Je passe comme un chagrin de temps qui court
À Hossine, ce vieil ami que j’aimais comme un père
Retiens ma vie, m’avait dit ce chat griffé dans le cancer du vent
Tourne tourne le poignard bleu
J’ai laissé sa vie sur le cri désâmé d’une seringue assassine
J’ai oublié mes larmes sur la table d’un vétérinaire
Tourne tourne la lueur trouble de son dernier regard
Tourne tourne le poignard de l'impuissance
Partent les pages partent les larmes
Et moi qui passe comme un chagrin de temps qui court
Je suis un homme de demain, je serais un enfant d’hier
Résonne la Question
Est-il un mot plus signifiant que : Pourquoi ?
Retiens mon nom, avait-il dit sous un ciel d’ailleurs
Tourne tourne le poignard bleu
Dans l’enlisement des jours un vieil ami s’efface
Comme un deuil en partance et la mort entre nous
Au temps de l’enfance et du sang sur un trottoir d’adieu
La vérité cherchait ses mots et clamait des promesses
Dans les fausses notes d’un temps égorgeur
La prière et le crime rognaient le même verbe
Partent les pages partent les larmes
Tourne tourne la lueur trouble de son dernier regard
Tourne tourne le poignard de l’impuissance
Je pars comme un chagrin d’antan épuisé de remords
Sous le cri désâmé des minutes assassines
Quand tonne la question, je suis un gamin d’hier
Est-il un mot plus insignifiant que : Toujours ?
Je vais comme un chagrin de vent mauvais
Je bruisse comme une rumeur d’oublis insoumis
L'enfance que je portais mijote un enfant chauve
Et Toi, quelle est Ta langue ? Ne parles-Tu que le silence ?
Je Te regarde sur la seconde qui part
Tu me flingues comme une marée de rire sur cœur à marée basse
Partent les pages partent les larmes
Tourne tourne le poignard de l’impuissance
Tourne tourne la lueur trouble des derniers regards
Je pars comme un éléphant fou
Quand la mort barytonne à la pointe du jour
Mère, où es-tu
Qui me laisses grandir vieillir m’assagir m’assoupir ?
Poucet qui égrène les jours
Je pars mes rêves à la main
Vieil enfant qui court dans la maison de l’Ogre
J’écoute tonner l’oxymore
Est-il un mot plus signifiant que : Jamais ?
Partent les pages partent les larmes
Jamais triomphe toujours de toujours
Tourne tourne le poignard de l’impuissance
Tourne tourne la lueur trouble de nos regards
Et moi qui passe comme un chagrin de temps qui court
Le cheval d'enfance n’ira pas plus loin.
JMS - Extrait de "Dieu, le silence et moi" - Editions Chemins de Plume