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Un jour

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Un jour,
j’élèverai les enfants d’hommes
comme j’aimerais élever les arbres, les animaux
les monuments et les sanctuaires
et tout ce que l’on peut aimer
avec la tendresse que l’on doit à la vie
aux fleurs et à toutes les créatures.
Car nul n’a été créé pour être exploité ou mangé,
car nul, quelles que soient ses obligations,
n’est en droit d’oublier le respect.
Et j’ai prié,
prié pour que n’arrive pas l’extraterrestre
qui se comporterait comme un homme
et le mangerait, le mettrait en esclavage,
l’appellerait objet animé,
le ferait souffrir,
lui imposerait sa volonté !

C’est à cela que rêvait mon chat
quand je l’ai réveillé.

JMS
in "Homme, Où vas-tu ?"
À paraître
Illustration Philippe Galazzo

 

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Rêve de pierre

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Parfois je suis persuadé que je vis dans le rêve d'une pierre au soleil qui s'invente un monde dans lequel je suis une particule qui se déplace. J'ai peur que la pierre se réveille et redevienne caillou, qu'elle m'oublie. Peut-être est-ce cela le mystère de vivre ! À la sortie d'un de ses rêves, la pierre a effacé mon chat et les fleurs  du jardin, et je suis là, seul à me demander où vont les chats et les fleurs quand ils partent chassés par l'éveil d'une pierre. Peut-être en reste-t-il quelque chose ? Et peut-être, moi aussi,  aurai-je une place en ce lieu ou résident peut-être aussi encore certains des miens. Les rêves de pierre sont des étoiles qui bougent et naviguent entre le ciel et l’avenir. Venu d’un atome premier, je cherche mon présent dans le passé. Fils d'un rêve cellulaire, je remonte la vie. Que reste-t-il de toi, de ma cellule originelle qui se fit poisson et fleur ? Tourne tournesol autour de millions de soleils, je suis l'enfant des multitudes, d'un arbre au caractère ombrageux, le frère d'un chat dévergondé qui inventa le jeu et la griffe oubliant les frayeurs de brousse ; je suis l'enfant d'un singe méditatif qui inventa le calcul et compliqua la raison, je suis de tout cela, et de vous aussi, fils des révolutions de la Terre et de l’évolution. Je ne vous oublie pas et j'ai mal quand vous maltraitez la progéniture de chair de sève et de sang qui m'enfantèrent. Je nous sais frères de vie sous le regard des pierres qui nous voient passer. Je suis une roche qui roule, un grain de vie dans le sablier qui court vers l'avenir. J'ai récolté la patience  et la mémoire des jours. Ne tuez pas la vie, j'ai mal à la banquise, aux fils de l'enfance des millénaires perdus dans les années lumière où s'éteint le vivre ensemble. Qui êtes-vous  frères de la cellule et de l'atome ? Où vont nos vies, nos douleurs, nos rêves ? Tourne, tourne le cosmos. Enfant du Vivant,  j'ai oublié mon futur et me contente d'être là. Ne frappez pas les pierres qui dorment, les cœurs de bois, les cœurs de sang et la senteur des fleurs, j'ai le futur fragile.

JMS 22/04/23

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Là où mon rêve s'éveille

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Parfois,
à l'heure où le varech et le sable de mémoire
 baladent leur tristesse,
là où le rêve s'éveille,
voyageur d'infini
je parcours d'autres temps,
accoste des senteurs
de piment doux, d'orange et de cumin,
une voix m'y berce,
celle d'une mère qui chantait
"duerme duerme négrito".
Ceux qui n'en savent rien disent
que je retourne en enfance,
mais non,
à l'effacement du jour
je combats la guerre et l’exil,
j'épouse ma jeunesse.
Sous une pluie de rires et de soleil,
c'est un ressac de passé
où l'homme visite sa source.
JMS

 

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Quand je reviendrai, mon père, ne m'oublie pas.

