Turbulences du rêve (rebond sur les jours de violence)
Aux turbulences du rêve, si la sidération m'habite encore, je ne déserte pas. Je me replie, ferme la lumière, l'ombre et le cri. La blessure est intense. Je ne sais pas me résoudre au mutisme du bonheur. Je bloque, me pose sur un de ces trous de vie où l'odeur du temps rejoue son incernable tristesse, je griffe des arcs-en ciel plantés dans la colère des jours. Les hommes ont oublié le goût des fraternités, partout saignent des bouffées de haines. L'échec de l'avenir ouvre la solitude des déshérités. La soif de vivre vibre en quête d'adrénaline, la langueur de l'in-espoir est une grisaille où chavire l'heure qui passe. C'est un jeu de "triche et perd", l'agressé et l'agresseur se ressemblent. Le désarroi n'a plus de mesure, une symphonie des gris glisse, les croque-notes jouent des tendresses de mort. À "qui est qui ?", je ne choisirai pas. Je ne veux pas de fusil quand il nous faut réinventer le jour, je veux une langue de la connaissance qui renie les fausses vérités millésimées qui parlent de joues tendues et 's’inquisitionnent'. Je ne veux plus de miséricordieux qui jouent de la djihad, ou d'un Jérusalem où la mort fait ses fêtes. À "qui est qui ?", je ne choisirai pas. Je veux des mots simples, comme le pain, la farine et la levure, comme l'envie d'un sourire sur un visage étranger. Il n'y a pas d'étranger quand l'on sait la racine de l'homme partout la même, je veux l'humanité nue des identités assassines, je veux l'humain seulement habillé de la générosité du regard et de la conscience du bien.
jms