Je passe comme un chagrin de temps qui court

Publié le par Cheval fou (Sananès)

Je passe comme un chagrin de temps qui court

À ma mémoire algérienne
À Hossine, ce vieil ami que j’aimais comme un père

 

Retiens ma vie, m’avait dit ce chat griffé dans le cancer du vent
Tourne tourne le poignard bleu
J’ai laissé sa vie sur le cri désâmé d’une seringue assassine
J’ai oublié mes larmes sur la table d’un vétérinaire
Tourne tourne la lueur trouble de son dernier regard
Tourne tourne le poignard de l'impuissance
Partent les pages partent les larmes
Et moi qui passe comme un chagrin de temps qui court

Je suis un homme de demain, je serais un enfant d’hier
Résonne la Question
Est-il un mot plus signifiant que : Pourquoi ?

Retiens mon nom, avait-il dit sous un ciel d’ailleurs
Tourne tourne le poignard bleu
Dans l’enlisement des jours un vieil ami s’efface
Comme un deuil en partance et la mort entre nous
Au temps de l’enfance et du sang sur un trottoir d’adieu
La vérité cherchait ses mots et clamait des promesses
Dans les fausses notes d’un temps égorgeur
La prière et le crime rognaient le même verbe
Partent les pages partent les larmes
Tourne tourne la lueur trouble de son dernier regard
Tourne tourne le poignard de l’impuissance
Je pars comme un chagrin d’antan épuisé de remords

Sous le cri désâmé des minutes assassines
Quand tonne la question,  je suis un gamin d’hier
Est-il un mot plus insignifiant que : Toujours ?

Je vais comme un chagrin de vent mauvais
Je bruisse comme une rumeur d’oublis insoumis
L'enfance que je portais mijote un enfant chauve
Et Toi, quelle est Ta langue ? Ne parles-Tu que le silence ?
Je Te regarde sur la seconde qui part
Tu me flingues comme une marée de rire sur cœur à marée basse
Partent les pages partent les larmes
Tourne tourne le poignard de l’impuissance
Tourne tourne la lueur trouble des derniers regards
Je pars comme un éléphant fou
Quand la mort barytonne à la pointe du jour

Mère, où es-tu
Qui me laisses grandir vieillir m’assagir m’assoupir ?
Poucet qui égrène les jours
Je pars mes rêves à la main
Vieil enfant qui court dans la maison de l’Ogre
J’écoute tonner l’oxymore
Est-il un mot plus signifiant que : Jamais ?
Partent les pages partent les larmes
Jamais triomphe toujours de toujours
Tourne tourne le poignard de l’impuissance
Tourne tourne la lueur  trouble de nos regards
Et moi qui passe comme un chagrin de temps qui court

Le cheval d'enfance n’ira pas plus loin.

JMS - Extrait de "Dieu, le silence et moi" - Éditions Chemins de Plume

Publié dans Dieu le silence et moi

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L
Texte affirmé que j'aime beaucoup. Puissance et douceur se mêlent au temps qui passe.<br /> Amitiés<br /> JLG
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C
Merci Jean-Luc, oui, si "les mots ne disent rien" ils nous traversent en d'étranges fulgurances pour faire place aux bavardages du silence que l'on nomme souvenirs.
E
tu est vraiment un de nos grands poètes de tête oxymore qui plé'o n'Âsme de l'oxy-gène more
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T
<br /> vraiment beau...et émouvant<br /> <br /> <br /> amitié<br /> <br /> <br /> tilk<br />
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L
<br /> Je découvre votre blog, j'aime bien signifiant pour pourquoi et jamais et l'insignifiant toujours.A bientôt sans doute.<br />
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C
<br /> <br /> La mémoire ouvre les courbatures de l’absence. Les mémoires d'éxilés en sont pleines<br /> <br /> <br /> Amicalement<br /> <br /> <br /> JMS<br /> <br /> <br /> <br />
T
<br /> Souffle souffle de l'inspiration dans ce texte que je ne peux commenter, peut-on commenter, vraiment, cette interprétation du Temps qui nous prend tout... Je suis vraiment très sensible à votre<br /> écriture qui m'emporte dans ses rythmes et ses refrains sourds... Bonne journée JMS.<br />
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C
<br /> <br /> Une plongée en apnée dans une mémoire parfois douloureuse. Merci de votre lecture.<br /> <br /> <br /> Amicalement,<br /> <br /> <br /> Jms<br /> <br /> <br /> <br />