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Ile Eniger

Publié le par Cheval fou

Ni

J'y pense souvent. Aux petits matins ruraux quand les platanes accompagnaient les écoliers. Quand les vélos d'enfance dévalaient les jeudis. Quand on mangeait des fruits au goût de fruits. Quand la terre n'était pas ce grand cri de blessure. Ils ont bitumé jusqu'au souvenir des tomates de Grand-Père, il est enfoui sous la tôle morte des containers. Jusqu'aux bonjours ou autres brins de mots qui prenaient le temps. Ils ont rangé l'antenne humaine pour celle des portables. Le séisme des graines n'aura plus lieu. Ni la saisie de l'herbe aux talus des ruisseaux. Ni la joie sauvage de l'enfant au jardin. Ni les virages du chemin cantonnier. Ni le sucre des mûres noires. Ni le grincement lent de la cabane à outils. Ni les cerises dévorées par les merles. Les vautours ont planté leurs griffes. Ils ont tout parqué derrière leurs écrans, enterré sous les piles des papiers monnaie. L'allégresse est morte. Aucun pas joyeux sur les cailloux restants au milieu des gravats. Seuls les dos chargés des camions délestent les frigos où meurent les pommes. La campagne est vaincue. Je ne les connais pas ceux qui ont tué l'oratoire où dormaient les moineaux. Ils sont légions. Mais la brindille têtue entre les ruines, je la reconnais, elle est ma soeur.

Ile Eniger - Le chemin, encore - à paraître

Publié dans Ils disent

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11 novembre

Publié le par Cheval fou (Sananès)

Poste des Cascades

Souvenir 1914-15

essai

Sur cette photo "Le Poste des Cascades"

 


Un petit coin de France que mon Zouave de Grand-père
Et ses amis étaient venus défendre
 
Combien d’entre eux sont revenus ?
 
***
C’était un temps où l’on partait fleur au fusil
C’était un temps
Où pour un pays
 L’on pouvait encore mourir d’amour
 
Combien de peur, de froid, d’attente
Entre l’enfance emportée, le vieil oued
Et l’apprentissage du désespoir
 
Combien de vies
Pour que le retour vienne
 
Grand-père était parti
Sans savoir les tranchées, la misère
Les symphonies du glas
 
Parti, sans se retourner
À l’épaule
 Une maigre besace
Du tabac à priser
Une identité française et des airs d’opéra
 
Au loin, un amour l’attendait
Sur le grand bateau
Il avait chanté la Marseillaise et la chanson des Africains
Au Nord, Verdun l’attendait
 
Il est revenu
À l’épaule
Une maigre besace
Un désespoir furieux
Et la triste joie des survivants
Rien d’autre que la boue et du sang
 
Il savait
Plus rien ne serait comme avant
 
Il savait
La candeur à jamais perdue
L’addition des années, les amis disparus
 
Il savait
Sur les cartes d’État Major
la vie
les hommes
ne pèsent pas lourd
 
Il savait
Chaque tombe
est un clou dans le cœur des vivants.

 

JMS

 

 

 

Publié dans JMS - A paraître

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Dieu n'habite pas chez nous

Publié le par Cheval fou (Sananès)

Tu es là

Tu es d’ici

Tu cherches…

Tu cherches en bas, tu cherches en haut

Tu cherches en toi, tu cherches en moi

Tu cherches en eux, tu cherches en Lui

 

Dans les cachots, dans le chahut, dans le cahot

Mains jointes, tu regardes les cieux

Tu cherches ici, tu cherches ailleurs

 

Mauvais adresse

Au labyrinthe des consciences

Dieu n’habite pas plus la Mecque

Qu’il n’habite Jérusalem, Rome, ou les bras de Shiva

 

Dieu habite la tête des piafs

Le rire des mouettes

Le sarcasme des fous

La larme de l’orphelin

Et le sourire des mères

Il habite la source qui renaît

La mer qu'on a blessée

La blessure refermée et le couteau qui l’ouvre

 

