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textes de jms

À brader la conscience, la bonté et le respect, c'est l'humain qui meurt

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Substituez des croyances à l’ignorance
et vous aurez créé une religion.
Donnez-lui du pouvoir et elle programmera
la mort de la liberté, du droit de réfléchir, de douter et de savoir.
Armez ses serviteurs
et ils institueront la dictature, le nationalisme et la guerre.
Ils vous diront que la terre est plate,
que les femmes n'ont pas de droits,
que l'homme fut créé il y a huit mille ans,
et que douter est un blasphème.
Des hommes qui n'ont lu qu'un livre,
qui haïssent les encyclopédies
mais ont l'intelligence du pouvoir et de la haine,
au nom de leur croyance
tueront l'école, la tolérance, la laïcité,
armeront l'inquisition, la djihad et la guerre.
Au nom de celui qu'ils nomment le Très Haut
ils tueront Sa création,
assassineront la conscience,
la bonté et le respect.


JMS

Publié dans Textes de JMS

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L'homnimal

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Dans l'équilatéral des Univers,
à l'embouchure d'un instant d'Éternité,
l'Œil
regardait l'homnimal.
 
Monceau de doutes
 jetés sur le bitume des destinées
à l'heure du déjà trop tard quand le temps se noue autour du cou,
bipède fragile invité au jardin des fous
hésitant entre la valse du loup et le chant du grillon,
il allait, la conscience déjà révulsée par une laideur
qu'il ne saurait jamais réparer.
 
De rêves et de blessures
sa pensée s'ouvrait au monde,
envisageait les millénaires qui tisseraient l'avenir,
les automnes étonnés, les hivers rigoureux
et les attentes maigres.
 
Farouches
dans la concomitance des impératives nécessités,
le  bien et le  mal
crépitaient déjà dans les clartés obscures
d'une danse aux endiablures paradisiaques.
 
Il le savait,
avant même que d'être dans l'ombilical du fatal,
le besoin et la nécessité du bonheur
seraient sa force et sa blessure
quand ailleurs, dans l'antre de la question,
le rêve insensé de l'impossible pureté
 heurterait un désespoir aux dimensions du vide.
 
Partout,
aussi sûr  que le printemps se brise
quand le canon flétrit la plume,
la préservation du bonheur
 forgerait l'égoïsme des démons.

Partout,
dans l'ignorance de l'arc-en-ciel,
le devoir de partager enfanterait ses révoltes,
terrible équation
où aucune vie ne devrait se bâtir sur le doute.
 
Partout,
entre l'ambition d'avoir
et celle de s’offrir,
la conscience serait en lui, un acte de foi
 une part de ciel et d'Immense.

Partout,
 l'homnimal de chair et d'âme,
traqueur de silences et pourvoyeur de mots,
vermisseau posé à même l'asphalte
parcourant la courbure des firmaments,
creuserait la question :
L'homme devait-il vivre
et restreindre l'égoïsme pour sauver le monde ?
 
Parmi les multitudes, saurait-il
combien de héros de l'abnégation résisteraient,
ou seraient victimes des infanticides de l'espoir ?

Combien de quêteurs d'infini et de lanceurs d'espoirs
iraient au bout de leurs rêves,
en des temps où quand l'éducation
 ferait de la résignation un devoir,
et où douter des croyances d'une société
serait un nécessaire acte de rébellion ?

JMS 18/9/23

 

Publié dans Textes de JMS

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Lettre à l'enfant et à la vingt-cinquième heure

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

De tes yeux d'enfant tu me regardes, me scrutes,
une masse de jours, des certitudes s'affichent
dépassent les senteurs du jour,
tu connais l'allaitement du rêve,
tu juges et fréquentes encore le passé vindicatif,
face à toi, j'arpente mes 78 kg,
j'ai cessé de doubler, j'affronte l'humiliation des jours,
je me suis mis au maigre
j'enrégime mes kilos et les rebours du temps,
je compte les pieds et les alexandrins,
j'ai renoncé au carré de l'exigence,
la pensée courbe s'éreinte en compromis,
il n'y a pas de retour
l'enclume des heures ferme mes décennies,
seul le silence pardonne aux mots que l'on arrache à l'espoir,
l'airain des statuaires oubliées me ressemble.

Tu me regardes, me scrutes,
mais sais-tu qu'hier j'apprivoisais des colombes,
lançais des promesses à l'abondance des joies ?
Aux multitudes de l'homme,
je dévisageais la foule pour n'en voir que des visages
et des ayants droit au bonheur,
j'habitais un palais où je combattais les monstres
sans même en connaître les formes tant ils étaient faits d'incognito,
d'inconvenances fleuries, et d'apparences.
À l'explosion des illusions, je guettais aux portes de châteaux
aux hautes murailles bardées des épines du désir, de la couardise, de l'égoïsme.

