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Gilles SERVAT - Litanies Pour l'An 2000

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

 Gilles SERVAT - Litanies Pour l'An 2000

Publié dans Ils disent

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Si le temps venait

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

À toi passé, cette chambre d'enfant

et cette carte, laissée là-bas, couverte de petits drapeaux,

portant au mur l'adresse de mes amis,

à toi ma blessure, cette maison où je n'ai pas pu retourner.

 

À toi, l'exil, ce ciel et ces palmiers qui ont porté mon ciel,

à toi, la pierre noire si souvent posée sur tant de rêves,

et à tous ceux qui les ont contrariés,

cette mémoire qui ne sait pas s'éteindre.

 

À toi ma mère, à toi mon père,

à vos attentes que je n'ai pas su honorer,

à toi mon chat qui clopine sur trois pattes,

et à tout ce que je n'ai pas sauvé

 

À toi ma femme, à toi mon cœur, et à tous ses habitants,

à la vie et ses enfants du vent, ceux du bonheur,

à ceux de la rue, à l'herbe qui résiste dans les fissures du goudron,

aux oiseaux de soif, au vieillard qui part, au prochain grain de blé

 

À ceux que j'ai blessés, aux mille rêves que j'ai fermés,

aux routes que je n'ai pas prises,

pardonnez ce petit homme échevelé

Qui rêvait trop haut, mais était parmi vous.

 

À tous, inoubliés du jardin des consciences, si je ne revenais pas,

si jamais, dans l'infini, nous ne devions plus nous revoir,

s'il arrivait ce temps des transparences et du cri muet,

à jamais je vous garderais dans mes rêves.

 

À toi l'Inachevé, aux promesses perdues oubliées,

à tout ce que j'aime que j'aurais voulu protéger,

aux étoiles et aux enfants qui viennent,

s'il me fallait partir, je vous laisserais ma tendresse forteresse.

 

À l'éternité, au souffle millénaire où sont restés les miens,

à vous frères du vivant, fils des maisons de chair que la vie nous confie, 

fils des maisons d'eau qui font les océans, à l'atome retourné à l'infini,

je dis : nous sommes le corps de la vie.

 

À vous peuples des larmes disparues et du futur à naître,

je demanderais de pardonner, d'aimer,

plus grand que la vie, plus grand que le passé et le futur,

de vous aimer, aussi grand que vous-mêmes.

 

Car, ensemble, nous sommes la seule espérance.

 

JMS

Publié dans JMS - A paraître

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René Guy Cadou - extrait

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

« Tu venais de si loin derrière ton visage
Que je ne savais plus à chaque battement
Si mon cœur durerait jusqu'au temps de toi-même
Où tu serais en moi plus forte que mon sang »