Tu es là, tu es d’ici

Tu cherches en toi, en moi

En Lui, en eux, en haut en bas

Tu cherches ici, ailleurs, aux cieux

 

Au labyrinthe des consciences

Tu ouvres l’encre des livres

Tu vas chez les féticheuses

Les marabouts, les liseuses de cartes

Tu visites la prédiction et le marc de café

Tu te perds dans le carcan des dogmes

 

Mauvais adresse

Dieu n’habitera jamais le fil des litanies

L’épée du conquérant, le sabre, ni le crime des djihads

Dieu habite la question plus que la réponse

Il est dans la fraternité de l’eau, de l’arbre

Le regard aimant, le pollen des fleurs

La caresse du chat

 

Il est dans tout ce que l’œil approche

Tout ce l’esprit sait

Tout ce que le savoir conçoit

Plus vaste et plus lointain que la dernière étoile

Il est atome, neutron, horizon

Première cellule et dernier né

Il est la pitié à la pointe d’une baïonnette

La larme, le printemps et l’hiver

Le contenant et le contenu

Il est dans les toujours des nuits

Les frissons de l’avant cosmos, dans l’après du temps

Taillé de démesure dans l’épaisseur du verbe

Plus large que la conscience, plus grand que le regard

Il est à taille d’univers et d’infinis

Aucun livre ne l’emprisonne

Il est

 

Au profond du sang, à l'intime du souffle

Il est l’écho qui nourrit la vie

Le cri dans la bouche du nourrisson

Les bras de l’arbre, les cheveux du vent 

Celui qui se contient jusqu’à l’infini

Qui se rêve au plus vaste de la douleur

Celui qui va au bras des mères

Qui chante dans la tête de l’enfant qui rêve

Il est feu, tempête, et chant de l’indien

Il est le verbe penser-voir-toucher-sentir-pleurer

aimer- pardonner, réunis en Un

Il est celui qui dit non

Aux fausses promesses, aux amours guerriers

Aux égorgeurs, aux inquisiteurs

Aucune prière, aucune main tendue ne lui est étrangère

 

Tu es là

Tu es d’ici

Tu cherches

Tu cherches en Lui, tu cherches en eux

Tu cherches ailleurs

Tu cherches aux cieux

Tu cherches dans le chahut, dans le cahot, dans les cachots

Tu cherches en bas, tu cherches en haut

Il n’habite nulle part

Il est partout

Il est en toi

Il n’a d’autres parures qu'amour et respect

Il est le contenu, le contenant

L’atome qui danse dans la sève, dans le sang

Dans ce qui gronde, et le matin qui vient

 

Tu Le cherches dans les cachots, dans le chahut, dans le cahot

Tu Le cherches ici, tu Le cherches ailleurs

 

Au labyrinthe des consciences

Il est ce que tu en fais.

JMS - Extrait de "Dieu, le silence et moi" - Editions Chemins de Plume

Publié dans Dieu le silence et moi

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*Sakineh Ashtiani,Nédâ Âghâ-Soltân et les autres

Publié le par Cheval fou

Coup de gueule : Non, il n’y a pas de crimes mineurs !

 

Ce n’est pas parce qu’une majorité d’individus contrôlée ou terrorisée par les alliés d’un pouvoir  religieux, intégriste ou politique, semble approuver les crimes ordonnés par leurs dirigeants que ces crimes deviennent "light" ou acceptables.

L’assassinat de Federico Garcia Lorca et des républicains espagnols par les franquistes, celui des Juifs sous l’Inquisition, sous la Soha, l’assassinat récent des 46 fidèles chrétiens, (en majorité des femmes et des enfants) en Irak, des populations du Darfour, celui du journaliste Pearl dépecé par ses bourreaux, celui de Nédâ Âghâ-Soltanân et des Baha’i Iraniens, celui des dizaines de milliers d’Algériens suppliciés, égorgés par le Gia, celui de jeunes filles empêchées de sortir d’une école en feu (parce qu'une femme ne peut se trouver sur la voie publique sans la présence d’un tuteur masculin), m’est insupportable et cela devrait l’être à tout humain.