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Là où les ventres forcés
ouvraient des berceaux sans pères
sans ciel, sans rires,
j'ai eu mal ma mère, mal mon père, mal pour vous.
Maudite soit l'humiliation,
et si le vent fut mauvais, j'ai pardonné au temps.
Quelle heure est-il, quel jour fait-il
que je m'y perde ?
La croissance des adieux vous enlève
à l'éventration du silence,
il pleut des arbres morts
pourtant, j'ai vu les cerisiers d'un printemps à Tlemcen
*
et la flamboyance des fruits d'espérance,
c'était en de lointains matins, en un monde disparu.
Tout part, tout s'efface, c'est le triomphe de la mort-sure,
l'écharpe barbare du souvenir est un collier de ciel et de soie
où l'hirondelle percute mes printemps.
Il y a des chants de pierre et des voix d'ailleurs
qui cabrent l'absence.
Mère, l'anneau à ton doigt cercle les décennies,
où es-tu dans la grisaille des bonheurs oubliés ?
J'ai mal mon père, mal pour toi, pour vous,
à l'explosion des spectres,
la nébuleuse du passé n'oublie rien.
Il est un détroit où je me rejoins,
je cherche un nid où abriter mon rire,
mais il est si tard à l'horloge des vies.
Je plie la distance,
le temps s'égrène plus vite que l'espoir,
demain je guérirai
au coin d'un rire revenu.
Nous avons connu l'heure du jasmin,
quand je reviendrai, mon père, ne m'oublie pas.

JMS

Tlemcen,* ville d'oranie

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Mars est parti

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Sans rien dire,
il y a moins d'une semaine,
mars est parti
avant même que n'arrivent les œufs de Pâques
me laissant encore bélier
sur un cadran astral.

Infidèle,
l'année m'a posé un lapin,
me revoilà, Cheval fou,
avec sur ma table, l'avenir,
ce gâteau courant vers sa fin
sous l'auréole de bougies.
La flamme de l'instant brûle en moi
comme une étincelle de bonheur
alors qu'une fuite de calendrier
m'arrache des cheveux et du temps
et que, dans l'in-dimension des ères
et les reliefs du silence
quelque chose murmure :
seule la vie à conscience du temps,
seule elle comptabilise les jours.
Cheval fou perdu au derby de l'extravagant
où le trot passe au pas,
rien n'affecte pourtant mon envie
de croire à l'impossible,
de me sentir partie de ce Tout
où le vent sidéral me porte et me dissout.

Je suis frère de la cellule, de l'atome et du rêve
dans ce champ où l'infini
invite à nous croire
vivants et éternels.
Merci au jour,
merci à ceux qui manquent
à ceux qui m'ont offert le voyage.

JMS

 

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Rendez-vous "Café Provence"

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

L'automne s'est assis à ma porte
et l'hiver est arrivé.
L'absence et le vide crépitent autour de l'égarement des jours,
le jardin se dépeuple,
c'est une neige de mots qui glisse dans un frisson d'oubli.
J'aurais tellement aimé que l'on se retrouve
ailleurs qu'en ce festoiement de nostalgies,
autour d'une de ces tables de bar
où l'alcool enivrait nos mots de promesses à la vie,
intraitables comme l'étaient nos utopies
quand à 20 ans le besoin de vivre haut faisait tonner le verbe.
Amis, je vous donne rendez-vous "Café Provence",
à l'heure des déraisons et du temps perdu.
Ressuscitez mes amis,
reconstruisons un monde plus vaste que nos déceptions,
toi qui parlais d'un monde sans travail et de robots qui trimeraient pour nous,
toi qui voulais réinventer un art non contrefait
où le génie ne serait pas provocation,
toi qui nous parlais de Krishnamurti et de nouvelle conscience,
et vous, vous qui frissonnez dans l'ombre des mémoires,
vous de l'au-delà de toutes les vies que j'ai eues,
de celles qui allaient d'échec en reconstruction,
de rêves en larmes, de désespoirs en euphories,
savez-vous qu'après avoir voulu en mourir,
à l'heure où viennent les enfants
j'ai trouvé le monde si beau
qu'avec ce qu'il me reste de vie
je voudrais rebâtir le futur
le repeupler de nous,
de nos doutes et de nos rêves.
Pas besoin d'architectes, de fils à plomb,
ensemble allons, à tort ou à raison,
sur cette passoire où le fil du temps s'écoule en nous emportant.
Peuple de ma mémoire,
je veux encore nourrir l'amour,
regarder les enfants et du profond de nos échecs
leur dire "votre tour est là".
Encore il faudra appeler le soleil
la révolution vit dans les cœurs,
aucun idéal n'est vain
quand on attend demain.
JM
S

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Les mots...