Petit loup au seuil de l'avenir, tu me regardes,
Qui est-il ? te demandes-tu,
un vieux chat qui ne sait plus jouer
un farceur qui vit de rires migrateurs,
du regard d'un oiseau, de l'odeur d'une fleur,
de son passage dans tes yeux ?

De bric et de broc,
je ne suis pas si transparent que j'en ai l'air,
j'ai une dent de silex qui écule la tendresse,
l'os d'un cœur griffé d'une morsure intérieure.
À regarder en arrière, ma raison se trouble,
je ne suis qu'un récit de voyage
dans cette cosmographie du céleste et de l'imaginaire
où la nuit m'éclaire et le jour me disperse.
Mon image se dissout, se perd dans le flou,
j'écris au subjectif présent,
je cherche mes traces mais ma marque s'efface,
je ne sais plus où poser mon cri.
Est-ce le petit jour, où l'ombre qui vient ?
J'énumère les noms, les heures effacées,
les nuages, la pluie et les chats perdus.
Quand vient la
vingt-cinquième heure,
j'habite mes ombres mais les insomnies nous réveillent.

La mémoire est cathédrale endormie,
mon 'pas de rêve' ne se résout pas,
j'avance sur un chemin d'illusions.

JMS

(Un moi qui ne me ressemble plus, et un pays disparu,
mais qui toujours s'agitent au palais des mémoires)

Publié dans Textes de JMS

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Plaignez mon dos et les armoires

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Ces derniers jours, outre ma solitude, j'ai affronté un monstre, un surdimensionné qui aurait même impressionné Atlas s'il avait osé s'y mesurer. Oui, défiant la raison, oubliant mes limites, j'attaquais une armoire à glace du genre haute et musclée : une 4 portes, venue du siècle dernier, suffisamment énorme pour supporter 4 super miroirs teintés d'un voile sombre. Chacun d'eux semblait enfermer une profondeur obscure emplie de soleils engloutis. Mon profil de lutteur désespéré s'y reflétait, devenait spectral en y mimant mes mouvements. Regardant ces vitrages fumés, je les avais souvent soupçonnés d'être la porte d'un monde inquiétant où se perdait l'écho de mille oublis. Ne leur avais-je pas moi-même abandonné quelques rêves et quelques angoisses ? Je ne saurais le dire et je leur rends grâce de ne pas m'avoir suffisamment invité à m'aventurer dans cet envers de décor. Moi qui ne suis courageux qu'à mi-temps, je n'avais eu nulle envie d'y croiser Dracula ou un hiver astral empli de météorites dont l'un d'eux, le plus froid, devait être éclairé par La Petite fille aux allumettes. C'est sûr, mes larmes en auraient pu noyer les flammes, nous livrant à des ténèbres emplies de hurlements de loups perdus. Je ne dis pas cela pour vous effrayer mais seulement pour vous laisser entrevoir les dimensions impressionnantes de ce meuble aussi vaste que capable d'emprisonner mon passé et celui de ses précédents propriétaires. Dans ce combat, les bougres furent-ils contre moi ou attendaient-ils que je les libère ? À trop nous fréquenter, les miroirs finissent par nous enfermer en eux parmi de vieilles images qui ne nous ressemblent plus.
Quel combat ! Terrible meuble, après trois jours, encore son squelette résistait ! Faut dire qu'avant que j'en hérite, il avait eu fière allure en des pièces cossues. Hélas, des multitudes de jours et de nuits ne nous avaient pas arrangés. Mes maladresses et les déménagements avaient blessé, usé, ma belle armoire. Oui, maintenant elle prenait trop de place, il fallait bien que je me batte contre elle, que je la sorte de ma vie. Je m'y adonnais de mon mieux.
Le combat fut terrible. Ses portes de quarante kilos chacune, son toit en quadruple épaisseur de bois, se cramponnaient à la vie au point de peser des tonnes. Bien trop lourd pour moi, petit bonhomme fatigué qui pour toute haltère-(ego) d'entraînement à l'effort, n'avait qu'un stylo ! Trois jours, j'ai mis à la combattre, elle en mit autant à résister, le plus bravement possible, avant de se résoudre à redevenir planches et que, sans gloriole, je me déclare vainqueur de ce terrible combat, moi le petit homme de paille qui la mit à terre dans un coin de mon jardin, non comme une relique du passé, mais comme un objet lâchement abandonné, avec néanmoins une certaine tristesse. Mais les objets ont une vie, le savez-vous ? Je l'ai entendue gémir la vieille armoire me rappelant qu'elle m'avait accompagné avant de squatter ma vie et ma chambre trop petite pour nous deux.
Et voilà ! Le combat avait pris fin. Nous ne vivrons plus ensemble. Les hommes sont infidèles.
Fringante, déjà sa remplaçante était là. Petite princesse Ikéa, elle s'impatientait, emmitouflée dans ses cartons comme en une robe de mariée. Je ne savais pas que l'apprivoiser serait une autre terrible épreuve ! Voulant fuir les miroirs obscurs de la première, j'avais voulu la remplacer par une armoire blanche lumineuse, une Suédoise du XXIe siècle ! Innocent, je ne savais rien de toutes ses malices ! Celle-ci était une piégeuse acharnée à me contrarier ! Quatre jours passèrent : le premier pour lire un impressionnant contrat de mariage de quarante pages mentionnant l'inventaire de ses vices cachés, et les trois autres où elle faillit triompher de moi. Mais je suis têtu, je suis arrivé à la  cabrer contre un mur, sa couronne et mes doigts pincés dans des secrets de tiroirs !
Enfin une nouvelle coexistence commence, faudra se séduire, se faire les yeux doux, se méfier, s'apprivoiser. Peut-être me domptera-t-elle, m'incitera-t-elle à plus d'aptitude au rangement ? Ma vie pourra-t-elle être différente ? Y trouverai-je autant de chaussettes et de gants droits que de pieds et de mains gauches ? En attendant de le savoir, je nourris une nouvelle espérance.