Le sort de Sakineh Ashtiani n’est pas un fait divers de plus, il masque une réalité odieuse que le politiquement correct censure.

Les droits de l’homme sont bafoués par des principes archaïques barbares. L’esclavage et la lapidation existent encore au nom de la tradition. On ne les dénonce que rarement. Cependant, il n’est pas besoin qu’une victime s’appelle Lorca pour qu’un crime soit odieux. On peut tout aussi bien s’appeler Ilan, Ali, Christian, ou être anonyme et n’avoir aucune vocation à la gloire médiatique pour que le meurtre soit une abomination.

Certains penseurs de l’Islam envisagent la possibilité d’un « moratoire » pour condamner la brutalité faite aux femmes et la Djihad… Est-il besoin de passer par un « moratoire » pour dire que tout crime est condamnable ?

La liberté de choisir son culte, voire d’en changer, la liberté de penser, d’être monothéiste, polythéiste, panthéiste, athée ou autre, devrait-elle faire l’objet d’un « moratoire » ?

La liberté de disposer de son âme et de son corps serait-elle remise en question ?

 

Oui, je m’indigne du fait même que, pour certains, la question se pose.

Oui, je m’inquiète quand l’extrême gauche, pour des raisons électorales, se pétainisme et défile avec ceux qui crient "Allah Akbar" ou "Mort aux Juifs"…

Oui, je m’inquiète quand, à Nice, des émeutiers saccagent des magasins, quand on brûle le drapeau français et quand on menace l’État ou les citoyens.   

 

Oui, je crois que plus que jamais il est nécessaire de défendre la laïcité sans aucune arrière-pensée électoraliste.

Oui, je crois que le civisme républicain doit être défendu.

Oui, je crois qu’il faut combattre tous les communautarismes sectaires.

Oui, je crois que la laïcité est la seule voie pour un vivre fraternel, tous ensemble.

JMS

* source wikipedia : Selon notamment Amnesty International[1] et Human Rights Watch[2], qui relaient les propos des avocats de Sakineh Mohammadi Ashtiani, les aveux de complicité de meurtre ont été obtenus sous la torture. Cette charge aurait ensuité été abandonnée, ce qui fait qu'elle serait condamnée à mort pour seul adultère. De plus, cette condamnation aurait été ordonnée par lapidation (malgré le moratoire instauré en 2002[3]).

Publié dans Coups de gueule

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*Sakineh Ashtiani

Publié le par cheval fou

Coup de gueule : Non, il n’y a pas de crimes mineurs !

 

Ce n’est pas parce qu’une majorité d’individus contrôlée ou terrorisée par les alliés d’un pouvoir  religieux, intégriste ou politique, semble approuver les crimes ordonnés par leurs dirigeants que ces crimes deviennent "light" ou acceptables.

L’assassinat de Federico Garcia Lorca et des républicains espagnols par les franquistes, celui des Juifs sous l’Inquisition, l’assassinat récent des 46 fidèles chrétiens, (en majorité des femmes et des enfants) en Irak, , celui du journaliste Pearl dépecé par ses bourreaux, celui de Nédâ ÂGHÂ-SOLTÂN et des Baha’i Iraniens, celui des dizaines de milliers d’Algériens suppliciés, égorgés par le Gia, celui de jeunes filles empêchées de sortir d’une école en feu (parce que les femmes ne peuvent se trouver sur la voie publique sans la présence d’un tuteur masculin), m’est insupportable et cela devrait l’être à tout humain.

Le sort de Sakineh Ashtiani n’est pas un fait divers de plus, il masque une réalité odieuse que le politiquement correct censure.

