des nébuleuses du sens
où l'orchestration volontaire de l'inexactitude d'un terme
accrédite la vérité d'un ressenti,
l’impose, et offre une puissance inexpliquée à son étrangeté.
Parfois, je cherche mon cri dans la poussière d'un murmure,
le cristal d'une voix inconnue s'y abrite et résonne en moi
comme un non-dit emprisonné entre deux virgules,
l'insensée couleur d'un verbe ou d'un adjectif
y décuple son sens,
l’enflamme.
Est-ce la lueur captée dans le regard d'un bébé
perdu dans l'épouvante d'un monde,
un sourire aperçu dont on voudrait tout savoir,
la frayeur d'un oiseau ?
Où est le sens ?
Quelle est la dimension de ce substrat d'inconscience
qui voudrait exploser au grand jour
et dire tout ce que tu aurais voulu savoir,
tout ce que l'on t'as caché ?
Qui donc a plié la distance entre le soupçon et le savoir,
entre la misère et la beauté ?
À explorer ton âme,
la nuit, tu te perds dans les reliefs de mondes égarés,
de mots qui traquent leur vérité
là où les phrases percutent des bribes de poème
et les irisés morbides d'une rose posée à l'envolée d'une vie.
Qu'y a-t-il dans la transparence de l'ignorance que tu n'as su voir ?
Les âmes savent-elles encore pleurer
quand on assassine les bébés ?
Qu'aurais-tu dû dire, faire, hurler
pour clouer le vent et taire les haines ?
J'ai mal d'une blessure invisible,
qu'y a-t-il dans l'air, dans le stylo, dans l’instant,
qui ouvre ce froid incolore
et l'agrippe à ma peau
aussi glacial que le fil d'un rasoir
posé sur l’oubli qui emporte mes morts ?
Tranchez ma mémoire !
Je ne veux plus entendre la nuit pousser ses cris
ni le silence vomir la curée du jour.
J'écris l'encre trempée dans le désespoir des siècles,
partout la mort frappe aux portes,
j'attends que le ciel s’effondre,
je meurs de trop savoir
et de ne pas savoir fermer l'horreur.
Où va le merle
quand son chant se meurt ?
JMS