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jms - a paraitre

Entre apparence et réel, fallait-il que je me cherche ?

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Le monde, l'univers, l'infini…
… les ai-je créés ?

Cela commence avec la vie
le premier souffle
avec cette  conscience qui donne forme, apparence
à ce qui est nous
à ce qui est hors de nous
à ce qui n'est pas.

Pourtant, tant de choses sont là
qui ne sont pas nous
qui font mal
comme l'absence
celle de l'amour
de la réponse attendue
"M'as-tu aimé ? Pourquoi m'as-tu trahi ?"

Je n'ai pas peur
je n'ai pas peur de mon absence
du point zéro, du retour à nulle part
du compte à rebours.

Pourtant
j'aime les oiseaux, mon chat
mes amours, mes enfants, le ciel, la joie.
De l'absence
je ne crains que de les perdre
sans leurs yeux
sans leurs regards

je ne suis plus

je ne suis rien.

Parfois, il m'arrive de penser loin.
Si loin que je perçois encore l'odeur de ma maison lointaine
le bouquet d'anémones posé sur la table du dimanche.
Je me demande si toi
qui maintenant habites l'absence
tu peux encore le voir.

Le doute est un frisson
l'absence est une froideur
un gant de givre sur un vague à l'âme
mais Toi, où es-tu ?

Ici, les minutes suintent du réveil, mais c'est moi qui pars.
Le réveil restera sur le buffet, avec ses yeux fermés
à attendre encore que quelqu'un tourne son ressort
que quelqu'un le regarde.
Se pose-t-il la question de savoir s'il est encore temps ?
Je ne sais pas ce que pensent les horloges.

Dans le crissement des jours
quand mon chat s'étire autour de sa solitude
seuls ses yeux parlent :"J'ai confiance", disent-ils
pourtant la vie lui a arraché une patte
et moi j'en ai pleuré.

J'ai voulu le monde si grand
que parfois je me suis perdu
dans l'étroitesse.
Pour aller au plus haut
fallait-il que je me cherche ?
L'amour et le rêve agrandissent l'univers.

Parfois, quand l'aube ouvre mes volets
il me faut briser la chaîne des regards, celle des regrets
heurter le mal rire, le mal vivre
trouver le souffle d'un enfant, d'un chat, d'un oiseau
pour retrouver l'envie aller plus loin

j'ai encore tant d'arcs-en-ciel à offrir.

JMS

Publié dans JMS - A paraître

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Lettres à l'indien - 1

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Photo : MOSES ON THE MESA

 

*

Affronter ce regard  où la sérénité des jours heureux s'est perdue.

 

Rencontrer l'inquiétude

posée là, comme un corbeau assis au mouroir de l'espérance.

Envisager une terre sans avenir où l'enfant habite.

 

Mâchoire serrée, sous sa tenue de parade

retenir le sanglot.

 

Le passé me fait mal.

L'avenir me fait peur.

 

JMS

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À la fin des temps

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

À la fin des temps,
je crains qu'il y ait un autre temps
où le temps prend tant son temps
qu'à la mitan de l’être,
sans tambour ni major qui claironne,
je redoute que ne s'installe un temps mort.

Aux extrémités de l’âge,
dans ce contretemps des mémoires
où un ventre malaxeur des consciences
ingère et digère les cent saisons du rire,
je T'ai attendu,
espéré, au long des mois d'hiver et de larmes,
des semaines  d'amour, des jours de tendresse
et des folles minutes d’espoir.

À tant effeuiller le temps,
me voilà nu
et Tu n'es pas venu.

À la fin du temps
me voilà nu et seul
face au grand broyeur d'éternité,
ce temps effaceur de mémoire
qui écrase et jette aux vents,
aux orages et aux tempêtes,
l'agenda de vie
où je vous ai tant aimés,
où je T'ai tant prié,
non pas avec des versets de bibles millésimées,
des psaumes ou des mantras tirés de livres,
non pas avec des mots psalmodiés
jetés dans l'étendue de Ton silence,
non pas non plus avec des préceptes philosophiques
ou autres recettes de bonne conscience,
pas plus qu'avec des mots de croyances enseignées
déclamés haut et droit en fixant le ciel et l’espoir,
je ne suis pas un quémandeur
croyant que prier peut acquitter l'homme de son indifférence.