Les droits de l’homme sont bafoués par des principes archaïques barbares. L’esclavage et la lapidation existent encore au nom de la tradition. On ne les dénonce que rarement. Cependant, il n’est pas besoin qu’une victime s’appelle Lorca pour qu’un crime soit odieux. On peut tout aussi bien s’appeler Ilan, Ali, Christian, ou être anonyme et n’avoir aucune vocation à la gloire médiatique pour que le meurtre soit une abomination.

Certains penseurs de l’Islam envisagent la possibilité d’un « moratoire » pour condamner la brutalité faite aux femmes et la Djihad… Est-il besoin de passer par un « moratoire » pour dire que tout crime est condamnable ?

La liberté de choisir son culte, voire d’en changer, la liberté de penser, d’être monothéiste, polythéiste, panthéiste, athée ou autre, devrait-elle faire l’objet d’un « moratoire » ?

La liberté de disposer de son âme et de son corps serait-elle remise en question ?

 

Oui, je m’indigne du fait même que, pour certains, la question se pose.

Oui, je m’inquiète quand l’extrême gauche, pour des raisons électorales, se pétainisme et défile avec ceux qui crient "Allah Akbar" ou "Mort aux Juifs"…

Oui, je m’inquiète quand, à Nice, des émeutiers saccagent des magasins, quand on brûle le drapeau français et quand on menace l’État ou les citoyens.   

 

Oui, je crois que plus que jamais il est nécessaire de défendre la laïcité sans aucune arrière-pensée électoraliste.

Oui, je crois que le civisme républicain doit être défendu.

Oui, je crois qu’il faut combattre tous les communautarismes sectaires.

Oui, je crois que la laïcité est la seule voie pour un vivre fraternel, tous ensemble.

JMS

 

* source wikipedia : Selon notamment Amnesty International[1] et Human Rights Watch[2], qui relaient les propos des avocats de Sakineh Mohammadi Ashtiani, les aveux de complicité de meurtre ont été obtenus sous la torture. Cette charge aurait ensuité été abandonnée, ce qui fait qu'elle serait condamnée à mort pour seul adultère. De plus, cette condamnation aurait été ordonnée par lapidation (malgré le moratoire instauré en 2002[3]).

 

Publié dans Coups de gueule

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Petit aphourisme

Publié le par Cheval fou (Sananès)

Au crépuscule des grenouilles, le soleil se noie et mon chat déprime.
L’océan est triste. Les poissons se font du sushi.
Il pleut.

JMS

Publié dans Aphorismes de JMS

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Lettre à Armand Robin

Publié le par Cheval fou (Sananès)

Se souvient-on du jamais ?
Se souvient-on de l'après du vent ?
De l'après l'hiver, de l'après la vie ?

Dans l'impasse du silence
Je vous ai rencontré un soir d'automne chez Emmila
Vos mots, comme une résurrection, encore s'allongeaient sur le blanc d'une toile 

Quelques lignes de vous ont suffi
Je vous ai lu jusqu'à l'émotion
Je vous ai ressenti jusqu'à la fratrie
Pourtant, déjà, vous parcouriez le lointain exil

L'entendrez-vous mon ami ?
Se souvient-on de l'après la vie ?
Se souvient-on de ceux qui restent, de ceux qui viennent ?

Dans mon étui de chair et de vie
J'ai du mal à savoir que vous n'êtes plus là
Vos mots Trop imagés de mort pour n'être pas présages
Sont si vivants que je les crois un peu à moi

Le saurez-vous mon ami, comme je le sais ?
Avant que je ne sois au flanc du mouvement
Aux jours kaki et aux cœurs de marbre
Vous étiez pensée habillée de vie
Vous parcouriez une lucidité habitée de mots

Se souvient-on de ceux qui vivent ?

