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Je gomme je dégomme

Publié le par Cheval fou (Sananès)

Je gomme je dégomme
J'efface, retrace
Je crie
J'arrache les yeux du rire
Je bannis la plume et l'encre

Les doigts enfoncés dans la poitrine
J'écrase une poignée de cœur

J'enfonce le cri
Je me rappelle les lendemains
Je me rappelle les jours de fête
Mais hier s'efface
Je ne sais plus où se cache le futur

Le vent a percé mes mains
La pluie a mouillé le chemin
Le sel a lavé mon regard
La neige a effacé mon pas
J'ai cassé le miroir
Je crie pour effrayer le silence
J'habite la foule pour tuer la solitude
Les guerres ont pris mon âme

Comme une vieille lettre
Je marche sur mes traces
Je ne vois pas demain

J'ai dégommé le rire
Je ne sais plus où je vais.


JMS - In : "Derniers délires avant inventaire" - Editions Chemins de Plume - 12 Euros

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Coup de blues coup de gueule

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

(Réponse à plusieurs commentaires)
Je n'ai pas envie de jouter avec ceux qui chantent l'inqualifiable.
Mon petit-cousin, le jeune Eitan, a été libéré, ce devrait être jour de joie s'il ne revenait pas de l'enfer du Hamas, portant à jamais la blessure de l'image d'un revolver posé sur sa tempe quand il fallait lui taire ses larmes ; s'il n'était maintenant, à jamais, porteur d'images montrant les gens de son kibboutz, mourir démantelés, qu'on lui imposait de regarder ; s'il n'avait pas été battu, torturé… Mais cessons l'inventaire de l'horreur.
Certains d'entre vous seraient tentés, d'un revers de mots, d'en faire disparaître l'ignominie, par un "oui, mais d'autres aussi ont souffert" !
Devrais-je sélectionner ceux que l'on doit plaindre et en disqualifier d'autres?
Toutes les douleurs ont un même poids et en particulier celles des enfants, de tous les enfants… et de tous les innocents, sans restrictions.
Oui, je suis anéanti, choqué par cette barbarie que certains qualifient d'actes de guerre et non de terrorisme, ceux-là mêmes qui me dénient le droit d'être un humain à part entière ; ceux-là qui, comme cet ami qui me disait que Hitler n'avait pas fini le travail ; ceux-là qui, dans mon enfance, devenus Croisés à la sortie du catéchisme, me prenaient pour cible et me poursuivaient dans une cour d'école. J'avais sept ans, je n'avais ni choisi d'être Juif, Arabe, ou autre, j'étais issu d'une famille qui avait épousé la Laïcité et qui, au Quatorze juillet, chantait ses morts et refusait d'exposer ses enfants aux haines et phantasmes des temps.
Oui, je suis désolé et anéanti de voir cet autre qui produit des caricatures de vérités, de même que je le suis en voyant ceux que j'aurais voulu pour amis, éloignés par les haines subconscientes qui les hantent. Dois-je rappeler à ceux qui unissent des haines ancestrales à des haines actuelles que je n'étais pas plus là, que ceux des pogroms de Pâques, que ceux de Dachau, et leur dire : non je n'ai pas tué le Christ ! N'est-ce pas cela qui pose frontière entre certains d'entre eux et moi ? Comment leur reprocher leur allégeance à un devoir subconscient qui formate chez eux une lecture sélective, leur fait ignorer que toute vérité partielle est un vrai mensonge ! Que leur dire ? Ils ne sont pas responsables de leurs héritages culturels, hélas, nous ne sommes ni les premiers ni les derniers à en avoir souffert.
Si mon blog n'avait pas vocation à parler de poésie, je pourrais faire ici-même un historique sans concession des raisons qui font que le Moyen-Orient est ce qu'il est, et entrer dans ce jeu morbide de savoir qui dénigre le mieux son prochain, mais il est plus important pour moi de m'obstiner à dire que les Palestiniens d'il y a environ 2000 ans, (*voir la note), ceux qui aujourd'hui s'approprient ce nom, sont condamnés à vivre ensemble et à s'aimer.
Devrais-je regretter de m'être battu pour le respect dû à chacun, au sein de SOS Racisme, d'avoir encouragé "la Paix Maintenant" et d'avoir voulu voir un jour deux pays pour deux peuples (ou deux identités) ? Devrais-je regretter d'avoir défendu les Gilets jaunes, les migrants, chanté Madiba, Martin Luther King et Gandhi, pleuré avec les Coptes, les Syriaques, les Tziganes et les Roms de Roumanie, les Berbères, les Yazids et les Kurdes ? Devrais-je regretter d'avoir mal quand un homme a mal, sans faire de distinction entre Africains, Juifs, Palestiniens…?
Non, je ne peux le regretter car la morale, quand elle est celle de tous, n'est jamais inconvenante. Le droit des migrants à trouver une terre d'asile n'est pas différent de celui des Juifs, des Arméniens, des Kurdes ou autres, de vivre en sécurité sur leurs terres ancestrales. Tant que la politique soumettra le droit à des priorités électives, la politique sera amorale, inique et politicienne. Et le droit ne sera pas !
Oui, désolé, je pense qu'aucun bébé ne devrait avoir de place en prison ! Je suis anéanti, choqué, par une barbarie que certains qualifient d'actes de guerre et non de terrorisme.