jms

 

Publié dans Textes de JMS

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Je suis la frontière

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Perdu dans l'opium des craquelures de l'absence,
je dérive dans les parenthèses du moi.
Je suis la frontière de mon nom,
j'arrime les vieilles palpitations de la Question,
je me cherche dans l'oblique des transparences,
je respire jusqu'aux déchirures du rire.
Des clowns se noient dans le jardin des larmes
là où, dans les eaux croupies, Monet faisait ses emplettes,
l'ombre du vacarme est un oubli qui m'efface.
Au crépuscule, pas besoin d'amulette, là-bas une gifle me réveillera,
mais l'instant court,
les mots coagulent, se désagrègent,
se font bruit, clameur, débordent.
J'ai peur des phrases brusquées, des onomatopées de la déraison,
le cri est noir,
s'y agitent les lieux communs d'un patrimoine cosmique.
Je viens du futur,
la mort, le bonheur, le futur, c'est où ?
Autour de moi la vie est une feuille d'automne
ciselée par les ailes d'un vent qui l'emporte.
L'errance des mots plein ciel, des gazouillis d'enfance,
enfonce des chemins de frayeurs tracées,
j'écris mes cicatrices et le doute
sur la peau, parchemin en quête d'avenir.
Les rides se maquillent et le rire cabre ses larmes,
j'avance à reculons dans le brouhaha,
je suis d'ailleurs,
je suis la frontière du vent, de la pluie, d'autrui.
Chacun porte sa douleur,
l'amour est une douceur,
vivre est un programme.
Aller plus loin, aller plus loin, aller plus loin,
écrire, écrire, écrire,
et dire l'amour, la joie, l'espérance.
La musique dépassera l'hiver.

JMS 12/01/23

 

Publié dans Textes de JMS

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L'âge me gagne.

