Tu es là-bas
Il y a des silences évidés de leurs cris
Et des gilets que l'on retrouve vides
Des hommes fuient
Toi
Tu as douze ans
Tu es parmi eux
Tu es un cri
Dans ma nuit
Si loin
Et je suis là
Qui habite un matin calme
Moi qui voudrais te prendre par la main
Là-bas
C'est un vacarme de mort et d'absence
De bombes et de promesses tombées du ciel
D'albatros que la mer agenouille
Si les hommes de foi
Vendent si bien le tonnerre et le ciel
C’est qu’ils sont experts en cauchemars millénaires
Toi
Tu as douze ans
Tu es là-bas
Chez les faiseurs de morts
Il y a une mer et des larmes entre nous
Si loin
Si loin que tu n'es qu'un cri dans ma nuit
Une cage de cristal noir assiège mes rêves
Chaque barreau est une arme à suicide ou à crime
Qui s'agrippe à l'espoir
Et toi qui voudrais vivre
Chanter, avoir des cahiers et des rires
Toi qui as mal
Déjà ton ombre pâlit
Tu es le peuple de ma nuit
Chaque douleur
Rapproche l'homme de sa médiocrité
Ici
Dans les salons où l'on cause
Les temps sont aux discours
On parle…
On parle…
Du bien, du mal
Des lueurs de l'amour
Du bonheur au soleil
De ceci, de cela
On parle à la dernière mode
Moi
Loin de toi
Je suis ici
Calfeutré dans mon impuissance
J'attends
J'attends des rires, des chants
Et les clefs d'un pardon
Qui ferment les cauchemars
J’attends
Que tu entres dans des jours sans crainte
Que tu vives
J'attends
Que les hommes sachent :
La paix est le salaire de l'amour
J’attends
Que les hommes enseignent :
Aimer son prochain est l'unique prière
J’attends
Plus grand que la nuit
Mais toi
Tu es là-bas.