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Pierrot n´y peut rien

Publié le par Cheval fou (Sananès)

Se créa la vie
le vent, l'espace, la terre, le silence
le matin, le jour, la nuit, l´infini
et la forme cosmique du sourire
Lundi

Se créa la pomme, le miel, les animaux, le ciel
les premières couleurs de la tendresse
le pouvoir de marcher, l´envie de pleurer
le chant des étoiles, le rire, et l´aimer
Mardi

Se créa l´heure venue, le sens, le bon, le mauvais
des fragments de conscience
des montagnes d´indifférence
Mercredi

Se créa la créature, le pouvoir d´aller plus loin
l´avidité comme un manteau à sa taille
elle s´appela homme
il alla trop loin
Jeudi

Se créa la colère
la peste des virus, et des trous noirs
Vendredi

Se créa le chagrin, et l´eau pour s´y noyer
Samedi

Quand se créa le remords
la lune se pendit à un rayon
Dimanche

Pierrot n´y peut rien
Si l´encre est un peu triste.

JMS - In : "Derniers délires avant inventaire" - Editions Chemins de Plume - 12 Euros

Publié dans Textes de JMS

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Écoute

Publié le par Cheval fou (Sananès)

Écoute la nuit qui se froisse.

Les continents perdus effacent leur route.

Enfant je parcourais le rire

j’avais un vaisseau fantôme

la carte du ciel et des mondes engloutis

je craignais les dessins de l’ombre

je pactisais avec l'ange et le démon

j’aimais les soleils froids et les matins d’avril

Écoute,

la nuit monte de de vieilles étoiles

le ciel grince comme une solitude endeuillée

j’habite la lisière, je trace des frontières

j'ai soir

j'ai gris

je traîne comme une vieille torpeur

j’ai  mal au sud

j’ai mal à l’est et au cœur

Main gauche, ligne du destin

La carte était froissée

Main droite

le vent ne fait que passer

Perdu l’oasis du rire

le jour est venu et je me suis perdu.

JMS - In : "Derniers délires avant inventaire" - Editions Chemins de Plume - 12 Euros

Publié dans Textes de JMS

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Amérique

Publié le par Cheval fou (Sananès)

Amérique Amérique
Amérique, je n'oublie rien
de l'hiver des indiens
Amérique Amérique
Amérique je n'oublie rien
du coton des larmes
je n'oublie rien
de ceux qui tuèrent les Kennedy
Encore j'entends Luther

Amérique Amérique
avec toi
un jour de 1944 Paris dansa

Amérique Amérique
ce jour de 2008
le monde  chante avec toi

Amérique Amérique
Aujourd'hui j'ai pris une leçon d'espoir
un jour je veux croire
nous serons plus frère que frère.

JMS - In "Plus frère que frère" - Editions Chemins de Plume - 12 Euros

Publié dans Textes de JMS

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Comme un oiseau

Publié le par Cheval fou (Sananès)

Photo A. Richard

Comme un oiseau qui regarde la mer
Les pieds posés sur le silence d'une rive
Les rêves plus grands que l'horizon
Au seuil d'un pourquoi
J'ai arrêté le monde
Rien n'est plus grand que la question.
JMS

Publié dans Textes de JMS

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Jean-Marc La Frenière

Publié le par Cheval fou

Aphorisme
La morale m'inquiète beaucoup plus que la folie et le rêve bien moins que la normalité.

Publié dans Ils disent

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Discours du Chef Seattle

Publié le par Cheval fou (Sananès)

Réponse, en 1854, de Seattle, chef des tribus Duwamish et Suquamish, au gouverneur Isaac Stevens

***
Comment pouvez-vous acheter ou vendre le ciel, la chaleur de la terre ?

L'idée nous paraît étrange. Si nous ne possédons pas la fraîcheur de l'air et le miroitement de l'eau, comment est-ce que vous pouvez les acheter ?

Chaque parcelle de cette terre est sacrée pour mon peuple.

 

Chaque aiguille de pin luisante, chaque rive sableuse, chaque lambeau de brume dans les bois sombres, chaque clairière et chaque bourdonnement d'insecte sont sacrés dans le souvenir et l'expérience de mon peuple.

La sève qui coule dans les arbres transporte les souvenirs de l'homme rouge.