J’ai tant prié, tant aimé,
avec ce qu'il y a de cris de révolte, de candeur,
dans les tréfonds d'un cœur qui quémande le bonheur
pour les enfants qui ont faim,
pour l'oiseau perdu dans un ciel pollué,
pour l'animal qui n'a plus de terre.

Je T'ai tant imploré pour le souffle, la terre et l'eau
qui sont la seule patrie du vivant,
qu'à la fin des Temps,
en cet espace où s'épuise la désespérance et l’espoir,
je crains qu'à la mitan de l'être, il y ait un autre temps
où le temps prend tant son temps,
que mes prières se perdent.

 

jms

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Lettre à mes Pères

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

J'ai bu tant de chansons, tant de cris, tant de larmes,
tant de rires, de bonheurs, pour devenir un homme,
je ne suis plus qu'une addition de mémoires et de poèmes,
un verbe nocturne qui s'étiole au ressac des ivresses perdues,
un vieux saumon remontant un torrent de souvenirs.

 

Parfois, une magie insolente me percute,
les ombres exhument de vieux mots
tirés du syllabaire des siècles,
des soupirs d'exil viennent à ma rencontre,
émerge le visage d'un enfant mort que je n'ai pas connu,
de vieilles douleurs que portait ma grand-mère,
une chanson et une voix qui ne sait pas tarir,
je suis une mémoire en marche que le temps videra.

 

En ces jours où les farandoles du néant jouent de la paillette,
je cherche ce lieu où le cœur n'a plus sa raison,
je vous cherche, amis des litanies enchantées,
je vous cherche dans les funérariums où s'efface le poème,
où êtes-vous, Jehan Jonaz, Glenmor, Gilles Servat, Caussimon,
Barbara, Eva, Reggiani, Nougaro,
et vous autres les immenses, les Ferland, Brel, Brassens,
vous qui saviez que les poètes meurent quand le verbe se tait.

 

Et toi Colette Magny, qui nommais "Hibakusha"
les survivants d'Hiroshima, les extirpant de l'exil des intouchables,
n'es-tu que cette voix scandée dans le silence des jours
que j'arrache à ce 33 tours d'où suinte ta voix ?
Où sont donc maintenant nos quelques mots égarés
rue de Flandre autour d'un café ?

 

Et toi Sahara, qui au côté de Claude Delcloo et du Full Moon Ensemble de Chicago,
jetais des mots aussi vibrants
que mon désarroi au crépuscule de mes vingt ans ?
Tes paroles encore tambourinent en moi : 
"Amérique Amérique, j'entends crépiter les enfants d’Hiroshima
et claquent en ce poème de Bob Kauffman
aux tréfonds de mes veines jusqu'à me faire japonais. 


Et toi Jacqueline Danno, qui vivifiait Federico Garcia Lorca
quand tu giflais l'impératif du désir
en ces mots qui faisaient frisson à ma peau :
"Dites à la lune qu'elle vienne, le corps d'Ignatio je ne veux pas le voir".
Et vous Anne et Gilles,
qui endiamantaient "La Centaine d’amour" de Neruda.

 

Combien de fois, dans le coma des espérances anémiées,
ai-je bu vos mots pour noyer les désespoirs d'un siècle désabusé,
combien de fois vous ai-je écoutés,
entendus, jusqu'à la confusion des âmes ?
Combien de fois vous ai-je mêlés à mon sang
jusqu'au profond de l'étrange langage qui irrigue mon encre ?
Vous étiez paroles de Poètes, jamais d'hier,
vous qui bousculiez les soubresauts d'un ordre triomphant
qui aujourd'hui s'embusque sous des silences nouveaux.

 

Où es-tu donc Léo,
toi dont la voix, encore en moi, résonne
comme la fascinante stupeur du cri mauve
qui agite l'inquiétude des crépuscules ?
Où es-tu Léo, toi qui t'emparais des vers d'Aragon
dont le cri en moi porte à jamais cet :
"avril à 5 heures du soir, un dragon planta un couteau dans son cœur" ? 
Où es-tu, toi qui reviens toujours
dans les bouffées tristes d'une jeunesse blessée ?

