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textes de jms

Dés jetés

Publié le par cheval fou (Sananès)

Dés, dés jetés, délires
des rires, des larmes
c’est une révolte de chats-mots
muses funambules
charivari du verbe
délires en cahiers
cahiers ordonnés désordonnés
cahiers agencés en pulsions arythmiques           
en urgences de cœur
en rythme fou
la vie court

Et nous qui savons
que les rêves sont rebelles
et toi, mon chat
dans cette cour des miracles
tu vas
et moi auprès de toi
et tant de rêves auprès de nous
et tant d’amour entre nous

Je ne sais rien
la terre tourne
mon chat vieillit


Belle, je dois te dire :
sur la terre mouillée, la fleur frissonne
Mon chat auprès de moi
mes yeux sèchent de vieilles larmes
C’est une frayeur de vent
que la tendresse enraye

Tournent les jours
                tournent les dés
                                 les dés jetés 
                                                  les délires en goguette
                        les délires de mots assoupis
en cahier de mots désordonnés

et toi, mon chat
tu vas
et moi auprès de toi
et tant d’amour auprès de nous
et toi qui vas
dans cette cour des miracles.

JMS - "Dernières nouvelles de mon chat" - Dessins Jms  - Editions Chemins de Plume - 12€

 

 

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Ne pars pas

Publié le par Cheval fou (Sananès)

Ne pars pas
J’ai le cœur en hiver
L’oiseau cherche son chemin

Ne pars pas
J’ai le cœur à l’envers
Le monde a perdu l’endroit

Pas maintenant
J’ai le stylo blessé
Un oursin sur ma voix

Je meurs de guerres et de tempêtes
Face aux armes
Le juste n’a pas de droits

Je meurs une radio allumée
Le monde court de travers

Ne pars pas
J’ai le cœur en hiver
L’effroi glace mon sang
Comme une bouffée de mort
J’aspire la radio
Partout guerre et tempête
Le froid gicle en moi

Ne pars pas
Pas maintenant
Je meurs de nouveaux désespoirs
J’ai le stylo blessé
J’ai des rêves d’encre rouge

Va mon fils,
Ne m’attends pas
Ne m’attends plus
Va et marche devant

Aux quatre vents
Je t’ai légué la mort
J’ai cassé la pendule
Et si mon sang se fige
Et s’il n’y a plus d’étoile
Et si l’effroi me glace
J’ai voulu le droit chemin

Marche devant, mon fils
Je t’ai laissé mes cendres
Marche, ne m’attends pas
Ne m’attends plus
Marche et va tout droit
Moi, je ne sais plus rêver
Marche, je n’irai pas plus loin.

JMS - In "Plus frère que frère" - Editions Chemins de Plume - 12 Euros

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Lettre

Publié le par Cheval fou (Sananès)

suite au texte l'encre et le papier de Jean-Marc La Frenière (à découvrir sur son blog)

Avec toi qui "brûles le mot feu pour réchauffer ton coeur", qui pleures dans "cet univers qui s'émiette", avec toi qui allumes des lumières et "sème des graines de vivant", qui "traîne le mot frère avec les noms des camarades", avec toi, le Desesperado de l'amour qui mets au rancard les tontons Macoute du libéralisme et leur paradis fiscaux, les écritures millésimées du malheur de l'ailleurs des coeurs, avec toi qui révoques les houries sanglantes et autres fruits de paradis, avec toi je crois que, par l'encre et le papier, nous appellerons à la conscience qui nourrit l'amour plus haut que l'amour, celui de l'amour ici et maintenant.
JMS

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Poings serrés, du sel au regard

Publié le par (Sananès)

Il a riposté comme un rire qui tombe.

Le silence n’est pas ce cri tiré à blanc, une transparence de mots posée sur un matin d’hiver quand la neige se tait. C’est une intensité de calme qui arrête le "rien dire", un flot vide sur une tablée de vie où j’invite les étoiles. C’est cette rue immobile où j’attends le bonheur qui passe, c’est mon chat qui cligne des yeux, un nuage qui hésite, c’est une impertinence qui arrive.

Dans la contradiction du temps, l’oiseau s’est arrêté comme une douleur impatiente que le froid a, à jamais, figé. Il fait neige et glace. Poings serrés je regarde passer le jour et ce trop plein de « rien » qui enveloppe le sens – le brut, le non-sens de la vie. Une vie en grève. L’oiseau n’est plus. Il a riposté comme un rire qui tombe.

Un copeau de plume, un duvet, une fenêtre fermée. L’enfant ne rit plus. Un ciel trop grand nous écrase comme une odeur de poudre, comme un cri de sel dans la brume d’un regard.