 

Les morts des hommes blancs oublient le pays de leur naissance lorsqu'ils vont se promener parmi les étoiles. Nos morts n'oublient jamais cette terre magnifique, car elle est la mère de l'homme rouge. Nous sommes une partie de la terre, et elle fait partie de nous. Les fleurs parfumées sont nos soeurs; le cerf, le cheval, le grand aigle, ce sont nos frères. Les crêtes rocheuses, les sucs dans les prés, la chaleur du poney, et l'homme, tous appartiennent à la même famille.

 

 

Aussi lorsque le Grand chef à Washington envoie dire qu'il veut acheter notre terre, demande-t-il beaucoup de nous. Le Grand chef envoie dire qu'il nous réservera un endroit de façon que nous puissions vivre confortablement entre nous. Il sera notre père et nous serons ses enfants. Nous considérons donc, votre offre d'acheter notre terre. Mais ce ne sera pas facile. Car cette terre nous est sacrée.
Cette eau scintillante qui coule dans les ruisseaux et les rivières n'est pas seulement de l'eau mais le sang de nos ancêtres. Si nous vous vendons de la terre, vous devez vous rappeler qu'elle est sacrée et que chaque reflet spectral dans l'eau claire des lacs parle d'événements et de souvenirs de la vie de mon peuple. Le murmure de l'eau est la voix du père de mon père.
Les rivières sont nos frères, elles étanchent notre soif. Les rivières portent nos canoës, et nourrissent nos enfants. Si nous vous vendons notre terre, vous devez désormais vous rappeler, et l'enseigner à vos enfants, que les rivières sont nos frères et les vôtres, et vous devez désormais montrer pour les rivières la tendresse que vous montreriez pour un frère. Nous savons que l'homme blanc ne comprend pas nos mœurs. Une parcelle de terre ressemble pour lui à la suivante, car c'est un étranger qui arrive dans la nuit et prend à la terre ce dont il a besoin. La terre n'est pas son frère, mais son ennemi, et lorsqu'il l'a conquise, il va plus loin. Il abandonne la tombe de ses aïeux, et cela ne le tracasse pas. Il enlève la terre à ses enfants et cela ne le tracasse pas. La tombe de ses aïeux et le patrimoine de ses enfants tombent dans l'oubli. Il traite sa mère, la terre, et son frère, le ciel, comme des choses à acheter, piller, vendre comme les moutons ou les perles brillantes. Son appétit dévorera la terre et ne laissera derrière lui qu'un désert.
Il n'y a pas d'endroit paisible dans les villes de l'homme blanc. Pas d'endroit pour entendre les feuilles se dérouler au printemps, ou le froissement des ailes d'un insecte. Mais peut-être est-ce parce que je suis un sauvage et ne comprends pas. Le vacarme semble seulement insulter les oreilles. Et quel intérêt y a-t-il à vivre si l’homme ne peut entendre le cri solitaire de l’engoulevent ou les palabres des grenouilles autour d'un étang la nuit ? Je suis un homme rouge et ne comprends pas. L'Indien préfère le son doux du vent s'élançant au-dessus de la face d'un étang, et l'odeur du vent lui-même, lavé par la pluie de midi, ou parfumé par le pin pignon.
L'air est précieux à l’homme rouge, car toutes choses partagent le même souffle.
La bête, l'arbre, l'homme. Ils partagent tous le même souffle.
L'homme blanc ne semble pas remarquer l'air qu'il respire. Comme un homme qui met plusieurs jours à expirer, il est insensible à la puanteur. Mais si nous vous vendons notre terre, vous devez vous rappeler que l'air nous est précieux, que l'air partage son esprit avec tout ce qu'il fait vivre. Le vent qui a donné à notre grand-père son premier souffle a aussi reçu son dernier soupir. Et si nous vous vendons notre terre, vous devez la garder à part et la tenir pour sacrée, comme un endroit où même l'homme blanc peut aller goûter le vent adouci par les fleurs des prés. Nous considérerons donc votre offre d'acheter notre terre. Mais si nous décidons de l'accepter, j'y mettrai une condition : l'homme blanc devra traiter les bêtes de cette terre comme ses frères.
Je suis un sauvage et je ne connais pas d'autre façon de vivre.
J'ai vu un millier de bisons pourrissant sur la prairie, abandonnés par l'homme blanc qui les avait abattus d'un train qui passait. Je suis un sauvage et ne comprends pas comment le cheval de fer fumant peut être plus important que le bison que nous ne tuons que pour subsister.
Qu'est-ce que l'homme sans les bêtes ?. Si toutes les bêtes disparaissaient, l'homme mourrait d'une grande solitude de l'esprit. Car ce qui arrive aux bêtes, arrive bientôt à l'homme. Toutes choses se tiennent.
Vous devez apprendre à vos enfants que le sol qu'ils foulent est fait des cendres de nos aïeux. Pour qu'ils respectent la terre, dites à vos enfants qu'elle est enrichie par les vies de notre race. Enseignez à vos enfants ce que nous avons enseigné aux nôtres, que la terre est notre mère. Tout ce qui arrive à la terre, arrive aux fils de la terre. Si les hommes crachent sur le sol, ils crachent sur eux-mêmes.
Nous savons au moins ceci : la terre n'appartient pas à l'homme ; l'homme appartient à la terre. Cela, nous le savons. Toutes choses se tiennent comme le sang qui unit une même famille. Toutes choses se tiennent.
Tout ce qui arrive à la terre, arrive aux fils de la terre.
Ce n'est pas l'homme qui a tissé la trame de la vie : il en est seulement un fil. Tout ce qu'il fait à la trame, il le fait à lui-même.
Même l'homme blanc, dont le dieu se promène et parle avec lui comme deux amis ensemble, ne peut être dispensé de la destinée commune. Après tout, nous sommes peut-être frères. Nous verrons bien. Il y a une chose que nous savons, et que l'homme blanc découvrira peut-être un jour, c'est que notre dieu est le même dieu. Il se peut que vous pensiez maintenant le posséder comme vous voulez posséder notre terre, mais vous ne pouvez pas. Il est le dieu de l'homme, et sa pitié est égale pour l'homme rouge et le blanc. Cette terre lui est précieuse, et nuire à la terre, c'est accabler de mépris son créateur. Les Blancs aussi disparaîtront ; peut-être plus tôt que toutes les autres tribus. Contaminez votre lit, et vous suffoquerez une nuit dans vos propres détritus.
Mais en mourant vous brillerez avec éclat, ardents de la force du dieu qui vous a amenés jusqu'à cette terre et qui pour quelque dessein particulier vous a fait dominer cette terre et l'homme rouge. Cette destinée est un mystère pour nous, car nous ne comprenons pas lorsque les bisons sont tous massacrés, les chevaux sauvages domptés, les coins secrets de la forêt chargés du fumet de beaucoup d'hommes, et la vue des collines en pleines fleurs ternie par des fils qui parlent.

