Ne savait pas
Photo PB
J’ai attrapé l’oiseau
L’ai mis sur du papier photo
L’oiseau n’en a rien su
L’oiseau ne savait pas
Que parfois les hommes ne tuent pas
JMS
Aucune nuit n'est plus large que le rêve
Photo PB
J’ai attrapé l’oiseau
L’ai mis sur du papier photo
L’oiseau n’en a rien su
L’oiseau ne savait pas
Que parfois les hommes ne tuent pas
JMS
Ile Eniger - La maison dans les airs (à paraître)
http://insula.over-blog.net/
Chacun côtoie la pluie
Cette mer démantelée
Et sans escorte
Chacun connaît la glace
Enroulée sur le sable
Mais, rien ne parle de tes lèvres
Comme cette plaie ouverte
D’où jaillissent les spasmes de l’éclair.
Doigts pesant la vieillesse,
Il est dit l’heure sans plume
Où chaque silence est un aveu
Où chaque parodie est un luxe
Au-dessus de la misère
D’une lune affamée.
J’ai l’âme dans le cœur
Un ciré d’ombres et de chiffres
Pour compter les assauts
De la mort sur ma nuque nue
Une lame inconnue plantée
Dans l’écorce du jour.
Mon corps raconte son histoire
A la nuit qui l’écoute à peine
Demain, la rombière grimacera
Sur la girouette qui s’ennuie
Seule, sur l’échafaud du temps.
Il pleut et pourtant le ciel est clair
Toujours partir, jamais rester
Aimer, chérir,
Et puis au diable Vauvert
Ta main est une rose pour le sable
Je l’ai gobée toute entière
J’ai le rot joli sur le bout des doigts.
Extrait de Aube Fantasque
Autobiographie d’un vieux rêveur
(Conte surréaliste où il convient de gratter le rêve pour apercevoir la réalité)
***
Les rêves de Grenouille Cornue
ne s'arrêtent pas
aux confins du bénitier.
Parfois ils croisent le désespoir
de celui qui a coincé ses doigts
dans la portière de la solitude,
là où même l'indifférence
ne tape plus à la porte.
***
Bien loin d’ici, ce matin encore, Adélaïde retrouva son peintre de mari, debout, immanquablement figé devant cette toile qu’il n’en finissait pas de terminer, tout près de ce vieux guéridon décrépit ridiculement coiffé d’un aquarium vide.
Le temps avait coulé. Où était donc le jeune homme qui rêvait, ce jeune Piètr qui voulait du rêve, du soleil dans les yeux, des clowns, de la musique et de l’amour dans chaque seconde qui passe ?
Qu’était donc devenu celui qui courtisait Rossignol-du-souvenir ?
Il était là maintenant, vêtu de son sarrau gris d’apothicaire, son pinceau à retoucher sur l’oreille, il avait l’air fatigué et déprimé. Face à son si parfait tableau et aux étincelles qui pétillaient dans le regard de son épouse, il ressemblait à une image décolorée.
L’œil vide, il attendait qu’elle admire son œuvre.
Avait-il approché la réalité ?
C’était un hall de gare immense, pareil à celui de Milan, imposant avec ses escaliers gigantesques débouchant sur un palier carrelé de marbre d’un blanc-gris usé par les mille griffures d’un invisible quotidien.
Ce coin précis du tableau semblait particulièrement fasciner le peintre, il passait ses nuits à le parfaire.
Aujourd’hui, Adélaïde découvrit un berceau d’enfant laissé seul à proximité de l’escalier. A cette même place, hier matin, se trouvait une femme en noir.
Adélaïde demanda l’air narquois :
– La vieille femme est partie ?
Piètr était enlisé dans une autre réalité invisible dont il eut du mal à se départir. Enfin, il rétorqua :
– Elle parlait trop.
La réponse amusa son épouse qui, contenant un sourire, ironisa :
– Tu ne crains pas que le berceau soit en danger ?
Le matin suivant, des militaires avaient remplacé le berceau.
Le peintre avait passé cette nuit, comme les précédentes, au chevet du tableau. Tout y était peint jusqu’au moindre détail, avec une étonnante précision.
Piètr paraissait encore plus terne que la veille. Il tenait encore un pinceau dans sa main droite et sa palette dans l’autre.
Adélaïde fut fascinée par un détail du tableau : au pied des militaires, se trouvait, parfaitement restitué, le pinceau à retouches que son mari avait l’habitude de porter sur l’oreille.
Pointant son doigt sur ce détail humoristique, elle ne put s’empêcher de formuler son étonnement :
– Pourquoi ?
Chaque question mérite sa réponse, il murmura :
– Je l’ai oublié.
Stupéfaite, elle découvrait que son mari, ce besogneux du détail, réitérait une forme d’humour qu’elle ne connaissait pas. Dépitée, elle ajouta :
– Je déteste les militaires.
Nullement surpris par ce commentaire un peu acerbe, il se contenta de bougonner :
– Ce doit être leur odeur de bière.
Elle fut encore une fois surprise par cette réponse mais en sourit.
Elle crut même percevoir réellement la senteur amère du houblon.
