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derniers delires avant inventaires

Je gomme je dégomme

Publié le par Cheval fou (Sananès)

Je gomme je dégomme
J'efface, retrace
Je crie
J'arrache les yeux du rire
Je bannis la plume et l'encre

Les doigts enfoncés dans la poitrine
J'écrase une poignée de cœur

J'enfonce le cri
Je me rappelle les lendemains
Je me rappelle les jours de fête
Mais hier s'efface
Je ne sais plus où se cache le futur

Le vent a percé mes mains
La pluie a mouillé le chemin
Le sel a lavé mon regard
La neige a effacé mon pas
J'ai cassé le miroir
Je crie pour effrayer le silence
J'habite la foule pour tuer la solitude
Les guerres ont pris mon âme

Comme une vieille lettre
Je marche sur mes traces
Je ne vois pas demain

J'ai dégommé le rire
Je ne sais plus où je vais.


JMS - In : "Derniers délires avant inventaire" - Editions Chemins de Plume - 12 Euros

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La traversée du ciel à moto

Publié le par Cheval fou (Sananès)

La traversée du ciel à moto

À la traversée du ciel
sans rétro, sans sonotone, sans lunettes
Dieu devant sur sa grosse moto
moi derrière sur mon petit vélo
je demandais le Chemin

Du Sud au Nord
à chaudes larmes
à pleine voix, à plein espoir je quémandais
L’avenir Monsieur, l’avenir

De vieux firmaments chantaient
des cantiques éculés
et des lassitudes de bleu
le silence s’éreintait

À la croisée de Ses yeux par gros temps
d’Est en Ouest
je parcourais le destin

J’étais malade
mon cœur battait trop vite
j’avais une crise de foi

C’était hier, c’était demain
j’allais…
mais où allais-je ?
Dans l’infortune du dire
j’explorais des poussières de rêve
je cherchais à aimer
je cherchais à L’aimer

À parcourir l’éternité à vélo
le chemin était long

À trop longer l’espérance
 j’ai brisé l’horizon

C’était un hiver de soleil froid
le train n’était pas sur ses rails
ma vie était en gare et mes rêves à l’arrêt
 
Dans l’infortune du rire
je crois bien que je cherchais où aller

C’était hier c’était demain
j’allais…
mais où allais-je ?

À arpenter le vent à deux roues
la côte était raide et l’air était froid
je piétinais aux portes du désir
je piétinais des éclats de voix
et des brisures de rires…
où allais-je ?

Dans la mort et les azalées
je cherchais où pleurer

À l’équarrissage du verbe
perdu comme un loukoum
je traversais le désert
j’avais froid comme l’hiver
je jouais caniche et révolver
je portais ma croix

Toi, tu allais…
mais où allais-je ?

À la traversée du ciel à moto
Dieu devant
moi très loin derrière et à vélo
j’épluchais l’amour à l’économe
à l’écumoire des heures
les jours passaient

La vie m’a mouché au rasoir
je ne sais plus où je vais…
mais je suis où j’allais

À la malversation de la raison
le mensonge a fait fortune
depuis que je ne cherche plus
 je me trouve

En barque à rames ou à vélo
je ne sais
s’Il a jamais traversé nos larmes
moi, sans corde, sans échelle et sans vélo
j’escaladerai encore l’abrupt des devenirs

C’était hier c’était demain
J’irai.

jms 20/01/2010

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Si la mort se pendait à mon cou

Publié le par Cheval fou (Sananès)

 

Si la mort, ne serait-ce qu’une fois, se pendait à mon cou

si d’aventure je sortais du petit rien de ma conscience

du plein de riens de ma grosse tête avec ses chats et ses poèmes

avec ses éclats d’amours et ses trop pleins de rires

 

Si d’aventure je n’étais plus rien

ou rien d’autre qu’une gravure de cendres qui affronte l’horizon

rien n’empêcherait Bagheera ma vieille panthère, de courir de vieux rêves

rien ne m'empêcherait de dire encore merci

à Kipling, Hugo et Neruda d’avoir ouvert ma route

rien ne m’empêcherait de dire merci

merci la vie la mort, d’avoir attendu que je sache l’amour.

