L'imparfait du subjectif

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Chacun triche du haut de son ego et de ses certitudes inconsciemment structurées en lieu et place de vérités complexes et composites. Fourmis perdues sur l'autoroute des ressentis, nous bâtissons nos convictions en fonction de nos aspirations et de préjugés culturellement inculqués, exfiltrées et infiltrées en nous depuis notre premier syllabaire, nos livres d'histoires et de prières, le tout constituant un acquis identitaire parfaitement subjectif.
 

Je rêve de créer un mode d'appréhension et d'acquisition des événements qui conjuguerait le perçu à "l'imparfait du subjectif ", en un temps qui paramétrerait le doute en le plaçant au ventre de toutes les certitudes.
Le doute est la distance nécessaire entre la vision et les différents angles d'acquisition de la réalité.

Je suis las de voir la mafia des "Monsieur je sais tout" gérer le monde, des "Monsieur bonne conscience" tracer leurs frontières entre les hommes "de bien" et ceux à exclure.


J'en ai marre de voir ceux qui se cachent sous la bannière du politiquement correct amputer l'information de tout fait portant atteinte à leurs convictions.
Atténuer, morceler ou donner du volume à une information pour la mettre au service d'une conviction préétablie, ne sert ni la vérité, ni la justice, mais conforte un état égotique.


Tous les jours, ce qui se passe dans notre pays et dans le monde est orienté par la vision et le projet politique de médias faussement neutres et apolitiques.
On y dénonce ceux qui se battent pour un salaire et quelques avantages acquis en tentant de nous faire croire qu'il y a plus malheureux qu'eux.

Pourquoi devrait-on aligner les salaires sur ceux des plus défavorisés et, dans le même temps, ignorer les avantages dispendieux que s'octroient les hommes politiques et le grand patronat ?  
 

Tous les jours, dans les informations  sur le Moyen-Orient, on passe sous silence que certains se servent d'enfants comme boucliers humains pour empêcher la détection de tunnels offensifs transfrontaliers, en omettant de dire que parmi les protagonistes de ce drame, face à ceux qui tirent des balles, il y a la doctrine de ceux qui veulent devenir des martyrs au nom d'un texte sacré prônant le meurtre raciste !  Et cela n'est pas une fable ! Chaque jour, en Orient, et maintenant chez nous, des hommes meurent de ne pas accepter de partager ce sectarisme.  
 

J’en ai marre de voir, tous les jours aussi, l'indifférence souriante des grands moralisateurs, leurs incantations et leurs condamnations de pacotille, laissant les Rohingyas se faire génocider.


J'en ai marre de la fratrie et de la suffisance de ceux qui se croient hommes de bien parce qu'ils ont le pouvoir de l’argent. J'en ai marre de les voir s’auto-mandater  pour gérer la France et le monde avec leurs hordes de "tontons macoutes" à fusils et matraques. J'en ai marre de voir ces hordes toujours là pour faire perdurer une société exploitant les hommes au nom de leur mission sacrée : protéger les profits du grand capital.

 

J'en ai marre d'un capitalisme réinventant l’esclavage par soumission et faisant qu'un travailleur ne peut subvenir à ses besoins par son salaire. Quand définira-t-on une notion de crime économique alors que, dans l’entreprise, il y a une hallucinante disproportion dans l'échelle des salaires ? Quand sanctionnera-t-on la non-répartition des richesses et l'exploitation de l'homme par l'homme ?
 

J'en ai marre d'un monde où les nationalismes s’affrontent ou se conjuguent.
J'en ai marre d'une terre sous la coupe d'un international de la chimie et du capitalisme, brûlant la planète et spoliant le futur des enfants.  

 

J'en ai marre d'une ultra gauche offrant la violence sans proposer de programme humaniste.
 

J'en ai marre de cette nouvelle droite structurant la misère de ceux qu’elle considère comme hommes de rien et de peu, sans  autre ambition que d'attendre de l'internationale du contournement fiscal qu’elle donne l'aumône aux exploités.       

J'en ai marre des décapiteurs, des égorgeurs, des esclavagistes, de tous les  nationalismes triomphants oubliant que tout homme a droit à la vie et à sa propre identité.


J'en ai marre de tous les impérialismes de la pensée, et de la brutalité des dogmes.  
Il est temps d'affirmer que la plus fondamentale des libertés reste la liberté de conscience. Religions, monothéismes, athéismes, polythéismes, sont affaires privées. Chacun est souverain dans son droit de changer de religion, d'idéologie politique, et il ne saurait être question de crime d’apostasie !


J'en ai marre de tous ceux qui réfutent à l'humain le droit d'être celui qu'il veut être et le droit de disposer de son corps et de sa vie.
Je revendique, pour chacun, le droit à la liberté de penser et d’être, même dans la dissidence et même au grand dam de la morale établie. Je le revendique tant que cela ne nuit ou n'a le projet nuire à autrui ou à sa liberté aujourd’hui et dans le futur.

 

Je rêve de créer un imparfait du subjectif qui englobe le doute, la tolérance, et le respect de tous.

Publié dans Coups de gueule

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I
Je n'en ai jamais marre de te lire, cher Jean-Michel!!!!! J'aime tes coups de gueule qui remettent de l'ordre dans les idées. Amitiés.
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J
Merci Patricia <br /> à bientôt <br /> jms