Le saurez-vous jamais mon ami ?
Vos mots sont là comme un fleuve de vie qui coule devant mes yeux
Un flux d'amour et de désespoir
Au sang de votre verbe, je croise la dimension d'homme
J'exhume la coquille de mots qu'une conscience d'autre temps éventre
Mais rien ne change, rien n'a changé sur cette rive
Ils sont toujours là, ils ont d'autres alibis, d'autres habits
Et de l'or sans âme au cou de leurs femmes
Et l'approbation, cette putain servile qui danse à leurs côtés

Se souvient-on de ceux qui meurent, de ceux qui viennent ?
Vous êtes si proche et si loin mon ami
Vos mots sont là comme la chanson d'un monde sourd
Une rivière de cris à mon oreille
J'écoute et j'ai du mal à croire, mon ami, que jamais je ne vous parlerai

Les décennies courent et déjà, vous êtes si loin dans les contrées d'exil
Je vois la vie comme elle est, comme elle reste
Avec ses creux, ses bosses
La couleur noire de l'oubli, la lumière du cri
Et votre présence rebelle sur l'encre des papiers
Et votre présence hirsute
Que l'on extirpe de vos mots qui brûlent le silence des morts
Et votre chant de vie qui réfute l'oubli

M'entendrez-vous mon ami ?
Il y a longtemps déjà
Vous parcouriez la vie comme je parcours l'exil des possibles
Comme je parcours la douleur d'être homme quand on croit à la vie
Et que l'on se sait prisonnier d'un monde que l'avidité dévore

Se souvient-on du jamais ?
Se souvient-on de l'après du vent,
De l'après l'hiver, de l'après la vie ?

JMS

Publié dans Dieu le silence et moi

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Aphorisme

Publié le par Cheval fou (Sananès)

Être à hauteur d’homme,

n'est pas toujours suffisant pour vivre debout.

JMS

Publié dans Aphorismes de JMS

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Jean-Marc La Frenière à Nice

Publié le par Cheval fou

 

Une excellente nouvelle, l'auteur québécois

 

JEAN-MARC LA FRENIERE,

 

Prix Nouvelle Voix en Littérature 2010, au Canada

sera l'hôte des Éditions Chemins de Plume

à Nice les 21 et 23 Octobre 2010

 

L'auteur parlera de son œuvre

lors des manifestations suivantes :

 

le Jeudi 2I Octobre 2010 à 17 h 30

à la BIBLIOTHEQUE LOUIS NUCERA

1, avenue Saint Jean-Baptiste - 06364 NICE

 

***

puis lors d'une rencontre littéraire conviviale

le Jeudi 2I Octobre 2010 à 20 h 30

au CENTRE BAHA'I

24, Rue Maréchal Joffre - 06000 NICE

Cette présentation sera suivie d'un échange poétique

avec scène ouverte aux amis poètes de la région

Accompagnement musical et Collation campagnarde

 

Entrée gratuite

Renseignements : 04 92 09 89 22

 

***

 

le Samedi 23 Octobre 2010 à 15 h

Victor Varjac

reçoit l'auteur québécois de passage en France

Jean-Marc LA FRENIÈRE

LIBRAIRIE "BROUILLON DE CULTURE"

23, rue Hôtel des Postes - Nice

Renseignements : 04 92 09 89 22 

Entrée gratuite

 

 

Publié dans Informations

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De la désinvolture du profit au crime éco-humanitaire

Publié le par Cheval fou

Cher JMF, dans un livre, vous dénonciez l'écologie, ce contre-pouvoir sans mandat qui, selon vous, faisait de l'éco-terrorisme en empêchant l'économie de tourner. Les industriels, disiez-vous, sont des hommes responsables. Vous ne connaissiez sans doute rien de l'appétit et de l'avidité des grandes entreprises ! Pas plus que celui d'une haute finance qui s'est toujours exonérée de ses devoirs envers l'humanité.
Connaissez-vous un laboratoire qui fasse de la recherche primordiale pour le genre humain qui ne dépose pas de brevet ?
Connaissez-vous un industriel qui refuse de jeter son personnel à la rue quand il peut faire fabriquer en Chine ?


