La réforme !

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)


Parfois, par galéjade, fixant le ciel, j'annonçais y avoir vu "une aigle", ou "un oie" sauvage. Immanquablement, quelqu'un me reprenait : "On dit une oie,  et on dit un aigle" !
Ravi, je rétorquais "Ha, tu vois ça ? Tu le vois comme ça ?"...
Le sexe des arbres, celui des anges, comme celui des fraises, m'était encore indifférent. Force est de constater que j'avais raison avant tout le monde en me permettant cette entorse langagière ! Car l'Éducation Nationale, qui n'a pas trouvé de "vaccine" contre "le morosité" et l'illettrisme, partage, avec son écriture inclusive et ses réformes de genre, ma point de vue.
À partir de maintenant, faute de "mot.e.s"  approprié.e.s à l'insexsualité ou la bisexualité des choses, je me dois, par neutralité lexicale, de mesurer la propension des choses à s'acoquiner à un genre ou à un autre ! Me voilà en quête de leur trouver une forme d'intimité secrète avec le genre auquel on se devrait les associer, "la sanglier" et "le tortue" vont peut-être trouver leur place dans ce chambardement de notre bonne vieille langue française, mais l'escargot hésite… Quant  à la justice, hélas je le savais, elle n'est pas neutre. Mais prenons note, il nous faut, aux dernières nouvelles linguistiques, compenser les erreurs du passé et adhérer à ce nouveau révisionnisme qui fait que nous nous devons de devenir plus "fémininianistes" et rompre avec l'usage. Faisons donc table rase du sexe ancien des mots, et remettons en cause les vieilles étiquettes des choses ; dans quel but littéraire ? Même les thuriféraires de la réforme n'ont pas à ce sujet de réponse claire… à moins que ce ne fût de "répons clair" qu'il s'agisse, mais là nous entrons en liturgie et c'est un tout autre débat !
Moi qui n'ai eu d'autre dieu que ma maman pendant très longtemps, j'en suis réduit à me demander, à ce jour, si elle a été tirée d'un côte d'Adam, ou d'un ou d'une amour… un petit doute me saisit. Pourtant, avec "clavier" et "souris" qui, j'en suis sûr, sont masculin & féminin puisqu'ensemble il-elle enfantent mes phrases, je me dis que les instances politiques se mêlent bien de ce qui ne les regardent pas et qu'à les laisser jouer du dictionnaire, décidément les mots ont maintenant bien mauvais genre.
JMS

 

 

 

 

Publié dans Coups de gueule

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