Vœux 2012
dessin jms
Aucune nuit n'est plus large que le rêve
Silence s’écoutait, s’étirait dans l’ombre de l’horloge. Il se mesurait, se comparait à la taille du ciel et des nuages, réfléchissait. Était-il aussi profond qu’on le dit ? Silence pensa aux imbéciles qui le croyaient muet, lui qui inlassablement se parlait sans dire mot. Un frisson de peur soudain le fit frémir, un petit bruit frappait à sa porte. Non pas un petit bruit : un sorte de bruit vagabond ou de bruit qui court, plus exactement : une petite phrase.
Silence s’inquiéta : était-ce un bruit perdu, une phrase solitaire, ou un horrible traqueur de silence, un de ces massacreurs de quiétude qui peuplent les villes ? Avait-on découvert son refuge ?
Laissant peu de place à l’indésirable, Silence se fit tout petit. Il ne voulait rien écouter.
Petite Phrase criait : "ouvre-moi ta porte, je suis fatiguée, épuisée, laisse-moi partager ta solitude". En matière de silence, elle s’y connaissait Petite Phrase, elle savait que Silence n’aimait pas partager sa solitude. Pourtant elle insista : "ouvre-moi ta porte".
Prudent, Silence avait fermé ses oreilles, sa porte, et verrouillé son cœur à double tour. Mais Petite Phrase grattait aux oreilles, griffait les murs du château de Silence, se lamentait, pleurait au pied du donjon : "laisse-moi entrer, laisse-moi me réfugier", suppliait-elle ;
"la grande armée de Vacarme me pourchasse ; je ne suis que le murmure d’un poème, je ne te blesserai pas".
Petite Phrase pleurait : "si tu n’ouvres pas ta porte, je serai pareille à une larme que la rivière avale, comme elle, je me dissoudrai, me noierai dans l’océan et la foule des chahuts".
Apeurée, elle interpellait de plus belle : "Silence, connais-tu le désarroi des petites phrases inécoutées, des idées perdues, l’angoisse des mots égarés ? S’il te plait Silence, protège-moi, je ne suis que les mots d’un poème, la cohue et le bruit me tueront".
Rien ne faisait, Silence ne bronchait pas :
"Tu ne sais rien de la horde qui me poursuit", continuait Petite Phrase, "les Toni truands et leurs motos, le vibraphone et ses marteaux, les violons et leurs archets, une famille d’épinettes, de flûtes traversières, et même Pan, sont à ma poursuite". Elle rajouta : "la Grande Rumeur et ses mille langues, la foudre et les bruits qui courent, aussi sont à mes trousses".
Insupportable litanie ! Silence l’avait écouté de sa plus petite oreille, pourtant il fut ému au point que les verrous de son cœur se brisèrent et qu’il ouvrit sa porte.
C’est ainsi que se fit leur curieuse rencontre.
Silence et Petite Phrase cohabitèrent comme le tic et le tac d’une horloge.
Petite Phrase murmurait de brèves paroles puis laissait place à Silence le temps d’un soupir. Sitôt après, elle égrenait un autre chapelet de mots et cela rythmait leur vie.
Silence parfois se demandait s’il avait été raisonnable d’écouter son cœur : était-il naturel que Silence sauve Petite Phrase ? Immanquablement, cette pensée lui faisait déverser de longs soupirs.
En fait Silence et Petite Phrase s’apprivoisaient et ils s’étaient tant habitués l’un à l’autre qu’ils se marièrent et eurent un enfant qu'en raison de sa petite voix, ils nommèrent : Sourdine.
Évidement, Sourdine, comme son nom l'indique, ne parlait qu’en sourdine. Petite Phrase lui avait légué sa voix à poèmes, et Silence, sa voix intérieure, celle que certains appellent la voix du cœur.
L’harmonie régna jusqu'à ce que Sourdine explore le monde, car aussitôt les princesses, les faunes et les lutins vinrent l’écouter. Ses mots et ses silences croisés étaient si beaux que tous se croyaient à la fête. On eut dit des sortilèges de bonheur.