René Guy Cadou - extrait

Publié dans Ils disent

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Nice 14 juillet

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Nice, un an déjà et rien d'autre que l'amertume, non pas contre une religion, non pas contre une couleur,  non pas contre la globalité de la différence, cette différence qui fait que Nice est à elle seule un petit peuple aux mille composants héréditaires, mais amertume contre une douleur sournoise qui ne se referme pas.
À Nice, que de chemins parcourus depuis l'homme de Grimaldi ce vieil homo sapiens qui habita notre région, que d'hésitations au travers de ces siècles où se sont croisés, rencontrés, mélangés et hélas affrontés : Gaulois, Romains, Italiens, Turcs, Français et Niçois, depuis le triomphe de la petite cathare de Ségur
1, depuis son repeuplement par les marchands portugais2, et plus récemment par l'arrivée des rapatriés et des réfugiés.
Que de chemins de misères et d'espoirs, pour faire une ville, un univers, où les gens puissent apprendre la joie et l'envie de goûter à la culture de l'autre, de partager sa richesse culturelle, ses chants, ses rêves, sans juger, et loin de cette insupportable suffisance culturelle qui envahit et pollue le bonheur, pour certains d'entre nous, d'être un homme accepté de tous.
Que de chemins, pour qu'à Nice et partout en France et dans le monde, chacun puisse essayer de porter, en son cœur, la volonté et l'espoir de voir ses enfants devenir des hommes de compassion, des porteurs d'humanisme solidaires de toute vie.
Nice, un an déjà, et rien d'autre qu'une douleur au lendemain de l'horreur des ces crimes sur la Promenade des Anglais. Rien d'autre qu'un immense malaise à voir la valse des burkas et des voiles noirs arborer les couleurs de l'odieux dans certaines grandes surfaces ce que j'ai ressenti comme un message de solidarité avec ceux qui violent, mettent en esclavage, tuent et égorgent, ailleurs, ceux qui n'ont pas épousé leur religion et, ceux qui n'ont pas adopté leur fanatisme.
Certes l'Histoire est pleine de crimes, guerres de religions, haines ancestrales, pogroms, peuples massacrés, au nom d'idéologies et de devoirs sacrés, mais n'avons-nous donc encore rien appris ? Devrions-nous, encore aujourd'hui, accepter que la bonté et l'empathie que porte la conscience humaine, flétrissent sous l'influence d'un culturel identitaire nourri de la détestation de l'autre ?
Aujourd'hui, jour commémoratif de la blessure à Nice, je dis qu'il nous faut cultiver le droit à douter et à acquérir un savoir multiculturel, loin de l'impérialisme des dogmes de cultures égocentriques, et cela tant que l'éducation n'aura pas confronté ces dogmes à l'incontournable savoir que nous offre la science.
Aujourd'hui, à Nice, comme à Paris, à Mossoul, et ailleurs, cette blessure est encore le fruit de barrières culturelles et d'un obscurantisme non traités. Encore aujourd'hui, certains enfants du monothéisme s'attachent à croire que la terre est plate, qu'elle fut créée et livrée en l'état il y a moins de huit mille ans, que la femme, pauvre chose née de la côte d'un homme, n'est qu'une subordonnée du sexe fort. Victimes de leurs cultures et englués dans un devoir identitaire, certains s'y accrochent et seraient encore prêts à participer à des crimes contre leurs prochains, leurs voisins, leurs amis d'enfance et de village, à des crimes contre l'humanité.
D'Auschwitz à Srebrenica, Damas, Téhéran, ou ailleurs, des hommes ont versé le sang des hommes. En Afrique, en Hongrie, en Orient, partout dans le monde, ils sont encore là, sous des bannières différentes, à vouloir raboter le droit à la liberté de conscience, le droit à la vie, de ceux qui, riches de la diversité, s'opposent à leurs croyances et des paranoïas identitaires.
Le regard de l'homme sur l'homme sera rarement bienveillant tant que le religieux et le politique soumettront à leurs censures le nécessaire enseignement d'une argumentation laïque permettant une approche des vérités scientifiques et historiques en contradiction avec les idéologies et les croyances dogmatiques.
Qu'attend-t-on pour enfin permettre une éducation à la Laïcité, en priorité ? Éducation pour la liberté de conscience où chacun pourrait faire ses choix librement afin que l'homme puisse enfin sortir de bornages religieux et idéologiques dangereux ?
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1 D'après un journal gratuit qui racontait l'histoire de la petite Maufaccia (mal faite) dite Catherine Ségurane (Légende ou histoire que chacun se serve)
2 Arrivée à Nice, après son dépeuplement par la grande peste, des Juifs espagnols et portugais pourchassés par l'Inquisition sous le pudique dénominatif de "Marchands portugais"

