Je sais d’où je viens

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Mère, je sais d’où je viens
je ne suis pas né que de tes larmes
je ne suis pas né que de cette cellule première
qui comme le crime se multiplie
qui comme l'homme se divise pour posséder.

Mère, je sais d’où je viens
je suis un parmi les enfants de l'Incalculable
le fils d'un Bigbang et d'une fatalité  céleste
je suis un parmi les procréés
je suis fils de la mer et du sel
fils d'une mariée à robe d'eau saumâtre
fils du bouillonnement premier des matins
fils d'uni-vers marchant vers le futur.

Mère, je sais d'où je viens
je viens d'une saveur qui un jour de grand hasard
enfanta la première cellule
je suis de ce sel qui si souvent coulait de tes yeux
je suis de toi, ma Mère
moi qui ne sais s'il vaut mieux être fils de l'imprévu
que de l'attendu.
Je sais, ma Mère, les noces de l'eau et du sel
je sais les douleurs payées en larmes
je sais les faux apôtres du Savoir
et leurs mensonges psalmodiés
quand les enfants partent à la guerre.

Je suis là, ma Mère, à ouvrir mon cri
dans ce silence de premier matin du monde
où s'embusquent les dieux et le grand livre du Hasard
je suis là, et je vous regarde mes frères
fils de l'alarme sous toutes ses formes
je suis là avec vous, fils du Mystère
et je prie pour que disparaissent
les mandataires de l'invisible et leurs épées
leurs venins et leurs mots si doux à enterrer le crime
si durs à se croire maîtres du savoir
si tendres et si sanglants à rougir la terre
si enthousiastes à voir croupir les multitudes dissidentes
je suis là, et je prie pour que tarisse la voix des prophètes du malheur
et qu'enfin, les hommes vivent en paix.

Ève, n'étais-tu qu'une goutte d'eau ?

 

 

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