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Là où les matins m'attendent

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Si mon permis d'être
un jour ou demain
m'ouvrait un autre là-bas
que j'y arrive en me pinçant le cœur et l’âme

Si mon permis d’être
fermait mon ici
qu'il y ait un là-bas
je voudrais être
parmi ceux qui m’aiment et que j'aime
aux côtés de tous ceux qui ont eu
la conscience plus forte que la foi
le cœur plus large que l’ego
le doute plus grand que les certitudes
je voudrais être
avec les pêcheurs qui ont donné du pain aux oiseaux
les enfants qui ont pleuré pour un bonnet d'âne ou une gifle imméritée
ceux qui ont mendié et volé pour manger
et avec tous ceux qui les ont aimés et qui connaissent les routes du pardon

Si mon permis d'être
un jour ou demain, m'ouvrait un autre là-bas
je voudrais être
parmi ceux qui ont voyagé dans la détresse des hommes
ceux qui savent que les peuples martyrs doivent réapprendre à chanter
ceux qui se sont fait voler des larmes et des enfants à la guerre
Et tous ceux qui gardent encore un cri contre l'injustice

Si jamais mon permis de vivre s'épuisait
je voudrais être
parmi mes chats, et ceux qui m’aiment et que j'aime
ne jamais oublier leurs voix, leurs couleurs
leurs pleurs, leurs rires
leurs images

Je serai là où les matins attendent.

 

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Chambre 12

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Chambre 12

Tu es là ma mère,
comme un frisson mémoire
où vibre ma jeunesse

Tu es là, ma mère, accrochée à ce souffle
Qui coule d'un filament diaphane
Où suinte un filet de vie

Tu es là ma mère
Au mur, quelques photos
Et ton doigt qui désigne
Mon père, dis-tu
Encore tu fouilles dans l'absence


Tu es là, ma mère, mon orpheline
Qui cherche un père
Pour te prendre la main
Et te conduire dans cet improbable
Où repose la conscience

Tu es là, ma mère, mon orpheline, ma muette.

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Le vent de l'ailleurs t'appelle... ma mère

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

L'été s'est arrêté aux fenêtres
De minces filets de lumière déchirent l’ombre
L'heure ralentit
Venues de l'ailleurs du vent
De vieilles inquiétudes et de vieilles joies s'attardent
Venue de l'ailleurs du vent
Ma mère est là

Dans un pathétique tête à tête
Où la vie passe à contrejour
L’espoir et le néant
Orchestrent les métamorphoses de l’invisible
Sa main dans ma main
Ma mère s'agrippe à des heures incertaines

Encore une fois un oiseau s'est posé entre mes doigts
Son regard émiette des images et des odeurs écornées
Déconnectées de l’espérance
Une moisson de souvenirs joue la jachère
Ses rêves ont tant pâli
Qu’ils émergent d'un silence d’iceberg
 
Ses joues sont froides
Nos cœurs se glacent

Remonte un temps ancien
Où déjà mon père avait accosté ma main
Avant que son regard ne se dissolve
Dans un crépuscule de regrets
Et d'insipides espoirs

Ma mère est là

Et son cœur cogne
Elle a peur et me demande de la suivre
Que répondre à ce projet d'éternité à deux ?
Que dire à une main qui désarrime sa force et se cramponne ?
Que dire au désarroi
Et à cette ombre où grince la permanence des douleurs ?
 
J'ai peur
J'ai peur des tumultes inoubliés
 
Une petite fille n'en finit pas de chercher un père
 
J'ai peur
J’ai peur de ses peurs
J'ai peur de ma peur
 
Reste, ne me lâche pas, me dit-elle

Main dans ma main
Ses mots muets me claquent aux yeux
Plus forts que la prière  
Que t'a-t-on volé ma mère ?
Qui éteint la lumière ?
 
Et les cieux !
Où sont-ils, si près, si loin de ce lit ?
 
Ma mère murmure
Ses mots s’évadent
Un pâle sourire griffe mon âme
Ravive des temps que je ne saurai oublier
 
N'aie peur de rien, ma mère
Où que tu ailles
Un jour j’irai
Le présent n'a pas de cage.

 

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