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Article publié depuis Overblog

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

 

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Lettre à mon araignée

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

"At home"

Chez nous sur Terre,
atome, je t'habite autant que tu me composes
moi, homme,
rejeton d'algèbres et de géométries secrètes
filles d'un mystère qui paramètrent la beauté,
qui jouent de la symétrie, de l'arrondi et de la ligne droite.
Dans cet univers où les couleurs sont à la fête,
tout est fait pour enchanter
un œil plus grand que l'immensité des jours.
L'écaille reptilienne s'est fait plume, couleur et légèreté.
La fleur et ses parfums,
le chant et ses oiseaux peuplent à l'infini
une matière sidérale
sidérante qui érige ses lois
s'agite et se mémorise pour s'appeler Vie.
Dans ce cosmos qui crée,
détruit et recommence
que fais-tu,
qui es-tu petite araignée
dont l'hérédité s'est figée en une forme
venant du tréfond des mémoires géologiques ?
Qui es-tu petite araignée, toi qui,
par attachement à la vie, feins d'être une herbe morte ?
Quelle est cette conscience qui t'attache à la vie ?
Petit sable et grains, particule d'infini rebelle à l'inertie de la matière,
habitante d'une peur raisonnable qui sait les pièges qui t'entourent,
tu me regardes du haut de tes peurs,
je n'ignore pas que nous sommes frères de la peur et de l'atome,
et si le mystère plane,
toi, l'archaïque présence
dans la valse de temps universels,
petite fille du Big-Bang et du proton,
toi qui résistes à ces perversions d'une intelligence
qui, par pesticides, armes et larmes
arase le vivant.
Resteras-tu là, après nous ?

jms 27 juillet 2023

Identité : Prénom : Taitégnée - Nom de famille : Arachnide - taille : 1/2cm- Yeux : noirs multiples, brillants, vifs et perçants - Emploi :  chasseuse de moustiques - Statut juridique : assignée à résidence - Adresse : l'ombre du placard

 

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On cause

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

On cause de tout, on dit, on parle
on broie du temps sans jamais mouiller nos mots
on est un peu de l'un, pas trop de l’autre,
on va, le mot plus bas que haut
on dit que le monde devrait être beau
sans jamais s'insurger de ce qu'il est,
à être tiède on se console quand ailleurs le soleil brûle la peau,
on brade son cri, on solde sa vie pour de trop courts salaires
on lèche vitrine devant d'insolvables désirs,
et quand ils brûlent le monde, cassent les vitrines,
je me demande à quoi s'amuse la raison quand la folie joue.
Il y a le feu à la maison,
la déraison se gave des misères du monde
mais à chacun pour soi, l'horizon se noie,
mon cri s'enlarme à tuer ses rêves,
on cause de tout, on dit, on parle
on broie du temps sans jamais mouiller nos mots,
au bois, le cerf et l'oiseau crépitent
le pinson donne l’alarme et si le chasseur pleure
c'est que le feu et la mort fauchent ses plaisirs !
On vide la vie de son eau
la conscience de ses nécessités,
tous les nids ne se ressemblent pas,
là où l'avenir ferme ses faims
la niche fiscale fréquente ses paradis
Dentelles et paillettes, pourtant,
un jour devront ouvrir leurs cœurs
car il y a alarme en la maison.
On cause de tout, on parle, on dit.

