La vie sans paillasson ou l’enfant suicidaire

Publié le par Cheval fou (Sananès)

Quand mars fut venu
funambule aux clairières du non être
j'hésitais


Minuscule fagot cellulaire
à peine lié à un souffle de vie
je m'attendais


Sans essuyer mes rêves au paillasson des étoiles
j'ai replié la nuit
fermé l'ailleurs
sans clef, sans certitude
j'ai ouvert la vie
et le bruit est venu


Mon premier mot fut un cri sans larme
un effroi
une attente de nuits éternelles
et de soleils vagabonds
entre le sel et les herbes amères
aux encornures du vacarme
je découvrais le jour
et les frontières de la raison


Précocement, j'appris la larme funambule
et les soubresauts de la douleur


De loin
j'imaginais une mère en rires
les frissons torsadés de l'amour
des clairs de joies sous des cascades de lune
De loin
J'imaginais l'innocence du bonheur
dans les ailleurs du monde
Déjà
à l'ombre hachurée des persiennes
je me disais : n'aie pas peur du voyage
avant de vivre tu as déjà connu la mort
J'étais l'enfant du noir espoir
l'adolescent du non espoir


Comme des larmes de mère
l'épine du devoir
enfermait ma vie
funambule du vivre
dans l'odeur du néant
je creusais l'hiver pour en extraire le soleil
j'attendais que passe le jour
je cherchais le jardin des âmes


Sur fond de mort
sur fond de guerre
j'attendais que la vie se lasse


Dans l'hiver algérien j'écoutais Lorca
je cherchais le sens
j'attendais que les jours passent
j'attendais
je cherchais à être


On ne vit pas sans s'attendre
je m'attendais


Et si, de ce passage ici, il reste quelque chose
je ne veux emporter que la lumière d'un rire.
Au paillasson des étoiles, j'essuierai mes peines.

 

JMS - in "Derniers délires avant inventaire" - Editions Chemins de Plume - 13.50 Euros

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C
<br /> <br /> Tant,  ô tant de résonances ...<br /> <br /> <br /> ma prière : que ces "délires" ne soienrt pas les "derniers" !<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
C
<br /> <br /> Peut-être pas les derniers mais peut-être le prélude à un temps d’écritures et de silences différents (le temps d’un roman) mais parfois encore des textes incontinents s’échapperont de ma plume,<br /> inonderont et se confronteront aux silences de mon blog<br /> <br /> <br /> merci de ta visite Colette<br /> <br /> <br /> <br />
J
<br /> merci pour tes mots qui touchent<br /> <br /> "je creusais l'hiver pour en extraire le soleil"<br /> <br /> peut être que la vie c'est ça ?<br /> ça parle<br />  ça crie<br /> creusons...<br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Parfois trop de nuages sur les mots, trop d’hiver sur le chemin, qu’un commentaire déneige<br /> <br /> <br /> Amicalement,<br /> <br /> <br /> Jean-Michel<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> <br /> ce poème éveille un écho en moi peut être  à cause de la guerre .  pourrai-je écrire un écho ? dire serai trop long  la poésie  parfois en moins de mots dit tant de<br /> choses<br /> je vais revenir lire encore  <br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Merci Adeline pour votre commentaire<br /> <br /> <br /> Je réponds tardivement, mais je suis sensible au fait de savoir qu’au milieu de l’autisme général, parfois un mot, une phrase, une poésie trouve son chemin.<br /> <br /> <br /> Amicalement,<br /> <br /> <br /> Jean-Michel<br /> <br /> <br /> <br />