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Lettre ouverte aux élus et au futur Président des Français

Publié le par Cheval fou (Sananes)

 

"… plus personne ne soit obligé de dormir sur le trottoir et d'y mourir de froid.

Parce que le droit à l'hébergement, je vais vous le dire, c'est une obligation humaine"
(Discours de Nicolas Sarkozy, lors de la campagne présidentielle - 18/12/2006)

 

 

 

Messieurs les politiciens, je ne veux pas plus être politique, que je ne cherche un emploi de notable ou de député. Je n’ai, ni ne veux, avoir d’autre profession que d’être Homme avec le H majuscule qui devrait définir tous les Humains capables d’humanisme intégral. J’entends par ces mots : humains de cœur et non de titre.

 

C’est avec des mots de petit homme du commun, de sans grade, de gourmand d’amitié que je suis partie prenante de la communauté des hommes fraternels et laïques ; que je parle, que j’écris et que j’adhère aux idées de ceux qui savent que la misère et l’exclusion n’ont pas plus de couleur que la colère et le désespoir.

 

C’est avec ces mêmes mots que je vous invite, Messieurs les politiciens, à constater que la douleur de vivre ou plutôt de mal vivre, est là.

 

Notre société est malade. Elle est malade de vos choix, de votre libéralisme qui organise la captation des richesses globales par les multinationales, de votre libéralisme qui, méthodiquement, tue un tissu social jusque-là structuré par le petit commerce partagé et raisonné que nous avons connu. La dépossession programmée des classes moyennes et ouvrières pour permettre à certains d’accumuler des milliards, est insupportable quand des enfants meurent encore de faim et qu’en France des travailleurs dorment dans la rue.

 

Votre projet de capitalisme européen et mondial que nous, Français, avons refusé par référendum, envoie à la marge tous ceux qui, pendant des décennies ont bâti la France, et tous ceux qui souffrent parce que vous préférez la finance au travail réel.

 

Notre société est malade parce que vous reprochez à ceux que vous avez exclus et qui ne trouvent pas de travail, de pouvoir encore bénéficier d’aides financières à la survie ; parce que, après leur avoir tout pris, je veux dire leurs petits commerces, leur travail, leur droit à une retraite décente après 40 ans de travail, leur droit à une médecine et une école non précarisées, après leur avoir volé leur avenir et leur dignité, vous leur reprochez de vouloir avoir droit au Droit.

 

Rejetant tous les chemins de la colère, je m’élève contre la démission programmée des acteurs sociaux. Il est urgent que cesse la sous rémunération des salariés de France et nécessaire que cesse aussi la recherche de boucs émissaires.

 

Rejetant le fatalisme du malheur que vous prônez en affirmant que l’évolution que vous avez voulue est irréversible, je voudrais vous voir être réparateurs de société et affirmer qu’aucune morale légitime n’autorise un patron à jeter à la rue ceux qui ont travaillé à la création de leur entreprise.

 

Je clame et proclame qu’un homme qui travaille dans une entreprise depuis des années, quelle que soit sa couleur, sa religion et son opinion politique, ne peut être remplacé par une machine ou un projet de production déportée, sans autre motif que la sur-rémunération du patron et des actionnaires.

 

J’affirme que la rationalisation du profit, si elle est un but, n’a aucune légitimité morale, elle est d’autre part une absurdité inconcevable car, s’il faut vous le dire, une société de consommation ne peut pas fonctionner quand les consommateurs sont acculés à la misère.

Avant même d’être une charge pour les ASSEDIC, chaque fonctionnaire que vous supprimez, chaque employé que l’on licencie, est une entaille dans la croissance raisonnée qui pourrait sauver la France.

 

Je déclare votre échec économique responsable du malheur des banlieues. Le manque d’avenir que vous offrez est une invitation aux gourous archaïques qui vendent la guerre, et aux marchands de paradis empoisonnés qui désocialisent la jeunesse. Seuls l’éducation et l’espoir bâtissent l’avenir.

 

Messieurs les politiciens, j’espère vous voir redevenir les médecins de la société que vous devriez être si vous n’étiez prisonniers d’ambitions personnelles ou enfermés dans vos écoles de pensées. Il est indispensable qu’enfin vous serviez la France avant de vous servir d’elle.

