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186 résultats pour “oiseau planant

À la pesée des âmes

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Tu te crois - tu te dis,
à la hauteur de tes mots
mais,
tu verbilles, tu paraphrases, tu versifies,
tu te dilues, te crois à la taille de ton image,
mais,
ton miroir ment !

Tu te nippes d'adjectifs, tu parades,
tu portes le compliment comme on porte médaille,
tu couches ta crasse et les mots dits
dans des cercueils de papier
mais,
tu oublies,
tu arases ce que tu n'as pas fait
sous des "J'aurai dû",
tu t'emballes en oublis de soie,
tu fermes les portes de mémoire,
tu comptes tes amis,
tu te compares et dis :
"Je ne suis pas si mal",
mais,
les mal dits, les maux dits,
les non-dits, les haines,
les regards détournés au malheur de l'autre,
les préjugés, les jalousies et autres mensonges,
tes abstinences à la générosité,
tes crimes d'in-solidarité,
au bilan des cœurs,
au quitus d'une vie,
regards au ciel,
tu les voudrais passe-frontières !
Tu crois berner la pesée des âmes,
tu te crois de ciel et du marbre
dont on fait les statues,
mais,
seules nos actions rendent compte de nous.

Au bilan de l'autosatisfaction,
si la balance a la taille du miroir,
alors ferme les yeux,
regarde à l'intérieur de toi,
tant de promesses
comme des oiseaux morts,
cherchent encore leur envol.

JMS
17/10/2021

 

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Mes nuits ne me font plus peur

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

À l'euphorie des possibles 
J'aime savoir la mère et l’enfant 
sous l'arbre porte-destin et ses envies de fleurs 
Les nuits ne me font plus peur
J'aime voir le jour s’enraciner 
dans l'espoir de lendemains sans fin 
J'ai tant appris du siècle et de ses griffures 
qu'aujourd'hui mes nostalgie reculent devant le pas d'un enfant 
Je ne sais pas ce que devient l’attente
J'ai perdu le goût de la question
J'aime à la frontière de l’heure 
J'ai tant appris que demain n'existe pas sans bonheur
Je sais la traversée des dimensions
Les ronces de l'absence, le flou des crépuscules
je les ai si souvent côtoyés 
que même parti,
je creuserai le néant, l'espoir et le vent 
jusqu'à y rencontrer l’intelligence
le lilas et l’oiseau, et l'amour si loin qu’il soit 
je le sais aussi vaste que ces mots 
qui défilent cherchant le papier 
comme terre d'accueil emplissant le néant.
jms 20/09/2020
 
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Mohamed, le philosophe de ma jeunesse - Petit voyage dans l'envers du jour

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Photo d'un vieux compagnon de ma jeunesse : Mohamed,
et une des pages qui lui sont consacrées dans mon premier roman :
"Le Vieil homme disait - Algérie des années velours aux années de feu"
Le vieil homme c'est lui, le philosophe qui, dans mon enfance,

quand nous avions 8 ans nous racontait et nous expliquait le monde.
 

(Photo retrouvée par hasard sur internet en visionnant des extraits du film "Un de la légion", avec Fernandel)

 

Petit voyage dans l'envers du jour

 

- Michel, tu viens ? On va aux bonbons, en face.

Si la solitude est difficile à partager, le jeu est contagieux.

Oubliant tout, nous voici tous trois à galoper.

Voici, devant son étal, Mohamed, le marchand de bonbons, sous son turban roulé de toile grise qui semble taillé dans un de ces sarraus que portent les écoliers.

Un sourire triste agite sa moustache, décoiffant des dents jaunes. Le choix est vite fait. Cinq francs de l'époque, c'est juste le prix d'un paquet de pois chiches torréfiés. L'emballage est artisanal : une feuille de papier de cahier d'écolier torsadé en cornet. L'écriture à l'encre violette, les pâtés, les fautes d'orthographe, si savoureuses soient-elles, mêlées à nos pois chiches, ne nous choquent pas. Nous ne connaîtrons pas l'école avant la fin de l'été. Le cornet est vite déroulé et le papier restitué à Mohamed qui ne va pas tarder à le recycler.

Le butin est partagé. Les Mousquetaires sont heureux. Dans un cri qui n'admet pas de contestation, Zac commande :

- On rentre.

Mais non, Moktar veut poser une question au Vieil Homme

- Attends !...

- Mohamed, pourquoi est-ce que les fourmis travaillent... c'est le chef qui leur demande ?

L'air triste du marchand disparaît. Il réfléchit, il semble que l'air sous les palmiers du boulevard se soit raréfié, ses yeux se sont plissés, il lisse sa moustache en se reformulant la question :

- Pourquoi ? le chef des fourmis, il est méchant ?

Cela dit, il fronce le nez, rougit. Il semble que sa tension monte, quand, soudain, les cloches de l'église entament leur ramdam : BOUM-BOUM onze fois suivis d'un  DONG.

Zac s'insurge :

- On rentre !

