La mémoire du siècle
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Aucune nuit n'est plus large que le rêve
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Les VŒUX de JMS
Envers et contre tous ceux
qui côtoient le préjugé, le mal amour
envers ce Seigneur Covid
qui aimerait tant nous faire la fête
à nous noceurs de réveillons
farceurs de toute envergure
nous qui refusons d'être la farce
et la dinde de son festin
à nous enfants de la vie
en ces jours où revient
le vieux bonhomme à barbe
JE SOUHAITE
un soleil intérieur, des fleurs
des rires de santons
des parfums de Provence
et une odeur de chocolat.
Juché sur une lune rose
dans les bras du ciel
avec mon chat Léo
JE DÉCLARE
la Trève de Noël
l'heure des tendresses
l'espoir plus grand que nos rêves
et vous espère bras et cœurs ouverts
pour accueillir et partager
l'amour de ceux qui vous aiment.
Parce que je crois à tout cela.
JMS 23 décembre 2020
Je sais l'enfant brisé
le cœur froissé
je l'ai vu
dans l'inconséquence des silences
sous l'injure d'un rire
l'homme qui souffre est un enfant.
Je l'ai vu
larme rentrée, poing serré
qui allait sous le poids de l’injustice
l'âme écrasée au pressoir des espérances.
Je l'ai vu
sur le pavé des nantis
invisible au regard des indifférents
blessé au regard des apitoyés.
Je l'ai vu
brindille au feu
implorant l’agonie.
Partout, des mains fermées à la douleur
j'ai mesuré l'inconséquence des silences.
Parmi la foule de ceux qui passent
carrefour de la misère, j'ai vu le crime
embusqué dans un ressenti coupable
quand l'indifférence encage
ce qu'il y a d'humain en nous.
Ami, n'aie pas peur de la tendresse
ne crois pas forts ceux qui font leur chemin en riant
ouvre tes yeux, ouvre ton cœur
c'est tous les jours Noël au jardin du possible
quand une femme, un homme
un enfant, un être vivant, reçoit l’espoir.
Hiver été printemps
il est toujours Noël
quand au cahier du malheur
l'enfance redresse l'homme courbé.
Il est toujours Noël
quand on offre un carré de bonheur.
JMS
Photo de Rémi Tournier
incluse dans "Je me souviens", livre à paraître
de JMS (textes) et Rémi Tournier (photos)
Années 50/54
À toi ma tante, dans la distance de l'ombre
et pourtant...
Vous êtes partis.
Vous êtes tous partis…
Je gomme, je dégomme,
je m'appelle à l'imparfait des mémoires,
le temps grince comme un rêve écrasé,
le temps efface les couleurs.
Restent quelques images où le regard s'accroche,
Toi, avec ton chien, ton chat,
ton sourire et un je ne sais quoi dans ton regard
qui retient.
Une phrase jamais dite, résonne,
nous sommes-nous jamais rencontrés
en ce centre où l'éternité se fige ?
Quelque chose pourtant reste là,
dans ce sourire sans question,
il y a de la grandeur dans la fierté
à aimer un chien, un chat.
Où es-tu maintenant ?
À frontière d'une photo,
un instant de vie se cramponne.
Pénétrer ce regard, est-ce indiscret ?
Fouiller le vide et y trouver de la tendresse, cela est-il fou ?
Tu es l'écho de papier perdu dans l'immensité des Temps,
vision d'un film de vie réduit à un cliché,
et je ne suis rien d'autre qu'un moment de conscience
arrêté sur un fragment de passé,
le frisson d'un œil qui fusionne avec l'infini.
.
L'essentiel se réduit au précieux des jours,
à une image où chiens et chats qu'on aime
effacent les coups de vie.
Reste l'émouvance d'un écho où se dissout
l'image d'un siècle lointain.
Reste en moi le trouble
face à l'effrayante fugacité de cette vie,
si fragile.
jms13/12/2020
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«Qu’est-ce que tu fais ? – Je dessine une maison. – Je ne la vois pas. – Elle est invisible. – Comment tu la vois alors ? – Je ne la vois pas, je l’entends. Il y a une femme-fée dedans et elle chante. C’est sa voix que j’entends. Elle pousse les mots avec sa baguette. Elle fait reluire les plus boueux. Elle répare ceux qui n’ont plus de voyelles. Elle tricote des bas. Elle met des tuques sur les i. »La petite fille écrit en tirant le bout de la langue. On dirait qu’elle pompe l’air pour en faire de l’encre. Je commence à voir des formes, à entendre la voix. Il suffisait de regarder avec les yeux fermés, d’écouter la musique qui émane des choses.
Dans ce monde où l’on ne pense qu’à prendre, je ne veux que comprendre. Mes pages sont une maison de chiffonnier où l’on ne jette rien. Elles sont faites de bricoles, de ficelles, de voyelles à bout de souffle, de consonnes en haillons. On s’y coupe les doigts à l’ouvre-boite du rêve. Mon sang coule aux cicatrices du papier. La main pleine d’heures, je sème des secondes. La tête pleine d’orages, je lance des éclairs. Je marche avec mes mots. Je n’ai que mes phrases à offrir aux oiseaux, des images à deux jambes, des paroles à deux bras.
