pierre noire des mémoires
ouvrir le cristal du rêve
marcher vers l’avenir
ne jamais oublier les odeurs, le précieux
la pierre bleue, les cailloux étoilés du chemin
Garder le brillant aux yeux
Une étoile enfouie dans le passé
bâtir l’espoir pour ceux qui viennent.
Je rêve !
Je rêve…
Nice sur banquise ?
et pourquoi pas des bonshommes de neige… !
ou des schtroumfs dans le jardin ?
Pourquoi pas un Père Noël ?
J’en perds mon latin, mon hébreu, mon chinois
Je perds le Sud,
le Nord me mange
je suis complètement givré
mais je garderai la tête froide
et le sang chaud
Où est donc le Père Noël ?
JMS
Père Noël arrive !
"Le Père Noël, l’Ogre et la Licorne" - (illustré couleur par JMS) - Un conte de Jean-Michel Sananes - Editions Chemins de Plume - Petite collection - 8 € - (avec CD 10 €)
Je dis non !
J’ai été récemment excédé par la violence et le racisme de certains et par l’écoute complice d'autres qui, sous prétexte de politiquement correct, pratiquent la politique du silence.
Je dis non !
***
Je dis non
aux faux marchands de culture, aux diffuseurs ou propulseurs de fientes qui se disent grands libraires ou grands disquaires mais qui refusent les poètes vivants dans leurs rayons, et qui pour du fric, vendent de la haine et des projets de mort en livres ou en Cd.
Je dis non aux peuples de la haine et de la bêtise.
Je dis non
aux donneurs de leçons qui montent au créneau quand un politicien parle d'endiguer la violence des banlieues mais qui applaudissent quand Oum Kalsoum hulule sur disque ses "edbah, edbah, edbah", soit "égorge, égorge, égorge" !
Je dis non
à ceux qui parlent de liberté d’expression et encensent un rap guerrier et incendiaire.
La poésie n’est plus la même dites-vous ? Mais quand Le groupe Sniper chante ce type d'horreur :
*"Frère, je lance un appel, on est là pour tous les niquer
La France aux français, tant qu' j'y serai, ça sera impossible.
Leur laisser des traces et de séquelles avant de crever.
Faut leur en faire baver, v' là la seule chose qu'ils ont
méritée.
T'façons j'ai plus rien à perdre, j'aimerais les faire pendre.
Mon seul souhait désormais est de nous voir les envahir".
Je dis non !
Quand avec du sang et des appels au meurtre on fait des disques d’or
Quand avec de la haine on fait du fric
Je dis non !
Les barbares, fanatisme en tête et couteau dans la poche succèderont-ils aux Barbara, Brel, Brassens et autres Léo Ferré ?!
Quand le fric est référence, le fascisme forge de nouvelles armes.
Partout le silence est grand et vous avez le cri sélectif…
Le droit à l’expression me direz-vous ? Mais si je chantais :
"Afrique, Afrique ma vieille putain
tu vends ton shit, tu vends tes filles sur nos trottoirs"
Tout le monde hurlerait !
Et je dis que tous hurleraient à raison !
Mais vous avez le cri sélectif…
Je ne dis pas "que font-ils là ?"
Je ne dis pas "tous pourris !"
Mais je dis NON
Quand on oublie les valeurs essentielles
Quand on oublie que le respect tresse l’humanité
Je ne dis pas "tous pourris"
Mais
Où est donc la beauté, le respect, l’amour ?!
*Texte choisi parmi une quinzaine de textes sélectionnés par le député François-Michel Gonnot
Ile Eniger
Ile Eniger - Un cahier ordinaire
Encre Tendre
JMS - "Dernières nouvelles de mon chat" - Dessins Jms - Editions Chemins de Plume - 12€