Son mari, ce petit homme qu’elle côtoyait depuis si longtemps, qu’elle croyait taillé dans une peau de chagrin et de silence, l’intriguait au plus haut point.
Elle prenait conscience de l’univers de rêve et de création dans lequel il vivait. C’était un marginal de la réalité, un œil ailleurs d’elle-même et de ses attentes, hors des frontières de son monde de femme. A l’évidence, elle ne le connaissait pas si bien qu’elle le pensait.
Sa journée fut troublée d’étranges obsessions.
Elle commençait à entrevoir le monde de Piètr et à concevoir pourquoi, depuis si long-temps, il la délaissait.
Elle attendit, pour la première fois intriguée et impatiente, que le matin suivant arrive pour savoir quelle évolution prendrait le tableau.
Y trouverait-elle deux bonnes sœurs avec des coiffes dentelées ?
Surprise ! Quand elle pénétra dans l’atelier, Piètr ne s’y trouvait pas.
Une odeur âpre de suie et de gare semblait avoir empli la pièce.
A la place des militaires se trouvait un journal froissé et un étrange personnage au tablier gris, l’image parfaite de son mari. Les yeux de ce personnage la suivaient du regard.
Adélaïde le fixa longuement.
Elle eut un long et large sourire pincé. Elle prit un pinceau enduit de peinture blanc gris et, fébrilement, en couvrit le tableau :
En souriant, elle s’exclama :
– Nous allons enfin pouvoir refaire nos vies !
JMS
Cristina Castello et André
Chenet
Lundi 8 octobre 2012, à 19h00
Présenteront à la Maison de l'Amérique latine
à l'occasion de la parution simultanée de leurs derniers recueils de poésie
parus aux ÉditionsChemins de Plume
Le chant des sirènes/El canto de las sirenas (Livre/CD) Cristina Castello
et Secret Poème (Livre/CD) André Chenet
Au Pays des Wakikinous
"La République et la Laïcité expliquées aux enfants"
sera présenté au
Festival du livre de Mouans-Sartoux
dans le cadre du
10e Forum Social Départemental 06
lors d’une conférence:
"le Vivre Ensemble,
connaître et accepter l'Autre dès l'enfance"
le samedi 6 octobre à 11h30
salle de l'Aquarium de la Médiathèque.
Avec Jean-Michel Sananès, autour de son livre: "Au
pays des Wakikinous"
Présentation au Festival du Livre de Mouans-Sartoux
les 5/6/7 octobre 2012
et le 30 novembre 2012, à la soirée littéraire "Les Mots d'Azur"
animée par Pierre-Jean Blazy au Château de Mouans-Sartoux.
À l'Hôtel des Camélias
3, rue Spitaleri - 06000 Nice
(derrière Nice- Étoile)
Les rencontres de Poètes & Co.
présentent
Mardi 2 octobre 2012 - de 18h à 20h
Jean-Marc LA FRENIÈRE
en avant-première de son livre
"J’écris avec la terre"
Éditions Chemins de Plume
L’auteur
Prix Nouvelle Voix en Littérature 2010 - Canada
Prix du Public 2011 - Québec
Révélé en France par les Éditions Chemins de
Plume
parlera de son
œuvre
et répondra à vos questions
Sous
le signe de la poésie
en compagnie de
Cristina Castello
et de André Chenet
Le lundi 8 octobre 2012, à 19HS00
À la Maison de l'Amérique latine
La Maison de l'Amérique latine accueillera
à l'occasion de la
parution simultanée de leurs derniers recueils de poésie
parus aux Éditions Chemins de Plume
Cristina Castello
pour Le chant des sirènes/El canto de las sirenas (Livre/CD)
et André Chenet
pour Secret Poème (Livre/CD),
À leur fenêtre
ils ont mis la mer en garde à vue
et les nuages en souricière
Je voyageais, ma gibecière pleine
pleine des gris nuages de la faim
et des peurs de dictatures lointaines
Plein de rêves et sans papiers
je suis en interdit
je vis et je t'aime
Et toi, ma sorcière
ma belle
mon aimée ?
Papiers et sans papiers
espoirs et rêves sous surveillance
ils ont fermé la mer et les nuages
Espérance libertine du bonheur
divagation des idées et des hommes
sur voie publique, interdite
Belle, ma sorcière carnivore
dévore mes rêves
ignorants de frontières
La tête pleine
je vais ailleurs et partout
en royaume d'idées policées
là où l’on garde la faim pour les autres
je suis la bouche et la vie en trop
la misère exportée
Mes chaussures, ma vie, sont usées
j’ai faim, j’ai froid
ils ont tué Sangatte
Là où je suis, l’espoir broie du noir
toi que je cherche
sur l’autre face du rêve
T’appelles-tu encore Albion* ?
Plein de rêves et sans papier
je suis en interdit
je vis et je t’aime
Et toi ma belle
ma sorcière
mon aimée carnivore
T’appelles-tu toujours Marianne ?
* Albion : ancien nom de l’Angleterre
JMS
Dans : "Occident/Accident de conscience" - Editions Chemins de Plume - 12 Euros