JMS 26/07/2023

 

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Turbulences du rêve (rebond sur les jours de violence)

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Aux turbulences du rêve, si la sidération m'habite encore, je ne déserte pas. Je me replie, ferme la lumière, l'ombre et le cri. La blessure est intense. Je ne sais pas me résoudre au mutisme du bonheur. Je bloque, me pose sur un de ces trous de vie où l'odeur du temps rejoue son incernable tristesse, je griffe des arcs-en ciel plantés dans la colère des jours. Les hommes ont oublié le goût des fraternités, partout saignent des bouffées de haines. L'échec de l'avenir ouvre la solitude des déshérités. La soif de vivre vibre en quête d'adrénaline, la langueur de l'in-espoir est une grisaille où chavire l'heure qui passe. C'est un jeu de "triche et perd", l'agressé et l'agresseur se ressemblent. Le désarroi n'a plus de mesure, une symphonie des gris glisse, les croque-notes jouent des tendresses de mort. À "qui est qui ?", je ne choisirai pas. Je ne veux pas de fusil quand il nous faut réinventer le jour, je veux une langue de la connaissance qui renie les fausses vérités millésimées qui parlent de joues tendues et 's’inquisitionnent'. Je ne veux plus de miséricordieux qui jouent de la djihad, ou d'un Jérusalem où la mort fait ses fêtes. À "qui est qui ?", je ne choisirai pas. Je veux des mots simples, comme le pain, la farine et la levure, comme l'envie d'un sourire sur un visage étranger. Il n'y a pas d'étranger quand l'on sait la racine de l'homme partout la même, je veux l'humanité nue des identités assassines, je veux l'humain seulement habillé de la générosité du regard et de la conscience du bien.

jms

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Retour en tristesse sept ans plus tard

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Parce que les temps s'y prêtent  en souvenir d'un 14 juillet à Nice, où la mort jouait, ces personnages du grand Slobodan, artiste peintre (rue de la Poissonnerie à Nice) et un poème mémoriel.

À Nice
la musique a une odeur myosotis
parfois rouge
parfois noire
les anges ont quitté leur baie
les anges ont migré
ici et partout
ils donnent aux misères d'hier
du cœur
et jettent l'amour
sur les soleils de demain
Autour du kiosque
la musique a une odeur de myosotis
Voyageur
à Nice
l'amour refuse le naufrage
à Nice
le ciel a la couleur des cœurs

JMS


in Nissa-Nice, voyage côté rêve
aux (frais de port offerts

 

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Plaignez mon dos et les armoires