Merci maman, merci pour la vie, l’émerveillement, l’amour. Il me fallait deux pouces de plus pour les bras. Je ne rejoins jamais la dernière tablette. Il me fallait des oreilles moins sourdes, des paupières moins lourdes, des yeux plus verts, quelques neurones fous pour enjamber le mur. Pour le reste, ça va. Les mots sont trop petits pour la pointure de l’âme et les phrases trop courtes pour la grandeur du monde. Les manches refoulent sur l’habit des images. Il me manque des jours sur les calendriers, les chiffres des comptables, du pain pour les amis. J’ai perdu mes cheveux mais j’ai les idées larges. Pour le cœur, ça va. J’ai pris un peu du tien, la main tendue, celle qui donne ou qui caresse. Tu m’as appris les mots d’amour. Je m’en sers pour dire la révolte. Tu m’as laissé le temps, la confiance et l’espoir. Tu m’as laissé tes yeux pour voir l’invisible, la bonté sous les choses, la beauté d’une épine, la couleur des ombres. Tu m’as laissé ta soif et ta fontaine, ta tendresse et ta faim. Tu m’as appris les mots qui servent à marcher. Tu m’as donné la vie et tu m’offres ta mort pour en saisir le sens.
Jean-Marc La Frenière
extrait du recueil Un feu me hante, Éditions D'Art Le Sabord
«Qu’est-ce que tu fais ? – Je dessine une maison. – Je ne la vois pas. – Elle est invisible. – Comment tu la vois alors ? – Je ne la vois pas, je l’entends. Il y a une femme-fée dedans et elle chante. C’est sa voix que j’entends. Elle pousse les mots avec sa baguette. Elle fait reluire les plus boueux. Elle répare ceux qui n’ont plus de voyelles. Elle tricote des bas. Elle m
http://lafreniere.over-blog.com/2020/12/une-maison-de-chiffonnier.html
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Elle ne pleurera pas. Pas tout de suite. Il lui faut encore rentrer le linge, le plier, préparer un semblant de repas, changer l'eau du chat, arroser les deux jacinthes qu'elle a achetées pour Noël. Le clocher sonne six fois dans le soir d'hiver qui tombe. Elle pense qu'elle aimerait l'entendre avec lui. Elle écrit le mot seule sur la buée des vitres. La buée pleure. Pas elle, pas tout de suite. Elle pleure tellement souvent maintenant, qu'elle sait différer. Elle ouvrira les vannes plus tard, ce soir, dans son lit. Juste avant de ne pas dormir.
Ile Eniger - Les mains frêles (à paraître)
E lle ne pleurera pas. Pas tout de suite. Il lui faut encore rentrer le linge, le plier, préparer un semblant de repas, changer l'eau du chat, arroser les deux jacinthes qu'elle a achetées pour Noël. Le clocher sonne six fois dans le soir d'hiver qui tombe. Elle pense qu'elle aimerait l'entendre avec lui. Elle écrit le mot seule sur la buée des vitres. La buée pleure. Pas elle, pas tout de s
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Quand les murs sont vivants
les hommes sont en cage,
la sueur mise en gage.
Un ciel sans soleil a congédié la pluie.
Les arcs-en-ciel se terrent dans le fond des bouteilles.
La lie du désespoir leur sert de couleurs.
Le monde paie ses factures sans soigner ses fractures.
Les banques saignent l’espoir au profit de la mort.
Les enfants des banlieues braquent le désespoir
pour s’injecter du rêve.
À la Bourse des viandes le cours de la vie baisse.
Tout s’achète et se vend.
On ne donne que le sida, le cancer et la faim.
Les tiroirs caisses enterrent le chant des coloquintes.
Dans le ciel des hommes
les affiches des stars remplacent les étoiles.
Les oiseaux naissent avec du plomb dans l’aile.
De l’opéra des pauvres à la cour des miracles
les clowns grincent des dents.
Le monde sent l’essence et l’argent mal blanchi.
Laissant les vieux dans les mouroirs
et les enfants dans les couloirs
on ne verse plus de larmes qu’aux cimetières d’autos.
Il n’y a plus d’endroit
où la vie soit la vie,
où la mort soit la mort.
Tout s’achète et se vend,
même les mots et les couleurs,
même les hommes et la douleur,
les passions, les amours
et la chair des enfants.
Jean-Marc La Frenière
Quand les murs sont vivants les hommes sont en cage, la sueur mise en gage. Un ciel sans soleil a congédié la pluie. Les arcs-en-ciel se terrent dans le fond des bouteilles. La lie du désespoir leur sert de couleurs. Le monde paie ses factures sans soigner ses fractures. Les banques saignent l’espoir au profit de la mort. Les enfants des banlieues braquent le désespoir pour s’injecter du r
http://lafreniere.over-blog.com/2020/12/tout-s-achete-et-se-vend.html
Rajeunir à mon âge, me surprend,
à l'évidence maintenant je dors
comme un bébé ou comme mon chat,
je me réveille sept fois par nuit
retrouve des larmes et des rires oubliés,
je biberonne à l'espresso
et l'interdit me rend joyeux,
comme un ti-gros sur la pointe des pieds
je cours, l'aventure est au placard
chocolat, cholestérol et confitures
y fleurissent.
Mais la nuit n'oublie rien,
une pointe de tristesse
me parle encore de ma vieille Bagheera
partie ronronner au paradis des peluches.
Minuit mi-jour, la vie continue,
j'ai de nouveaux doudous
une vieille tasse ébréchée
MA cuillère à café
la scie à pain de Tataouine-les-oies
et d'autres objets,
à traverse-silence,
ils déclament l'impalpable perpétuel,
racontent les autres rives d'un temps perdu
où Moktar, Pierre et les autres, se sont égarés.
Parfois, de vieilles photos échappent au silence des oublis
il faut bien que l'on s'attache aux peaux de l'enfance
pour faire des devenirs,
c'est ma valise d'ailleurs,
je révise le passé et même pas peur !
Mon kiné me demande de faire du sport
je lui ai promis d'éloigner la cafetière de l'ordinateur
mais… "les enfants sont tous fous"*
rajeunir me surprend !
*réminiscence d'une chanson de Brigitte Fontaine
JMS nov 2020