Voeux 2013
Aucune nuit n'est plus large que le rêve
Petit Papa Noël,
Petit Papa Noël, tu peux venir tranquille, la fin du monde est reportée. Moi, je n’arrête pas de parler de toi et je voudrais bien avoir de tes nouvelles. Ici, c’est comme d’hab, la télévision ne parle que de choses catastrophiques. Si maman m’interdit de voir le "Dracula Show" et "Scoubidou" parce que ça fait peur, et de manger des bonbons parce que ce n'est pas bon, elle n’arrête pas de regarder les évènements de Syrie en mangeant des chips pour calmer son stress. C’est vraiment très embêtant parce que ça l’empêche de dormir et que ça réveille papa qui ne peut s’empêcher de piller le frigo. Il a déjà décimé les 13 desserts de Noël. On appelle ça l’effet boule de neige. Mais ce n’est pas vrai, ici il n’est pas tombé un seul flocon, seule la voisine est tombée en glissant sur une des crottes de Kiki, le chien de Madame Josette. Mais, sois sans crainte, Kiki ne sait pas monter sur le toit et le ciel est désert, rapport à la pollution, il n’y a ni rapace ni chauve-souris, même Superman ne se risque pas à respirer l’air de l’usine. Tu vois, tu ne crains rien. N’écoute pas mon papa, je crois qu’il dit des bêtises quand il dit que, cette année, tu ne viendras pas, rapport à la crise. Papa dit aussi que seule la magie peut le sauver, il a acheté un billet du Loto.
À l’école, j’ai appris plein de jolies chansons, il y a une phrase qui me plaît beaucoup, c’est celle des jouets par milliers.
Petit Papa Noël, viens vite, cette année, je n’ai pas piégé la cheminée et j’ai mis mes bottes au pied du sapin. Pour les cadeaux, j’avais peur que tu te demandes que m’offrir, alors, pour que tu n’aies pas de doute, j’accepte tout le catalogue de la Redoute, mais tu peux garder les poupées pour toi ou pour Natacha ma copine.
Ton ami,
Le petit Pierrot des collines
Trève de Noël
Les contes de JMS
pour la jeunesse et les grands rêveurs
Chamiaou et ses amis
"L’histoire des éléphants et du vilain mensonge"
un conte de JMS illustré par JMS
extrait pages14 et 15 sur 28
extrait pages16 et 17 sur 28
extrait pages 18 et 19 sur 28
Éditions Chemins de Plume - Petite Collection Jeunesse - 3.90 €
Trève de Noël
Les contes de JMS
pour la jeunesse et les grands rêveurs
Illustrations : peintures de Valerio Paltenghi - Texte de JMS
extrait pages 2 et 3 sur 28
extrait page 4 et 5 sur 28
extrait pages 12 et 13 sur 28
Éditions Chemins de Plume - Collection Jeunesse - 3.90 €
(lettre à Monsieur Depardieu suite mon àcoup de gueule)
Vous m’en voulez ?
Il y avait des choses à ne pas dire
J’ai été très maladroit
Mon foutoir à idées a basculé
Il y a des maux sur le plancher
C'est pas net
Je perds mes mots
Ma raison vacille
J’ai peur de la chûte
Je cherche, je regarde partout
Où est passé mon carnet d’adresses ?
Mon crayon à papier ?
Le lexique de mes certitudes ?
Ma gomme à effacer les jours ?
La logique me bouscule
Ma raison prend le large
Le temps glisse
Je ne sais plus
Ce qui ne va pas en moi
Mes chemises sont froissées
Mon épouse me regarde de travers
La fête s’est arrêtée sur le palier
Mon sapin a les boules
Le vent souffle dans mes bronches
L’orage vient
Ça craint, ça fait peur
Ça fait du froid dans les voyelles
Ça met des glaçons dans le verbe
Et plein de vent au fond de moi
Les consonnes en dérivent
Promis
Je ne voulais pas agacer
Seulement dire
J’imagine votre jugement
Tout comme le mien : à l’emporte pièce
Et la pièce n’est pas drôle
Je sais, j’aurais dû me taire
Garder ma tête aussi froide
Que la colère que je vous inspire
J’entends le silence grincer
La pluie de glace pénétrer ce papier
J'ai froid je gèle j'ai peur
Seule la honte m'empourpre et me réchauffe
En attendant que cesse ma con-gélation
Que s’épuise votre con-sternation
Pardonnez-moi
Dites-moi que je ne le suis pas con-citoyen ordinaire
Dites-moi qu'il fait beau de Carcassonne à Nouméa
Je sais votre absence
Et l'absence de pardon me fait d'hiver
Promis, je serai sage
Je mettrai mes mots en cage
Je fais la paix
Je n’ai plus qu’à me pardonner
Et à me rappeler
Que j'aime Noël et le café
Les vieux films, les glaces à la réglisse et les tartes à la crème
Que j'aime les vieux jouets et les marrons glacés
Que j'aime quand l'hiver finit
JMS
Cher Monsieur Depardieu,
Je regrette de vous voir hissé en porte-drapeau d’une communauté d’expatriés économiques et déplore que vous vous retrouviez sous les sunlights d’un théâtre où vous n’avez pas votre place. Les bravos de Monsieur Copé, de Madame Parisot, ceux des politiciens qui défendent leurs multiples statuts et leurs onéreux avantages, de même que les hourras des grands chanteurs, des grands naufrageurs du petit commerce, de ceux qui font commerce avec des sièges sociaux hors de France pour s’exonérer de leurs devoirs, les magouilleurs, les rois du luxe, tous ces applaudissements et ce bruit, vous vont mal.