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Ces derniers jours, outre ma solitude, j'ai affronté un monstre, un surdimensionné qui aurait même impressionné Atlas s'il avait osé s'y mesurer. Oui, défiant la raison, oubliant mes limites, j'attaquais une armoire à glace du genre haute et musclée : une 4 portes, venue du siècle dernier, suffisamment énorme pour supporter 4 super miroirs teintés d'un voile sombre. Chacun d'eux semblait enfermer une profondeur obscure emplie de soleils engloutis. Mon profil de lutteur désespéré s'y reflétait, devenait spectral en y mimant mes mouvements. Regardant ces vitrages fumés, je les avais souvent soupçonnés d'être la porte d'un monde inquiétant où se perdait l'écho de mille oublis. Ne leur avais-je pas moi-même abandonné quelques rêves et quelques angoisses ? Je ne saurais le dire et je leur rends grâce de ne pas m'avoir suffisamment invité à m'aventurer dans cet envers de décor. Moi qui ne suis courageux qu'à mi-temps, je n'avais eu nulle envie d'y croiser Dracula ou un hiver astral empli de météorites dont l'un d'eux, le plus froid, devait être éclairé par La Petite fille aux allumettes. C'est sûr, mes larmes en auraient pu noyer les flammes, nous livrant à des ténèbres emplies de hurlements de loups perdus. Je ne dis pas cela pour vous effrayer mais seulement pour vous laisser entrevoir les dimensions impressionnantes de ce meuble aussi vaste que capable d'emprisonner mon passé et celui de ses précédents propriétaires. Dans ce combat, les bougres furent-ils contre moi ou attendaient-ils que je les libère ? À trop nous fréquenter, les miroirs finissent par nous enfermer en eux parmi de vieilles images qui ne nous ressemblent plus.
Quel combat ! Terrible meuble, après trois jours, encore son squelette résistait ! Faut dire qu'avant que j'en hérite, il avait eu fière allure en des pièces cossues. Hélas, des multitudes de jours et de nuits ne nous avaient pas arrangés. Mes maladresses et les déménagements avaient blessé, usé, ma belle armoire. Oui, maintenant elle prenait trop de place, il fallait bien que je me batte contre elle, que je la sorte de ma vie. Je m'y adonnais de mon mieux.
Le combat fut terrible. Ses portes de quarante kilos chacune, son toit en quadruple épaisseur de bois, se cramponnaient à la vie au point de peser des tonnes. Bien trop lourd pour moi, petit bonhomme fatigué qui pour toute haltère-(ego) d'entraînement à l'effort, n'avait qu'un stylo ! Trois jours, j'ai mis à la combattre, elle en mit autant à résister, le plus bravement possible, avant de se résoudre à redevenir planches et que, sans gloriole, je me déclare vainqueur de ce terrible combat, moi le petit homme de paille qui la mit à terre dans un coin de mon jardin, non comme une relique du passé, mais comme un objet lâchement abandonné, avec néanmoins une certaine tristesse. Mais les objets ont une vie, le savez-vous ? Je l'ai entendue gémir la vieille armoire me rappelant qu'elle m'avait accompagné avant de squatter ma vie et ma chambre trop petite pour nous deux.
Et voilà ! Le combat avait pris fin. Nous ne vivrons plus ensemble. Les hommes sont infidèles.
Fringante, déjà sa remplaçante était là. Petite princesse Ikéa, elle s'impatientait, emmitouflée dans ses cartons comme en une robe de mariée. Je ne savais pas que l'apprivoiser serait une autre terrible épreuve ! Voulant fuir les miroirs obscurs de la première, j'avais voulu la remplacer par une armoire blanche lumineuse, une Suédoise du XXIe siècle ! Innocent, je ne savais rien de toutes ses malices ! Celle-ci était une piégeuse acharnée à me contrarier ! Quatre jours passèrent : le premier pour lire un impressionnant contrat de mariage de quarante pages mentionnant l'inventaire de ses vices cachés, et les trois autres où elle faillit triompher de moi. Mais je suis têtu, je suis arrivé à la  cabrer contre un mur, sa couronne et mes doigts pincés dans des secrets de tiroirs !
Enfin une nouvelle coexistence commence, faudra se séduire, se faire les yeux doux, se méfier, s'apprivoiser. Peut-être me domptera-t-elle, m'incitera-t-elle à plus d'aptitude au rangement ? Ma vie pourra-t-elle être différente ? Y trouverai-je autant de chaussettes et de gants droits que de pieds et de mains gauches ? En attendant de le savoir, je nourris une nouvelle espérance.

jms

 

Publié dans Textes de JMS

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Un an : Un texte d'Ile Eniger

Publié le par Ile Eniger

Cet article est reposté depuis PAGES ECRITES.

Un an que nos roses ont fermé leurs paupières. Que leur parfum ne fleurit plus. Un an que notre jardin s'est dissout dans l'or d'une improbable lumière. Depuis ta dernière porte, mes mots se taisent, sidérés. Je t'écris de cette jachère de dernier labour. Je t'écris comme une qui ne sait plus écrire. L'été martèle le mauve des lavandes, le soleil aiguise le rouge des géraniums, un bras de ciel brûlant enlace les terres d'une implacable étreinte. La saison de feu plante ses banderilles. Dans cette fournaise, quelques oiseaux effrontés défient le bleu de plomb fondu. Juillet cherche l'eau. Je pourrais te parler encore de cette saison, ta préférée, où tu puisais puissance et couleur, toi, le vivant tournesol. Mais je ne sais plus dire. Je ne suis plus que ces mots pauvres de sol pauvre, traces malingres épaissies de vide. L'absence a emmené toutes les voix. Mes mains ne boivent plus à la source. Où es-tu maintenant ? Que reste-t-il de l'éblouissement ?

Ile Eniger - Les pluriels du silence - (À paraître)

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