Son succès fut tel qu’il en devint dévastateur. Princesses, faunes, lutins, venaient de partout et tous répétaient en cœur ses paroles, tous voulaient les mettre en chanson, en musique, en symphonies. Les princesses, les faunes, les lutins ne savaient pas qu’il n’est pas besoin de dire fort les choses pour qu’elles soient belles et grandes. Aucun d’entre eux ne savait que les mots doux parlent mieux au cœur que le grand vacarme.
Cependant, la voix de Sourdine reprise par tous, devint une rumeur grandissante, tant et si bien que le Grand Chahut, la Cohue, le Tohu-Bohu assiégèrent bientôt la forteresse de Silence et Petite Phrase. Les Toni truands et leurs motos, le vibraphone et ses marteaux, les violons et leurs archets, une horde d’épinettes, de flûtes traversières, et même Pan, furent de la fête. La Grande Rumeur et ses mille langues, la foudre et les bruits qui courent, les avaient aussi rejoints. L’orgue de Barbarie parlait si haut, si fort, que Silence se bouchait les oreilles. Terrorisé il devenait si petit que Petite Phrase fut contrainte de le blottir dans ses mots pour le protéger. Sourdine, désolée, s'efforçait de ne pas pleurer.
Quand la nuit terrible s’acheva, que le Grand Vacarme, le Grand Chahut, la Cohue, le Tohu-Bohu, les Toni truands et leurs motos, le vibraphone et ses marteaux, les violons et leurs archets, une horde d’épinettes, de flûtes traversières, Pan, la Grande Rumeur et ses mille langues, la foudre et les bruits qui courent, l'orgue de Barbarie, furent assoupis, Petite Phrase se fâcha, dit une bordée de gros mots, bien trop gras pour entrer dans son vocabulaire habituel, puis elle ouvrit son plus beau poème et partit sur la pointe des pieds. Silence et Sourdine s’enfuirent avec elle. Sans donner d’adresse à qui que ce soit, ils partirent très, très loin de là au pays des ours sauvages et du froid éternel.
Depuis, Sourdine sait que Silence est un gardien de vérités essentielles que seule Petite Phrase approche pour en faire des poèmes.
Très loin d’eux, le Grand Vacarme, le Grand Chahut, la Cohue, le Tohu-Bohu, les Toni truands et leurs motos, le vibraphone et ses marteaux, les violons et leurs archets, une horde d’épinettes, de flûtes traversières, Pan, la Grande Rumeur et ses mille langues, la foudre et les bruits qui courent, l'orgue de Barbarie, qui avaient agité la terrible nuit, parlent encore du temps où Sourdine leur avait divulgué la magie des mots, distribué le sucre des silences et la musique du verbe. Tous sont nostalgiques et attendent son retour.
Huit siècles ont passés. Sourdine a grandi, elle sait maintenant qu’il faut lire au fond des yeux pour rencontrer les silences et les mots millénaires.
JMS - Conte (à paraître)
Parce que l’homme toujours doit savoir aimer
Parce que l’homme toujours doit savoir douter
Parce que l’homme toujours doit savoir s’indigner
Parce que l’homme toujours doit savoir rêver
Parce que l’homme toujours doit savoir partir et revenir
Parce que l’homme toujours doit savoir pleurer et jouer
Parce que l’homme toujours doit savoir être un enfant
Parce que je n’ai d’autre royaume que l’utopie
Parce que je crois à tout cela.
JMS - Extrait de "Dieu, le silence et moi" - Editions Chemins de Plume
Lettre à Natacha, la petite fille des collines,
et aux enfants du monde,
qui habitent dans de petites maisons sous le ciel.
Petite Natacha,
J’ai appris que, comme tous les enfants du monde,
tu demandais de mes nouvelles.
Je n’ai pas oublié que nous sommes en décembre,
j’irai donc bientôt te voir
de même que j’irai voir tous les enfants du monde.
N’aies aucune crainte,
Je sais où tu habites car je sais
où habitent tous les enfants du monde.
C’est très facile à trouver car,
comme tous les enfants du monde,
tu habites sur Terre,
juste sous l’étoile des Trois Fées
où je vais très souvent en vacances.
Si le soir en été, les enfants regardent
l’endroit le plus profond du ciel,
ils peuvent voir l’étoile des Trois Fées,
ce n’est pas si loin quand on ferme les yeux.
