Lettre aux locataires du pouvoir

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Quand les loups chantaient
un ciel angora rongeait les chants des oiseaux
et les mémoires d'ailleurs

Où étiez-vous quand l'hiver s'enrayait ?
Vous qui nous disiez :
Laissez vos cœurs brûler et consumer vos âmes
laissez la flamme effacer vos regards
avancez et marchez, ainsi va le monde.

Sur ce chemin de fin de ronde
vous étiez princes parmi les autres
vous qui nous disiez :
Laissez venir la mort et le tracas
laissez tuer l'oiseau et le jour
tant pis si les enfants attendent.

Hier
j'étais le roi des fous et vous étiez les loups
vous étiez le vent, le temps et l'orage
les vôtres emportaient tout sur le chemin
les hommes, pourtant, avaient couleur de blé.

Dans la tempête qui venait
prince parmi les autres
vous nous laissiez sur le carreau
il y avait du vent et des nuages
encore je caressais le goût d'un vieux printemps.

Partout où les loups chantaient
un ciel anthracite effaçait l'amour
et les mémoires d'ailleurs.
Vous, vous étiez là à nous faire croire
que le rêve de l'autre n'est pas le nôtre
à nous faire croire
qu'à fermer son regard, on voit mieux les siens.

Vous étiez là, loups aveugles et sourds
à nous faire croire qu'à ne pas entendre
on grandit mieux le bonheur.

Vous étiez loups
Vous étiez là, à nous faire croire
que la douleur de l'autre n'est pas la nôtre.

Saviez-vous
qu'à ne rien entendre de la douleur de l'autre
qu'à ne rien voir des malheurs de l'autre
qu'à ne rien vouloir savoir du rêve des autres
on perd nécessairement son âme ?

Partout où vous chantiez
mouraient les chants des oiseaux et les enfants.

Quand votre horde chantait
un ciel kaki, endimanché à la parade
à l'agonie des espérances
nous tricotait de fausses Marseillaise.

J'étais le roi des fous et vous étiez les loups
vous étiez le vent, le temps et l'orage.

http://chevalfou.over-blog.net
JMS (texte à paraître
)

 

 

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