Où est le hallier ? Disparu. Où est l'aigle ? Disparu
La fin de la vie, le début de la survivance.

Chef Seattle, (1786-1866)

 

 

Publié dans Ils disent

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Plus frère que frère

Publié le par Cheval fou (Sananès)

Nous n´avons pas été nourris des mêmes livres
Nous n´avons pas bu le même lait
Nous n´avons pas bu la même eau
Nous n´avons pas partagé les mêmes minutes

Un peu berbère un peu indien un peu arabe
Je te donne mon étoile et le ciel
Je te donne mes douleurs de terre et de sang
Et cet amour qui va d´Est en Ouest

T´appelles-tu Seattle, Hugo
La Frenière, Neruda ou Beaucarne
Je te donne mes douleurs
Et la médiane de mes rêves
Les millénaires ne comptent pas

Un peu berbère un peu indien un peu arabe
Nous avons tous eu la même mère
Celle qui porte le vent et les nuages
Nous sommes plus frère que frère
Nous avons vu les mêmes étoiles

T´appelles-tu Seattle, Hugo
La Frenière, Neruda ou Beaucarne
La mémoire est remplie du chagrin des hommes
Nous entendons gémir la terre
Tous nous traversons les nuits du vent

Nous n´avons pas été nourris des mêmes livres
Nous n´avons pas bu le même lait
Nos veines saigneront du sang et les douleurs du vent

Un peu berbère un peu indien un peu arabe
Je te donne mon étoile et le ciel
Et cet amour qui va d´Est en Ouest
Afin qu´Hommes nous soyons
Hommes plus frère que frère
Sur cet arpent de vie qui longe les millénaires.

