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derniers delires avant inventaires

Il y a ceux

Publié le par Cheval fou (Sananès)

Il y a ceux qui creusent l’aube

les mains avides d’espoir

mais qui ne trouvent que la faim dans le voyage du jour

 

Qui es tu

marin des heures qui accoste les rêves décharnés ?

Une enfance en rade ?

 

À trois pieds trois nœuds de là, dansent les capitaines

et fait chaud dans le matin qui monte

 

Moussaillon oublié tu apporteras le pain

et la vie ne te donnera rien

ta vie tu la donneras

Pour rien

 

En d’autres temps, j’étais baleine

quand je pleurais on me mettait la tête dans l’eau

à l’aube j’ébrouais mes larmes

c’était au temps des grands requins

c’était dans le maintenant des argentiers

il y a loin, les prolétaires avait mangé leurs bas de laine

mais à chaque jour sa peine

 

Il y a ceux qui creusent l’aube

 

Aux matins, les présidents les capitaines

partagent le monde confisque l’espoir

 

Moussaillon oublié tu leur apporteras le pain

dans le voyage du jour tu trouveras la faim

la vie ne te donnera rien

ta vie tu leur donneras

 

Pour rien

 

À trois pieds trois nœuds de là, dansent les capitaines

et fait chaud dans le matin qui monte.

JMS - In : "Derniers délires avant inventaire" - Editions Chemins de Plume - 12 Euros

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Il y a des jours

Publié le par Cheval fou (Sananès)

Il y a des jours

il y a des jours où j'exile mes folies

rien n'y est amoral

rien n'y est anormal

il y a des jours

il y a des jours ou j'ai des troubles de la déraison

je fais le ménage

il y a des jours où mon chat ne dit rien

les heures filent entre ses griffes

je suis normal

je déplie de vieux neurones

je me regarde et j'oublie

De long en large

je fuis le profond

je m'ennuie

et même je fais de la compta !

et pourtant je n'oublie pas de t'aimer.

JMS - In : "Derniers délires avant inventaire" - Editions Chemins de Plume - 12 Euros

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Je remonte la rumeur

Publié le par Cheval fou (Sananès)

Je remonte la rumeur, je descends la rue, c’est une odeur de déjà vu.

Je baisse. Faut dire que je ne suis qu’un personnage à la gomme, pas tout à fait fini, tant le cumul des jours, m’écrase, m’efface, me triture, me rature. À l’Est l’horizon décline et le Sud se brouille. Ma feuille de route se grise. J’ai perdu le Nord,  je ne compte plus mes fautes. Depuis des siècles et trois minutes, je suis entré dans le silence. Longtemps, j’ai cherché la lumière, la sortie, le vent, la pluie. La brume fut intense. Faut dire que nul n’est à l’abri des poussées d’ego, des éclats de vie.
 

Faut dire que je ne compte plus pour grand monde, je ne fais d’ombre à personne, je suis transparent. À reculons, je traverse les orages du siècle, le mal de vivre et l’avenir en berne. Partout les chauves souris cherchent la nuit. J’ai froid, mais le soleil me donne des coups, des coups de chaud, des coups de coeur, des coups de lune.  J’ai-gris, je crains les coups de blues et les coups de gueule. Je me soigne, je me soif et je bois. Je ne suis pas un écrivain digne de ce nom, entre je bois et je dors, je suis une terreur d’encre bleue et de blanc papier. Je dégomme de vieux verbes, je frappe du crayon, j’exhume des rires oubliés, des rhumes de cerveaux. Je tire le verbe à face ou pile, j’efface, je pile je compile, je traque la conscience, je détraque le sens, j’encense la raison, je ficelle des mots, je phrase, je bûche, j’élague, j’arase de la consonne et du chiendent, je m’oripeaux,  je m’horripile, je délire, je lis, je graphite, je hiéroglyphe des alphabets de cris indistincts, je trans-pire de la plume, de la bille, j’efface, je m’efface. Mon crayon ne croque plus rien. Dès le matin, j’ai faim, faim de lire, faim de vivre, faim de dire ; faut dire que je ne suis qu’un perce oreille que personne n’écoute. Je suis un navire aux écoutilles du verbe, j’écoute le vent, la mer, la peur, la frayeur, le rire, la tendresse. Jour nuit plein rêve plein vie, j’écris. Quand je n’ai pas le temps, je cause, je solde, je brade,  je casse, je tracasse, je passe l’arithmétique du mot en profits et pertes, je passe, j’efface !