 

Messieurs les politiciens, il ne vous faudra jamais oublier que l’homme qui a peur des lendemains est le ferment de toutes les violences, de tous les fanatismes, de toutes les dérives. La misère sans issue est un incalculable moteur d’incivisme. Le clivage et la mise en opposition des Français à des fins électoralistes est un crime. Le service public que vous sacrifiez avec acharnement est notre richesse collective, il est l’essence même de notre patrie, le lien solidaire entre chacun de nous. L’urgence n’est pas de blesser notre pays mais de bâtir un projet d’espérance commun.

 

Messieurs les politiciens, je vous le demande : rendez les espoirs volés. Offrez à chacun un droit à la décence et à la justice et encore nous pourrons chanter "Douce France".

 

Publié dans Coups de gueule

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Équation de vie

Publié le par Cheval fou (Sananès)

J’écoute
La nuit délivre une symphonie de chats
Au minuscule royaume de la survivance
se jouent les combats de l’amour

Survivre, procréer, créer, maculer le futur
Laisser une trace de soi
Toute l’équation de vie est là
Tout est dit
Rien ne survit qui n’aille chercher son destin

J’entends
La nuit pousse ses cris
Des douleurs intimes rencontrent la couleur des jours
Des infirmes du bonheur cognent aux portes de la désespérance
Infiniment je cherche l’ouverture, le chemin et la route des hommes
La nuit refoule de vieux rêves
Et ce que j’ai cru du bonheur s’y perd, dans l’enfer des étoiles disparues

Passe la nuit des siècles dans un monde sourd
Au minuscule royaume de la survivance
des projets aveugles quêtent, affrontent, capturent la pitance du destin

Pourtant
L’infini sera toujours plus proche de la dernière étoile

et d’un rêve de fourmi
que de la multitude des passions humaines

perdues dans des nuées égotiques.

JMS - Extrait de "Dieu, le silence et moi" (à paraître)

Publié dans Dieu le silence et moi

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L'Appel du 22 avril - Aux voix, citoyens !

Publié le par Cheval fou (Sananes)

 

 Aux voix, citoyens !


Entre la teigne et le choléra

Crottons décrottons votons

Tous ensemble, camarades citoyens

Et citoyens camarades

Urnons des scrutins par millions

 

Dans la clameur des ambitions

Avec mes cris et mes rêves de fourmi

Je dévote le Sacrosisme       

J’urne Hollande je PS

Je modère je MODEM :

J’exhorte les Nicolas debout la France

Je plébiscite Joly et le demain aux verts

Je déguste du bleuet, de l’amélanche et du rouge

entre patrie haine et colère je lepénise

entre espoir, misère et salaires comprimés j’arthaudise

entre coquille vide tendresse et utopie je poutouise

Entre délire solidarité et progrès, je cheminadise

 

Entre teigne et résignation

Entre le peut mieux faire ou le peut se taire

Je mise, c’est la course à l’échalote et aux espoirs trompés

Je parie, je joue, je touille, patouille, me dépatouille

À je gagne, je perds et toujours me perds

 

Entre ma sous France et la mondialisation

Entre la misère et la solidarité

Je chante aux larmes citoyens

 

Entre la France Fouquet’s et la France cambouis

Entre la France capitale et celle de l’Internationale

Je chante aux urnes citoyens

J’adule, j’exècre, me révolte et je vote

Aux voix, citoyens !

Je vote

Je vote pour que l’homme vive debout

 

Aux urnes, citoyens !

Crottons décrottons votons

Tous ensemble, camarades citoyens

Et citoyens camarades

Urnons des scrutins par millions

 

jms

Publié dans Coups de gueule

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Uno Svensson (vidéo)

Publié le par Cheval fou (Sananès)

Jusqu’à la douleur la couleur des mots
dit par JMS
Musique : Bernard Abeille

30-uno-jpg.jpg

link lien vidéo

JMS - La couleur des mots jusqu'à la douleur - Illustrations Svensson Uno - Livre DVD

Publié dans Peintres et peinture

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Uno Svensson

Publié le par Cheval fou (Sananès)

Mon ami est parti

4-photo-uno-et-signature.jpg

Mon ami UNO, celui qui enfouissait la douleur d’être homme dans un monde dévasté, celui qui, en 1945, avait été un jeune étudiant horrifié par un voyage dans une Europe en guerre, celui qui avait croisé le regard creux des femmes et des enfants contemplant les ruines fumantes de leurs maisons, celui qui en fut à jamais blessé, mon ami Uno Svensson est parti. Son regard de vieux Viking paisible ne croisera plus le mien.