 

JMS in Derniers délire avant intentaire

 

 

 

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Il fait neige

Publié le par Cheval fou (Sananès)

"Relève toi" disait mon père…

Il fait neige

il y a du sel dans mes cheveux

je me suis coincé un doigt dans le silence

mon enfance est tombée

 

J’ai peur

j’ai mal

j’ai des bleus à l’âme

dehors il y a le tic il y a le tac

il y a la vie qui m’emporte

et le vent qui s’épuise

 

Chaque matin j’écoute battre la rumeur

et une étoile pleure

un homme se déchire

j’attends que l’on me donne le rire

j’attends que l’on me donne le la

un la sans bémol sans lassitude

un la chaloupé dans une symphonie tendresse

j’attends un "je suis là"

mais l’aquarium est de larmes

dehors il y a du plat

il y a du plastoc dans l’océan

des baleines et le vent qui s’épuisent

J’ai peur
j’ai mal
j’ai des bleus à l’âme
il y a du tic il y a du tac
il y a le las de mon pas qui s’épuise
le jour qui recule, le crépuscule qui avance
c’est la danse des tocantes

"Relève toi" disait mon père…
Il fait neige
il y a du sel dans mes cheveux
je me suis coincé un doigt dans le silence
mon enfance est tombée.

JMS - In : "Derniers délires avant inventaire" - Editions Chemins de Plume - 12 Euros

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La vie sans paillasson ou l’enfant suicidaire

Publié le par Cheval fou (Sananès)

Quand mars fut venu
funambule aux clairières du non être
j'hésitais


Minuscule fagot cellulaire
à peine lié à un souffle de vie
je m'attendais


Sans essuyer mes rêves au paillasson des étoiles
j'ai replié la nuit
fermé l'ailleurs
sans clef, sans certitude
j'ai ouvert la vie
et le bruit est venu


Mon premier mot fut un cri sans larme
un effroi
une attente de nuits éternelles
et de soleils vagabonds
entre le sel et les herbes amères
aux encornures du vacarme
je découvrais le jour
et les frontières de la raison


Précocement, j'appris la larme funambule
et les soubresauts de la douleur


De loin
j'imaginais une mère en rires
les frissons torsadés de l'amour
des clairs de joies sous des cascades de lune
De loin
J'imaginais l'innocence du bonheur
dans les ailleurs du monde
Déjà
à l'ombre hachurée des persiennes
je me disais : n'aie pas peur du voyage
avant de vivre tu as déjà connu la mort
J'étais l'enfant du noir espoir
l'adolescent du non espoir


Comme des larmes de mère
l'épine du devoir
enfermait ma vie
funambule du vivre
dans l'odeur du néant
je creusais l'hiver pour en extraire le soleil
j'attendais que passe le jour
je cherchais le jardin des âmes


Sur fond de mort
sur fond de guerre
j'attendais que la vie se lasse


Dans l'hiver algérien j'écoutais Lorca
je cherchais le sens
j'attendais que les jours passent
j'attendais
je cherchais à être


On ne vit pas sans s'attendre
je m'attendais


Et si, de ce passage ici, il reste quelque chose
je ne veux emporter que la lumière d'un rire.
Au paillasson des étoiles, j'essuierai mes peines.

 

JMS - in "Derniers délires avant inventaire" - Editions Chemins de Plume - 13.50 Euros

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À ceux qui aiment sans frontière

Publié le par Cheval fou (Sananès)

À ceux qui croient sans haïr

à ceux qui aiment sans frontière

 

Dans la transparence de la douleur

j’écoute l’infinie supplique du cri de vie

J’appelle

 

La présence de l’Universelle Absence

crépite comme une blessure en fête

 

Partout

ceux qui T’invoquent

ont des convictions plus fortes que la vérité

 

Partout

ils chantent la mort et la haine

Partout on crucifie la Vie, l’Amour, le Frère

 

Je suis un homme en feu

Je brûle de voir mourir l’amour.