 

Je ne suis qu’un mille-pattes qui boite au fil des vers, un ver luisant dans des envers de prose, un univers en quête de lumière. Partout c’est la dérime, partout, c’est la déprime. Je frappe du crayon. Je ne suis qu’un mot unijambiste qui marche en crabe et garde son cap, je ne serai jamais un apprivoiseur de mots roses, un matador de salon, un beau parleur de tea for two. Je ne suis pas digne, je suis transparent, je griffe, et je déprime. Dans les gravats de l’alphabet, dans les poussières du vivre, je suis un dégât collatéral du verbe écrire.

Si au fond d’un vieux cahier, un jour j’enterrais mon âme et qu’un croque en mot  découvre le pot aux roses, je serai la dernière épine.

JMS - In : "Derniers délires avant inventaire" - Editions Chemins de Plume - 12 Euros

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Mon amour, il n’y avait pas de vent

Publié le par Cheval fou (Sananès)

 Mon amour grand comme un délire inférieur, trois fois plus grand que le carré de la tangente supérieure des trois galaxies. Mon amour grand comme trois infinis, deux sourires et le pouce. Mon amour, il n’y avait pas de vent, seulement un crissement de comètes. Je ne suis pas sorti, j’ai eu peur de la colère des étoiles, je me suis caché sous la table, j'ai crains que l'odeur des magnolias ne les enivre et, qu'amoureuses folles, elles ne viennent ici chez nous étudier les jasmins, le trèfle et la recette du caramel. Et pourquoi pas, l'ivresse aidant, faire des parties de rayon en l'air, qu’ignorant mon goût de l’ombre et du silence elles me roulent dans la lumière, dans des clairs de Grande Ourse, des clairs de lune et des obscurs ébréchés. J’ai eu peur qu'elles bousculent la table du jardin, les pissenlits et les bonnes manières. Je ne suis pas sorti, il y avait un cri de chat inexpliqué, une lueur de terreur derrière le cyprès. Enfin, quand je cesserais d'avoir peur, je sortirai de dessous la table, je penserai tes bras, ton cou, et même à autre chose, à cette chose qui ressemble à une échelle à gravir la lumière. Je penserai à la fuite intérieure quand je te cherche en moi. Je penserai  à mes envies. J'apprendrai la langue du bleuet, le frisson de ton cou et je t'aimerai tendre comme le caméléon empereur quand il est amoureux et heureux, quand il aime comme je t'amoure. Je penserai au cri de la douceur et, si personne n'arrête le cri, entre deux silences et tes bras, je te dirai je t'aime comme on le dit au Pérou, au Mexique, ou ailleurs, et dans mon jardin.

JMS - In : "Derniers délires avant inventaire" - Editions Chemins de Plume - 12 Euros

 

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Jamais aucun ciseau

Publié le par Cheval fou (Sananès)

 Jamais aucun ciseau ne déchira le vent

Jusqu’aux frontières de ton rire

Jamais aucune clef ne libéra l’oiseau

Que les barbelés de l’amour retenaient

Chante, chante amour

Je ne veux pas de liberté

 

Je n’irai pas dans le galop des lunes

Je n’irai pas par la broussaille des chemins

J'irai jusqu’à ton nom qui courbe le lilas

Je sais déjà la taille des lendemains

 

Lisière de ton nom

L’ortie des solitudes se déchire

Je t’ai gravée sur l’envers de mes rêves

Je t’ai tatouée sur l’eau claire du réel

 

J’ai un monde à la taille de ton épaule

Le cri de ton cœur a mangé ma mort

La nuit porte ta lumière

Chante chante amour

Je ne veux pas de liberté.

 

JMS - In : "Derniers délires avant inventaire" - Editions Chemins de Plume - 12 Euros

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Et la nuit penche

Publié le par Cheval fou (Sananès)

Et l’île résiste, rue sous la nuit
Et l’océan colère, colérise
Et la vague glapit
Blessée
Et l’oiseau cible dans le ciel
Et la nuit penche
Et le monde bascule
Calcul
Silence !
Je ferme les yeux pour laisser passer le jour
J’ouvre un rire d’entre dents
Ivre
L’enfance se mange au soleil
Je meurtre entre matin et dieu
Trop de sel noie l’archipel
Folie
Le silence est si faible que le vent passe
L’amour si fragile que l’ange se lasse
La raison si lâche qu’elle se tait
Crime
Crie crie
Monde étranger à l’homme
La soupe plastique noie l’orque
Crucifié
Crie crie
Monde rebelle
Île attachée au  miroir
Assassin
Ne gémit plus
La mer comme la vie
Frémit
Meurt.