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

De pleins et de déliés,
de vides et d’idées,
petits puzzles de lettres
qui jouent et dansent dans ta tête,
les mots tu les crois à toi
mais dès qu'ils ont fait phrase,
dès qu'ils se croient nés d'un cri de papier,
ils sont comme des enfants
et ils appartiennent à l'œil qui les a lus,
à ceux qui les comprennent et qui les aiment !

JMS

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Comment se dire poète ...

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Fallait-il que je vous sache jongleurs d’iniquité
tenant le mauvais côté de la matraque
pour que ce cri résonne
éculant mon pacifisme pour souffler un vent de révolte !
Comment se dire poète 
quand le mot est devenu si mercantile
que le roman ne s'écrit plus pour être lu mais pour être vendu 
quand le libraire fait ses emplettes au hit-parade de l’odieux-visuel
quand l'âme humaine se distille en fraude 
parmi les blessures du poème et le silence du jour ?
 
Comment se dire poète 
quand au matin l'homme-misère 
se redresse pour défier le regard de l’exploiteur
quand le monde d'en haut
ignore la différence entre empathie et suffisance
quand l'indignation ne suffit plus 
et quand l'espoir ne retrouve plus sa route ?
 
Tournent tournent les presses à vérités apprêtées.
Le crime et le scandale font leur business
quand Versailles joue ses fastes 
sur délit de finance, paillettes et arrogance 
quand la République brade la vie du petit peuple 
offre des permis d'exploiter sans limite d’âge 
détruit le pacte républicain
réinvente le STO (Service du Travail obligatoire)
brandit l'étendard du CAC 40
 arme la loi des araignées et ses cordées de francs-tricheurs
qui au pas de Loi braquent un colt 49-3
et flinguent la démocratie !
 
Ne faut-il pas que la poésie hurle 
quand vous bannissez l'espoir ?
 
Qui d'entre vous parle de la violence de la rue
quand il n'enverrait jamais ses père et mère
à l'usine après 60 ans ?
Qui d'entre vous délaisserait 
ses dîners d’affaires pour porter un sac de ciment ?
Briser les dos 
ne vous inquiète pas plus que la faim des autres !
 
Messieurs d'en haut qui dites aimer la France
quand vous devriez aimer les Français
ayez peur quand le verbe saigne à cœur ouvert.
Le peuple d'en bas ne sait plus vivre à genoux
craignez le verbe quand la misère ouvre le poème 
craignez l'injustice quand elle peut être fatale.
JMS 25/03/2023

Publié dans JMS - A paraître

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Je voyage

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Venu de l'Infini
    je voyage dans le bagage de vivre
    j'y suis entré comme l'on tombe dans un livre
    je suis la virgule qui se cherche de ligne en ligne
    le point d'exclamation qui ferme la surprise de l'instant
    clôture la joie et la douleur inattendues
    le point de suspension sur une page à tourner
    l'accent aigu sur le cri
    le ô sur la larme
    le mot attendre à l’arrêt d’un train destination futur
    je suis la frayeur d’un livre
    marchant vers son point final.

JMS

 
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Hé Léo

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Hé Léo,
ton écharpe rouge, la portes-tu encore ?
J'ai froid et faim de mémoire,
de coups de gueule et de conscience.
Hé Camus, Aragon, Jara,
pourquoi tout ce raffut au squat des disparus ?
Que faites-vous aux embuscades de mon chemin
à me remonter des odeurs de marrons chauds,
prairie aux oiseaux - Jardin du Luxembourg - 1968
Paris, Santiago du Chili, agitent encore leurs ombres,
et vous, que faites-vous toujours debout
dans la brume et le ressac des coups de blues ?
Quand une douleur de jours blessés emballe l’espoir,
Camus et Neruda me tiennent par la main.
Avais-je besoin d'une mère,
d'un père pour me montrer le chemin ?
Si l'horizon est parfois si noir, parfois si clair,
et le chemin si précis,
c'est que vos mots me sont boussole
dans vos indestructibles permanences
En fantôme, je hante le lit de vos mémoires
Camus, Aragon, Jara…

Il est bien tard Léo,
Pépé et ton écharpe rouge
parfois me parlent,
le sais-tu ?

J'ai froid et faim de la mémoire des espérances,
des coups de gueule et des consciences,
je n'oublie rien,
à tant vous aimer
j'en ai sûrement grandi,
le savez-vous ?

JMS Texte inédit.

Texte publié par Dana Shishmanian dans la revue Francopolis

http://www.francopolis.net/salon2/J.M.Sananes-JanFev2023.html

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