 

JMS - in "Derniers délires avant inventaire" - Editions Chemins de Plume - 12 Euros

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J’ai voyagé

Publié le par Cheval fou (Sananès)

J’ai voyagé, j’ai vu, j’ai rencontré. J’ai cru, cru me tromper, cru aimer, cru que le vrai avait une couleur, cru que le malheur, le bonheur, comme toutes choses, avaient leur couleur. Je ne savais pas les larmes de joie, les rires de douleur et le festin des pélicans. Je ne savais pas qu’il y a dedans et dehors, je croyais le bien et le mal partout pareils. Je croyais que le bonheur du maître et celui de l’esclave avait une même odeur. Je n’avais rien vu du dehors. Je croyais au blanc et au noir je ne savais rien du "ni blanc ni du noir". Je ne savais rien du gris.

 À la décrue du croire, j’ai saigné du sel, frotté mes paupières, tué la nuit jusqu’au soleil. J’ai vu tout ce que l’on voit, j’ai perçu tout ce que l’on ne voit pas. Mon compagnon le plus fidèle fut ce rêve fou que l’on appelle délire. J’ai toujours habité un doigt dans l’ailleurs, à ronger des odeurs de voyage, de départ et de fuite. Fuite du toujours pareil, fuite du père, fuite de l’appareil, fuite de l’impératif, fuite du réveil, fuite du quotidien. Entre fuite et exploration, entre raison et déraison, entre cynisme et rêve, je cherche des frontières, je lance des SOS, j’appelle l’impossible.

Aussi loin que je regarde j’ai toujours aimé le vent du large, la mer qui divague, la peur du retour et le cri des crépuscules. J’ai toujours habité le plus près possible de moi, j’ai toujours eu la divagation à la porte de mes mots. J’ai toujours habité sur le fil, entre fuite et départ, parfois en voyage et souvent seul. Peu d’êtres ont partagé ma vocation à parcourir les ailleurs de la raison, très peu ont avec moi visité les satellites d’Andora et ces pays où les poules à 4 têtes marchent dans la direction de leur regard. Peu ont vu ces pays où les autruches à tête creuse entrent dans leur peur pour fuir le soleil et tombent dans des sommeils pailletés pour échapper à la vie. Très peu ont avec moi visité ces archipels du rêve où les baleines des sables vont à l’Est quand leur regard est à l’Est, vont au vent quand leur regard est au Levant. Peu d’entre nous ont vu aux portes de la conscience la chute des mésanges quand le doute fripe l’avenir. Peu ont visité le cri bleu du Zen où l’on voyage assis en tailleur, peu ont visité cette planète égarée où les hommes marchent sur la tête, où l’ombre fait moins peur que le savoir.

J’ai voyagé loin, j’ai voyagé en moi, cherché le point de fuite, trouvé la tangente, traversé l’horizon et la peur. J’ai déchiré le siècle, griffé le millénaire, mais encore je suis là. Mon rire est chauve, mes cheveux édentés, mon désir encore exigeant ne rêve plus que d’un œil. Je dérive entre espérance et contrainte, je ne dors jamais sur mes deux oreilles, je vais à ma rencontre je me cherche… je ne suis jamais où je veux.

Le voyage est si lent et l’avancée si peu à l’écoute des mots de hasard, que je n’ai pas toujours su entendre.

Un jour, la compagne anglaise d'un de mes compagnons de dérive, indignée de me voir manger de la viande, m'écrivit  dans son français maladroit : "Connaisses-tu* la peur de la bête, avec son cœur en papier froissé avant d’être dans ton assiette ?". Ce jour-là, j’ai mangé, fini mon steak avec un cœur en papier froissé, puis j’ai oublié.

