Tourments de mémoire

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Il y a toujours des mots et des cris
dans les mémoires d’hommes.
Moi, je ne sais oublier.
Encore résonnent ces mots
qu'aux veillées
l'on cachait aux enfants.

Derrière l'air grave des anciens
je n'ai rien su de l'oncle disparu dans un camp
ni vu la douleur et les larmes
quand, dans un sourire amer,
on nous disait : "Allez jouer les enfants".

Longtemps, sous les nuages,
des mots et une terre effacée
ont joué l'amnésie
avant que je n’apprenne l'histoire des "Amants d'un jour"
celle d’Odette, cette tante suicidée
qu'Edith Piaf chanta.
 
Longtemps les mots ont joué l'amnésie
avant que l'on ne me raconte
l'histoire d'une lettre insipide
dont l'endos indiquait : "Madame veuve S"
en un temps où Franco assassinait
en un temps où être républicain était un crime.

Sous le franquisme, parler des purges était périlleux !
Un simple revers d'enveloppe nous avait alertés :
le cousin de grand-père était mort

C'était un temps
où la censure imposait le silence
jamais nous ne sûmes
ce qu'il advint de ces parents.

Seul, parfois un cri remonte
d'une mémoire qui ne veut pas mourir.
Cette nuit encore il grinçait
 un peu plus fort que la nuit.

 JMS

"Les Amants d'un jour"

"https://youtu.be/2m-_FzubQx8

 

Publié dans Textes de JMS

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