JMS - In : "Derniers délires avant inventaire"
Editions Chemins de Plume - 12 Euros

 

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Mine de rien

Publié le par Cheval fou (Sananès)

Mine de rien, je respire sans en avoir l’air, je boite, je cherche, je rêve, je prends le temps, le temps me prend. La vie m’a mis à pied, je suis seul avec mes valises. Je clopine entre deux trains, entre les minutes, entre la nuit et le soleil, je traverse la ville, le miroir, la rue et mes états d’âme ; j’écarquille mon silence, mon sommeil, le réel, parcours ce compte rendu de la débauche que l’on nomme journal. Tout va bien il n’y a plus d’embauche, je suis libre comme l’air, mais l’air est pollué – Je pense à toi, au frigo, une larme pollue ma joie. J’ai faim, le frigo crie famine, mais je n’en ferai pas toute une tartine. Rien de nouveau sous les Tropiques, j’ai lu que pour certains c’est la crise, la crise de conscience : bonus or not bonus, that is the question ! La neige fond mais il fait beau à Megève. J’ai connu la rue St Honoré, les marées basses, le chant du cygne, plus de cravate, mais pas de crise. Il y a longtemps que j’ai faim. Les poissons et les marins disparaissent. Entre Maserati et le métro, l’in-espoir brade les salaires. J’ai lu la Une : le petit disait, "soyez pauvres pour aider les riches". Je ne sais plus donner ce que je n’ai pas, je ne sais pas donner ce qu’ils m'ont pris. Les géants font leur beurre avec le lait des vaches, les paysans connaissent les vaches maigres. L’air est pollué ; on va les tuer. L’avidité mesure nos désespoirs. Aucun baiser ne colmate l’horizon. Mine de rien je vais au charbon, je cherche mon ozone, je creuse le mot, je creuse ma tête à la recherche du rire ; je chercher la vérité, peut-être mon chien la trouvera. Une larme pollue ma joie -et je pense à toi, au frigo ; tant d’amour dans la peur, tant de peur dans l’amour ; vivrez vous mes enfants mes amours ? Tiendrons-nous jusqu'à la fin du jour ?
JMS - In : "Derniers délires avant inventaire" - Editions Chemins de Plume - 12 Euros
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Tu as bu tout le champagne

Publié le par Cheval fou (Sananès)

  J’ai un doigt ici et la tête ailleurs

Des rêves de printemps et le cœur en Auvergne

Je bouillonne comme un volcan

Je ne suis pas dans mon assiette

J’ai vu passer le train

                                                                           

Tu t’es roulée dans la couleur

Tu as bu tout le champagne

 

J’avais mis les petits plats dans les grands

Je n’étais pas dans mon assiette

J’ai laissé passer le coche

Tu es montée sur tes grands chevaux

Tu as pris le train

 

Et moi je crie je pleure je rêve

Et moi j’écris je meurs je crève

 

J’ai marché si haut que je n’ai pas vu le rail

De nos amours et du bain je ne garderai que l’eau

Un éclat de rire t’a emportée

 

Il y a du silence dans mon café

Du cauchemar dans la chantilly

Tu m’as roulé dans la farine

Il y a du sel sur mes tartines

 

Depuis j’habite sur la colline

Depuis, chaque soir

Un train t’efface dans des poussières de rêve

 

Chaque soir l’araignée de l’espoir

Tricote ses larmes, trame une toile où se perd ton nom

Chaque soir je rabroue les étoiles

Le monde est si vaste que j’en perds la raison

 

Toi tu pars, tu roules vers ton bonheur

Et moi je crie je pleure je rêve

Je cloue les heures

Je suis dans de sales draps mais toi tu dors ailleurs

 

 

Chaque soir le monde t’éloigne

J’en serais bien parti les pieds devant

Mais je préfère rester debout

 

Tu t’es roulée dans la couleur

Tu as bu tout le champagne

Chaque soir, j’écris ton rire avec des larmes

 

Comme l’absence le monde est immense

Je  vis comme un éléphant dans une coquille d'huître

J’ai du rêve dans ma salière

 

Toi tu pars, tu roules vers ton bonheur

Et moi j’écris je meurs je crève

Je m’énerve je crie je pleure

Je me meurtris je trie j’écris

Je fais le ménage dans ma tête

 

Un stylo m’ouvre la vie.

JMS - In : "Derniers délires avant inventaire" - Editions Chemins de Plume - 12 Euros

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Comme un petit cheval "En hommage à Paul Fort"

Publié le par Cheval fou (Sananès)

C’était un petit soldat

Qui marchait droit devant

Qui allait de l’avant

 

Dans les bois

Le fusil s’embusquait

Et la neige tombait

 

C’était un petit soldat

Qui chantait et rêvait

À la maison aux roses

Et au doux regard qui s’y cachait

 

Nous étions en hiver 

À prier pour qu’avril vienne

 

C’était un petit soldat

Qui allait de l’avant

L’amour allait devant

Se coucha dans le givre      

Ne sentit pas venir le froid

 

Personne ne le sut

À la maison aux roses

Et la belle se maria

 

L’hiver et le fusil firent leur chemin

Par chance le petit soldat n’en sut rien

Cela l’aurait sûrement tué.

