11 novembre

Publié le par Cheval fou (Sananès)

Poste des Cascades

Souvenir 1914-15

essai

Sur cette photo "Le Poste des Cascades"

 


Un petit coin de France que mon Zouave de Grand-père
Et ses amis étaient venus défendre
 
Combien d’entre eux sont revenus ?
 
***
C’était un temps où l’on partait fleur au fusil
C’était un temps
Où pour un pays
 L’on pouvait encore mourir d’amour
 
Combien de peur, de froid, d’attente
Entre l’enfance emportée, le vieil oued
Et l’apprentissage du désespoir
 
Combien de vies
Pour que le retour vienne
 
Grand-père était parti
Sans savoir les tranchées, la misère
Les symphonies du glas
 
Parti, sans se retourner
À l’épaule
 Une maigre besace
Du tabac à priser
Une identité française et des airs d’opéra
 
Au loin, un amour l’attendait
Sur le grand bateau
Il avait chanté la Marseillaise et la chanson des Africains
Au Nord, Verdun l’attendait
 
Il est revenu
À l’épaule
Une maigre besace
Un désespoir furieux
Et la triste joie des survivants
Rien d’autre que la boue et du sang
 
Il savait
Plus rien ne serait comme avant
 
Il savait
La candeur à jamais perdue
L’addition des années, les amis disparus
 
Il savait
Sur les cartes d’État Major
la vie
les hommes
ne pèsent pas lourd
 
Il savait
Chaque tombe
est un clou dans le cœur des vivants.

 

JMS

 

 

 