JMS

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Mon chat, dans l’ombre de l’été

Publié le par Cheval fou (Sananès)

Mon chat ne paresse pas dans l’ombre de l’été, il l’habite, il en parle.
Dans l’ombre dont il parle, il y a des valises de clinquant, des rivières de paillettes, il y a des taureaux tête baissée et du rouge dans l’arène, il y a des désirs carnassiers, des bravos, des t’es beau, des m’as-tu vu, des pendules qui courent, des ambitions et des coups de cœur qui jouent et toute la clique des agitations inutiles…
Dans l’ombre dont il parle, il y a le clique et la claque des flonflons du bal et toujours quelqu’un qu’on oublie, un rêve en jachère et une lumière qui se perd, celle qui brille si haut que l’on ne peut la voir que les yeux fermés, il y a le scintillement d’un rubis que les paillettes éclipsent, le frisson d’un ange qui meurt dans une odeur de frites, il y a la lumière du sens, il y a celui qui la cherche et se perd à l’appel des sunlights.
Dans l’ombre dont il parle,
il y a la boussole du jour que l’on perd à trop courir.

Mon chat sait qu’il faut creuser l’ombre, jeter les faux-semblants et les jeux de miroir pour trouver la lumière du vrai, s’appeler par son prénom, devenir soi-même et habiter ses rêves.

Mon chat sait la mort de l’étoile et l’ombre du soleil cannibale.

JMS - "Dernières nouvelles de mon chat" - Dessins Jms  - Editions Chemins de Plume - 12€

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Dicton du pays des chats

Publié le par Cheval fou (Sananès)

 Quand un chat court après sa queue

il perd la tête

 Quand un homme court après son ombre

il perd sa lumière.

JMS

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coup de griffe

Publié le par Cheval fou (Sananès)

Mon chat qui n’est pas fou déclare volontiers que
les hommes
qui ont des idées carrées
ne tournent pas rond
Mon chat n’est pas un plaisantin.

JMS

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Poète !

Publié le par Cheval fou (Sananès)

Poète ! Je ne suis peut-être pas poète. Ce mot, plein d’ombre et de lumière, est si vaste, si lointain du genre humain enfermé dans l’étroitesse du carré de ses ambitions, si peu adapté aux compteurs de la bourse qui diversifient les dividendes, que je ne suis sûr de rien.
Poète, est un mot qui ne s’enferme pas dans une définition, qui ne réside pas dans un fait culturel. Personne ne nous apprend à rire, à regarder, à sentir, à aimer. Certains nous encouragent, ou nous découragent, voudraient faire de nous des soldats ou des littéraires, mais nul ne peut nous imposer d’être ce que nous ne sommes pas. On ne nous apprend pas à vibrer, à parler aux fleurs, aux couleurs ou aux nuages. Les dictionnaires de rimes sont, comme les précis grammaticaux, des outils pour nécessiteux. La règle et l’usage sont deux territoires étrangers. Il n’y a pas de dictionnaire de cœur, de courage, de syllabaire du sentiment, ou de cartographie des rêves. Il n’y a pas de mode d’emploi de la passion. La carte du tendre est enfermée dans le dernier soupir. La Poésie est un mot que les barreaux ne retiennent pas. Si parfois je marche à ses côtés, je reste et resterai ce que je suis, un hippie échevelé sur les routes du rêve. Un vieux rêveur qui cherche son Katmandou et le paradis des éphémères, toujours en quête de la vibration de la lumière, toujours émerveillé par les soleils intérieurs que cachent les yeux d’un chat. Si longtemps que je serai là, je chercherai des poissons qui chantent et des amis en hiver, des rires dégoupillés, des edelweiss en été. Dans les soirs embrumés de la mémoire, je chercherai à revoir Jeux Interdits, agrippé à une tendresse qui saigne. Encore, je chercherai demain dans le lit des rivières, et, si j’en suis enrhumé, soyez sans pitié : riez.
JMS - In : "Derniers délires avant inventaire" - Editions Chemins de Plume - 12 Euros

 

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Dernier rivage

Publié le par Cheval fou (Sananès)

 

Photo A. Richard

***

Accoudés aux galets
les escaliers du vent regardent la pleine mer

Un ciel de gris posé sur de vieux rêves
cherche dans la nuée des mots perdus
les lettres de l’espoir

La palette désossée des blancs et noirs
regarde un monde que les jours effacent.

JMS

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Le cri d’ombre et la fleur coupée

Publié le par Cheval fou (Sananès)

Photo Virginie Aymard

***

Une photo a arrêté le temps
image extrêmement précise
effraction dans le passé – parcours de l’instant
voyage en noir et blanc.
Huit doigts visibles - ceux d’une petite fille.
Enserrées dans la petite main – six fleurs - pétales ébouriffés
à peine étranglées
étrangeté d’une mort sans cris – minute de douce panique
instant volé.
Un regard d’ange qu’on ne peut pas voir
qu’on devine
l’ange contemple le crime invisible  
inutile
des pétales de neige sale
un jeu  qui arrive.
Déjà, j’entends bruisser le murmure
une comptine se décline
du "je t’aime un peu, beaucoup" - "jusqu’à la folie"
des fleurs jetées – un pré piétiné
et la vie qui court.

 Je suis sorti de la photo,
dans l’immensité du vertige, où suis-je ?
Dans la photo ?

Des pas… et d’autres pas fracasseront le temps sur des jeux de marelle
et la vie qui court
dans ce déjà passé
confondra le futur.
Je ne sais où, des milliers d’enfants useront leurs rêves
du "un peu, à la folie" - au "pas du tout".

Et partout des fleurs en frayeur.

JMS

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