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Pourquoi, où ?

Publié le par Ile Eniger

Cet article est reposté depuis PAGES ECRITES.

Le ciel revêtait sa peau de caillou. Le gris du jour collait une haleine fade sur le rebond fatigué des heures. Un air de petit souffle dépoussiérait la terrasse et les plantes qui manquaient d'eau. La journée posait inlassablement les mêmes questions : pourquoi, où ? Et d'autres encore qui se perdaient dans le silence indifférent. Appuyée sur la rembarde, elle apercevait un morceau de mer, échappée lointaine et belle. Un mouvement intérieur ramena de l'eau à ses paupières. Elle inspira profondément, repoussa de vieilles images heureuses et quelques rancoeurs. Elle secoua sa douleur comme un chien ses puces. Comment mieux faire ? Comment mieux être ? Le chat ronronna contre ses jambes mais ne répondit pas.

 

Ile Eniger - L'ordinaire de l'ange -  (à paraître)

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L'échaudé

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

 

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Je crois aux nostalgies génétiques

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Je crois aux nostalgies génétiques
qui font que les oiseaux migrent
que la mer des sargasses reste un mystère
que Jérusalem est la mémoire d'un peuple
et que certaines haines perdurent
plus fortes que les vérités.
Je crois que la mémoire des peuples
est pervertie par les tabous,
les superstitions et les religions.

Qui ne m'accepte pas, reste mon frère,
il ne peut être fautif
des détournements de conscience pratiqués par ses maîtres,
par l'école des rumeurs, des peurs et des frustrations millénaires.
Qui parle de "la joue tendue"
n'a rien compris
s'il ne se reconnaît pas en l'autre.
Qui parle d'amour
mais prêche ou vit de vengeance et de haine
n'a pas de miroir.

Si en ces temps je reste le maître de mes espoirs,
j'ai peur des cons et de leur haine,
j'ai peur de ceux qui rient de la misère,
de ceux qui disent
que riches et pauvres sont dans la nature des choses,
que contre mauvaise fortune il n'y a rien à faire.

Dans cette marche où s'écrit le destin
je n'ai pas peur du printemps en hiver,
je n'ai pas peur des échelles, des hiboux,
j'aime les chouettes et les chats noirs.

Je crois à la génétique de l'inné
et à la conscience du bien et du mal.
Je crois que toutes les croix, toutes les marseillaises
tous les nationalismes, toutes les exclusions,
sont fils et filles de l'ignominie et de la négation de l'autre,
j'attends le jour où s'enseignera le respect
et l'acceptation des différences.

Je crois à l'espoir, aux lendemains,
aux vérités non édulcorées,
j'affirme que les demi-vérités
sont des mensonges entiers.

Je crois l'amour plus fort que les frontières,
je crois à une mémoire du Tout
et au droit de l'infime,
je crois que l'insecte, le bonobo, le dauphin,
l'homme d'hier et celui de demain
sont mes frères,
je les crois enfants du contenant, de la fraction et de l'immense,
simples notes dans l'infinie symphonie.

Je n'ai pas peur de vieillir,
j'ai peur d'oublier d'aimer

jms 23/08/23

 

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Un jour j'hibouterai

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Un jour je mettrai ma robe de hibou
pour habiter la nuit,
j'hibouterai à saute le jour
comme je hulule à la Grande Ourse
et aux pluies d'étoiles.
Caché derrière un temps mort,
je secouerai l'ombre,
ouvrirai l'absence
pour effrayer les enfants qui ne croient pas aux fantômes,
et je leur parlerai de l'enfance, de Céleste et de Babar
et de voyage en dirigeable
comme le faisait mon oncle
quand il me contait le cinéma muet,
l'histoire de Bibi Fricotin, de Ribouldingue, Filochard et Croquignol,
je le ferai
jusqu'à ce qu'ils aient peur du silence, de ses embuscades
et de tout ce que l'on ne sait pas.
Au premier "je suis triste" ou "je m'ennuie",
je reviendrai leur raconter des histoires d'avant,
d'avant le chagrin et la nuit,
je leur dirai la beauté d'aimer et les fous rires,
je leur dirai qu'il faut en user
avant de hululer dans l'illusion d'avoir été,
avant de mettre sa robe de hibou et de s'en aller.

JMS 16/08/2023

 

 

 

 

 

 

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Le château égaré

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Avec ses croix, ses étoiles, ses croissants
ses bien-pensants qui tirent
à boulets rouges, à boulets noirs
sur la liberté de penser,
dame-Éducation,
ce pyromane macabre,
jette ses évangiles, ses psaumes,
ses incendies et ses djihads
à l'assaut des morales.
Avec ses bréviaires sanguinaires,
de guerres en croisades, de croisades en génocides,
elle balise les chemins
prie, scande des marseillaises doucereuses d'encre rouge
qui, de soumission en esclavage,
lancent leurs dieux à la conquête
de la conscience
ce château cathédrale
perdu dans la tête des hommes
là où l'arc-en-ciel et la liberté sont des étendards.
Maquignons de l’Histoire,
aux habillages de la mémoire
militants et dévots
médaillés de l’intolérance,
au non-lieu de l’incroyance,
entre l'absolution et le paradis,
vont piétinant de leurs mille holocaustes
les enfants du doute et de l’ailleurs.
Je suis l’indien, le métis,
le fils de l’amour
de la faim et des banlieues,
à l'assaut de lendemains
où ceux qui n'ont rien
regardent le triomphe des nantis.
Je cherche la route d'un château disparu
dans les ruines de la conscience.

