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( Grolle d'histoire) j'ai cru aller loin

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

À force de courir après mes chaussures,
j'ai cru aller loin,
mais je n'ai jamais été plus loin que le bout de mon nez
et mon nez, pas plus loin que le bout de mes pompes.
Quand elles étaient d'humeur curieuse,
je les ai suivies où elles allaient,
le plus souvent, elles m'ont ramené à la maison,
en fait, elles m'ont collé à la peau et à la vie
comme un cuir qui avait du corps à l'âme.

Si d'aventure je les ai ignorées,
c'est qu'à trop de bonheur, on aime sans le savoir !
Fallait-il qu'à parler en silence, leurs maux me brutalisent
pour que je sache qu'hors une âme,
j'avais un "corps" aux pieds ?

Des tréfonds de mes jeunes années,
je les ai voulues en peau de vent et de grande curiosité,
et si, en ces temps elles n'ont pas fait le tour du monde,
ce n'est pas qu'elles ne couraient pas assez vite
où que je fus trop paresseux,
mais bien parce qu'une tenace fidélité
aux vieux chemins d'hier nous retenait ici.

Aujourd'hui, me voilà qui m'attarde
dans la douceur des petits pas
qui règlent mes lendemains.
J'ai perdu les hauteurs du verbe
et les projets vagabonds.

Savez-vous, vous qui m'alliez
comme gants et ailes à mes pieds,
combien, ici-bas, je vous ai aimées ?
Combien, vous habiter
sur la grande roue du monde, fut mon plaisir ?
Savez-vous qu'avec vous encore,
avant que vous ne deveniez pompes funèbres,
je compte cohabiter aussi longtemps que possible ?

De flamenco ou de salon,
quand le ciel fait rouge impatience,
à l'heure des dragons ivres, je vous entends chanter,
vous qui voudriez bien m'emmener plus loin…

Mais déjà, le temps des voyages intérieurs m'assiège,
et si parfois encore j'écris à mes grolles
et leur demande les dernières nouvelles d'ailleurs,
qu'elles soient charentaises, baskets ou mocassins,
savent-elles qu'elles m'entraînent dans leur sillage ?

Dans les profils effilés du lointain,
si vous voyez un vieux, un filet à papillon à la main,
traquant des aurores lunaires, il y a de fortes chances
que ce soient elles qui me fassent carrosse
pour m'emmener en promenade.
Si jamais vous me reconnaissiez,
faites silence, un rêve encore m'attend…
Et il est bien tard ce soir.

(Reprise d'un délire dédié aux photos de chaussures de Marlène Des Chemins )
 
 
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À Tristan Cabral (réponse son texte "Si je meurs seul (ultima verba)"

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

 

Un jour j'irai à Arcachon,
j'y viendrai avec quelques-uns de tes poèmes en poche
et aussi ceux que tu me lisais.
Je t'apporterai des nouvelles de ceux qui t'aiment*
et ton Rimbaud, le bleu de poche 498,
et des poèmes, des poèmes, des poèmes,
des poèmes de tous ceux que tu as aimés.
Dans le fracas des cohues,
je ferai provision de chants d'oiseaux,
je te prendrai par le vent,
par ces flèches de lumière
que tu décochais à l'obscur des Temps,
par ce veston velours à l'odeur d'amour et de révolte,
par la bordure de mots sans adieux et sans larmes
puisque nous nous reverrons.
Sur le sable,
au pied du chant des siècles,
je déposerai nos passés,
nos mères et leurs douleurs,
une photo de Fortino Samano,
un flamenco,
une armada de rires de gazelles en attente d'aurore,
et tout ce qu'il nous faut laisser.
Nos projets d'ici-bas,
je les léguerai à ceux qui parlent d'aimer,
aux enfants de promesses et de lendemains.

JMS le 16/11/2020


* Note. Disant cela, je pense particulièrement à Michèle ton amie fidèle qui m'envoyait tes textes et à André Chenet, celui qui se disait ton petit frère et nous a présentés.