(* note) En 135, Rome fait d'Israël une province romaine qu'elle nomme Palestine, avant qu'elle soit ottomane puis anglaise, et jamais un pays. Les billets de banque de Palestine sous mandat Britannique, en 1925, étaient en anglais et hébreu, avant que ce pays, en 1948 soit promis à deux peuples. Ceux qui ont des intuitions historiques et ceux qui croient savoir, devraient se renseigner.
JMS le 28/11/2023

 

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Où va le merle quand meurt le chant ?

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

                          Il y a dans les contre-jours de la raison
des nébuleuses du sens
où l'orchestration volontaire de l'inexactitude d'un terme
accrédite la vérité d'un ressenti,
l’impose,  et offre une puissance inexpliquée  à son étrangeté.
 
Parfois, je cherche mon cri dans la poussière d'un murmure,
le cristal d'une voix inconnue s'y abrite et résonne en moi
comme un non-dit emprisonné entre deux virgules,
l'insensée couleur d'un verbe ou d'un adjectif
y décuple son sens,
l’enflamme.
 
Est-ce la lueur captée dans le regard d'un bébé
perdu dans l'épouvante d'un monde,
un sourire aperçu dont on voudrait tout savoir,
la frayeur d'un oiseau ?
Où est le sens ?
Quelle est la dimension de ce substrat d'inconscience
qui voudrait exploser au grand jour
et dire tout ce que tu aurais voulu savoir,
tout ce que l'on t'as caché ?
 
Qui donc a plié la distance entre le soupçon et le savoir,
entre la misère et la beauté ?
À explorer ton âme,
la nuit, tu te perds dans les reliefs de mondes égarés,
de mots qui traquent leur vérité
là où les phrases percutent des bribes de poème
et les irisés morbides d'une rose posée à l'envolée d'une vie.
 
Qu'y a-t-il dans la transparence de l'ignorance que tu n'as su voir ?
Les âmes savent-elles encore pleurer
quand on assassine les bébés ?
Qu'aurais-tu dû dire, faire, hurler
pour clouer le vent et taire les haines ?
J'ai mal d'une blessure invisible,
qu'y a-t-il dans l'air, dans le stylo, dans l’instant,
qui  ouvre ce froid incolore
et l'agrippe à ma peau
aussi glacial que le fil d'un rasoir
posé sur l’oubli qui emporte mes morts ?
 
Tranchez ma mémoire !
 Je ne veux plus entendre la nuit pousser ses cris
ni le silence vomir la curée du jour.
 
J'écris l'encre trempée dans le désespoir des siècles,
partout la mort frappe aux portes,
j'attends que le ciel s’effondre,
je meurs de trop savoir
et de ne pas savoir fermer l'horreur.
 