JMS - In "Plus frère que frère" - Editions Chemins de Plume - 12 Euros

 

Publié dans Textes de JMS

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Québec, 5 heures

Publié le par Cheval fou (Sananès)

5 heures dans ma mémoire
et toi
et ce bateau qui t’avale et cette misère qui t’exporte
et ce mouchoir qu’on agite
5 heures et cette femme ancrée au désespoir
c’est une veuve en blanc
qui reste clouée à un nuage de larmes
et toi
qui enterres l’eau sous des sourires froissés
en bas ce quai qui ploie sous la frayeur des lendemains
ces mots et ce vieux cahier que tu emportes
et l’improbable promesse que tu graves
je reviendrais, disais-tu

Un siècle et 5 heures sont passés, j’ai la mémoire alevine
ici le temps est une rivière que le saumon remonte
toi tu frémis dans ce vieux cahier
linceul de papier où périssent d’improbables promesses
des pages arrachées, lettres jamais arrivées, jamais parties

Québec, j’écoute bouillir le silence des loups
tu vibres et hurles entre mes dents
je suis de toi, l’Ancien
empli de ces mots de tempête et de vent
venus de l’Est des mémoires
je te lis dans le français du verbe aimer
je te lis sur les pages d’un livre jamais refermé
tu es le mot qui coule dans mes veines
le naufrage jamais consommé
je suis la veuve en blanc sur la route des larmes
le bateau qui ne fermera jamais l’exil

La mer océane t’a mangé
pour que naisse un ailleurs plus grand que nos rêves
un printemps au Québec

Pour moi il est toujours 5 heures.

JMS - In "Plus frère que frère" - Editions Chemins de Plume - 12 Euros
 

Publié dans Textes de JMS

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La nuit du serpent

Publié le par Cheval fou (Sananès)

La nuit du serpent s’étire entre des arbres secs
il n’est pas d’heure et l’aurore n’en finit pas de s’éteindre

Rien de nouveau, j’ai découpé le ciel
il fait mort dans les lointains d’Angola
il fait mort quand les milices courent

Les anges ne pleurent plus

J’irai hurler dans les nuits du Darfour
ce soir je veux vomir du dollar
casser des étoiles et tuer des lunes hilares
Paris caresse des compassions passives et des messes latines

J’ai vu le profil des étoiles, les arrières salles et la bière qui coule 
le serpent chevauche l’inutile du rire et des rizières sans enfants
le sable est un linceul
le sel est un éclat de rire
le sillage des flèches ne déchire pas le ciel
ma peau sent le vendredi et Mozart vide des cascades

Rien
le chemin du vent calibre la mort devant la pierre ivre
ma colère se ride comme rictus d’éternité
Mozart est mort j’ai traversé le ciel
ivre

La nuit vient d’Amérique et les indiens pleurent.
JMS - In "Plus frère que frère" - Editions Chemins de Plume - 12 Euros

Publié dans Textes de JMS

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Le manifeste du pélican - JMS

Publié le par Jean-Michel Sananès

Moi,
l'homme pélican, l'homme cosmique
Moi
l'homme chat, l'homme maïs, l'homme grenouille, l'homme hibou
Je déclare que l'univers, la terre, ses fruits et ses ressources
sont la propriété inaliénable de tous les peuples, de toutes les espèces
de tout
ce qui est du monde des vivants
Je déclare que l'univers, la terre, ses fruits et ses ressources
sont la propriété inaliénable du vent
que l'on empoisonne
de la mer
qui pleure
des étoiles
que l'on souille
 …/…
Moi
l'homme ni ange ni bête, l'homme animal
l'homme conscient
Je déclare
que la douleur n'est pas fatale, que le statu quo n'est pas final
Je déclare
qu'aucune puissance, aucun trust
aucun gropuscule d'affairistes corrompus
aucun accaparateur
n’a droit à exploiter à son seul profit
les richesses communes
Je déclare
qu'aucun législateur n'a légitimité pour
cautionner, gérer, organiser
la spoliation
des peuples de la vie
n'a légitimité à parrainer
le démantèlement de notre patrie
la Terre

Moi
l’homme serpent, l'homme cheval, l'homme machine, l'homme affamé
l'enfant esclave
J''affirme
que le pouvoir de l'argent et des armes,la peur et la violence
ne légalisent ni la corruption
ni la douleur des forêts
ni la dépossession des peuples

Qui jouit et pollue
saigne le pétrole, arrache l'or et les diamants
commet un crime
quand les enfants ont faim

Moi
l'homme pélican, l'homme cosmique, l'homme chat, l'homme maïs
Je réclame
le droit de l'ortie
le droit de la forêt
le droit de l'enfant des banlieues
de l'enfant de la brousse …/…
JMS
Extrait de : Le Manifeste du Pélican - Editions Chemins de Plume - Petite collection -  10€

Publié dans Textes de JMS

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