 

Le sais-tu ami, le savez-vous amis,
ici, la télé-réalité joue l'indécence,
le verbe n'a plus sa place,
la violence des stades joue l'indigence des consciences,
ici la sémantique sert les ambitions,
on égorge le sens,
on fait du sexe et du voyeurisme un passeport
pour la notoriété des imbéciles.

 

Voyez-vous amis,
le verbe, la chanson, la parole, effraient,
ici, on sait que votre silence est une révolte désarmée,
ici, il savent qu'à étrangler le cri
on désâme les consciences.

 

Pourtant amis, chez moi vous vivez,
chaque soir vont, viennent, et reviennent des vivants intérieurs,
chaque soir chez moi vous chantez, déclamez, dansez
sur des symphonies de synapses,
des vagues à l'âme intemporels, des valses neuronales,
chaque nuit, une polka de personnages immortels trahit la mort
pour peupler la face blanche des jours de complaintes disparues.

 

Je te cherche Maurice Fanon toi que la radio efface,
as-tu toujours au cou "ce souvenir de soie
qui fait si doux à ma mémoire ?
Et vous James Olivier, Jean Arnulf, Mouloudji, Marc Ogeret,
Jean Vasca,
et vous autres, amis, qui d'un quatrain,
d'une rime, fusillaient la torpeur des bienheureux,
vous qui tordiez les cœurs et le verbe à en saigner les consciences.

 

Revenez amis, ici, chez nous, chaque jour nouveau,
des barbares se parent de dollars et de couteaux,
décapitent et rongent la parole,
revenez amis, ici, chez nous,
chaque jour des poètes meurent aux triomphes de la violence.

 

Amis, combien de fois, ai-je bu vos mots
si fortement mariés à l'intime espoir
d'une humanité que vous chantiez ?

Où êtes-vous donc amis égarés dans le coït de mes nostalgies ?
Où êtes-vous donc quand le silence est une rumeur
qui piétine les évangiles de la révolte et l'espoir que vous portiez ?
Où êtes vous Jacques Douai, Guy Béart, Leny Escudero,

Georges Moustaki, Jean-Louis Caillat, Claude Reva, Léonard Cohen ?
Où êtes-vous donc frères du mot tendre ou révolté ?

 

Revenez amis, dansez, chantez et encore chantez
dans le creuset de ma mémoire,
restez les arquebusiers de l’arc-en-ciel,
jouez, jouez de la mélodie et du verbe
vous les porteurs d'une conscience en souffrance,
soyez les étendards de la lutte contre l'oubli des promesses.

 

Amis d'un temps égaré, squattez encore,
squattez mes jours jusqu’à l'ultime minute,
squattez ma vie jusqu'à la trame de mon âme,
jusqu'à l'insurrection de la passion antérieure des renoncements,
restez les mots de cette conscience enchantée qui, en mon sang,
sans cesse clame toujours les droits d'une utopie désenchantée.

 

Courrez, chantez, hurlez en moi
vous êtes, amis, les malfrats de l'utopie chantée et de l'espérance.
Courrez, chantez, et si, sur les chemins enneigés de ma mémoire,
vous croisez des odeurs de pays perdus,
Henri IV, un instituteur, les 101 dalmatiens ou des jours de fêtes,
c'est que je suis un homme fragmenté tissé aux mille saisons de l'âge,
et si, sur mes pages aphones ou mes crayons maladroits,
vous croisez des musiques d'antan accolées à mes rimes,
si mon verbe devient le suaire de vos âmes,
si mon cri s'arrime à un inconscient que vous forgiez,
dansez, chantez encore,
et si, parfois encore, vos mots dépassent sur ma rime,
je vous reconnais mes Pères
venus à mon insu jeter la braise d'une vieille fulgurance,
venus me rappeler que tous vous m'habitez.

 

Dansez, chantez, vous dont les voix et les visages
suintent de mes nuits sans lune,
dansez, dansez, immortels jusqu'à mon dernier jour,
jusqu'à mon dernier miroir.