Pourtant, ce jour-là, le ciel est devenu plus large. Ce jour-là, j'ai compris que certains hommes ne sont pas à la dimension de leur âme, qu’ils restent enfermés dans les vanités infantiles du paraître, dans le petit habit de leur condition humaine. Ce jour là, j’ai compris qu’il me faudrait encore cheminer pour apprendre que la douleur, la peur et le désir de vivre, n’appartiennent pas qu’aux hommes, que l’infini est peuplé d’une multitude complexe que nos regards estropiés ne savent pas toujours apercevoir. Ce jour-là, j’ai compris qu’il me faudrait grandir dans ces incernables de la conscience, que seules l’étendue et la profondeur du regard font la grandeur d’âme. Ce jour-là, j’ai compris qu’il me faudrait voir plus grand que l’apparence, plus loin que mon assiette, qu’il me faudrait creuser pour savoir ce que cache un sourire, et aussi savoir que, dans chaque larme, meurt un univers. Ce jour-là, j’ai compris qu’il me faudrait encore et encore passer la frontière de mes rêves pour peupler mes mots du cri des arbres et des caresses de mon chat. J'ai compris que pour grandir il me faudrait garder les langages de l’enfance et traverser l’amour et l’amitié comme on traverse l’horizon. Ce jour là, j’ai appris que ni la main ni l’œil ne vont jamais au fond des choses, que l’invisible est plus profond qu’il ne parait, que rien sauf la vie n’est à la dimension de l’amour.

Ce jour là, j’ai compris qu’il me faudrait encore traverser ces ailleurs où se cachent les grandes vérités, qu’il me faudrait encore et encore creuser et chercher pour être un jour à la mesure de mon âme.

J’ai voyagé loin, aussi loin que possible, mais la question reste immense, encore je dérive. J’ai beaucoup voyagé mais ai-je été assez loin pour habiter mon âme ?

JMS - In : "Derniers délires avant inventaire" - Editions Chemins de Plume - 12 Euros

 

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Les temps changent

Publié le par Cheval fou (Sananès)

Les temps changent
depuis la fin de la guerre la glace fond
les Américains ne jouent plus
à la roulette russe
les Russes n’ont plus
de casse-têtes chinois
les Chinois jouent à la bourse

Rien ne va
je n’ai gagné aucune guerre
j’ai perdu mes illusions et mon banquier

J’avoue
j’ai joué
j’ai perdu mes dents

Il en coûte cher de jouer
à la roulette
mon dentiste a gagné

Mes nuits sont longues
mon cœur trop rapide
la surprise est immense
je n’en suis jamais revenu
depuis ma femme me cherche

JMS - In : "Derniers délires avant inventaire" - Editions Chemins de Plume - 12 Euros

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Je n’irai plus au café du coin

Publié le par Cheval fou (Sananès)

Promis, juré
je n’irai plus au café du coin
m’accouder sur un comptoir
écouter la musique des rues
et les litanies de bistro

Je n'irai plus voir
"Intempéries" le cantonnier
qui s’y réfugie les jours de pluie
je ne verrai plus Pierrot-la-canne
le facteur aux doigts gelés qui boit son canon
ni Mado-les-gros-chagrins

Promis, juré
je n’irai plus au café du coin
voir la misère qui piétine au comptoir
les tickets d’espoir que l’on vend à la loterie

Je suis sorti de ma vie
je n’écoute plus le vent
j’entame l’hiver
je regarde un carré blanc
dehors, il pleut
je n’écoute plus Dylan, Duclos et le Full Moon Ensemble
j’écartèle la frayeur pour me faire un passage
je silence, je ferme, je solde
et pourtant j’aime tant le printemps
l’enfance et le soleil

J'attends que Dieu revienne.

JMS - In : "Derniers délires avant inventaire" - Éditions Chemins de Plume - 12 Euros

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La pierre bleue

Publié le par Cheval fou (Sananès)

Les rires anciens, les récréations
les enfants, le vieux maître d’école

les moineaux du jardin

Se souvenir
de la pierre bleue
 
La tablée du matin et grand-mère
les confitures et le sourire au bout des doigts
maman et son "dépêche-toi, tu vas être en retard"
papa qui va travailler

le regard de grand père au soir de Noël,

Se souvenir du caillou étoilé,
des chemins et de la brillance des yeux
 
Contre l’adversité
brandir  la pierre noire des mémoires
ouvrir le cristal du rêve
marcher vers l’avenir
ne jamais oublier les odeurs, le précieux
la pierre bleue, les cailloux étoilés du chemin
Garder le  brillant aux yeux

 
 Une étoile enfouie dans le passé
 bâtir l’espoir pour ceux qui viennent.
 
JMS - In : "Derniers délires avant inventaire" - Editions Chemins de Plume - 12 Euros
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