Mohamed lui adresse un sourire reconnaissant.

Mais non, Moktar ne bouge pas d'un pouce, le regard rivé aux lèvres du Vieil Homme. Enfin, elles se mettent à bouger et articulent :

- Les jets d'eaux et les oiseaux chantent.

Consternés, nous le regardons tous les trois. Vraiment cette réponse ne nous satisfait pas. Intrigué, prenant le risque de paraître idiot, je demande :

- Que veux-tu dire ?

- Écoute, vous, vous êtes comme les jets d'eau et les oiseaux : vous chantez. D'autres, comme les fourmis, ne se contenteront jamais du paradis, c'est le proverbe qui le dit !

Il me faut un complément d'informations. Aussi j'insiste et demande :

- Tu crois que certains n'aiment pas le paradis ?

- C'est pas ce que je veux dire. Avant, l'homme et les animaux ne travaillaient pas. Ils trouvaient du manger, ils mangeaient, ils n'en trouvaient pas, ils prenaient le soleil et tout le monde était content. Depuis, l'homme et les animaux, ils réfléchissent. La fourmi, elle veut du manger pour aujourd'hui, elle en veut pour demain et pour le mois prochain. L'homme c'est pire. Quand il est pieds nus, il veut des chaussures, quand il a les chaussures, il veut le vélo, et quand il a le vélo, il veut l'auto. Le paradis c'est quand il était content pieds nus. Il travaillait pas, il prenait les fruits et le soleil !

C'est beaucoup pour nos petites têtes. Nous réfléchissons. Mais c'est logique !

Zac met brutalement fin à notre réflexion :

- Mon père va me tuer... le bois... il faut que je l'aide...

 

Comme une volée d'oiseaux, nous nous envolons et Moktar, se souvenant des gâteaux dans le four, confond oiseau et fusée.

Essoufflés, nous arrivons tous trois au four banal.

Nous nous séparons dès l'entrée de la ville mauresque, dans une odeur de menthe et de mouton.

 

JMS

 

Publié dans Textes de JMS

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À Tristan Cabral (réponse son texte "Si je meurs seul (ultima verba)"

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

 

Un jour j'irai à Arcachon,
j'y viendrai avec quelques-uns de tes poèmes en poche
et aussi ceux que tu me lisais.
Je t'apporterai des nouvelles de ceux qui t'aiment*
et ton Rimbaud, le bleu de poche 498,
et des poèmes, des poèmes, des poèmes,
des poèmes de tous ceux que tu as aimés.
Dans le fracas des cohues,
je ferai provision de chants d'oiseaux,
je te prendrai par le vent,
par ces flèches de lumière
que tu décochais à l'obscur des Temps,
par ce veston velours à l'odeur d'amour et de révolte,
par la bordure de mots sans adieux et sans larmes
puisque nous nous reverrons.
Sur le sable,
au pied du chant des siècles,
je déposerai nos passés,
nos mères et leurs douleurs,
une photo de Fortino Samano,
un flamenco,
une armada de rires de gazelles en attente d'aurore,
et tout ce qu'il nous faut laisser.
Nos projets d'ici-bas,
je les léguerai à ceux qui parlent d'aimer,
aux enfants de promesses et de lendemains.

JMS le 16/11/2020


* Note. Disant cela, je pense particulièrement à Michèle ton amie fidèle qui m'envoyait tes textes et à André Chenet, celui qui se disait ton petit frère et nous a présentés.

 

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À Léo

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

À Léo

Tu es l'aile brisée d'un oiseau de rire  
Posé sur une odeur de tristesse égarée
Tu es là, dans la voix des siècles  
Grain de sable sur ce chemin d’hier
Où se gravent les vieilles nostalgies
Tu es là, à ferrer les joies pastel
D'un crépuscule inachevé
Au pas d'un enfant funambule d’avenir
Tu es là, à accoler la tendresse aux misères de l’oubli

Le jasmin a égaré ses certitudes
Heure et mort jouent à demain peut-être
Pourtant, en ces jours d'automne
Le printemps frissonne encore
Sur le givre froid des robes de cristal
Où le ciel se cherche

Avec le temps Léo, le silence s'égare sur les promesses
On s’aimera, unis et dispersés comme ces poignées de blé
Que l'on jette au vent
Comme l'herbe verte sur d'anciennes saisons
Comme moisson que le glaneur attend.

jms 26/03/21

 

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Elle est

Publié le par Ile Eniger

Cet article est reposté depuis PAGES ECRITES.

Elle est sans paroles au milieu des débris de verre de ses croyances, de ses questions. Elle est sans prière. Sans justification. Elle est l'oiseau et l'arbre, le ciel et l'eau, sous le grand vent, la grêle, le feu. Une simple place nue. Chaque jour elle est au bûcher des douleurs. Cisailles contre impuissance. Chaque jour elle est l'abandon des heures heureuses. Native espérance contre trahison. Chaque jour elle distribue des caresses au chat et partage son regard. Au-dessus des agitations, elle est une improbable loyauté. Chaque jour, arrivée au bout du jour, elle choisit l'amour et la lumière. Dût-elle être la seule dans tous les mondes de tous les univers à choisir l'amour et la lumière, elle s'y tient. Elle s'y tiendra. Et ce choix, lancé au rien des jours, la rend invincible.

