À se demander si le droit de vivre libre et chez soi, et même le simple droit de vivre, est un acquis définitif, quand les usufruitiers de la richesse, que ce soit les grands propriétaires du Brésil ou d’ailleurs, et les multinationales, encouragés par les gouvernements qu’ils soudoient, pensent que le monde est un bien vacant à privatiser. Le sort des Indiens du Brésil, comme celui des sans voix des Indes, d’Afrique ou d’ailleurs, ils le tiennent dans une main de fer qui, inexorablement, écrase l’homme naturel, l’homme dépouillé d’influence et de technologie guerrière. L’homme naturel dans ses prairies, dans ses steppes, dans ses îles, n’a pas de droits car la richesse, mariée à la puissance des armes, se donne le droit de spolier et polluer. Des puissances financières achètent des armées privées. L’émergence de ce que j’appellerai une philosophie "monsantiste" affirme, avec une incroyable arrogance, que l’on peut privatiser la vie et parquer les peuples : ce qui n’est pas encore à moi je le prends, devient l’article premier de la bible du libéralisme !
Et, pendant ce temps, la foule des "panurgiens", les hypnotiques du 20 h, les décérébrés de la téléréalité, les fous du stade et leurs hooligans, chantent leur autosatisfaction en cuvant leur bière et l’avenir de leurs enfants.
Mais putain, l’amour et la fraternité, c’est quand ? Quand comprendra–t-on que chacun de ces Indiens est mon frère ? Que chaque homme qui souffre s’inscrit dans une douleur collective ?
Quand comprendra–t-on que les hommes ne sont qu’une seule famille et que ceux qui pillent la terre détroussent l’humanité ?
Quelle philosophie non frelatée leur apprendra qu’aucune richesse vraie ne se bâtit sur la douleur, la spoliation ou l’exploitation de l’autre ?
Qui leur dira que les hommes, tous les hommes, les animaux tous les animaux et la terre, toute la terre, ont un droit, non négociable, au respect.
JMS
Photo : Les Enragés