 

Ami, le jour vient, peut-être nous rencontrerons nous
car je ne suis plus qu'un vieux saumon qui remonte le torrent des mémoires
et qui, lentement, s'étiole au ressac des émotions perdues. 

 

jms

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Si le temps venait

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

À toi passé, cette chambre d'enfant

et cette carte, laissée là-bas, couverte de petits drapeaux,

portant au mur l'adresse de mes amis,

à toi ma blessure, cette maison où je n'ai pas pu retourner.

 

À toi, l'exil, ce ciel et ces palmiers qui ont porté mon ciel,

à toi, la pierre noire si souvent posée sur tant de rêves,

et à tous ceux qui les ont contrariés,

cette mémoire qui ne sait pas s'éteindre.

 

À toi ma mère, à toi mon père,

à vos attentes que je n'ai pas su honorer,

à toi mon chat qui clopine sur trois pattes,

et à tout ce que je n'ai pas sauvé

 

À toi ma femme, à toi mon cœur, et à tous ses habitants,

à la vie et ses enfants du vent, ceux du bonheur,

à ceux de la rue, à l'herbe qui résiste dans les fissures du goudron,

aux oiseaux de soif, au vieillard qui part, au prochain grain de blé

 

À ceux que j'ai blessés, aux mille rêves que j'ai fermés,

aux routes que je n'ai pas prises,

pardonnez ce petit homme échevelé

Qui rêvait trop haut, mais était parmi vous.

 

À tous, inoubliés du jardin des consciences, si je ne revenais pas,

si jamais, dans l'infini, nous ne devions plus nous revoir,

s'il arrivait ce temps des transparences et du cri muet,

à jamais je vous garderais dans mes rêves.

 

À toi l'Inachevé, aux promesses perdues oubliées,

à tout ce que j'aime que j'aurais voulu protéger,

aux étoiles et aux enfants qui viennent,

s'il me fallait partir, je vous laisserais ma tendresse forteresse.

 

À l'éternité, au souffle millénaire où sont restés les miens,

à vous frères du vivant, fils des maisons de chair que la vie nous confie, 

fils des maisons d'eau qui font les océans, à l'atome retourné à l'infini,

je dis : nous sommes le corps de la vie.

 

À vous peuples des larmes disparues et du futur à naître,

je demanderais de pardonner, d'aimer,

plus grand que la vie, plus grand que le passé et le futur,

de vous aimer, aussi grand que vous-mêmes.

 

Car, ensemble, nous sommes la seule espérance.

 

JMS

Publié dans JMS - A paraître

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Ce qui est, est-il moins important que ce qui restera ?

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Ce qui est, est-il moins important que ce qui restera ?

Pourquoi efface-t-on la douleur du serf en regardant les hautes tours ?
Pourquoi chaque château, chaque route, chaque cathédrale
Hors des traces de burins ne portent-il pas un marbre funéraire
Au nom des réquisitionnés, des exploités, qui y ont courbé leur vie ?

Tais-toi, travaille et meurs petit homme,
à l'inflation de l’espérance, quand ton fils mourra il ne restera rien de toi
ils auront pris toute ta sueur pour en tirer leur gloire

 
N'y a-t-il que des généraux et des bouchers de l'Histoire dont on connaît les noms ?
N'y a-t-il que le poète qui soit comptable des misères et de la souffrance ?
 
Ce qui est, est-il moins important que ce qui restera ?

La braise du charbon, la grandeur du terril
font-ils oublier la répression des grévistes et les coups de grisous ?
 
Tais-toi, fais nos guerres et meurs petit homme,
à l'inflation de l'espérance quand tu partiras
qui se souviendra de toi ?

Ce qui est est-il moins important que ce qui restera ?

Quand tu partiras, petit homme
aux palais de leurs gloires il ne restera rien de toi
rien de ta sueur.

