Ile Eniger
Tes mots sont ma maison, j'y entre. Tu as posé le café sur la table et le pain pour
ma bouche. Je vois des fleurs dans la lumière bleue, ou verte. C'est exactement le paysage que j'aime, il a le visage de ta voix. La pluie rince finement une joie tranquille. Aucune barrière,
aucune pièce vide. Désormais tout s'écrit en silence habité. De cette plénitude, je parcours la détermination des choses. L'arbre porte fièrement ses cerises comme une belle ouvrage. Il installe
une trêve dans l'interstice des branches. Pas de passion tapageuse mais la rondeur du rouge. Un éclat. Des fleurs, encore lasses d'hiver, se sont maquillées depuis peu. Le soleil astique le
cuivre des terres. Peut-on apprendre à reconnaitre l'existence ? La rivière miraculeusement pleine, inonde son layon. La carriole du plaisir est de passage. Des oiseaux aux poissons, les rêves
quotidiens font bonne mesure. Tout est bien.
Ile Eniger - Un cahier ordinaire
Ile Eniger - Un cahier ordinaire