Le syllabaire des petits crimes (déja publié mais interdit au partage !!!)

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Je viens d'un temps
où les exigences du bonheur portaient leurs amnésies.
Dans des printemps d'après guerre, nous chantions,
La France croyait habiter en République.

Fut un temps où, se justifiant d'attaques contre le système,
certains affirmaient taxer le négoce pour justifier leurs vols.
Fut un temps où les dictatures, pour habiller leurs crimes,
s'affirmaient démocraties populaires,
Fut un temps où les hommes dansaient dans l'amnésie des fêtes barbares,
un temps où se perdaient les larmes du Chili, de Treblinka ou d'ailleurs.

Rien n'est plus,
mais encore de nouveaux syllabaires reformulent la bienséance,
les vérités se maquillent,
les seniors ont remplacés les vieux,
il n'y a plus de pauvres mais des économiquement faibles,
plus d'évasion fiscale mais de l’optimisation,
on va en prison pour un sandwich
quand d’autres expatrient leurs millions en paradis fiscaux.
Aux festins de l’indécence,
ne dites plus Prince, dites Président.
On traque les chômeurs mais on subventionne les licencieurs,
on laisse les maîtres de la finance orchestrer la désinformation,
le crime économique n'est plus, il y a le libéralisme,
la dépossession des peuples se fait au nom du "il y a pire ailleurs".

Ne dites plus partage des richesses, parlez de ruissellement,
Au pays de leurs ambitions, la liberté semble libertaire,
avoir des droits devient révolutionnaire,
le pouvoir sert ses rois.
Quand l'homme souffre,
la toute-puissance se partage les richesses,
elle écrase le faible et engraisse le capital,
le travail est ailleurs mais on harangue la misère,
on l'accuse de paresse,  
plus d’exploiteurs mais des entrepreneurs,
plus de pauvres mais des assistés
plus de sans-abris mais des cas sociaux.

La Bastille est tombée
mais pour plaire aux Princes
des crétins laissent leur conscience au vestiaire,
le droit chemin ignore la route de l’homme,
le train-train citoyen traine ses réflexes identitaires,
comme papa comme maman,
si t'es de droite tu votes contre la gauche,
si t'es de gauche tu votes contre la droite,
et si tu ne t'y retrouves pas,
ton silence fait leur pouvoir.   

Ton pas cherche l’horizon,
Ton oreille cherche sa voix,
Tu écoutes les faux apôtres,
ceux qui se disent des deux rives à la fois,
ceux qui disent écouter mais te vendent du boniment,
ceux qui, les yeux au ciel et la main sur le cœur,  
affirment avoir compris mais ne changent rien,
et si parfois tu vas aux urnes c'est pour t'opposer au pire.
Si tu aimes la vérité, ferme-la,
si le silence t’indispose,
va aux traquenards des samedis jaunes
où provocateurs et casseurs sont à la fête
pour égorger le vrai cri du peuple,
la police y fait son ball-trap,
l'impunité les gratifie.

Laboratoires et chimies négocient le droit de vivre,
aux clameurs de la Bourse, les docteur Mengele recrutent encore,
une ministre défenestre l’éthique,
dans leurs cages, les vaches garderont leurs hublots,
la recherche torture le vivant,
l’horreur et la douleur ont un avenir.

Aux dimanches des gueules cassées,
le monde s’écroule,
laisse-les à leurs dérives,
nos enfants jugeront.

JMS

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