Publié dans JMS - A paraître

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NICE

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Ne m'appelez pas Nice, Charlie, Paris ou Toulouse
Ne m'appelez pas non plus du nom des assassins
Quand le sang coule
Appelez-moi chagrin
Appelez-moi larmes douleur révolte

Je suis Kaboul, Jérusalem, Damas, Mossoul, Munich
Je suis
L'enfant quand le poignard s'enfonce
La femme aux yeux tristes dont on éteint le regard
Les 84 personnes qui ont péri
Les 331 blessés qui s'acharnent à vouloir vivre et encore aimer
Les dix enfants volés
Ce rire encore collé à une photo
Cette femme qui ne reverra jamais sa mosquée
Ce père et son fils si loin de leur Texas
Ces deux enfants qui ne fêteront jamais leurs cinq ans
Je suis
Un père en deuil et une mère en larmes
Une grand-mère qui ne sait plus vivre
Le cri qui ne veut pas partir
Cet homme qui protégea les siens
Ceux qui s'interposèrent pour que d'autres vivent
Cette nuit où les étoiles eurent mal
Cet oubli qui ne viendra pas
Cette nuée des âmes
Qui s'insurge contre tous les détenteurs de vérités
Contre tous ceux qui jugent et s'arrogent le droit de tuer
Contre tous ceux qui souillent le droit sacré de vivre
D'aimer et d'être libre et d'avoir une conscience

Appelez-moi destin
Car je suis celui qui sait
Que les enfants de l'échec sont une obole à l’intégrisme
Que les infirmes de la conscience
Vendent la prière et le meurtre à la criée

Appelez-moi ineptie
Car je suis celui qui regarde
Les marchands de haines prospérer sur Internet
Dans l'impunité et l'indifférence de ceux qui en font commerce

Appelez-moi Nice, Toulouse, Bataclan, Orlando ou Paris
Appelez-moi Kaboul, Jérusalem, Damas, Mossoul ou Munich
Appelez-moi, Afrique, États-Unis, Asie, Tunisie, Algérie
J'ai le nom et le sang de millions d'hommes
Qui grésille au fond de ma mémoire
Où que j'aille, de Port El Kantaoui à l'extrême sud de l'Afrique
Encore et encore, je cherche l'humain

Appelez-moi détresse
Car je suis celui qui sait
Qu'entre la bestialité et l'homme il y a la conscience
Appelez-moi doute, fatalité, malchance, aveuglement
Appelez-moi Homme, si être homme encore a un sens

Appelez-moi espoir
Appelez-moi avenir
Car je suis celui qui croit
Que l'on peut encore restaurer le cœur de l'homme
Et encore lui donner des étoiles, des projets et du rêve

À Nice, Toulouse, Bataclan, Orlando, Paris
Kaboul, Jérusalem, Damas, Mossoul, Munich
Et dans les mille autres ailleurs où court le crime
Vous serez toujours là, à peupler les donjons de ma mémoire
Où que j’aille, je porterai votre sang et vos rêves

Enfants d’ici
Enfants d'ailleurs
Convoquez l'amour, le respect, la tolérance, la joie
Je cherche l'humain
Où que j’aille, encore et encore,
Toujours je chercherai des frères

Pèlerin sans croix sans croissant, sans étoile
Sur une route où les intégrismes sont légions
Sur cette route où la lumière est sous voile
J'affirme que l'humanité sera laïque
Diverse généreuse et fraternelle
Ou qu'elle ne sera pas.

JMS - Nice Juillet 2016

 

 

Publié dans JMS - A paraître

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Être !

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Parfois je me demande si les étoiles savent encore rire
J'aimerais qu'on me le dise    
Qu'on me le redise
Qu'on  me le dise encore et encore

Enfant, déjà je savais que la tristesse était un feu invisible
Un mange l'envie
Une douleur que je ne savais porter

Il y avait du bruit sur mes silences
Des rires et  des poings serrés autour de mes larmes
Personne n'en a parlé
Personne ne m'a rien dit, personne ne m'a rien dit
Seule toi, tu étais là qui portais encore des étoiles
Et des désespoirs aimants  dans ta tristesse
La tristesse m'est toujours une lueur douloureuse à porter