 Déjà, il nous avait un peu quittés. Sa mémoire et son crayon étaient partis. Pourtant lors d’une de mes dernières visites, avant qu’il ne retourne dans sa Suède natale, il était sorti de son ailleurs, criant mon nom, il avait dit "quand mangera-t-on de l’oreille d’éléphant ?". Souriant et lumineux, il se rappelait notre dernière blague. Parfois, alors que l’on croit tous les livres du bonheur fermés, des vagues de mémoire s’entremêlent et jettent sur le sable un galet de vieux rires.

Tu es parti mon ami, toi qui savais presser la couleur jusqu’à la douleur des mots, toi qui, dans les yeux de tes personnages, me faisais apercevoir leur âme.

Tu es parti dans cet univers où ne vit que la mémoire.

Tu le sais mon vieux Viking, si d’aventure était un ailleurs des âmes, je ne te dis pas "adieu…" mais "à plus, mon ami".

Jean-Michel Sananès

***

Uno Svensson est né en 1929 à Ronneby (Suède). Une traversée de l’Allemagne en ruines fera de lui le peintre de la folie des hommes. Son œuvre est complexe, variée, douloureuse et tendre.

Après avoir acquis une stature nationale de 1957 à 1966, la galerie de F. Houston-Brown, à Paris, lui ouvre une carrière internationale (Europe, Amérique du Nord, Amérique du Sud et Japon). Le grand poète Alain Bosquet écrira "Les Enfers d'Uno Svensson".

En 1994, la municipalité de Ronneby crée une exposition permanente de ses œuvres. Uno Svensson est exposé dans 12 musées dans le monde.

Il est membre de l'Académie Européenne de Paris depuis 1985.

***

Détail visage

15-02l-visage-grandi-2.jpg
Entrer dans l'étrangeté d'un regard,
comme un  voleur de nuit traverse le crépuscule,
trouver dans l'indicible
la profondeur du trouble,
trouver la vie arrêtée à un regard,
creuser le silence… l'éclater en déchirure
.

JMS - Extrait de : La couleur des mots jusqu'à la douleur - Illustrations Svensson Uno - Livre DVD

Publié dans Peintres et peinture

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Chet BAKER vu par Uno SVENSSON

Publié le par Cheval fou (Sananes)


  CHET BAKER

 

29-triptique-jpg.jpg

 

 

Eternité,
laisse ta place
quand le silence balaie les scories de la fête

Le musicien est mort
Cuivre cloué au silence,
la nuit est blanche comme de la poudre

Dans la gorge dorée d’une trompette,
haché en mélopées sanglantes,
le sanglot s'est tari,
les lampions de la vie se sont éteints

Tissant l'ombre froide,
le peintre cherche
encore le cri étamé
et les mélodies ruisselantes

 

 Uno pleure Chet Baker

Le peintre sait le voyage de Chet,
cuivre cloué au silence

Uno repeint la douleur
Le noir est sa couleur

Dans l'ombre froide,
le peintre trouve des notes de silence
Elles sont “no more music”
et cristal étrange
La mort les a mangées

La nuit est blanche comme la poudre
Le musicien est mort

 

Une  voix de cuivre
joue des mélopées transparentes

Elle reste dans la tête des hommes,
elle reste dans la tête du peintre

 

 

 jms

 

Extrait de :

La couleur des mots jusqu'à la douleur -

Illustrations Svensson Uno - Livre DVD

Publié dans Peintres et peinture

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Quand Dieu se réveillera

Publié le par Cheval fou (Sananès)

  Je distille la Vie comme un alcool
je la consomme à crédit
 
La vie n’est pas pressée
et pourtant
quand Dieu se réveillera
je ne serai peut-être plus là !

Alors, qui donc lui dira
que la vie est une violence ?

Et même si
lucide, Il répondait :

... et la mort donc !
Qui donc Lui dira :
dis-moi Dieu
es-Tu un Être responsable
qui laisse tout aller à vau-l’eau ?

Quand Dieu se réveillera
nous ne serons peut-être plus là !

Qui donc, alors Lui dira :
tes collègues de chez Trust
possèdent la Terre
ceux de chez Dollar et Cie
 achètent l’Univers
main dans la main avec tes églises
sourds aux affamés qui te prient

De guerres en génocides
ils gouvernent à tes cotés
Qui donc, alors
mon Dieu
Te dira :
as-Tu donc encore
ailleurs
au monde des vivants
une place pour nous ?

