Dans ce volet de l'émission "Trace de Lumière", Christian Malaplate interroge le poète Jean-Michel Sananès sur l'influence composite d'une écriture restituan...
Dans ce volet de l'émission "Trace de Lumière", Christian Malaplate interroge le poète Jean-Michel Sananès sur l’influence composite d’une écriture restituant l’intime des ressentis. Confidences et poésie traversent cet archipel du temps où l'auteur a caboté entre une jeunesse dans un pays en guerre, l'exil, et bientôt six décennies d'écriture où jamais ne se sont taries la passion et la force poétique.
Pas de veine ? s'étonna l’infirmier,
l'aiguille cherchait son chemin.
Soudain, le fil conducteur
d'une seringue à vocation vampirisante
se fit rouge avant de se tarir.
Panne de transmission ?
Étonné je demandais : "Ai-je le cœur sec ?",
mais, sans répondre, l'entêté acharné s'empara de mon bras droit
pourtant pas jaloux.
Et d'une nouvelle source rouge,
encore, de fil en aiguille,
se jouait une valse guillerette des globules
qui, joyeux, s'évadaient vers de nouveaux tubes.
Méthodique, l'infirmier les rangea
avant de de m’interpeller sur le pas de la salle,
me disant d'un ton entendu et d'un air compassé :
"À bientôt !"…
Effectivement, pas de veine !
La vie en images et les moteurs d'écriture de Jean-Michel Sananès, ses cris, ses mots, racontés par Christian Malaplate
Enregistré lors de l’émission Traces de Lumière sur Radio FM Plus (-91fm)
le 30 mars 2021- Montage vidéo Chemins de Plume
Émission Trace de Lumière
Christian Malaplate nous parle de Jean-Michel Sananès, poète à identités composites,
à la conscience aux sensibilités fractales, voyageur de l'exil
toujours en quête des royaumes d'utopie.
Le temps de l’émission, qui révèle la poésie engagée de l'auteur,
ne permet pas d'aborder l'ensemble
de ses thèmes centraux, tels la tendresse,
l'humour, l'impertinence des aphorismes,
et le quotidien poétique de Jean-Michel Sananès.
En ce mois de mai où le rêve
ici et ailleurs
joue son désenchantement
en Sol majeur
je vous livre quelques lignes de mon recueil de 2007
parce qu'il est des espoirs qui ne veulent pas mourir
Jean-Michel Sananès
Opus 24
Requiem pour 1968
Je croyais en Tes mondes infinis
car je suis chien de mémoire
fidèle comme le remords
Dans un ailleurs
Tu étais là
parfois je Te nommais
Je Te savais parmi nous
je chantais à Tes côtés.
Opus 24
Je me rappelle ces temps
où les Lolitas, pour un baiser
pour un tour de bras
volaient de brefs instants au banal
Un brin d’encens à la main
elles se disaient
égales aux hommes
Les ouvriers rêvaient
Pour un Krishna, pour un Jésus
pour un Dylan, pour un Donavan
les hauts-parleurs jetaient l’amour
Les yeux jetaient du rire
les oiseaux parlaient tendresse
Martin Luther faisait un rêve
Dieu dansait à nos côtés
Sur les pavés du pouvoir
les "bien-pensants" outrés
pactisaient autour des guerres
Du Chili au Viet nam
ils jouaient du crime et du napalm
Je regardais les "hommes de bien"
ils jouaient
à faire courir la mort
De Charonne au Biafra
ils étaient là à vendre leurs couteaux
à vendre leurs canons
Sur la cartographie de la misère
les grands
verrouillaient le monde
essaimaient leurs corruptions
ancraient leurs dictatures
dépossédaient les peuples
capitalisaient les étoiles
ensemençaient le futur de Forgeard goulus
et autres détrousseurs de rêves et de richesses
ils nous préparaient leur monde.
Publié chez Éditions Chemins de Plume
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Mais, mai 2021
en ce temps
où il est toujours bonheur d'être là et d'avoir des amis...
Mai, reviendras-tu
avec l'espoir de sauver le monde ?