Mon vieux pays est mort
J'ai appris  d'autres rêves
Connu des jours et un temps où  l'espérance
Ne se déclinait pas à l'imparfait
Un temps où j'ai chanté
We shall overcome
We shall live in peace
Nous allons vivre en paix,

Je voulais être un homme de l'Être
Un porteur de possible et d'enthousiasme
Je voulais conjuguer le verbe aimer à l'inconditionnel
Et, avec la vie et les enfants du monde
Me nourrir de rêves au temps présent
Espérer, bâtir, promettre la joie et le rire pour les temps futurs

Le vent a tourné si aigre
Que parfois je me demande si les étoiles savent encore rire
Je ne sais que dire aux enfants      
Qu'on me le dise
Qu'on me le redise, encore et encore

La tristesse m'est toujours une lueur douloureuse à porter

Je ne sais offrir le bonheur
Le jour et la nuit sont immenses
Je suis si petit
Que le regret m'emplit de mots
À poser sur tous les maux du jour
Je voulais être homme de l'Être
Mais je suis chroniqueur
Dans un monde d'oreilles coupées du cœur
Et de consciences amputées d'amour
Je n'ai plus que des mots pour des sourds
Qui vont au stade lancer leur clameur
Et qui laissent les larmes des déshérités
Retomber, sans jamais les sécher
Je crie des mots d'amour pour bouchers qui s'en lavent les mains

Je porte en moi des rires d'enfants noyés dans leurs larmes
J'habite un mot d'amour perdu en fond de tiroir
J'habite la couleur de l'effroi
Quand les égorgeurs essuient leurs couteaux
Quand les humains piétinent leur humanité

La tristesse m'est toujours une lueur douloureuse à porter
 
Je suis un homme de braise
Que la logique froide des rationalismes assassins poignarde
Je suis l'enfant qui  cherche un bonheur expatrié
Je suis la bouche et le ventre vides aux portes d'une banque
Je suis une forêt, un Indien, un Mauritanien, encore esclaves
Cette femme qui veut croire à la vie, à la liberté, à la conscience
Je suis cet autre qui baisse sa plume
Quand l’opulence tourne la tête pour ne pas voir mourir les enfants
Je suis celui et celle
Et ceux qui attendent une paix qui ne vient pas
Je suis l'homme triste de savoir
Qu'il partira inquiet pour chaque bébé qui nait
Pour chaque homme qui souffre
Pour chaque plante et chaque animal
En quête d'un territoire de vie

Parfois, je me demande si les étoiles savent encore rire
J'aimerais qu'on me le dise    
Qu'on me le dise
Et qu'on  me le redise, encore et encore.


JMS

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Parce que le vent le sait

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Un jour je serai ce silence
Posé sur un arbre
Une peur oubliée sur un chemin délaissé
Un cri bâillonné qui veut sortir de son trou
Un chant qui veut retrouver son chemin
Un jour je serai celui qui sait
Que la vie tue moins que le silence
Un jour je glapirai, plus fort que les rumeurs
Les mots vrais que l'indifférence assassine
Un jour je serai ce cri sorti des gisants de l'encre
Une voix qui traverse le miroir
Pour retrouver son âme
Une ombre en relief
Qui me ressemble

jms 21/6/2016

 

 

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Petit délire

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Image sur une idée de Slobodan

Image sur une idée de Slobodan

Énervé
Contrarié
Exaspéré
Désespéré
Parce que l'heure passe
Parce que je passe
Et qu'à trop passer on très passe
Je suis pas tout seul
L'ombre aussi a des dents
Des cris et des corbeaux planqués
Je suis pas tout seul
Je m'ébouriffe
Et Léo mon chat
Griffe mon cœur
Griffe l'arbre et mes doigts
Pas content du tout
Enervé
Contrarié
Exaspéré
Je suis désespéré
Je voudrais manifester
Je vais demander une autorisation
Combien serez-vous ?
M'a demandé Léo

Comme je ne sors jamais seul
Je viendrai avec moi
D'ailleurs où que j'aille
Je ne manque jamais de m'accompagner
Mais comme j'ai plusieurs personnalités
Et qu'en plus elles sont changeantes
Je ne sais pas combien je serai !
Je vais me compter.

JMS

 

 

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