1er mai 2022
En ce mois de mai
où un peuple se fait massacrer,
quand l'utopie d'une fraternité entre les hommes
et celui d'un sauvetage de la planète
fait ses adieux au rêve,
quand seul le malheur
et la peur des sanctions électorales
appellent à la raison,
quand, ici et ailleurs,
les enfants et les hommes du labeur,
aux espérances étriquées,
dans le désenchantement de la promesse,
oublient de battre le pavé,
parce que
quelque chose en moi,
dans l'indigence de l'espoir,
ne veut pas mourir,
encore je vous livre
quelques lignes de mon recueil de 2007.
Opus 24
Requiem pour 1968
***
Je croyais en Tes mondes infinis
car je suis chien de mémoire
fidèle comme le remords
Dans un ailleurs
Tu étais là
parfois je Te nommais
Je Te savais parmi nous
je chantais à Tes côtés.
Opus 24
Je me rappelle ces temps
où les Lolita, pour un baiser
pour un tour de bras
volaient de brefs instants au banal
Un brin d’encens à la main
elles se disaient
égales aux hommes
les ouvriers rêvaient
Pour un Krishna, pour un Jésus
pour un Dylan, pour un Donavan
les hauts-parleurs jetaient l’amour
Les yeux jetaient du rire
les oiseaux parlaient tendresse
Martin Luther faisait un rêve
Dieu dansait à nos côtés
Sur les pavés du pouvoir
les "bien-pensants" outrés
pactisaient autour des guerres
Du Chili au Vietnam
ils jouaient du crime et du napalm
Je regardais les "hommes de bien"
ils jouaient
à faire courir la mort
De Charonne au Biafra
ils étaient là à vendre leurs couteaux
à vendre leurs canons
Sur la cartographie de la misère
les grands
verrouillaient le monde
essaimaient leurs corruptions
ancraient leurs dictatures
dépossédaient les peuples
capitalisaient les étoiles
ensemençaient le futur de Forgeard* goulus
et autres détrousseurs de rêves et de richesses
ils nous préparaient leur monde.
*(aujourd'hui nous dirions les Carlos Ghosn et autres comparses)
In Opus 24 Requiem pour 1968
Publié aux Éditions Chemins de Plume