Et leurs enfants pareils aux miens (à paraître)
Et leurs enfants pareils aux miens - Poésie
Dansait, dansait, le fils qui demandait : "Père qui veux-tu que je sois ? Quand mon temps viendra que faudra-t-il que je fasse ?". La parole rude, la parole rude, le vieil homme avait déclaré : "Va plus loin mon fils, quelle que soit ta taille, tu porteras la vie sur tes épaules, quelle que soit ta taille, ta dimension d'homme tu chercheras".
ISBN : 978-2-84954-150-0 - Prix : 13,50 Euros
(port gratuit à partir de : www.editionscheminsdeplume.com)
À Victor Jara
Nus pieds
le vieux paysan, dos courbé, travaillait
déjà la terre était grise comme un sang séché
Nus pieds
comme le sont les travailleurs sans terre
un enfant regardait
Chante chante paysan
le sel de tes yeux n’abreuvera pas le champ
Chante chante
l’été encore voûtera ton dos
Chante chante paysan
la terre grise déjà t’attend
Dansait dansait
l’enfant qui ne savait pourquoi le soleil brûlait
l’enfant qui ne savait pourquoi le maïs mourait
Dansait dansait
le fils qui demandait
Père, qui veux-tu que je sois ?
Quand mon temps viendra, que faudra-t-il que je fasse ?
La parole rude la parole rude
le vieil homme avait déclaré
Va plus loin mon fils
quelle que soit ta taille
tu porteras la vie sur tes épaules
quelle que soit ta taille
ta dimension d’homme tu chercheras
La parole rude la parole rude
Le dos courbé le dos courbé
Le vieil homme avait déclaré
Va plus loin mon fils
ici tout le sel de mes yeux n’abreuvera pas le champ
ici la terre est grise comme un sang séché
Victor était parti une guitare à la main
avec des mots qui résonnaient dans le matin
Victor était parti avec ses camarades
et la chanson des jours meilleurs
Chante chante camarade
Les doigts coupés il a chanté
le sel de ses yeux n’a pas abreuvé le stade
au Chili la terre était grise comme un sang séché
Chante chante camarade
tu portais ta vie sur les épaules
quelle que soit ta taille
tu avais trouvé ta dimension
Chante chante camarade
ta dimension tu as trouvée.
Écouter Victor Jara :
http://www.youtube.com/watch?v=en8yqVxuT-U&feature=player_embedded
Ça y est, c’est décidé !
Ça y est, c’est décidé, jusqu’à présent je me posais des questions sur l’avenir, je veux dire le Grand Avenir, avec un changement radical. Celui qui appelle à la Sagesse majuscule, celle qui fait que toute protestation est inutile.
La fin des rébellions jusque-là posait problème, mais c’est décidé, je veux mourir en bonne santé, dans mon sommeil. Je ne veux pas de l’accouchement des chrysalides, celles qui mettent des heures à sortir de leur scaphandre. Non, je ne veux pas de longues transitions. Je veux mourir net, court, et de préférence sans m’en rendre compte, et si une fois parti, personne ne m’en informe, tant pis.
L’option, t’es là, clic t’es plus là, me convient parfaitement.
Surtout, je détesterais l’option "La Mama" avec tout le monde autour de moi, et l’odeur de la cuisine pour un repas où je ne serais pas invité, et ceux qui forcent la dose. Le lacrymal trop abondant me perturbe, trop parcimonieux il m’interroge, me fait supputer.
Supputer ! Un bien drôle de mot, pourtant si bien approprié à mon propos…
Eh oui ! À observer la pleureuse aux yeux trop cernés de rimmel, je suppute. Elle force la note, elle est au crescendo dell’arte. Cette jolie garce fait mine de ressentir mon départ comme insupportable, alors qu’il a cinq ans que je ne l’ai pas vue.
Et il y a celle qui regarde sa montre. Et l’autre qui a posé un congé de 24 heures ! Si je ne me presse pas, ils vont louper leur train !
J’avais pourtant décidé de partir dans l’incognito des douleurs et des regrets, je voudrais bien me pincer pour en être sûr, j’ai dû louper mon départ. Je suis encore là, une pluie retenue m’enchaîne, filtre des images d’oiseaux, et des musiques de mots, de regards inquiets et de corps où s’embusquent des enfants grandis, des amis vieillis et des êtres que j’ai aimés. Ce n’est pas la taille et le cri des déchirures, pas plus que le faste des faux-semblants qui font la valeur d’une vie. Tout est joué. Trop tard pour me pavaner dans mes vanités ou me vautrer dans mes désillusions. Je suis un homme raisonnable et puis, c’est décidé, je veux mourir sans passion ni révolte, dans le calme rassurant d’une cellule de moine, dans la pâleur d’une conscience qui ignore tous ses silences. Je vous vois et je suis là, à savoir mon impuissance à veiller sur vous, mon impuissance à ne pas pouvoir réveiller le temps de faire et de dire.
Dans la pénombre, un ami à temps partiel, patient, cloué à ses chaussures comme un poisson rouge à qui on a dérobé son eau, me regarde en mâchonnant. Lui aussi suppute et se dit que si j’avais fait autrement, si je l’avais écouté, j’aurais pu réussir ma vie, et ça l’attriste. Ce mufle n’est venu assister que celui qu’il aurait voulu que je sois.
Mais je suis moi, avec ce qu’il me reste de cheveux, de rêves en partances, de gras sur le lard, d’arthrose, de mots perdus aux dictionnaires des ambitions, de poèmes brisés sur des papiers froissés, avec ce qu’il me reste d’envie de vous vouloir humains et tendres, mes amours, à vous vouloir heureux et en vie. Encore je suis moi avec ce qu’il me reste de compassion et d’amour pour ceux qui restent. Mais rien ne change, c’est décidé, je veux mourir en bonne santé…
Mais rien ne presse, j’attendrai.
On n'est pas sérieux quand on a ... ans (1)
Bonjour Léo !
Parce qu’une vie sans amour ni passion n’est pas une vie
Parce que la vie n’est pas plus le temps qui passe qu’elle n’est un passe-temps
Parce que chaque minute doit trouver son sens
Parce que l’amour est partout
Parfois même caché sous les griffes d’un chaton
Je vous présente Léo :
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