Jean-Marc La Frenière

Publié le par Jean-Michel Sananès

Elle a beau se nourrir de l'innocence des enfants,
de femmes traquées et d'hommes détraqués,
la guerre a toujours l'estomac vide.
L'appétit du profit est un ver solitaire.
Le capital s'est vendu à son propre néant.

Les hommes rentrent du bureau en se crevant les yeux.
Un bandeau d'apparences leur sert de lunettes,
un mensonge de foi, un mirage d'espérance.
L'oasis n'est pas dans le désert des chiffres.

Si je marche à l'envers,
c'est pour me rencontrer.
Il faudra bien un jour qu'on retourne les mots
pour voir à l'intérieur.

Ont-ils touché mes larmes ceux pour qui j'ai pleuré ?
Ont-ils vu la lumière qui traverse leur ombre ?

Pourquoi le poing tendu, le bras d'honneur,
la crosse des fusils et celle des évêques ?
Il a fallu des millénaires pour apprendre la caresse.
Il suffit d'une seconde pour tuer un oiseau.

Suant de la tête aux pieds,
mes mots attelés comme des chiens
tirent le traîneau de la phrase.
Leurs yeux s'abritent sous la laine frileuse des images.
J'arrache les portes pour faire du feu,
le bois des croix pour me chauffer.
La vérité des arbres me protège du factice.

Il faut redonner l'eau aux fleuves morts de soif,
rendre la parole aux sages qu'on musèle,
effacer de la terre sa date de péremption.

Il ne faut plus marcher vers l'est ou vers l'ouest
mais s'avancer vers l'autre avec les mains tendues,
accorder nos oreilles à la rumeur des étoiles,
que la sève renaisse dans le tombeau des feuilles.

 lafreniere.over-blog.net/

Publié dans Ils disent

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
S
Bonsoir Jean-Michel !Je découvre ton blog et ta poésie qui est belle ...Je reviendrai cheminer sur tes terres de mots  sages et fous ...à bientôtServanne
Répondre
C
SUBLIME comme toujours avec Jean-Marc !
Répondre
A
pardon j'ai écorché son nom... Jean Marc La Frenière.amicalement, Alice.
Répondre
J
Bonjour je suis heureux que ce texte vous plaise, cependant<br /> seul Jean-Marc Laffrenière peut vous autoriser à reprendre sa phrase. Merci de votre visite et de votre fidélité.
Répondre
A
les mots de ce monsieur Lafernière me font sursauter puis réfléchir.  je suis surprise au premier abord puis pensive...je vais sans doute me faire plaisir en achetant ce qu'il a publié.
Répondre
A
je marche à l'envers...c'est un image qui me parle pleinement, peut-être ai-trouvé dans vos mots, le sens de mon écriture-miroir, que je trace sur toutes les fenêtres du monde...M'autorisez-vous à reprendre cette phrase, à l'occasion d'un prochain écrit ? merci pour cela, pour le reste...ana
Répondre