JMS le 10/08/23

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L’oiseau chimérique

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Si loin
dans les forêts neuroniques
si proche
dans les cavernes cervicales
L’oiseau blanc des espoirs
l’oiseau noir des désespoirs
l’oiseau des chimères
chante dans la tête de l’enfant
La vie est là
qui s’apprend dans les livres
Le soleil est ailleurs
Le maître est là
son cœur est ailleurs
Il joue avec l’oiseau ivre
l’oiseau des chimères
Rêves et cauchemars
dans l’étendue infinie
dans l’irréellement petit
chimique
électrique, nostalgique
dans l'immensité toute nue des solitudes
Si loin, si près
là où il vit
l’oiseau chimérique
dans le cœur des enfants
dans l’immensité cosmique
de l’infiniment petit
chimique, électrique
nostalgique, onirique
dans la solitude éperdue
des voyages intérieurs
L’homme qui cherche son coeur d’oiseau
l’homme qui cherche ses rêves d’enfant
plus loin que la nuit
plus loin que ses rêves chimériques
nostalgiques
plus loin que les matinées apathiques
où les chasseurs de lune
tamisent des soupirs d’étoiles
Cherche l’oiseau chimérique
chimique, électrique
onirique, nostalgique
dans l’immensité toute nue des solitudes
Cherche l’oiseau des chimères
qui chante dans les coeurs d’enfants
qui se cache dans la tête des hommes
oiseau blanc des espoirs
oiseau noir des désespoirs
Rêves et cauchemars
si loin dans les forêts neuroniques
si proches dans les cavernes cervicales
dans l’immensité infinie
de l’irréellement petit
dans l’immensité toute nue des solitudes
chimique, électrique
onirique, nostalgique
Si loin, si près
là où tu vis
oiseau chimérique
dans l’immensité de l’infiniment petit
chimique, électrique
onirique, nostalgique
Plus loin que la nuit
plus loin que mes rêves
chimériques, nostalgiques
Je te cherche.

jms (Un vieux texte des années 80 in Cheval fou et Chemins de Pluie et d'étoiles (compilation))

 

 

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Le chagrin d'être homme

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Que veulent dire les mots : colère, désespoir et tristesse en cet instant où assis sur la blessure d'un cri sans écho j'enrage, pleure, maudis, vocifère, crépite comme un insecte aux ailes brûlées ! J'ai honte de savoir que des rebuts de la conscience se croient hommes et peut-être même pensent avoir été choisis par dieu pour semer la douleur ! Ne se sont-ils pas reconnus en cette femme et cette enfant, torturées et abandonnées sur le sable, en ces deux enfants de la vie ? Ne savent-il pas qu'ils ont bousculé le ciel ? N'ont-ils pas vu là deux de nos sœurs de vie, deux petites passagères de la misère et de l'incompassion qui les suppliaient ? Non, c'étaient des hommes de certitude, trop fiers pour avoir un cœur, ils ont ri comme des toreros portant l’estocade ; ils n'ont donné ni l'eau, ni le pain. Les exactions engluent l'histoire du monde. Comme en 36, aux portes des barbelés ils ont réduit deux femmes à la suffisance fielleuse de leurs regards posés sur la misère étrangère, ils les ont réduites à des couleurs de peau. Souriants et fiers, de leurs mains rugueuses et sordides pensées,  ils ont souillé, éborgné l'avenir. Y a-t-il pires criminels que ceux qui refusent aux vivants la fraternité la plus élémentaire ? Qui peut prendre un enfant et une femme par la main pour les jeter à la mort ? Quelles chapelles, mosquées, temples, synagogues, pourraient engendrer des monstres capables d'ignorer le droit imprescriptible de vivre de chacun d'entre nous ? Petite femme et petite fille, n'aviez-vous place en aucun cœur avant de rencontrer vos bourreaux ? Que le silence se taise, je veux qu'il se taise pour elles et tant d'autres que je ne sais nommer. Femmes aux corps jetés sur une photo, et vous autres, hommes aux voix étouffées, laissez-moi, à jamais, dénier aux bourreaux toute place et tout droit à se dire Homme. Je ne peux, je ne veux, les croire humains. 

JMS (Titre emprunté à un texte de mon recueil "Une étoile dans le sang")

 

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Mme Bergeronnette et Mr Bergeron chez le glacier

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

jms 2/08/23

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J'ai peur

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

J'ai peur de ces rêves que je traverse de profil entre l'ombre et la démence, toujours à me demander si je n'ai pas égaré ma part de ciel, si l'envie d'être et le devoir ne se font pas la guerre. Le rire ne devrait jamais être une parenthèse, je ne veux pas que l'heure s'éteigne. J'ai l'enfance pareille à cette canine jetée à la souris des rêves. Où vas-tu ? le chemin se perd, j'ai peur des réveils matin et des lendemains frayeur, il y a si longtemps que je suis en exil que je te vois mon père, yeux de loup au bout du chemin. L'aiguille du sourcier cherche la tendresse, je suis l'enfant si mal venu que la rencontre et l'hiver, encore me font peur. Qui annulera le jour quand tant de ténèbres s'agitent dans les clartés entrevues. La question me fragmente, je ne saurais dire quelle furent les couleurs du jour, je ne sais plus parler du voyage. Aux rendez-vous manqués, j'ai dansé avec l'absence. J'ai peur des espoirs que l'attente effiloche, aux soustractions du rêve je vais sans crainte ni raison, je vais, funambule sur ce sentier d'étoiles et de lune dispersées, une nuit de déraison.

JMS 2/09/2023

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