Où va le merle
quand son chant se meurt ?
 
JMS
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Marelles barbares

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

L’enfance, cette blessure trépidante,
festoie à la marelle des souvenirs.
Inlassablement, elle court, se perd en cette cour
où le damier d'un carrelage usé
garde encore l'ombre d'un chat
et de veilles ombres aux sourires éreintées.
Funambule sur un copeau de temps arraché à l’immensité,
je me regarde flétrir,
je danse je cours je meurs je ris.
Zombie inconscient dans une mémoire irradiée,
je cherche un cri de jeunesse,
le visage d’ingénues
que le crépuscule noyait en de sages demeures
affamant l'abondance des désirs.
Qui étais-tu ma belle à peine effleurée d'un regard
quand l'exil trancha le destin ?
À l'explosion des jours, l'absence ne fait plus de projets,
j'ai le regard courbe d'un miroir braqué sur le défilement des jours,
les images naufragent des rêves inaboutis,
je n'ai rien oublié de l'orange amère
et de ce ciel clinquant où les étoiles reflétaient des rires d’enfants
quand pieds nus je parcourais ce ciel
où j'ai cloué mes rêves.
C'était il y a bien longtemps,
avant que ceux qui m'aiment et que j’aime
fassent qu'ici je renaisse.
Mais…
la mémoire,
parfois trépidante,
encore s'acharne à des marelles
barbares.

JMS  

 

 

 

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Encore

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Je n'habite pas l'éphéméride des calendriers
j'ai l'âge de mon chat
celui de la griffe et du jeu
celui de la larme et du rire
celui de vivre et de tenter d'être vrai

Je ne mesure pas l'intelligence
à l'aptitude de vouloir réussir
je crois à la grandeur de la modestie et du don de soi

Je ne suis pas dans le regard de la rumeur
je squatte le regret du "j'aurais dû"
et la dimension de la tendresse donnée

Le bonheur n'est pas une prise de guerre
ni le cœur une calculatrice
je fréquente l'automne du siècle
et des souvenirs d'ailleurs
des utopies et des noms en allés

J'aimerais que le mot respect
soit une valeur prioritaire
que l'œil soit vide de préjugés
que l'amour soit un programme

J'ai encore l'âge du jeu, des passions inoubliées  
des larmes et des joies en réserve
j'ai un almanach où grand-père et de vieux chats
bousculent ma mémoire
Encore je traque la vérité
encore je cultive l'espoir.

JMS

 

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11 novembre (Au Jardin des Diagonales)

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)


Au Jardin des Diagonales, je pensais souvent à mon enfance. Quand j’étais jeune, un vieux fusil pendait sur le mur. Des photos sur la commode, agitaient la mémoire de Grand-père. Lui, mâchonnait du gris. Il disait : "Dans la guerre qu’anges et démons se livrent, chacun croit que l’autre incarne le mal. Rien de tout cela n’est vrai, ce n’est qu’un jeu de miroirs inversés. Personne ne connaît rien à Dieu. Dieu, c’est la somme des douleurs et des joies de l’univers. Le bilan est mauvais. Combien de larmes pour un ventre satisfait ou un rire de bébé ? Il faut être bête comme un homme pour croire connaître la création et les desseins du Créateur. Dieu ne tient pas plus dans la tête d’une alouette que dans celle d’un homme".
Grand-père parlait de son expérience. Il aimait répéter : "J’ai vu grandir la fleur, et l’oiseau l’a mangée, j’ai vu voler l’oiseau et le chasseur a tiré. J’ai vu grandir la peur, et personne jamais ne l’a arrêtée".
Parfois, quand le vin avait un peu trop coulé, Grand-père allait plus loin, jusqu’au point 17 de sa jeunesse. Il avait été soldat, là-bas, en France.
Pour Grand-père, il n’y avait pas d’ennemi, seulement un regard différent porté sur l’autre. "L’autre coté du miroir ment toujours", disait-il.
Au Jardin des Diagonales, je me souvenais que, quand j’étais enfant, Grand-père m’apprenait la vie. Moi Manuel, je jouais. À cette époque-là, nous ne connaissions pas la Guardia et le futur se dessinait dans les contours d’une école aux toits roug
es.