JMS - In : "Derniers délires avant inventaire" - Editions Chemins de Plume - 12 Euros

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Lettre à ma petite-fille

Publié le par Cheval fou (Sananès)

Tu as pris tes yeux en rond, tu t’interroges. Qui es-tu, me demandes-tu ?
Ah ! ah ! je m’inquiète, ta question m’inquiète, elle pose problème…

 

Je ris, je galège comme on dit ici. Toi, tu te demandes, tu m’évalues.
C’est étrange, je suis le problème, et tu es la question.
Tu me toises. Dans ton regard une suspicion amusée, un éclat de curiosité insensée, et des étoiles. Je n’appartiens à aucune espèce référencée. Les vieux gamins n’existent pas, enfin tu le crois et tu demandes.
Autant me demander le poids du vent, la couleur de l’amour, la durée du jour, la densité de l’attente, ou comparer l’hélium et la tendresse.
Question folle, immense, démesurée comme la candeur de tes certitudes, de tes peurs. Je suis du royaume du loup et des fées, je connais l’arbre à bonbons, le pays des fourmis roses. Je suis le vieux gamin fou, celui qui sème du doute et du jeu dans tes certitudes. Que pourrais-je te dire d’autre, moi qui n’aime que le vin, l’amour et l’amitié. Moi qui crois que l’amour et l’amitié se jouent de la raison. Moi qui t’aime sans but, sans intention. Je suis un animal qui se nourrit d’instinct, moi qui aime sans raisons, moi qui crois, à tort et à raison, aux vérités instinctives.
Rien d’autre que la taille de tes yeux, la couleur de tes larmes, et ma douleur quand tu pleures. Tu es la frontière brisée, celle que je franchis par sourire et par cœur. Je suis le vieux gamin qui veut du pain, de l’amour et de l’amitié. Le vin n’est là que pour la musique des mots, pour la couleur de l’instant, mais je pourrais t’aimer sans vin, sans pain, sans rien, nu et infirme, comme cette mer de dunes, comme ce désert qui se souvient de l’eau et qui regarde encore le futur.
Tu ne sais rien toi, tu arrives. Tes yeux en rond m’interrogent et je voudrais te parler du goût de la vie, de l’amour, de l’amitié, des fées et des canards roses. Mais comment te dire que rien de ce qui est important ne s’explique, comment te dire que mon chat m’aime et que j’aime mon chat. Pourtant, mon chat me préfère le soleil et donne ses ronrons au vautour d’en face, un tartuffe qui l’achète avec une ration de pâté…
Comment te dire que rien d’important n’est à hauteur de raison. Quand je coupe mon pain en quatre pour nourrir mon chat, ça ne l’empêche pas de rêver, d’avoir des mains griffues, ou d’avoir froid.
Comment te dire qu’on n'est riche que de ce qu’on aime. Je suis riche de toi, de mon chat, de l’amour et de l’amitié, du vent et du passé, de rien qui soit à hauteur de raison. L’amour et le bonheur sont des constructions imaginaires, bien plus réelles que le réel.
Tes yeux en rond m’interrogent. Et je ne sais que te dire sinon que je viens de loin. J’ai la tristesse et la joie consanguines, je ne suis pas un homme standardisé. Même quand il fait beau j’aime mes amis, les gâteaux et les épreuves.
J’ai fait ma route et tu arrives.
Dans mes lointains, Grand-mère disait "la pluie n’irrigue pas tous les champs, le désert n’est pas loin". C’était un temps de palmiers et d’enfance, j’avais du rouge dans mes cahiers et du bleu sur le cœur. Grand-mère disait aussi "le bon vent ne porte pas que l’odeur des roses". Et pourtant je ne peux vivre sans respirer, sans rire, sans partager.
Tu me demandes qui je suis, comment faire, comment vivre… mais je ne sais rien ! Les chats malades et les comment faire me persécutent. Chaque jour je vieillis et ma porte s’ouvre moins grand. Pourtant, aujourd’hui, je vois mieux mon étroitesse, mon ventre rond, mes cheveux de sel, j’ouvre plus grand les yeux. J’ouvre plus grand le cœur. Tes yeux en rond m’interrogent. J’ai fait tout ce chemin et je ne sais que te dire.
Moi qui t’aime sans but, sans intention, je suis un animal qui se nourrit d’instinct, un animal qui aime sans raisons et qui croit, à tort et à raison, aux vérités instinctives.

JMS - In : "Derniers délires avant inventaire" - Editions Chemins de Plume - 12 Euros

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