Les laisseras-Tu nous parquer
comme des étrangers à leur monde ?

Les laisseras-Tu nous fumer
dans un disparaissoir ?

À tant T’attendre
je lapide ma mémoire
afin de pouvoir rire

Au bout de l’attente où je Te cherche
pourquoi ne m’as-Tu pas trouvé ?

JMS

Publié dans Dieu le silence et moi

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Des enfants et des hommes sont morts

Publié le par Cheval fou (Sananes)

Des enfants, des hommes sont morts et c’est un drame.

Cependant, je suis irrité par le besoin que certains ont de désacraliser les enfants et les victimes, je suis blessé par le besoin que certains ont de laisser penser que les enfants morts ailleurs méritent que l’on efface les enfants assassinés et les morts de Toulouse.

 

Devrait-on penser qu’après tout ce n’étaient "que  des soldats" et "que des Juifs" ?

Certains médias semblent s'en faire écho.

Mais la mort, où qu’elle soit, est toujours irrémédiable et injuste quand elle peut  être évitée.

 

Oui, à quelques heures de chez nous, des enfants mêlés à une guerre, meurent prisonniers d’un engrenage où tirs de missiles et représailles s’enchaînent.

 

Dieu pardonnera-t-il aux parents d’exposer leurs enfants pour en faire des martyrs ?

Aux récurrences de l’insupportable, je hurle à l’imposture des dieux qui opposent les peuples. Je griffe du papier et m’insurge pour tous les enfants d’ici et d’ailleurs à qui l’on a volé le futur, à qui on a pris tout ce qui devait leur advenir.

 

Oui, moi l’athée, je pleure sur tous les enfants qui meurent de l’indifférence d’une société de consommation et de profit qui laisse les enfants d’Afrique mourir de misère et de famines que l’on pourrait éviter par le simple sacrifice d’une seule journée du budget mondial des dépenses des armées. Je pleure sur l’avidité des puissants qui refusent d’offrir l’eau potable aux déshérités, je pleure sur les gouvernants d’ici et les corrompus d’ailleurs qui regardent sans rougir les enfants au ventre ballonné aller à leur mort. Je pleure sur l’aveuglement des présidents qui font négoce d’armes et oublient la plus élémentaire morale.

 

Oui, chaque jour, je suis triste à en pleurer, pas besoin du drame de Toulouse pour que mon verbe et mon encre s’insurgent.

 

Mais un peu de décence. Ici,  en France, des enfants ont été arrachés à leurs jeux, à la vie, à leurs familles. En cette circonstance, je demande aujourd’hui que les langues au venin sirupeux se taisent, qu’elles laissent ceux qui ont des larmes s’adonner à leur chagrin. Je demande qu’ils rengainent leurs justifications. Il faut que chacun sachent que choisir une enfant dans une cour d’école, l’attraper par les cheveux, mettre un pistolet sur sa tempe et tirer une balle dans la tête de la fillette en pleurs, n’est pas une bavure, ni un dégât collatéral. C’est le paroxysme d’une haine paranoïaque inculquée et que je ne veux pas voir excusée. C’est le paroxysme d’une haine qu’il faut soigner.

 

À chacun d’entre nous, je demande de rester homme, je  ne veux voir ni la vengeance ni la mort reproduite. Je veux que chacun d’entre nous déterre au plus profond de lui-même l’humanité avec laquelle l’on construit le verbe aimer. Je veux que les enfants redeviennent enfants tous pareils aux miens. Je veux que l’école ne laisse plus d’enfants à la dérive et en proie aux idéologies criminelles.


Je veux que chacun sache que l’autre n’est pas notre simple prochain mais notre identique.

Je n’ai pas de prochains je n’ai que des pareils. Il nous faut réapprendre le mot frère.

 

Publié dans Coups de gueule

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Jean-Marc La Frenière

Publié le par Cheval fou (Sananes)

De la haine, des kilos de fureur, des mots à cran d’arrêt, je ferai de l’amour. Des hommes à angle droit dénaturent la terre. Ils rasent les montagnes et aplatissent l’arc-en-ciel. On mange du pétrole mêlé au sang des bêtes. On boit des sanglots secs. J’ai moins peur des canons que de ceux qui les font, moins peur des soldats que de leurs chefs d’état, moins peur de la faim que des billets de banque. Dans le concert des nations, toutes les notes sont fausses. Tout craque comme les os des branches mortes. C’est quand qu’on fera moins de fusils qu’on n’aura moins faim. C’est quand qu’on fera moins d’avions qu’on ira plus loin. C’est quand qu’on fera moins de choses qu’on aura le temps de s’aimer. C’est quand qu’on recommence la vie, plus propre, plus belle, plus chaleureuse ? C’est quand qu’on recommence à vivre sans marchand, sans prêtre, sans soldat ? C’est quand qu’on danse avec les loups en laissant les héros masturber leurs médailles ? 