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

L'âge me gagne. Sur la vie qui me reste, sous le temps qui joue, coule la cascade des rires, le goût du sel et des peurs, coulent encore des rivières de verbes, d'espoirs et d'envies.
Dans l'envers "du rajeunir", vivre n'est plus un devoir, mais une envie d'aimer, de voir, et de dire. J'écoute, je scrute, mais qu'en est-il du silence quand tant de visages, de regards, d'amis d'encre vive, s'agitent, griffent, ouvrent les voix du non-oubli sur les vertiges du jour ?
Où suis-je dans ce no man's land des mémoires où l'enfance n'en finit pas de sombrer. Inlassable, je suis un cueilleur de mirages, de noms, de phrases et d'échos. Que reste-t-il des mots, des poèmes que je ne sais oublier, des trahisons que je voudrais effacées ?
Un chemin d'ombre me mène à ma mère, à mon père, à mes amis, à mes douleurs.
Je suis en berne de rêves mais je veux reconstruire le passé, vous voir chanter dans les clameurs d'autre temps. J'ai des bonheurs égarés, je veux revoir les enfants, le temps des aurores où, au pied d'arbres de noël, devant quelques mystérieux emballages, nous attendions que les parents s'éveillent. Mais quand l'avenir s'emballe, le passé n'est-il pas toujours qu'une poignée de vent vide, une question qui ne veut pas de réponse ?
Qui sait ce que demain réserve ? Déjà, les frayeurs dansent, n'en est-il pas toujours ainsi ?
J'ai mal aux affections, aux amours, aux amis disparus, et aux promesses. J'ai peur de la larme sur les joues de qui j'aime, j'ai peur des lendemains quand le siècle se gâte, j'ai mal de ce que je n'ai pas su faire. Pourquoi mon père, n'ai-je pas été le miracle que tu attendais ? Au pays d'avant, le temps arrime l'enfance des exils. Les bruits d'une école et d'une guerre, l'épine d'un regard, parlent encore plus fort que la raison. Il n'y a pas de fleurs dans ma mémoire mais de l'amour et des regrets. Que me manquait-il mon père qui adoucisse ton regard ? Un chemin d'ombre me mène à toi, y trouverai-je la lueur d'une approbation, l'expression d'une tendresse, des bras ouverts ? Le temps perdu mène ses enquêtes. Où étais-tu quand je te cherchais ? C'est bête, je vis ici, et toi en allé, ma mémoire s'évente aux marelles du souvenir, j'apprends à vivre loin des mots que tu n'as pas dits. Je suis d'ailleurs et d'ici. Je vis. J'écris pour nous retrouver, lis-tu mes courriers ?

JMS-Janvier 23

Publié dans Textes de JMS

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J'irai loin,

Publié le par Cheval fou (Sananès)

J’irai loin,
mais jamais assez loin
dans la prison des mots
dans les scléroses de l’âge

Aux confins de ma peau
je voyage sans bagages
mais je traîne mes boulets,
des rires endommagés
un coin de moi dans la poche
un sourire qui dérive
et un éclat de givre

Quand je n’arrive plus à me suivre
J’assois le silence et je stagne

J’irai loin,
mais jamais assez loin
dans les mers sans sillages
dans l’enfance sans visage
jamais assez loin
pour aller ailleurs
d’où j’étais, à où je suis

D’où je viens, à où je vais
J’égrène les absences
Un myosotis vrille le présent
Je ne suis jamais où je m’attends

Où es-tu quand je ne suis pas là ?

JMS - in "De moi à moi" et dans De pluie et d'étoiles (compilation) Éditions Chemins de Plume - 12 Euros

Publié dans Textes de JMS

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Un texte de JMS - Musique et voix de Franck Berthoux

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

 

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Le cri du caféier

Publié le par Cheval fou (Sananès)

C'était il longtemps, si long-temps que ni toi ni moi étions là.
Le temps meublait le silence, on n'avait pas encore inventé le cri.
La souris attendait le gruyère et le chat n'habitait pas encore l'Egypte. 
La terre était peuplée de brocolis sauvages et de brontosaures affamés en quête de pâture sous des nuits enlunées.


Paniqué un caféier conscient du danger, partit mettre à l'abri sa progéniture, le plus loin possible, il visita la terre et fit des maisons au bout du monde, en Arabie, en Afrique et en Colombie pensant que ses bébés caféiers - prenez en de la graine- seraient hors danger. 