Cher JMF, j'aurais tant aimé que vous ayez raison mais encore aujourd'hui, les boues rouges d'un industriel de l'aluminium vont bouleverser l'écosystème d'un affluent du Danube, bientôt la Croatie, la Serbie, la Roumanie, la Bulgarie, l'Ukraine et la Moldavie et peut-être la Mer Noire seront pollués, empoisonnés. C'est le territoire de mes enfants et des habitants du futur qu'ils massacrent. L'industrie ne se lasse pas des catastrophes : Tchernobyl, Three Mile Island, Exxon Valdez, Seveso, San Juan de Ixhuatepec, Bhopal, n'en finissent pas de compter l'agonie des survivants. Combien de poissons, de mammifères marins, de pélicans, pour un Amoco Cadiz ? La douleur animale, existe-t-elle ? La souffrance d'une pieuvre ou d'un oiseau mazouté touche-t-elle les industriels plus que leurs dividendes ? Je vous en laisse juge.

Cher JMF, je ne doute pas que vous soyez un honnête homme, mais mon pessimisme me parait plus lucide que votre confiance en l'homme de pouvoir et de richesse. Les royaumes se construisent toujours sur la destruction et la mort des derniers ayants droit. Ce n'est pourtant pas une rubrique nécrologique que je tiens en ces mots, mais un cri de désespoir. Hélas, je sais qu'il n'est ni du domaine des banques ni de celui du grand capitalisme de faire du social autrement que pour éviter des révolutions. Appropriation des richesses et respect, partage et équité ne sont pas d'un même royaume. Hélas, avant que cela ne soit, j'aurai probablement appris à marcher sur la tête ! À moins qu'à force de manger de la vache folle aux prions dopée aux antibiotiques et hormones, en sauce dioxine-becquerel, assaisonnée au plomb et saupoudrée de zinc et de quelques autres métaux lourds, qu'à force de respirer de l'air remodelé par nos pollutions, moi qui ne sais faire autrement que de respirer sans masque, je sois parti au pays des vieux poètes en colère quand ce temps viendra.

Cher JMF, je vous livre un extrait de mon livre "Le manifeste du pélican". Le terrorisme n'est pas dans l'écologie mais bien dans l'insouciance capitaliste


***
Moi
l'homme animal
l'homme conscient

Moi
l'homme Homme
je condamne
les fils de la chimie
les fils de la consommation irréfléchie

ceux qui empoisonnent
les lacs et les océans
ceux qui jettent des PCB
au ventre de la terre
au ventre du futur
au ventre des banquises endeuillées

je les déclare coupables de leurs actes

Je réclame
le droit du vent, de l'eau
et de la fleur

Je réclame
le droit de l'homme Homme
le droit de l'homme debout
Moi,
l'homme animal
l'homme fleur
l'homme conscient
moi
l'homme Homme
 
Je condamne
les tueurs silencieux
leurs serviteurs en col blanc
leurs serviteurs à stylo
leurs serviteurs à matraques
et autres affameurs

Je condamne
ceux qui
au nom de mercantilismes assassins
revendiquent le droit
d'exploiter leurs semblables
et de tuer la terre
 
Je condamne
ceux qui
revendiquent leur part
de Bhopal, de Minamata, de Seveso
de Tchernobyl
de marées noires
à venir

Je déclare
que la douleur n'est pas fatale
que le statu quo n'est pas final
 
Moi, l'homme Pélican
l'homme cosmique, l'homme chat
l'homme maïs, l'homme grenouille
l'homme fleur

Moi
l'homme conscient
je condamne
ceux qui opposent
la raison d'état
la raison d'argent
au droit de vivre
digne et debout
sur sa tige
sur ses jambes.


Extrait de : Le Manifeste du Pélican - Jean-Michel Sananès - Éditions Chemins de Plume - 10 Euros
 

 

Publié dans Coups de gueule

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