Ile Eniger - Les pluriels du silence - (à paraître)

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Dans le silence d'exister, te souviens-tu du premier "je t'aime" ?

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Dans le silence d'exister,
te souviens-tu du premier "je t'aime" ?

L'aile grandissante étire le silence et l'horizon,
je scrute, je fouille aux frontières du premier rire,
je cherche le mot encore non advenu
d'où a jailli le premier je t'aime.

Est-ce toi ma mère ?
Est-ce moi dans les pincements d'un cœur à la dérive ?

Est-ce d'un de ces pressoirs à désespoir
où la larme épand
l'élixir de sel qui agrandit l'âme
qu'apparaît cette vérité :
seule la bonté apaise l'avenir ?

J'ai lu la prière de l'oiseau,
celle des yeux de l'enfant
et celle du jour qui vient.

J'ai parcouru les griffures de vent
où se cachait la blessure
j'ai écouté la mémoire
grain de sable après grain de sable.

Dans la folie d'un rire,
il me faudra emplir le vide
il me faudra y forger
des lunes et des matins
à nourrir l'avenir
ou mourir du sommeil des mondes.

Dans le silence d'exister,
te souviens-tu, ma mère,
du jaillissement du premier je t'aime ?

JMS Texte inédit

Texte publié par Dana Shishmanian dans la revue Francopolis

http://www.francopolis.net/salon2/J.M.Sananes-JanFev2023.html 

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Me suis-je égaré ? (Petit retour)

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Amis,
À parcourir le silence,
Me suis-je égaré  ?
Vous avais-je perdus de vue,
Perdus d'oreilles dans ce brouhaha
Où encore les mots de poètes me parlent ?

Amis, dois-je vous dire
Que parfois, aux migrations du jour,
Le temps s'arrête comme un oiseau sur la branche ?

Écran blanc fermé,
Dans la nuit des consciences,
Je suis la Question
Qui se cherche dans un silence agrandi.
Je suis l'œil du condor qui regarde la vie courir,
Celui qui scrute des agendas chronophages,
Les saigne, les ampute du nom des amis et des jours disparus.

Je suis l'enfant et le vieillard avorté  
Qui voudraient se reconnaître aux odeurs de pénombre et d’hier,
celui qui rit des griffes d'un chat qui se croit effrayant
Quand, bien plus cruel,
le silence dissout son monde.  

Amis,
À traverse temps
Vous avais-je perdus dans ce brouhaha de conscience
Où mon rire cherche le chemin ?

Non, vous êtes tous là près de moi,

Ma vie est faite de présent et de mémoire,
Vous êtes là, près de moi,
Car moi aussi je suis un habitant de ma tête.

 

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Ile Eniger : Cette lettre

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Cette lettre

Cette lettre est pour toi. Vieux chat au soleil blanc d'une presque dormance. Penser, écrire, dire, être, cette lettre en frissonne. Brindilles d'air, pailles brûlées des jours, quelque chose palpite qui maintient le vivre. J'ai froid, j'ai froid. Tes gestes manquent aux miens pour les réchauffer. Blottie entre les lignes, je suis si loin, si près. L'alphabet de ton absence assemble des mots. Consolation.  Sous la lueur bleue de la fenêtre, je t'écris. Le jasmin penche vers le seuil. Quelques oiseaux ouvrent le matin.  Une odeur de café et d'encre respirent la vie naturelle. Je t'écris pour me souvenir de ta main. Au bois des étagères, des livres parlent de choses, de vies,  d'amour. Cette lettre aussi.

Ile Eniger - Les pluriels du silence (à paraître)

http://insula.over-blog.net/

Publié dans Ils disent

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Trêve de Noël 2023 n° IV

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Père Noël

J'aurais aimé savoir chanter, être grand et beau comme au temps de cet avant-hier qui m'a fait regretter de ne pas être un Briard avec des cheveux plein les yeux qui croit le monde amical quand on le promène au bout d'une laisse et que son maître ne se prend pas pour Dieu.
J'aurais aussi aimé avoir des cheveux et pas d'idées, être fier et avoir le courage de fuir, entrer chez moi, boire et encore boire, m'enfiler une Aspirine, un thé, un chocolat, un whisky, faire cuicui comme un oiseau et ne jamais être cuit.
J'aurais aussi aimé être raisonnable, ne pas avoir raison, avoir tort sans être tordu, me ressembler sans jamais avoir été qui je voulais, et surtout, en être heureux.
Père Noël, si cela était, m'aimerais-tu ?
Cette année, la cheminée est à l'ombre, le sapin est triste et il en a les boules, je t'attends au pied de l'arbre.
Viendras-tu avant que le vent ne m'efface ?

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