"Fête des mères" (2)

Publié le par Cheval fou (Sananes)

En rebond sur le texte de Ile Eniger : "Fête des mères"

 

Songeuse, elle pense et défriche ce cri que l’on croit lointain. Il est là pourtant, caché sous les pas de la petite fille qui courait dans les graviers. Le cadeau, les heures et le rire pétillant explosent, jaillissent. Résurgence d’un bonheur que le flou des ombres avait amalgamé à une autre vie, dans un monde ailleurs où rien ne vieillit.

Songeuse, elle pense, défriche et écrit.

Et moi, spectateur étranger embusqué, lecteur de ces mots qui retracent une autre vie ailleurs, dans l'universalité des mémoires où les enfants n'ont plus d'âge mais où les odeurs et les rires d'antan reviennent inlassablement.

La mère est dans la cuisine, dehors le cri des hirondelles qui réparent le nid, résonne dans le patio. Je me retrouve là, dans la magie d'un souvenir, fier dressé sur mes six ans à attendre que son visage s'illumine pour un bracelet en pâtes ou un dessin maladroit, fier et prêt à lui dire : c'est moi qui l'ai fait .

Peur de rien est passé, peur de tout et de vieillir sont arrivés.

 Tu te retrouves petit garçon et tu penses à elle et à ce "Bonne fête maman" qui a perdu son rire.

Elle est là, mais sa mémoire est partie

A-t-elle oublié la vieille école de la rue Marceau, ma tenue de louveteau ?

Elle est là et n’est pas là. Elle sourit, cherche à saisir sa vie.

 Les rires, les larmes, les espoirs, les déceptions et les bonheurs peuvent-ils survivre à l’ombre ?

Que fait-on des mémoires fermées ?

Des mots, des amours, des douleurs jamais réparés et des aveux jamais faits ?

Déjà le noir et le silence t’habillent.

Tu fermes le vieux carnet de ta vie et tu te sens seul.

JMS

Publié dans JMS - A paraître

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article