Je les regarde (Fin de trêve)
centre de rétention de Rennes
"Je veux, si je suis élu Président de la République,que d'ici à deux ans,
plus personne ne soit obligé de dormir sur le trottoir et d'y mourir de froid.
Parce que le droit à l'hébergement, je vais vous le dire, c'est une obligation humaine"
(Discours de campagne de Nicolas Sarkozy : 18/12/2006)
Je les regarde
Comment apprendront-ils à espérer et à grandir
en regardant leurs mères pleurer
les fils d’hommes sans travail
les sous-payés, les sans toit, les sans espoir ?
Comment apprendront-ils à aimer et à ne pas mourir
en regardant leur frères les ventres pliés par la misère
les sans pays, les sans écoles, les sans amour
les sans rien, les sans argent, les sans avenir ?
À croire au Nasdaq, à Wall Street, à l’Euronext
à vouloir la mondialisation, la globalisation, la dérégulation
à cautionner les subprimes, la finance, les stocks-echanges, les stocks-options
les places boursières, le capital et le "market", devient-on différent ?
Comment nous apprendront-ils à ne plus exploiter et à nous respecter
ceux qui jouent à la market-spéculation, à la capitalisation
au banking, à la sur-cotation, à la désinflation
un doigt dans chaque banque et le cœur en paradis fiscal ?
Comment apprendront-ils à aimer et à nous laisser vivre
ceux qui affament nos enfants et mettent les peuples à la rue
ceux qui déshabillent les pauvres pour engraisser les nantis
ceux qui ne savent pas que l’homme à genoux un jour se révolte ?
Ne voient-il pas pleurer les mères et les enfants
ceux qui ont gommé de la constitution le droit au travail
ceux qui s’augmentent et asservissent
ceux qui vendent l’eau, l’énergie, les transports et les pays à la criée ?
Ne voient-ils pas les sans toit, les sans espoir,
ceux qui s’acharnent à maintenir et sauver le système
ceux qui revendiquent les droits de la banque et la dictature des bourses
ceux qui ne veulent pas que les hommes réclament la dignité qu’on leur vole ?
Comment apprendront-ils à aimer, ceux qui regardent mourir le monde
ceux qui ne voient pas plus loin que le carré filtré de leur télévision
ceux qui ne regardent jamais le flot des sans pays, des sans écoles, des sans toit
des sans papier, des sans argent, des sans rien et des sans avenir ?
Les écoles de l’indifférence créent-elle un homme supérieur
un homo privilegius ayant la matraque et le droit à son service
et un homo miserabilis corvéable à merci ?
Qui ne sait aimer et ne sait plus la justice est-il encore homme ?
JMS - "Et leurs enfants pareils aux miens"