Albert CAMUS

Publié le par Cheval fou (Sananès)

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Cet homme a modifié ma vie. J’avais 20 ans. Il a modifié deux fois ma vie de manière irréversible.

D'abord par la lecture de "La chute ". Ce livre est resté ma cicatrice la plus douce depuis qu'il m’a pénétré d'une phrase récurrente qui s’impose à moi chaque fois que la question de faire ou de laisser faire se pose : "Les plongeons rentrés laissent parfois d'étranges courbatures". Cette phrase ressurgit des abîmes de ma mémoire et ses mots, comme un fer rouge sur ma conscience, dénoncent, guident, me rappellent que, quel que soit le naufrage et même si on l'ignore, le récif du remord à jamais restera là, entre le miroir et moi, entre ma nuit et mon sommeil.

Puis, la lecture de "Caligula " fut ma cicatrice la plus douloureuse. Elle m’a irrémédiablement appris que les hommes appartiennent à leur vécu, que la vie les forge, que la vie en fait des anges, des moutons ou des loups. On ne choisit pas toujours d’être assassin, la vie, ses blessures et ses cadeaux, font de nous les armes du malheur ou de l’amour.

Camus, mon frère, mon ancien, mon maître, celui qui parlait trop simple, trop humain pour que le gratin prétentieux de l’intelligentsia l’accepte en son sein, repose là dans ce petit coin du Luberon, à Lourmarin, en Provence, dans un pays de soleil et de Mistral, près d’une femme, son épouse.

Qui voudrait le kidnapper, lui offrir le lustre d’un monument pédant, le faste des fiers de la médaille !?

Qui voudrait commettre ce crime ?

De grâce, Monsieur, laissez mon frère, mon ancien, mon maître reposer dans ce coin tranquille de Provence, chez lui.

Laissez-le avec les cigales, lui sait que les cigales, aussi, sont d’ici.

 

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Lettre à Albert Camus

Tu es parti sans partir
tu es mort sans mourir
ta voix est là
dans la ténèbre des vivants
elle éclaire le chemin

J’habite chez les gris
les orphelins de la conscience
dans la jachère des idées

Au côté de mes pères
tu es un essentiel

qui éclaire ma voie
 

Tu es parti hier
il y a longtemps
parti sans partir
sans emporter ton ombre
sans emporter ton cri
tu précèdes mon pas
tu enfantes mes mots
 

Je traverse le jour
Il est toujours hier

Je vais
dans un silence habité
tu es là
 
Il y a longtemps
tu n’es jamais parti.
 
JMS
.
 
 

 

Publié dans JMS - A paraître

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S
<br /> n'oubliez pas de prévenir vos lecteurs lorsque le recueil sortira. j'ai hâte de l'avoir entre mes mains.<br /> votre écriture est un cadeau pour nous tous monsieur Sananès. merci.<br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Je suis heureux que vous appréciez les textes de ce recueil, ils me sont importants car plus profondément engagés dans la mise au jour de mes convictions, de mes doutes et parfois de l’illusoire<br /> de l’espoir – le livre est en parution prévue pour le mois de juin.<br /> <br /> <br /> Amicalement,<br /> <br /> <br /> JMS<br /> <br /> <br /> <br />
J
<br /> beaux mots pour cet homme<br /> je suis certaine qu'il aimerait<br /> je ne pouvais parler du premier homme<br />  sans larmes<br /> sans sanglots dans la voix<br /> oui vous, tu as raison<br /> laissons le sous ce ciel bleu<br /> et dans cet air qui est aussi <br /> l'air de là bas<br /> merci<br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Merci Jeanne de ce commentaire qui trahit la puissance de ton écriture. J’invite ceux qui ne connaissent pas ton univers à visiter ton blog qui marque tant par la qualité des textes que par<br /> l’originalité<br /> <br /> <br /> Amicalement,<br /> <br /> <br /> JMS<br /> <br /> <br /> <br />