Publié dans JMS - A paraître

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Commenter cet article
C
<br /> <br /> Mon grand-père est un trou dans notre histoire. Ferdinand erre parmi les soldats inconnus de Vic sur Aisne. Nous y sommes allés pour respirer un peu de son âme. Mon père avait trois ans quand il<br /> devint pupille de la nation. Puis mon père a été déporté à Rawa Ruska pour s'être évadé trois fois de camp de travail. Il a réussi sa quatrième évasion. Jeune, décharné, 42 kgs. Il eut "le<br /> geste lent des avaleurs d'oubli" et, mon dieu, comme il s'entraînait à oublier! Pas d'écho de Ferdinand, le cherchait-il au fond de son verre?<br /> <br /> <br /> Pour moi, il vécut dans les mots des autres, dans une photo( il était très beau- comment des yeux si bleus s'étaient -ils figés?) et dans le manque, le trou du tricot familial. Il était<br /> dans l'obstination et le courage de Marie, ma grand-mère, à Clugnat, en Creuse. Elle soignait les malades, préparait les repas de noce, lavait au lavoir, aidait aux travaux des champs pour<br /> élever seule, ses deux petits,. J'ai écrit:<br /> <br /> <br /> "A source première je veux revenir, reverdir la terre, chérie et martyre. A source du père, je veux abreuver, au seuil de nos pierres, mes derniers étés. Etc...<br /> <br /> <br /> Merci d'être aussi une mémoire.<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Nos mémoires sont hélas trop petites pour contenir le passé, mais en quelques mots tu as rendu un très bel hommage.<br /> <br /> <br /> Meilleurs vœux pour cette nouvelle année<br /> <br /> <br /> jms<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> <br /> La seule véritable mort, c'est l'oubli, alors que ces tombes érigées pour ceux qui sont tombés, soient, comme vous le dites dans ce magnifique poème qui leur rend hommage, des clous dans la<br /> mémoire des vivants, afin que jamais nous ne puissions les oublier, ni oublier que c'est grâce à leur sacrifice que nous vivons librement.<br /> <br /> <br /> Bises amicales de Picardie<br /> <br /> <br /> La Somme où je vis et où furent livrées tant de batailles meurtrières, est une terre propice à la mémoire<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Je ne sais pas où cette photo a exactement été prise, elle a habité le tiroir de la table de nuit de mon grand père, mais la mythologie des mémoires reste un lieu aussi certain et plus<br /> transportable que les vieilles inscriptions que l’on trouve sur les pierres.<br /> <br /> <br /> Oui, nous devons nous rappeler que nos libertés se sont achetées dans le sang.<br /> <br /> <br /> Merci de votre passage<br /> <br /> <br /> jms<br /> <br /> <br /> <br /> <br />
J
<br /> <br /> je n'ai pas connu mon grand père<br /> <br /> <br /> revenu de la guerre gazé<br /> <br /> <br /> fou au point de faire l'innimaginable<br /> <br /> <br /> petite je me demandais pourquoi ma grand mère toujours en noir<br /> <br /> <br /> avait cet air si triste<br /> <br /> <br /> ne savait plus sourire<br /> <br /> <br /> des années plus tard, avec mes cousines<br /> <br /> <br /> nous avons appris les suites horribles de cette horrible guerre<br /> <br /> <br /> qui tuait bien  après l'armistice<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Oui, Jeanne<br /> <br /> <br /> La mémoire des survivants portait d’invisibles blessures et des séquelles terribles. Le gaz moutarde a tué des décennies après. Le nombre d’infirmes et d’aliénés était effroyable.<br /> <br /> <br /> Amicalement,<br /> <br /> <br /> jms<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> <br /> les illusions ne pensez vous pas ont changé de visage ....<br /> <br /> <br /> toujours les plus faibles  les plus modestes ont un ideal<br /> <br /> <br /> et si souvent se lassent berner par ceux qui ont le pouvoir ¨<br /> <br /> <br /> rester fidele  à soi meme  a ceux qu'on aime   est la seule solution sans doute<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Ce que vous affirmez est d’une pleine lucidité. On ne s’attaque pas au puissants, on s’allie à eux, on les cautionne, on jette de la poudre aux yeux, on déverse le perlimpinpin, et l’on fascine<br /> les naïfs. Nous devons bien sûr nous rester fidèle car la conscience est un instinct qu’il faut écouter.<br /> <br /> <br /> Amicalemnt<br /> <br /> <br /> jms<br /> <br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> <br /> Oui il savait et combien savent !<br /> <br /> <br /> Et la guerre continue ...<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Les grands matadors de l’orgueil aveugle, les fondamentalistes de toutes les guerres et de toutes les croisades, sont les 4 étoiles de la connerie<br /> <br /> <br /> Bisous<br /> <br /> <br /> jms<br /> <br /> <br /> <br /> <br />
G
<br /> <br /> que de vies saccagées par ces maudites guerres :     ceux qui meurent et ceux qui reviennent mais plus comme avant et celles de tous leurs proches qui  supportent eux<br /> aussi les déchirures de ces hommes blessés à vie...Et on continue à faire la guerre quand même !<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Il est fou que la vanité et l’orgueil nationaliste et religieux soient les plus graves maladies de l’humanité, alors même que nous avons en nous le vaccin et le remède, je veux dire l’amour et<br /> l’intelligence. Rien n’est plus suicidaire que la haine.<br /> <br /> <br /> Amicalement,<br /> <br /> <br /> Jean-michel<br /> <br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> <br /> pardon, "j'ai aimé"<br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> J'ai aimer cette lecture, je me suis retrouvée prés de mon arrière grand-père qui racontait avec pudeur, ses petits yeux bleus dans le vague, roulant sa cigarette dans les doigts lentement,<br /> il était en voyage.<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Merci Lutin de ce partage, mon grand-père aussi roulait des cigarettes et des souvenirs dans les halos de sa fumée, les non-dits restent comme un poids sur des mémoires dont on n’a plus la clef.<br /> Mais le droit de ne pas dire et de ne pas se rappeler le parcours des douleurs, je crois, leur était salutaire.<br /> <br /> <br /> Tant de siècles et de morts coiffées du silence des anciens me laisse toujours un incalculable creux au cœur.<br /> <br /> <br /> Amicalement,<br /> <br /> <br /> Jean-Michel<br /> <br /> <br /> <br /> <br />