JMS  page 36 (extrait de mon roman) Au Jardin des Diagonales (12 €)

 

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La petite fille de Gaza

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

J'ai mal à chaque enfant blessé
à chaque vie volée
aux 1400 crimes de sang
aux femmes et hommes mutilés, brûlés, décapités.
J’ai mal aux sourires arrachés des bébés
à l’indigence de ceux qui se sont souillés à commettre ces crimes
et à l'horreur dont ils ont inondé la terre.
Je sais maintenant le vrombissement infernal des haines
qui se nourrissent de ciel
je sais les quêteurs de justifications
qui au nom d'un ordre supérieur au service de leur ambition
assassinent la vérité, cloisonnent les chapelles
et ignorent que nous sommes hommes, fils de la vie
avec des cœurs faits de larmes et d’espoirs
des envies d'avenir et de pain.
Je sais les enfants
tous les enfants comme mes enfants
cette petite fille face à l'horreur et au désarroi.
Je sais les avenirs fermés, les vies en berne de la bonté.
Je sais la douleur d'être homme quand on est humain.

JMS (photo internet)

 

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Parfois le vent pleure

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

 

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Vouloir habiter l'humain

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Dans ce voyage où chacun n'est que bruit qui court à sa fin, je ne joue pas un camp contre l'autre, mensonge contre vérité, je ne suis pas d'une famille littéraire, je partage des mots pour la résurrection de l’arc-en-ciel. J'ai l'espoir qui m'insurge quand ceux qui se proclament de la conscience, d'une main moite clapotent leurs bravos quand on égorge, décapite des bébés, quand ceux qui détruisent la laïcité applaudissent ceux qui violent des jeunes femmes à même le corps de leurs compagnons assassinés, et minorent la gravité de l'ignominie idéologique quand on assassine des enseignants. Je ne suis qu'un homme qui parle et pleure. Je suis l'enfant d'un cri qui n'est pas que celui de la rose blottie dans la douceur des crépuscules, ou celui qui s'enferme dans la bienséance. Je suis un homme de chemins et de déroutes. Je n'écris plus au présent, j'écris au passé décomposé sur un espoir endeuillé à voir ces pourvoyeurs de l'horreur et du mensonge piétiner leur humanité. Dans la stupéfaction de vivre, je n'ai d'autre camp que celui de l'humanisme pacificateur. J'ai le cœur en peau de chagrin à entendre ceux qui pervertissent l'information, instaurent une "taqiya" néopétainiste et ne veulent surtout pas qu'un pays où les survivants de leurs holocaustes, soient à l'abri de leur haine. Je suis l'enfant d'un cri et d'une larme sans frontières, qui appelle au respect de toute vie. Je ne suis pas d'une famille littéraire, je suis de ceux qui, avec des mots, des poèmes, servent un devoir d’éthique, celui de sauver la vie de tous les Justes.
JMS
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À brader la conscience, la bonté et le respect, c'est l'humain qui meurt

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Substituez des croyances à l’ignorance
et vous aurez créé une religion.
Donnez-lui du pouvoir et elle programmera
la mort de la liberté, du droit de réfléchir, de douter et de savoir.
Armez ses serviteurs
et ils institueront la dictature, le nationalisme et la guerre.
Ils vous diront que la terre est plate,
que les femmes n'ont pas de droits,
que l'homme fut créé il y a huit mille ans,
et que douter est un blasphème.
Des hommes qui n'ont lu qu'un livre,
qui haïssent les encyclopédies
mais ont l'intelligence du pouvoir et de la haine,
au nom de leur croyance
tueront l'école, la tolérance, la laïcité,
armeront l'inquisition, la djihad et la guerre.
Au nom de celui qu'ils nomment le Très Haut
ils tueront Sa création,
assassineront la conscience,
la bonté et le respect.


JMS

Publié dans Textes de JMS

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