Hélas, après avoir mangé les brocolis sauvages et les brontosaures affamés, la bête à deux pattes, celle qui marchait debout, debout comme un arbre avec deux bouts de pattes, joua à inventer.
Elle inventa le cri, le crime, le lard, le larcin, le beurre, l'argent du beurre et aussi l'argent qui ne fait pas le bonheur. Mais la bête n'était jamais satisfaite aussi recommença-t-elle à inventer. Elle s'inventa un nom Homme.  Elle inventa le bateau, inventa des rames, inventa des voiles, soumis les femmes, les bateaux à voiles. Puis elle captura un chameau puis deux puis plus, en fit des queues leu leu, en fit des caravanes et fouilla de font en comble et d'est en ouest l'univers contenu dans ses cartes.
Brutal comme le silence quand on tait les oiseaux, la bête se glissa partout comme une rumeur, je dis bien comme "une rumeur" et non comme un "on dit". Ce fut une rumeur qui tourna mal, car en fait, très vite elle devint  un "on fait", mais pas n'importe quel "on fait", ce fut le plus terrible de tous, ce fut un "on fait tout et n'importe quoi".
Cela, était il y a longtemps, mais pas aussi longtemps que quand vivaient les brocolis sauvages et les brontosaures affamés, même, si ni toi, ni moi n'étions pas encore là.
En ce temps là, le  brouhaha  meublait le silence et le silence  ne parlait plus que dans les temps morts. Le cri habitait partout. La lune ne parlait plus aux étoiles. Elle se contentait d'être belle et pâle comme le désespoir d'un enfant serin qui sait que le Père Noël ne lit jamais les lettres qu'il reçoit.
Les montagnes fatiguées de bouger et de cracher le feu, ne voulurent plus marcher et s'assirent là où elles étaient, sous les étoiles, pour regarder la lune pâle, sans rien dire et impassible. Le ciel lourd se reposa, inconscient du danger, pourtant la bête à deux pattes jouait.
Là bas, paniqué un caféier entendait monter le danger.
Aux aubes mourantes arrivaient des armées de bêtes à deux pattes.
A nuits tombantes elles repartaient des sacs entiers de bébés bonne-graine, gentilles et tétanisées au fond des sacs. De cette atroce situation les papa caféiers tirèrent une expression qui formulait au mieux le le désespoir : être au fond du sac.
A l'autre bout du monde la bête qui avait inventé le cri, le crime, le lard, le larcin, le beurre, l'argent du beurre et aussi l'argent qui ne fait pas le bonheur, avait maintenant inventé le café noir, le café au lait, le café au lit, le café croissant, café moka et les marrons glacés. Pour cela, elle grillait les bébés bonne-graine. D'horribles machines à torréfier inventaient l'ère industrielle. Les bateaux à rames, les bateaux sans rame, les bateaux à voiles et ceux qui n'en n'avaient pas périssaient, comme fanent en nostalgie inutile, les rêves de brocolis sauvages et de brontosaures affamés quand le temps est passé et que le sang fragmenté des caféiers se brise en odeurs enivrantes et charnues.
Cela agitait et agaçait terriblement le caféier qui se fit énormément de caféine.
La bête à deux pattes avait été le plus loin possible, au bout du monde, avait trouvé : en Arabie, en Afrique et en Colombie la maison des caféiers.


Depuis les caféiers savent le cosmos n'est pas assez grand pour que quiconque échappe à la bête  qui avait mangé les brocolis sauvages et les brontosaures affamés

Jean-Michel Sananès - in Aube Fantasque autobiographie d'un vieux rêveur - Editions Chemins de Plume - 12 Euros

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1er mai 2022

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

En ce mois de mai
où un peuple se fait massacrer,
quand l'utopie d'une fraternité
entre les hommes
et celui d'un sauvetage de la planète
fait ses adieux au rêve,


quand seul le malheur
et la peur des sanctions électorales
appellent à la raison,


quand, ici et ailleurs,
les enfants et les hommes du labeur,
aux espérances étriquées,
dans le désenchantement de la promesse,
oublient de battre le pavé,


parce que
quelque chose en moi,
dans l'indigence de l'espoir,
 ne veut pas mourir,
encore je vous livre
quelques lignes de mon recueil de 2007
.
Opus 24
Requiem pour 1968


***
Je croyais en Tes mondes infinis
car je suis chien de mémoire
fidèle comme le remords


Dans un ailleurs
Tu étais là
parfois je Te nommais


Je Te savais parmi nous
je chantais à Tes côtés.

 
Opus 24
Je me rappelle ces temps
où les Lolita, pour un baiser
pour un tour de bras
volaient de brefs instants au banal


Un brin d’encens à la main
elles se disaient
égales aux  hommes
les ouvriers rêvaient


Pour un Krishna, pour un Jésus
pour un Dylan, pour un Donavan
les hauts-parleurs jetaient l’amour


Les yeux  jetaient du rire
les oiseaux parlaient tendresse
Martin Luther faisait un rêve
Dieu dansait à nos côtés


Sur les pavés du pouvoir
les "bien-pensants" outrés
pactisaient autour des guerres


Du Chili au Vietnam
ils jouaient du crime et du napalm


Je regardais les "hommes de bien"
ils jouaient
à faire courir la mort


De Charonne au Biafra
ils étaient là à vendre leurs couteaux
à vendre leurs canons


Sur la cartographie de la misère
les grands
verrouillaient le monde
essaimaient leurs corruptions
ancraient leurs dictatures
dépossédaient les peuples
capitalisaient les étoiles
ensemençaient le futur de Forgeard* goulus
et autres détrousseurs de rêves et de richesses
ils nous préparaient leur monde.

 
*(aujourd'hui nous dirions les Carlos Ghosn et autres comparses)

 In Opus 24  Requiem pour 1968
Publié aux Éditions Chemins de Plume 

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