Tu es là-bas

Publié le par Cheval fou (Sananes)

Il y a des silences évidés de leurs cris
Et des gilets que l'on retrouve vides

Là-bas
Des hommes fuient
Toi
Tu as douze ans
 Tu es parmi eux
 Tu es un cri
 Dans ma nuit
 Si loin
 Et je suis là
Qui habite un matin calme
Moi qui voudrais te prendre par la main

Là-bas
C'est un vacarme de mort et d'absence
De bombes et de promesses tombées du ciel
D'albatros que la mer agenouille

Si les hommes de foi
Vendent si bien le tonnerre et le ciel
C’est qu’ils sont experts en cauchemars millénaires

Toi
Tu as douze ans
 Tu es là-bas
Chez les faiseurs de morts
Il y a une mer et des larmes entre nous
Si loin
Si loin que tu n'es qu'un cri dans ma nuit

Une cage de cristal noir assiège mes rêves
Chaque barreau est une arme à suicide ou à crime
Qui s'agrippe à l'espoir
Et toi qui voudrais vivre
Chanter, avoir des cahiers et des rires

Toi qui as mal
Déjà ton ombre pâlit
Tu es le peuple de ma nuit

Chaque douleur
Rapproche l'homme de sa médiocrité

Ici
Dans les salons où l'on cause
Les temps sont aux discours
On parle…
On parle…
Du bien, du mal
Des lueurs de l'amour
Du bonheur au soleil
 De ceci, de cela
On parle à la dernière mode

Moi
 Loin de toi
Je suis ici
Calfeutré dans mon impuissance
J'attends
J'attends des rires, des chants
Et les clefs d'un pardon
Qui ferment les cauchemars
J’attends
Que tu entres dans des jours sans crainte
Que tu vives
J'attends
Que les hommes sachent :
 La paix est le salaire de l'amour
J’attends
Que les hommes enseignent :
  Aimer son prochain est l'unique prière

J’attends
Plus grand que la nuit

Mais toi
Tu es là-bas.

 

 Jean-Michel Sananès

Publié dans JMS - A paraître

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