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Jean-Marc La Frenière

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Dans le bol d'un crâne

Les enfants jouent à la marelle là où les pas des vieillards grignotent l'espérance. Le revolver du temps nous tire dans le dos avec ses balles chargées de sang. Que pouvons nous y faire? Nos mots ne sont que des balles à blanc. Ils traversent la nuit et finissent en phalènes. La vie se vide de sa substance dans le bol d'un crâne. Ce qui commence n'a pas d'avenir sinon celui de la mort. N'ayant pas de pays, je suis en exil chez moi. J'habite le fond de mes poches, un doigt dans le trou par où s'échappent les sous. J'écris n'importe quoi, n'importe quoi et le reste, n'importe quoi et rien. C'est comme une eau qui coule, le sang d'une blessure, la sève s'épanchant d'une entaille. Tout s'agite autour de moi. Je m'attarde à regarder passer les heures. Certaines minutes traînent la patte. Des instants tombent en vol comme les oiseaux du temps. Même quand elles ne font rien, les heures font du bruit. J'attends mon tour à l'hôpital. J'ai une enflure au désespoir, un oedème à la voix.

Publié le par Jean-Marc La Frenière

Publié dans Ils disent

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Le monde n'est pas "une gare" !

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Monsieur le Président,
Le monde n'est pas "une gare".
Il  ne devrait jamais être cette triste gare où, d'un regard, on peut trier les gens qui "réussissent" et les gens qui "ne sont rien".

Y a-t-il deux univers ?
Celui de votre miroir et celui de ceux qui n'y entreront jamais ?
Celui des gens du rien et ceux du beaucoup de biens ?

Avez-vous tracé frontière entre les hommes chair à canon et à exploiter qui, dites-vous, "ne sont rien", et ceux qui, cachés dans des assemblées aristocratiques, "réussissent " et organisent le partage des richesses en privant le monde du labeur d'une vie décente, le spoliant parfois du droit à une maison, à se nourrir correctement, et à espérer un avenir pour ses enfants ?
 
Y a-t-il votre monde, Monsieur le Président, réservé à ceux qui "réussissent", et dans
un ailleurs virtuel, mon monde avec des gens de cœur qui naviguent à la godille entre les contraintes et un bonheur de vivre que chaque jour vous éloignez ?

Y a-t-il deux mondes, Monsieur le Président, celui que vous présidez où le vieux capitalisme raisonné d'une France de l'égalité des chances reçue en héritage de nos parents est vendu à une horde de cols blancs que l'on invite dans les bureaux de Bercy quand ils détournent des millions ? Et l'autre monde, celui de chez nous, où l'on condamne un homme à huit mois de prison pour une pomme volée dans une voiture ?

Quel est votre rêve Monsieur le Président quand les spoliateurs d'avenir, ceux qui ont "réussi", font main basse sur les richesses globales et  marchandisent le labeur des faibles ? Quand l'internationale des profits brade la vie et la santé à la criée du moindre coût ?

Comment me jugez-vous Monsieur le Président, moi qui n'aurai jamais de Cartier, qui ai connu l'angoisse des jours chômés, les huissiers, et ces fins de mois où il faut rester debout pour ne pas abandonner les siens ?
Où me classez-vous, moi, homme de peu, qui croit que le respect, la compassion, l'amour et l'espoir prévalent sur les ambitions cannibales des sociétés de pouvoir ?
 
Je suis triste, Monsieur le Président, quand je vois une femme ou un homme qui grelotte
en cherchant un abri "de fortune" pour la nuit. L'humanité désespérée qui pâlit dans leurs yeux est ma blessure. Et vous ? Qu'y voyez-vous ?

Oui, Monsieur le Président, dans mon monde, il y a des gens qui réussissent et d'autres que l'on a abandonnés, il y a des hommes de cœur avec du bien et des modestes qui portent une espérance globale, il y des comptables et des poètes, des oubliés et des enfants qui espèrent.
Chez moi, il n'y a pas de "gare" où l'on peut croiser "ceux qui réussissent et ceux qui ne sont rien", il n'y a que mes frères humain, leurs désespoirs et leurs rêves.

N'en sacrifiez aucun, Monsieur le Président, il n'y a pas de gens de rien !

 

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