 

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Tristan Cabral : La lumière et l’exil de Christian Malaplate

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Tristan Cabral : La lumière et l’exil raconté

par Christian Malaplate réalisateur

de Trace de lumière

RADIO FM PLUS (-91fm)

présente

Tristan Cabral : La lumière et l’exil

Montage vidéo : Jean-Michel Sananès

En préambule à la diffusion sur notre blog de l'émission "Traces de lumière" sur Tristan Cabral, les Éditions Chemins de Plume remercient Christian Malaplate qui a réalisé cette synthèse avec une infinie justesse. Seule la sensibilité d'un poète pouvait nous faire voyager dans la vie, les ressentis et la poésie de Tristan, ainsi que dans sa douleur d'être un homme de justice et de tendresse, perdu dans un siècle de feu et d'errances.

Pour cette rediffusion, les Éditions Chemins de Plume ont supprimé les chansons et musiques pour ne garder que la voix de Christian Malaplate.

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Sale temps pour la joie !

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Papa Covid joue à cache-cache,
je mets un masque pour qu'il ne me reconnaisse pas.
La tristesse fait le plein,
et même quand on ne défenestre pas,
la joie bat de l'aile,
les étoiles s'étiolent sur un drapeau américain,
les shérifs tirent à vue sur les enfants noirs.

Où que se perde mon regard
j'essuie plus de sang que de rires,
les crimes clapotent sur les claviers de l'âme.

Si l'encre m'est plus rouge que noire,
mon chat trois pattes me livre du bleu,
l'encre alors joue ses facéties et l'heure m'enivre.
Écrire triste n'est jamais sérieux quand le monde est fou,
pourtant quand un texte parle,
écrire a du sens.

 

Jms octobre 2020 (à paraître)

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Créer une âme

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Pour créer une âme
il ne suffit pas que la matière s'agite
qu'elle réagisse au contact de l'extérieur
qu'elle soit un mécanisme de l'apparence
qu'elle ait la capacité à vouloir grand
toujours plus grand
et l'autosatisfaction du miroir.
Pour créer une âme,
Il faut trouver en soi l'enfant en sommeil
lui insuffler l'esprit et la conscience
lui apprendre le goût du bonheur
lui demander l'exigence de la justice
lui donner un cœur et des mains
pour aider la vie

JMS sept 2020 à paraître
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La passante

Publié le par Ile Eniger

Cet article est reposté depuis une source devenue inaccessible.

Col relevé, manteau fermé, robe déteinte, soleil blafard, c’est la saison frileuse. Le froid gagne. Les mots gèlent aux poings. Les lignes ne font plus sens. Le texte piétine dans ses doutes. Parfois s’épelle un nom. La campagne nue comme une vérité démarie les blés des coquelicots. Les loups ont fané aux mémoires. Va-t-on encore au bois ? Plus personne n’en parle. Il ne restera pas une semence d’histoire. Aux planches des cabanes, la fente du jour peine. Des arbres bras coupés font les épouvantails. Mal brûlée, une paille tremble. La tombée du soir gèle la lumière. On entend des voix faibles. C’est la saison du peu, la saison basse. La passante.

 

Ile Eniger - Un violon sur la mer - Éditions Chemins de Plume

 

La passante
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Je ne suis pas une couleur

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Je ne suis pas une couleur
je suis un fils de tempêtes et de printemps
l'enfant d'amours bavardes
et de ce cri mulâtre
qui court dans le sang de toute vie.

Je suis l'enfant du verbe et du vent
de la pluie et de la graine des devenirs.
Je ne suis pas une couleur, pas une religion
je suis celui qui vient, celui qui va,
un souffle égaré dans les tracas de l'espoir
dans les flambées de la folie des hommes
je suis celui qui contre tous
offre des bras ouverts à qui vient sans haine
celui qui face au bâton,
face à l'injure, face à la haine
face au préjugé, face à la suffisance
reste frère et solidaire.
Je suis un homme de toutes couleurs
sans réticence ni crainte
pour qui vient
en quête de pain et de lendemain
pour qui se veut être unique et pareil à tous.

JMS octobre 2020

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