Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Pour ce troisième été sans Tristan Cabral,

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

                                                            Avec Clément de Bogota, je te salue Tristan
Notre sang n'y peut rien, de la première larme au dernier soupir, de pas en pas, il grave, dans la profondeur de l'inoubliable, l'espoir et l'attente de cette lumière qui illumine la Question que la main ou les antennes du cœur cherchent inlassablement, nous laissant un jour partir orphelins de l'avenir fraternel que l'on attendait.
Avec Clément, je te salue Tristan. Un 22 juin, tu as enfourché le solstice, fermé l'inquiétude des jours, mais encore la clameur de l'espérance désembusque ta voix. Les mots que nous avons bus et la tendresse désespérée des regards nous habitent. Le sang des hommes est un. Déshabillé de toute haine lui seul porte l'espoir de l'avenir.

jms -22 juin 23

 

Partager cet article
Repost0

Je remonte la rumeur

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Je remonte la rumeur, je descends la rue, c’est une odeur de déjà vu. Je baisse. Faut dire que je ne suis qu’un personnage à la gomme, pas tout à fait fini, tant le cumul des jours, m’écrase, m’efface, me triture, me rature. À l’Est l’horizon décline et le Sud se brouille. Ma feuille de route se grise. J’ai perdu le Nord,  je ne compte plus mes fautes. Depuis des siècles et trois minutes, je suis entré dans le silence. Longtemps, j’ai cherché la lumière, la sortie, le vent, la pluie. La brume fut intense. Faut dire que nul n’est à l’abri des poussées d’ego, des éclats de vie.

Faut dire que je ne compte plus pour grand monde, je ne fais d’ombre à personne, je suis transparent. À reculons, je traverse les orages du siècle, le mal de vivre et l’avenir en berne. Partout les chauves souris cherchent la nuit. J’ai froid, mais le soleil me donne des coups, des coups de chaud, des coups de cœur, des coups de lune.  J’ai-gris, je crains les coups de blues et les coups de gueule. Je me soigne, je me soif et je bois. Je ne suis pas un écrivain digne de ce nom, entre je bois et je dors, je suis une terreur d’encre bleue et de blanc papier. Je dégomme de vieux verbes, je frappe du crayon, j’exhume des rires oubliés, des rhumes de cerveaux. Je tire le verbe à face ou pile, j’efface, je pile je compile, je traque la conscience, je détraque le sens, j’encense la raison, je ficelle des mots, je phrase, je bûche, j’élague, j’arase de la consonne et du chiendent, je m’oripeaux,  je m’horripile, je délire, je lis, je graphite, je hiéroglyphe des alphabets de cris indistincts, je trans-pire de la plume, de la bille, j’efface, je m’efface. Mon crayon ne croque plus rien. Dès le matin, j’ai faim, faim de lire, faim de vivre, faim de dire ; faut dire que je ne suis qu’un perce oreille que personne n’écoute. Je suis un navire aux écoutilles du verbe, j’écoute le vent, la mer, la peur, la frayeur, le rire, la tendresse. Jour nuit plein rêve plein vie, j’écris. Quand je n’ai pas le temps, je cause, je solde, je brade,  je casse, je tracasse, je passe l’arithmétique du mot en profits et pertes, je passe, j’efface !

Je ne suis qu’un mille-pattes qui boite au fil des vers, un ver luisant dans des envers de prose, un univers en quête de lumière. Partout c’est la dérime, partout, c’est la déprime. Je frappe du crayon. Je ne suis qu’un mot unijambiste qui marche en crabe et garde son cap, je ne serai jamais un apprivoiseur de mots roses, un matador de salon, un beau parleur de tea for two. Je ne suis pas digne, je suis transparent, je griffe, et je déprime. Dans les gravats de l’alphabet, dans les poussières du vivre, je suis un dégât collatéral du verbe écrire.

Si au fond d’un vieux cahier, un jour j’enterrais mon âme et qu’un croque en mot  découvre le pot aux roses, je serai la dernière épine.