D’ailleurs, ton grand-père, Natacha ,
est déjà venu me voir une nuit où il s’était perdu.
Petite Natacha, dis aux enfants d’être sans crainte,
je sais bien où sont toutes vos maisons
je n’oublierai pas d'apporter des cadeaux.
Mais il faudra patienter
car je viendrai la nuit du 24 décembre,
pendant que les enfants dormiront.
Comme tous les enfants le savent,
l’hiver, avec les lutins,
je travaille beaucoup pour fabriquer les cadeaux
et je n'ai pas assez de temps pour répondre à vos lettres
mais je les lis toutes.
Je sais que mon accident de nuage a inquiété Natacha
et de nombreux petits amis, mais soyez rassurés,
l’avion qui a cassé mon nuage, ne nous a pas blessés.
Cela s’est passé près de chez toi Natacha,
et si je ne suis pas venu te voir
c’est parce que mes rennes et moi-même
avons peur des voitures.
Fort heureusement,
nous avons pu monter sur le grand arbre
en haut de la grande colline
et sauter sur un petit nuage qui apprenait à voler.
J’espère que pour Noël plus personne ne sera enrhumé,
que vous aurez tous été assez gentils
avec vos parents, vos grands-pères et vos mamies,
sans oublier les chiens et les chats,
pour mériter des cadeaux.
Je t'embrasse, petite Natacha pour ta jolie lettre,
et j'embrasse aussi tous les enfants du monde.
Papa Nöel
Ps. Certains enfants n’ont pas pu m’écrire parce que leurs parents n’ont pas eu assez d’argent pour acheter les timbres, si je n’arrivais pas à tous les trouver (ce qui m'étonnerait !), je vous demande d’être très gentils avec eux et de les aimer autant que votre Doudou, et autant que je les aime.
“Dompteur d’étoiles”
Biographie imaginaire du peintre Slobodan
Voir video du conte "Dompteur d'étoile"
Animation d’Alex Arbouin
Sur des peintures de Slobodan
Textes de J-M Sananès
Dits par Ile Eniger
Bruno Sananès & Jean-Michel Sananès
Musique de Bruno Sananès
Les marrons étaient chauds
pourtant le rire était tombé
alors que l’on sonnait matines
Le soleil s’était levé
sur une mer démontée
bien avant qu’il ne saute de l’escabeau
Aux naufrages des arbres
la peinture avait valsé ocre et rouge
sur les branches en panique
À l’agonie des portefeuilles
il était 20 heures ou pas d’heure
quand les feuilles mortes se sont enfouies
Les marrons étaient chauds
pourtant j’avais ramassé un rire
et quelques tessons de joie
La neige n’était pas là
pourtant c’était Noël
Le Père Noël se sentait perdu
dans ce frimas désargenté
où les fourmis mouraient de froid.
JMS - Extrait de "Dieu, le silence et moi" - Editions Chemins de Plume
Voyage en enfance
jusqu'au 24 décembre
Le Père Noël,
l'Ogre et la Licorne
page 9
page 11
page 30-31
page 30
page 31
JMS - in "Le Père Noël, l'Ogre et la Licorne" - Petite collection Jeunesse - Éditions Chemins de Plume (5 Euros)
Pendant les Fêtes de Fin d'Année
les 3 livres/CD "Petite Collection Jeunesse" :
- Le Père Noël, l'Ogre et la Licorne
Vidéo de présentation du livre CD : https://youtu.be/MG4PoUY4D8M
4ème de couverture :L'Enfant Trèfle
Vidéo de présentation du livre CD : https://youtu.be/Fhi5_Pj17VA
4ème de couverture :4ème de couverture:
Une plume et un pinceau.
Un poète et un peintre loin du fracas des villes.
Un conte pour réapprendre à rêver
À l'occasion des Fêtes de Fin d'Année,
les Éditions Chemins de Plume
proposent 3 livres-CD pour la Jeunesse
au prix exceptionnel de 15 Euros les trois
frais de port compris.
Pour commander :
par mail à cheminsdeplume@yahoo.fr
ou sur le blog des Éditions Chemins de Plume.
cliquez sur commander (bouton Paypal ou CB)
sur le blog des Éditions Chemins de Plume.
(Dédicaces sur demande)