Oui Monsieur Depardieu, ce n’est pas vous, c’est ceux qui veulent démontrer l’utilité de tuer le modèle français, ceux qui l’assassinent à coup de dérèglementation qui devraient être sur scène. Cependant, si vous n’êtes pas responsable de l’exode fiscal qui ponctionne les richesses de notre pays, les médias ont fait de vous le symbole d’un affrontement entre ceux qui profitent d’une dérégularisation voulue par le grand capital et ceux qui visent à une régulation du système. Aussi, même si vous êtes loin d’être un cas unique, votre réaction épidermique mais compréhensible, nous laisse croire que pour vous et certains d’entre nous, payer 150 millions d’euros d’impôts est un drame !...
Mais pour d’autres, quel privilège… !
À en croire cette allégation, certains français, ceux d’en bas, constatent que parce que le système le permet, vos seules impositions ont, si mes calculs sont justes, avoisiné 11 200 années de Smic, (une petite partie de vos revenus) alors que nombre de français, après une vie de difficile labeur, n’arrivent pas à cumuler les 41 années de travail nécessaires à leur retraite. À en croire d’autres allégations, le patrimoine que votre métier d’acteur vous a permis d’acquérir, avoisinerait les 85 millions d’euros, le prix d’une multitude de 2 pièces en une période où tant de nos concitoyens sont à la rue et où une vie d’honnête salarié ne permet pas à tous d’avoir son chez soi.
Le drame, n’en déplaise à vos supporters et aux tenants du grand capital, c’est que vu d’en haut, la misère n’a pas d’odeur et la solidarité a une bien vilaine odeur. La société se scinde entre ceux qui s’octroient le droit de se partager le monde et ceux qui pensent que le monde est un bien collectif auquel il convient d’appliquer des normes écologiques et financières visant à la préservation d’un équilibre global. Ces derniers vous semblent insupportables quand croyant à la justice sociale par l’impôt, ils importunent ceux qui, chaque année, engrangent des centaines d’années de Smic pour un seul foyer. Certes, rassurez-vous, nous savons bien que vous n’avez rien à voir avec les Jean-Marie Messier et autres pilleurs de la France, nous savons bien qu’il est injuste que ce soit vous qui n’êtes en rien responsable des dogmes de la nouvelle économie, qui soit montré du doigt.
Cependant, je suis sûr Monsieur Depardieu, que vous êtes conscient de l’indécence de certains salaires et, parce que vous avez un cœur, vous comprenez que les quelques mois de tournage d’un acteur ne méritent pas 200 à 300 fois le salaire annuel d’un travailleur manuel, ou 200 fois un salaire d’instituteur, et que, même si le rire soigne, il n’est pas normal qu’un comédien gagne 100 fois plus qu’un médecin.
Ne rejoignez pas ceux de vos amis politiques qui défendent une caste et non la France, ceux qui insultent ceux qui croient en l’utopie citoyenne et à un droit à la non précarité.
Dire qu’aucun Français ne doit dormir dans la rue, ne doit plus être une supercherie politique.
La solidarité n’est pas un "gros mot" !
Penser que l’économie française sera sauvée dès lors qu’on précarisera les salariés, dès lors que l’hôpital public, les retraites, l’école publique et les universités seront privatisés, n’est en rien du réalisme économique, c’est la programmation de révolutions où triompheront les fascismes rouges ou noirs comme on le voit dans les pays en crise.
Je ne sais, Monsieur Depardieu, si le destin vous a tant comblé que vous n’avez jamais usé des allocations chômage des travailleurs du privé, de celle du monde du spectacle, qu’aucun de vos films n’a bénéficié de subventions. Je ne sais si vous avez eu suffisamment de chance pour que votre famille et vous-même n’ayez utilisé ni la sécurité sociale, ni les hôpitaux, ni l’école, ni même les routes de notre beau pays de France. Si cela est, je veux bien croire qu’il vous répugne de participer plus abondamment au financement de la France.
Mais si cela n’était pas, je ne pourrais croire que c’est la petite phrase de Monsieur Jean-Marc Ayrault, à l’égard de ceux qui s’expatrient, qui vous a blessé. Hélas, je craindrais que ce soit le regard que vous avez porté sur l’abandon de vos utopies qui vous a été insupportable.
De grâce, Monsieur Depardieu, redevenez le sympathique héros de ma jeunesse, ne laissez pas Obélix poignarder Vercingétorix. Ce n’est pas trop tard.
Jean-Michel Sananès
Photo PB
J’ai attrapé l’oiseau
L’ai mis sur du papier photo
L’oiseau n’en a rien su
L’oiseau ne savait pas
Que parfois les hommes ne tuent pas
JMS
Ile Eniger - La maison dans les airs (à paraître)
http://insula.over-blog.net/