 

Partager cet article
Repost0

Article publié depuis Overblog

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Un éditeur à l’honneur JEAN-MICHEL SANANÈS

Chemins de Plume est une maison d’Éditions dont la priorité ne se limite pas qu’à l’élégance du verbe, mais qui se consacre également aux écritures servant l’homme dans sa diversité et appelant à une conscience sans angélisme. Certains de leurs auteurs ont été reconnus dans le domaine littéraire pour l’excellence de leur écriture : Ile Eniger, prix du Livre d’Artiste au Salon d’Automne 2012 à Paris, une écriture au service d’un absolu de l’éthique.  Jean-Marc La Frenière, écrivain québécois publié en France par Chemins de Plume, prix "Nouvelles Voix en Littérature 2010" Canada et "Prix Zénob du public 2011" Québec.  Jean-Michel Sananès (ex-Président de SOS Racisme 06),  1er prix du Printemps des Poètes lors de sa création par Jacques Lang et prix de poésie et nouvelle de la ville de Nice (2000-2001-2002).

 

Partager cet article
Repost0

Faudra que l’on se rappelle

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Faudra bien que l’on se rappelle
que là-bas,
et pas si loin de nous,
chaque jour,
chaque heure,
un homme, un enfant,
un animal, ou une vie,
meurt de soif
alors qu’ici
chaque verre d’eau
jeté est un crime
qui s’ignore
quand ailleurs
la mort
se nourrit
de la désespérance de l’eau.

JMS
in "Homme, Où vas-tu ?"

Illustrations Photos Philippe Galazzo

Photo Philippe Galazzo

Partager cet article
Repost0

Comme dit Maxime

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

 

Partager cet article
Repost0

Les Editions Chemins de Plume au Festival du Livre de Nice 2023

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

 

Partager cet article
Repost0

Les Poètes au Festival du Livre de Nice 2023

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

 

Partager cet article
Repost0

Sur le chemin de l'abattoir

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Sur le chemin de l'abattoir - Il y a une beauté dans la bonté et l'honnêteté qui me touchent. Ce sont là les soubassements du monde que je défends et si la bonté est vaine comme le clamait Bob Kaufman quand il disait "Quels sont ces sauvages qui écoutent du jazz quand il y a tant de tueries à entreprendre" et si comme lui, quand on lui parlait, il ne savait si c'était à lui ou à son identité que l'on s'adressait ; si sa parole fut, comme tant d'autres, une de celles qui ont nourri mon cri, j'ai maintenant fermé le temps des colères.

Je sais la désespérance, je l'ai fréquentée jusqu'aux portes du chemin noir, je sais que chaque gorgée d'alcool, chaque shoot, est une lettre adressée à la laideur, mais, je n'irais pas plus large que mon chemin chercher à changer le monde. Et si une seule personne m'entend, les mots n'auront pas été vains.

La vie est une vaste rumeur que j'ai parcourue avec la vigueur des utopistes, mais je n'irai plus arracher les affiches de haine sur les murs. D'ailleurs je ne sais plus où habite la haine quand je vois les fossoyeurs de vérités brandir le drapeau rouge ou noir pour le poser sur le dénigrement de l'autre !

Certes, je pourrais bien parler de l'histoire non émasculée par le devoir de servir une cause contre l'autre, mais que l'on ne me demande pas de juger des apparences et des vérités truquées, adaptées à des consciences estropiées. Si demain un brave enflammé par les certitudes qu'on lui a fourguées au nom d'une 'vérité' venait à m'ouvrir la gorge, ce n'est pas lui que je blâmerais, ce sont les truqueurs de vérités, les marchands de l'Absolu mensonge, ceux qui, au nom de la croix, ont massacré les Indiens, et tant d'autres de mes frères, et saccagé l'Orient ; ceux qui, de la couleur des âmes ont enflammé la vie et le ciel d'une couleur de sang. Je blâmerais, condamnerais ceux qui ont trahi le devoir de fraternité au nom de vérités identitaires ou de subconscients programmés à la haine afin de fractionner l'être humain ; de même je m'opposerais à ceux, et tous leurs apprentis sorciers, qui veulent détruire le monde sans savoir par quoi le remplacer.

Si mon encre reste auprès des Gilets Jaunes et de ceux que l'on dépouille, j'ai quitté mes combats contre les moulins à vent pour m'ouvrir à un plus large regard sur la vie. Et si jamais j'avais encore à dégainer l'encre, je demanderais aux guerriers de certitudes et aux juges partisans, de renoncer à défendre des identités aux dépens d'autres, d'oublier les préjugés inavoués, de se désapprendre plus loin encore que leur enfance, et de retrouver la racine humaine commune et neuve, nue, pour relire le monde.

Jean-Michel Sananès  (Réponse au texte d'André Chenet)

Partager cet article
Repost0