Ne restez pas là plantés comme des piquettes. Faites plutôt les arbres. Faites bouger vos mots comme des feuilles, plonger dans vos racines jusqu’à toucher le ciel. Faites l’amour pas l’argent. Faites la sourde oreille aux sirènes marchandes. Faites la vie non la haine. Ne faites pas la chaîne mais l’accolade. Ne faites pas la banque mais le lit. Ne faites pas la tour mais le nid. Faites l’abeille, le pollen, la fleur. Ne faites pas la cour mais l’azur. Ne faites pas la guerre mais la danse, l’horizon, la cigale. Ne faites pas la rue mais la route. Ne faites pas le paon mais la roue de brouette, le galet des ruisseaux, la groseille, la luge, la sève des érables. Ne faites pas l’armure mais la peau. Ne faites pas le pied de grue mais l’aile de l’oiseau. Ne faites pas la queue mais le pépin. Ne faites pas la montre. Faites la pluie et le beau temps. Ne faites pas la bombe mais l’avion de papier, le tire-pois, la chiquenotte. Ne faites pas la tête mais le cœur. Ne faites pas l’habit, l’uniforme, le rôle. Faites l’ange. Faites l’homme. Faites l’âme.

Ma main gauche prolonge ses lignes sur la page. Les mots rendent parfois visible la part manquante de l’univers. Quand le monde est trop lourd, je me penche sur une phrase pour l’alléger d’un mot. La moindre pluie d’été, le souffle d’une bête, le sel d’une larme me rassure sur la vie. Même en lettres attachées, l’écriture libère. Sur un carnet aux ailes dépliées, un sang d’encre palpite. Les saisons passent, des ombres de Rembrandt au soleil de Van Gogh, des rires de Mozart aux prières de Bach. Le temps est un artiste. Le ciel bat des cils au passage des nuages. Même derrière le pire, un bout d’âme dépasse, s’apprêtant à aimer. Je ne veux pas être quelqu’un mais simplement un homme. J’aspire à l’infini. L’amour n’a pas de fin puisque son terme nous échappe. La beauté est là, partout, du vert des rivières à l’envers des feuilles, des vers sur la page au ver dans la pomme, de la poussière des étoiles jusqu’à l’eau du langage.

J’aime la poésie légère des comptines. Un simple mot d’enfant fissure la masse des opinions. J’écris avec les pattes des oiseaux, le poil des chevreuils, les miettes de pain, la poussière des routes, la mousse des rochers. Je cherche au fond de l’encre des fétus de lumière, un peu d’émerveillement, la grâce d’une langue. Les évènements importent peu dans une vie. Dès l’enfance, les routes sont tracées. Le silence porte tant d’images. Il faut écrire pour les voir. J’ai situé partout ma chambre d’écriture, un banc de parc, une pierre, un arbre renversé, une table de bois, une banquette de train. Tout me sert de papier. Les mots poussent partout, de l’humus au désert, dans la glaise ou la gravelle, le lisse des galets et la chair des fruits. Même si ce qui est écrit ne tient pas, je m’y tiens comme on s’accroche à la vie.

 

 

Par la freniere - Publié dans : Prose

http://lafreniere.over-blog.net

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Un goût du sang sur la pointe du jour

Publié le par Cheval fou (Sananès)

Obsédante
L’image d’une enfant me revient
Image funeste comme le naufrage d’un continent
Triste comme une boîte à rêves que l’on massacre

Horreur lancinante
L’image d’une enfant me revient
Un homme la tient par les cheveux
une arme contre sa tempe


et la mort qu’il lui donne

Peut-on mourir à quatre ans ?
Peut-on vivre sans son enfant ?

Il y a un goût du sang sur la pointe du jour
Et l'image d’une enfant qui revient

J’ai mal au cœur des parents
J’ai mal à l’absence des enfants

Une image me revient
Un goût du sang sur la pointe du jour
Et des enfants comme mes enfants
Et des parents au cœur comme le mien


JMS "Et leurs enfants pareils aux miens"

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